Répression politique
Un collaborateur du Réseau Voltaire
incarcéré à Berlin
La prison berlinoise où a été
incarcéré le journaliste Jürgen Cain Külbel,
coupable d’avoir révélé l’action de la CIA dans l’assassinat de
Rafic Hariri,
l’organisation de la fausse piste syrienne, et la manipulation
de la Commission d’enquête de l’ONU.
11 juin 2008
La répression contre le Réseau Voltaire se poursuit. Jürgen Cain
Külbel, vient d’être incarcéré à Berlin. Les arguties juridiques
employées pour le condamner ne masquent pas l’intention
politique de cette décision : notre collaborateur avait démontré
que le chef de la mission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat de
Rafic Hariri avait des liens financiers avec les assassins, et
que son principal assistant est un agent de la CIA impliqué dans
des enlèvements en Europe. Jürgen
Cain Külbel, collaborateur du Réseau Voltaire, a été incarcéré à
Berlin. Il lui est reproché d’avoir violé une décision du
Tribunal des référés en maintenant un lien actif sur son site
Internet vers un article de Voltairenet.org [1]
Cette affaire rocambolesque est
une machination de plus de la CIA pour intimider Jürgen Cain
Külbel et les collaborateurs du Réseau Voltaire. Voici le
mécanisme de cette opération :
Ancien enquêteur de la police
est-allemande, Jürgen Cain Külbel a conduit, en tant que
journaliste, une enquête indépendante sur l’assassinat de
l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Il a publié
ses conclusions dans un livre édité en allemand et en arabe :
Le Dossier Hariri [2]
. Il y reprend et approfondi des éléments déjà présentés par le
Réseau Voltaire [3].
Thierry Meyssan avait montré qu’une association d’opposants
libanais en exil, l’U.S. Committee for a Free Lebanon (USCFL),
avait connaissance à l’avance du crime et avait immédiatement
lancé une campagne de communication visant à détourner les
soupçons vers la Syrie [4].
L’USCFL, que la CIA destinait à former un gouvernement fantôche
au Liban en cas d’intervention militaire US, est donc complice,
au moins passivement, du meurtre. Talaat Ramih avait montré que
l’ancien procureur allemand Detlev Mehlis, devenu chef de la
mission d’enquête des Nations Unies, avait été employé par le
Washington Institute for Near East Policy (WINEP) [5].
En relevant que l’USCFL est une émanation du WINEP, Jürgen Cain
Külbel a montré que le chef de la mission de l’ONU était un
ancien employé de personnes impliquées dans le meurtre sur
lequel il était chargé d’enquêter. Continuant sur sa lancée, il
a établi le rôle de l’assistant principal de Detlev Mehlis, le
commissaire principal Gerhard Lehmann, dans les enlèvements
perpétrés par la CIA en Europe depuis 2001. M. Lehmann a ainsi
été formellement reconnu par une des victimes, Khaled El-Masri [6].
Plusieurs éléments laissent à penser que M. Lehmann pourrait
également être impliqué dans la « disparition » à Paris du
témoin clé de l’affaire Hariri, Zuhair As-Siddik, le 13 mars
dernier [7]
Dès la publication de son livre
en allemand, Jürgen Cain Külbel a été approché par un militant
palestinien connu résidant en Allemagne, Said Dudin, qui s’est
proposé d’éditer l’ouvrage en arabe et d’en assurer la
promotion. Mais lorsque M. Külbel est venu à Damas, donner une
conférence à la Bibliothèque nationale syrienne, à l’invitation
de Syria Alghad (institut de recherche politique membre du
Réseau Voltaire), M. Dudin a fait son possible pour discréditer
son auteur. L’éditeur a exhorté l’assistance à attaquer les
ambassades occidentales et a multiplié les déclarations
incendiaires pour déplacer l’attention des médias.
Conférence de Jürgen Cain Külbel, le 8 mai 2006,
à la Bibliothèque nationale syrienne (Damas).
De retour en Allemagne, Jürgen
Cain Külbel a tenté d’en savoir plus sur ce saboteur. Il a alors
découvert que le prétendu militant de la cause palestinienne
était le fils de Mustafa Dudin, un agent secret israélien placé
directement sous le commandement du général Ariel Sharon.
Découvert, Mustafa Dudin avait été exécuté par la Résistance.
Poursuivant ses recherches, Jürgen Cain Külbel découvrit dans
les archives de la Stasi, l’ancienne police politique
est-allemande, des documents attestant que Said Dudin lui-même
était de longue date un agent de la CIA infiltré dans la gauche
radicale allemande. Ces documents ont été publiés sur
Voltairenet.org [8].
Introduisant une action
judiciaire en référé, Said Dudin a obtenu que le Tribunal de
Berlin enjoigne M. Külbel de ne plus faire mention d’aucune
manière que ce soit de l’incident survenu à Damas, des fonctions
de son père dans les services israéliens et de ses fonctions
personnelles à la CIA. Obéissant à la Raison d’État, le Tribunal
n’a retenu que les témoignages produits par M. Dudin et a écarté
ceux produits M. Külbel, y compris celui du prince Issa El-Ayoubi,
vice-président du Réseau Voltaire et petit-neveu du fondateur de
la République arabe syrienne, qui avait assisté à l’incident de
Damas où il s’était opposé à M. Dudin. En outre, le Tribunal a
écarté les documents de la Stasi en vertu d’une loi allemande
d’amnistie qui fait interdiction de leur mention.
Or, Jürgen Cain Külbel ayant
ultérieurement maintenu sur son site Internet personnel un lien
actif vers celui du Réseau Voltaire qui contient les documents
illégalement rendus publics de la Stasi, le Tribunal l’a
condamné à 10 jours de prison ferme pour violation de son
injonction.
[1]
Page incriminée : « Le
journaliste d’investigation face aux manipulations des services
secrets », entretien de Jürgen Cain
Külbel avec Silvia Cattori, Réseau Voltaire,
30 juillet 2007.
[2]
Mordakte Hariri, Unterdrückte Spuren im Libanon
par Jügen Cain Külbel, édition Zeitgeschichte Band 34, 2006
(ISBN 3-89706-860-5).
[3]
« Attentat
contre Rafic Hariri : Une enquête biaisée ? »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 15
septembre 2006.
[4]
« Les
plans de l’US Committee for a Free Lebanon »,
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 mars
2005.
[5]
« La
commission Mehlis discréditée », par
Talaat Ramih, Réseau Voltaire, 9 décembre
2005.
[6]
Allégations de détentions secrètes et de transferts illégaux de
détenus concernant des États membres du Conseil de l’Europe,
rapport de Dick Marty au Conseil de l’Europe, 12 juin 2006,
§ 99 et 130.
[7]
« Kouchner
a "perdu" le témoin-clé de l’enquête Hariri »,
par Jürgen Cain Külbel, Réseau Voltaire, 21
avril 2008.
[8]
Ibid.
Le
Réseau Voltaire est en danger.
Il a besoin de vous !
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