Blog René Naba
Libye-Tchad: Aouzou,
Visite dans le «couloir de la mort»
René Naba
Devant le Fort d’Aouzou. Reportage en Libye (Août-Septembre
1987) lors de la bataille d’Aouzou,
reconquise par les Libyens et revendiquée par les Tchadiens.
Fort d’Aouzou (sud de Libye), 29 Août 1987
Par l’envoyé spécial de l’AFP : René Naba
Fort d’Aouzou (sud de Libye) – Des
cadavres calcinés, gisant sur le sol ou à bord de carcasses de véhicules
blindés immatriculés au Tchad, un important lot de matériel
militaire occidental détruit ou abandonné: l’étroit passage
de 12 kilomètres qui donne accès à la palmeraie d’Aouzou
offrait, samedi 29 Août, l’aspect d’un «couloir de la mort».
Au lendemain de l’annonce par Tripoli de la reprise de la
localité aux forces gouvernementales tchadiennes, un groupe de
six journalistes occidentaux a effectué une visite dans la zone
des combats en compagnie du Colonel Ali Chérif Riffi, commandant
du secteur d’Aouzou, parcourant pendant quatre heures, à bord
de Toyota, la palmeraie et ses environs. Partout le même
spectacle de désolation et de destructions s’offrait à eux.
Sur une des deux pistes menant à Aouzou, les cadavres carbonisés
d’une trentaine de soldats Tchadiens ont été dénombrés,
certains à bord de leur véhicule, d’autres gisant à même le
sol, comme foudroyés par la soudaineté de l’intervention de
l’aviation libyenne.
Selon les indications fournies par les officiers libyens qui
accompagnaient les journalistes occidentaux et les recoupements
faits sur le terrain, il semble que les Tchadiens aient été
attaqués par surprise.
Un jeu complet de lance-missiles antichars Milan, de
fabrication française,
a ainsi été récupéré par les Libyens. Outre le Milan, dont
les Tchadiens avaient fait usage avec succès lors des précédentes
batailles contre les soldats du Colonel Kadhafi à Fada, à
Wadi-Doum et Faya-Largeau, les Libyens se sont emparés de
missiles antichars Redeye, de missiles sol-air soviétique SAM-7,
d’une grande quantité de mortiers ainsi que des munitions de
fabrication égyptienne.
L’important lot découvert sur le terrain donne à penser que
les tchadiens, pris de court, n’ont pas pu ou su regrouper leurs
forces pour livrer bataille, préférant trouver le salut dans la
fuite en direction du sud.
______________________________________________________________
Libye-Tchad: Aouzou, Visite dans le «couloir de la
mort»
Fort d’Aouzou – Samedi après-midi, alors
qu’un millier de soldats libyens se déployaient dans et autour
d’Aouzou, l’armée libyenne, soutenue par l’aviation,
poursuivait ses opérations de ratissage.
Six soldats tchadiens qui s’étaient réfugiés dans les
collines surplombant Aouzou se sont rendus samedi aux forces de
Tripoli. Hagards, épuisés par la chaleur, la faim et la soif,
ils ont été présentés samedi après-midi aux journalistes dans
la cour de l’école d’Aouzou où, symboliquement, les forces
tchadiennes avaient marqué leur bref passage dans la zone en
inscrivant en gros caractères sur les murs de la bâtisse: «les
forces tchadiennes ont pris Aouzou le 8 Août 1987».
Selon le Colonel Riffi, quinze autres soldats tchadiens ont été
captures, ce qui porte à vingt et un le nombre de prisonniers
tchadiens. Les Libyens ont annoncé, quant à eux, trois morts et
cinq blessés dans leurs rangs.
Le chiffre peu élevé des pertes libyennes, s’il est confirmé,
pourrait s’expliquer par la nouvelle tactique adoptée par l’Etat
Major de Tripoli, tactique empruntée d’ailleurs à ses
adversaires.
Délaissant les lourds tanks soviétiques, difficilement
maniables dans un terrain tantôt rocailleux, tantôt sablonneux,
les libyens sont partis à l’assaut d’Aouzou, vendredi matin,
à bord de Toyota, équipée de mitrailleuses lourdes ou de
mortiers.
Précédée d’un tir d’artillerie visant à déloger les
tchadiens de collines surplombant les passages menant à Aouzou,
la progression libyenne a été couverte par l’aviation.
Une colonne tchadienne d’une dizaine de Toyota a ainsi été
fauchée par l’aviation libyenne à trois kilomètres d’Aouzou,
ont constaté les observateurs: «Le choc frontal a duré dix
minutes. Ensuite tout s’est vite passé. Nous avons avancé, les
Tchadiens ont fui et nous les avons pourchassés», a expliqué
le Colonel Riffi.
«Aouzou est une terre libyenne. Si (le président
tchadien) Habré récidive, nous serons amenés à prendre des
mesures radicales», a-t-il averti.
© Toute reproduction intégrale ou
partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 16 décembre 2007 avec l'aimable autorisation de René
Naba
|