Opinion
A propos de l'Iftar
de l'Ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis
René Naba
Lundi 29 août
2011
M. Michael Oren, ambassadeur d’Israël
aux Etats-Unis, a offert jeudi 25 Août
2011, un Iftar, le repas qui marque la
rupture du jeûne du Ramadan, en
l’honneur de responsables musulmans
américains, une première dans les
annales israélo-musulmanes.
Parmi les 65 convives figuraient, Akbar
Ahmed, titulaire de la chaire des études
islamiques à l’Université américaine et
Abdullah Antepli, titulaire de la chaire
de m’Islam à Duke University.
http://www.huffingtonpost.com/2011/08/25/michael-oren-hosts-ramadan-iftar_n_937282.html
Soyons clairs: Un repas entre Juifs
et Musulmans est de pratique courante.
Des mariages mixtes aussi. Il s‘en
produit souvent et partout. Entre
Musulmans, Arabes et Israéliens, mois
fréquent, mais ne saurait être choquant
en soi. En Israël-Palestine, un peu
partout ailleurs entre militants
pacifistes des deux bords, entre
conjurés et comploteurs. L’exemple vient
d’en haut: Le roi de Jordanie, le Roi du
Maroc, les présidents égyptiens Anouar
el Sadate et Hosni Moubarak.
A l’extrême rigueur qu’un ambassadeur
israélien soit invité à un Iftar
pourrait se concevoir sous certaines
conditions. Peu nous en chaut ce genre
d’agapes.
Mais dans le cas d’espèce, il ne
s’agit ni d’hospitalité, ni de
commensalité, ni de convivialité ni
d’œcuménisme, encore moins de mondanité,
mais d’un acte éminemment politique qui
relève d’une opération de diversion
destinée à suggérer dans l‘ordre
subliminal une possible normalité entre
le plus faucon des gouvernements
israéliens et les Musulmans dans leur
ensemble.
A coups de balivernes et de
sornettes. S’il est vrai qu’Israël n’a
certes pas interdit la Burka, il est non
moins vrai qu’il s’est livré à une
phénomène rare de l’histoire, le
sociocide de la société palestinienne,
démantelant ses structures, déracinant
le palestinien de sa patrie et
dénaturant son identité.
A un mois d’une offensive
diplomatique palestinienne visant à la
reconnaissance et l’admission de l’Etat
palestinien à l’ONU, il importe de ne
pas se laisser abuser par cette
opération de relations publiques alors
qu’Israël a annexé la quasi totalité de
la Palestine, judaïser la quasi totalité
de Jérusalem et asphyxié totalement
Gaza, et que, parallèlement, son parrain
américain occupe l’Afghanistan et
l’Irak, démembre le Soudan, détruit la
Libye, mais oppose son veto à la
démarche palestinienne aux Nations-Unies
;
Que la puissance occupante des Lieux
Saints musulmans et chrétiens convie à
sa table des fidèles musulmans pour la
rupture traditionnelle du jeûne a
quelque chose de choquant. Que des
Musulmans acceptent de cautionner cette
opération est déplorable.
Que Benyamin Netanyahu, le fossoyeur
des accords d’Oslo, le chef d’un
gouvernement de la droite la plus
radicale de l’histoire israélienne,
l’homme qui a débaptisé le nom de près
de trois mille villages arabes, qui
prohibe l’usage du terme Naqba présente
ses vœux aux Musulmans, relève de la
provocation.
Que des notables musulmans planqués à
des milliers de kms du champ de
bataille, à l’abri des vexations
quotidiennes, des humiliations, des
expropriations, cautionnent une telle
démarche relève de l‘avilissement moral.
On ne rompt pas le pain avec son
ennemi, sauf pour faire la paix ou faire
progresser la paix.
On ne devient pas co-pain avec son
ennemi, sans contrepartie, gratuitement,
comme une marque de servilité.
Il n’appartient pas à une minorité de
dévoyer le combat légitime de tout un
peuple car au delà de la religion
intrinsèque des convives, au delà des
croyances personnelles et des calculs
égoïstes des uns et des autres, une
religion universelle s’impose à tous,
celle de la dignité humaine qui interdit
d’être le commensal de son ennemi,
particulièrement lorsqu’il vous crache
au visage tous les jours et piétine vos
droits.
Pitoyable ces reptiles qui desservent
la paix, en abdiquant toute dignité.
Tabban Aleyhom
Reçu de René Naba
pour publication
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