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Blog René Naba
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désespérée d'une porte de sortie
René Naba*
Jeudi
25 janvier 2007
Les dirigeants des grands pays occidentaux en phase terminale de
leur mandat, en quête désespérée d'une sortie honorable.
Les dirigeants des grands pays occidentaux (France, Etats-Unis,
Royaume uni), dans une conjoncture rarissime, se retrouvent
quasi simultanément en phase terminale de leur mandat à la
recherche désespérée d'un succès diplomatique à l'effet de
redorer leur bilan terni par leurs échecs répétés tant en
Irak, qu'au Liban qu'en Palestine en vue de rétablir une
capacité dissuasive occidentale gravement compromise par les
revers militaires américains en Irak et israéliens au Liban.
Sauf rebondissement, le président français Jacques Chirac achève
son mandat en mai prochain sans avoir réussi jusqu'à présent
à mettre sur pied le tribunal international chargé de juger
les assassins de son ami l'ancien premier ministre libanais
Rafic Hariri, ni consolider la position gouvernementale de son
successeur et disciple, le nouveau premier ministre Fouad
Siniora, alors que, parallèlement, le premier ministre
britannique Tony Blair s'apprête à lui emboîter le pas, cet
été, affligé du qualificatif infamant et indélébile de
« caniche » du président américain,
George Bush n'est plus, lui, que l'ombre de lui-même. Soutenant
à bout de bras son allié israélien éclaboussé par ses déboires
militaires au Liban et les scandales qui touchent les plus hauts
sommets de l'Etat israélien (harcèlement sexuel, spéculation
financière et corruption), le flamboyant chef de file de
« l'axe du bien » mène un combat d'arrière garde
pour échapper à l'opprobre national du fait de son aventurisme
irakien.
Un succès, même minime de ces trois dirigeants en sursis,
serait en mesure de leur assurer une sortie honorable de
l'histoire. C'est dans ce contexte qu'il conviendrait de situer
l'envoi de renforts de 21.000 soldats américains en Irak, le déblocage
par Israël sous pression américaine de cent millions de
dollars au président palestinien Mahmoud Abbas ainsi que la
tenue, à Paris le 25 janvier 2007, de la conférence des pays
donateurs du Liban.
Sous ce vocable pompeux se cache en fait une cruelle réalité :
Les donateurs devraient en fait remédier à la gabegie de leurs
protégés régionaux tant Libanais qu'Israéliens. D'un montant
global de 40,6 milliards de dollars (30,8 milliards d'euros)
représentant 180 pour cent du Produit national brut, la dette
publique libanaise est principalement imputable à la politique
corruptrice de spéculation immobilière initiée pendant ses
dix ans de pouvoir par l'ancien premier ministre libanais Rafic
Hariri, grand ami de l'Occident, principalement du président
français Jacques Chirac. Cette dette s'est aggravée par les
destructions infligées par Israël au Liban, l'été dernier,
au cours d'une guerre encouragée tant par les Américains que
par les Français, les principaux alliés du disciple de Rafic
Hariri, le nouveau chef du gouvernement libanais Fouad Siniora
et dont le coût s'est chiffré à près de cinq milliards de
dollars (2,8 milliards de dollars de pertes dues aux
destructions et 2,2 milliards de dollars de pertes indirects,
selon le rapport officiel gouvernemental publie le 4 janvier
2007
Décryptage des origines de la crise
libanaise contemporaine :
Sur fond d'exaspération des crispations inter-communautaire
s chiites-sunnistes, accentuée par la piteuse pendaison de
l'ancien président irakien Saddam Hussein, l'épreuve de force
qui se déroule au Liban, avec en toile de fond l'enlisement américain
en Irak et israélien en palestinien, ainsi que la montée en
puissance de l'Iran, vise à éradiquer l'esprit de résistance
dans le monde arabe en vue d'une « finlandisation »
de la zone, sa neutralisation, au profit de l'axe américano-israé
lien et de leurs alliés pétromonarchiques.
Dans le souci de s'assurer une couverture politique face aux
pressions américaines contre l'Iran et la Syrie, le Hezbollah
avait conclu un arrangement électoral tacite avec Walid
Joumblatt, chef druze du parti socialiste progressiste, pour lui
permettre de remporter la victoire dans la région montagneuse
du Chouf dans la première consultation électorale qui a suivi
le départ des syriens du Liban, en juin 2005. Le Hezbollah
s'est abstenu en effet dans cette compétition là de soutenir
son allié traditionnel l'Emir Talal Arslane, le rival druze de
M Joumblatt.
Vainqueur par défaut des élections grâce à l'abstention du
Hezbollah, propulsé chef effectif de la majorité parlementaire
du fait de l'inexpérience politique de son allié, le
milliardaire sunnite Saad Hariri, encouragé par ailleurs par
les Américains et les Français qui voyaient en lui leur nouvel
homme-lige, Joumblatt s'est vécu en chef d'état virtuel d'un
état en apesanteur, un vizir à la place du grand vizir.
Une fois assuré de sa victoire, il a voulu faire plier les
syriens par le biais de l'affaire Hariri faisant d'une pierre
deux coups : venger l'assassinat de son père Kamal, dont
il impute l'assassinat à Damas, et s'assurer dans le même
temps la gratitude des pétromonarchies du golfe et la
protection des Etats-unis à l'époque hyperpuissance invicible
du Moyen-orient.
Les déboires militaires de l'Amérique en Irak, la résistivité
des mouvements islamistes palestiniens face l'occupation israélienne,
de même que le camouflet militaire infligé par le Hezbollah à
Israêl ont quelque peu modifié la donne et donner du tonus à
l'opposition libanaise. Dans une démarche symétrique à celle
empruntée à ses rivaux, l'opposition libanaise a voulu mettre
à l'index le premier ministre Fouad Siniora, de la même façon
que les anti-syriens, en fait les pro-américains, ont voulu
mettre en quarantaine le Président de la République Emile
Lahoud.
De sorte que désormais, il existe un divorce entre le pays légal,
représenté par la majorité parlementaire, et le pays réel,
constitué par les deux principales formations politiques de
l'opposition largement majoritaires dans le pays au niveau de la
base populaire. Le Hezbollah est en effet la principale
formation de la plus importante communauté libanaise, numériquement
parlant, les chiites, et le général Michel Aoun, ancien chef
du gouvernement libanais, est le grand vainqueur, du coté chrétien,
de la consultation électorale de juin 2005 qui a suivi le départ
des syriens du Liban.
De surcroît, le Hezbollah et le courant patriotique du général
Michel Aoun ont ceci en commun qu'ils n'ont jamais porté les
armes contre leurs compatriotes Libanais, ce qui leur donne un
prestige certain et une plus grande crédibilité au sein de la
population.
Le Hezbollah, fondé en 1982, s'est toujours préoccupé de la
guérilla anti-israélienne et Aoun à l'exception du combat
pour mettre au pas Samir Geagea en 1988, alors en rébellion
contre l'autorité légale, n'a jamais dirigé ses armes,
lorsqu'il était commandant en chef de l'armée, contre les
musulmans ou la coalition palestino-progressi
ste de l'époque. En contrepoint, l'alliance Hariri-Geagea-
Gemayel-Joumblat
t est à proprement parler l'alliance des anciens de chef de
guerre et leur principal bailleur de fonds. Une alliance qui a déchiré
le tissu social libanais avec leur guerre inter-factionnelle et
grevé le redressement économique du pays avec une
insupportable dette publique.
Un problème de cohérence intellectuelle et de crédibilité
politique se pose pour Walid Joumblatt ; Un des rares
dirigeants arabes se réclamant du socialisme, il est l'allié
du plus important milliardaire du pays, Rafic puis Saad Hariri.
Poursuivant de sa vindicte la Syrie qu'il juge responsable de
l'assassinat de son père, il accueille désormais à bras
ouvert l'ordonnateur d`un attentat contre sa personne le chef du
parti phalangiste, l'ancien président Amine Gémayel.
Tribunal international :
A) au niveau constitutionnel et politique :
Le Liban est une démocratie consensuelle. Le fait d'avoir fait
passer en force le projet de constitution d'un tribunal
international pour juger les assassins de Hariri a constitué
une atteinte au pacte national, confirmé par l'accord
inter-communataire de TAEF (1989) qui stipule dans son premier
article que les décisions qui engagement l'avenir du pays ne
sauraient être prises sans l'assentiment des principales
communautés libanaises.
Le projet de tribunal international a été entériné par le
gouvernement, en l'absence de six ministres représentant la
communauté chiite et du Président de la république, seule
autorité habilitée à ratifier les traités internationaux. Ce
projet, au regard du droit public interne libanais, est donc par
son essence caduc et anti-constitutionne
l.
B) au niveau diplomatique et géostratégique :
Alors que le Liban est sinistré par près de deux mois d'une
guerre inégale contre Israel (Juillet-aout 2006), la mise en
avant du tribunal international est un moyen de pression contre
la Syrie et ses alliés libanais en vue de les priver du bénéfice
moral et diplomatique du camouflet infligé à Israel par le
Hezbolah et ses alliés trans-communataires libanais (parti
communiste libanais, parti national social) . Il vise aussi à
reléguer au second plan le problème de la responsabilité d'Israel
dans la destruction du Liban et la complicité des Etats-Unis et
dans un degré moindre de la France dans cette opération.
Ceux que l'on nomme « les anti-syriens » sont en
fait des pro-américains et pro francais, qui comptent
massivement sur l'aide occidentale et saoudienne pour se
maintenir au pouvoir et préserver leurs privilèges. Samir
Geagea qui a massacré, sous l'autorité de la famille Gemayel,
la famille de Soleimane Frangié, le chef chrétien du nord du
Liban, de même Amine Gemayel qui a mené une guerre sans répit
contre les Druzes et fomenté un attentat contre Walid Joumblatt
en personne, en 1984, ainsi que Walid Joumblatt qui a ordonné
le massacre de plusieurs centaines de chrétiens dans la région
montagneuse du chouf, sont à proprement parler des « criminels
de guerre patentés ».
La proximité avec l'Occident ne doit pas conférer une
honorabilité pas plus que la moindre immunité. Dans cette
perspective, le martyrologue libanais est devenu un argument de
brocante pour la survie d'une classe politique déconsidérée.
Sauf erreur ou omission de ma part, il n'y a jamais eu que je
sache de tribunal international pour juger par exemple les
auteurs de la disparition de Mehdi Ben Barka en France et
Jacques Chirac a fait même du Maroc son lieu de villégiature
préféré, Jamais non plus de tribunal international pour juger
le président pro-américain Paul kagamé (Rwanda) qui passe
pour avoir ordonné la destruction de l'avion du président
Habariyama, encore moins de tribunal international pour juger
les assassins du juge français Bernard Borel, alors que le président
de Djibouti est toujours accueilli à bras ouvert par Jacques
Chirac.
Pas de tribunal non plus pour juger le tortionnaire chilien
Augusto Pinochet, assassin de Salvadore Allende et ordonnateur
du plan Condor, enterré avec les honneurs militaires. Aucun
tribunal international non plus pour juger les auteurs de la
disparition en 1978 en Libye, de l'Imam Moussa Sadr, chef de la
communauté chiite du Liban, Est- ce par ce que la Libye est un
pays pétrolier qui s'est rapproché des Occidentaux en dévoilant
tout un pan de la coopération nucléaire arabe et musulman ?
La justice internationale ne saurait être sélective, de même
que la prolifération nucléaire. La duplicité de la diplomatie
occidentale est à l'origine de la grande suspicion que
nourrissent les peuples arabes et musulmans à l'égard de la
moindre initiative occidentale.
Rivalité sunnite-chiite.
Longtemps les chiites ont été considérés comme les meilleurs
alliés de l'Amérique et d'Israêl, notamment du temps du Chah
d'Iran, alors que les sunnites, en leur qualité de fer de lance
du combat nationaliste arabe, étaient perçus comme le véritable
danger pour l'Occident. Cela a été le cas du temps du président
égyptien Gamal Nasser lorsque le sunnisme s'identifiait avec le
nationalisme arabe au point que Nasser, puis Arafat ont été
diabolisés en tant que « nouveaux Hitler » du monde
contemporain, suscitant des « expéditions punitives »
des pays occidentaux à leur égard (Suez 1956 contre Nasser),
(1982 siège de Beyrouth contre Arafat par les Israéliens, puis
mise en résidence surveillée du président démocratiquement
élu de la Palestine en 2003. Ce qui est tout de même un comble
qu'un « Prix Nobel de la Paix » soit maintenu en
captivité avec la passivité des pays occidentaux et
l'approbation tacite des Américains.
Les Etats arabes pro-américains (Egypte, Arabie saoudite,
Jordanie, pétro-monarchies du Golfe)) en cautionnant
l'intervention américaine en Irak, ont été les principaux
fossoyeurs du pouvoir sunnite en Irak et de la montée en
puissance du chiisme. Le Chiisme en Orient est en train de
triompher non par sa supériorité intrinsèque, mais par la
soumission des dirigeants sunnites gérontocrates des pays
arabes, particulièrement ceux du golfe. Ce n'est pas un problème
de religion, mais un problème d'éthique de gouvernement. En
Palestine, le combat de libération contre l'occupation israélienne
est mené exclusivement par des Sunnites que cela soit le Fatah
ou le Hamas. Mais la différence entre ces deux formations
sunnites n'est pas un problème d`intégrisme religieux mais
d'intégrité politique Au delà de leurs sensibilités
culturelles ou religieuses, sunnites, chiites, maronites,
libanais arabes ou kurdes, algériens ou marocains, habitants du
Machreq ou du Maghreb doivent prendre conscience du fait qu'ils
appartiennent à la même sphère géoculturelle, qui constitue
avec l'Amérique latine, l'un des rares foyers de résistance à
l'hégémonie américaine dans le monde.
Prendre conscience du fait qu'il existe davantage de complémentarité
entre la population de l'ensemble arabe qu'entre un suédois et
un portugais, par exemple, ou entre un pêcheur maltais et un
plombier polonais.
Le problème de l'armement du Hezbollah
Les Etats-Unis se sont toujours opposés à la constitution
d'une force aérienne et navale crédible tant du Liban que de
la Palestine, les deux pays limitrophes d'Israël, afin
d'accentuer la sécurisation de l'espace stratégique de l'état
hébreu. L'occupation de l'Irak et les diverses tentatives
visant à neutraliser la capacité nucléaire iranienne relève
de cette même stratégie. Mais la démlitarisation relative de
ces deux pays limitrophes d'Israël n'a pas pour autant entrainé
une sanctuarisation de leur espace vital.
Bien au contraire, Israël a envahi à deus reprises le Liban,
en 1978 et en 1982, puis partiellement en 2006, malgré la présence
d'une force d'interposition dans la région frontalière
libano-israélienne, la Finul, depuis 1978, et le territoire
palestinien est soumis à un régime de couvre feu
quasi-permanent, masquant une colonisation rampante de la
Palestine avec la caution américaine et le silence complice des
pays occidentaux.
L'armement balistique du Hezbollah constitue, dans cette
perspective, une réplique à l'abdication étatique arabe, en même
temps qu'une riposte assymétrique à la volonté de muselage
israélo-américain.
Tant au niveau de la démocratie numérique, représentant la
plus importante formation paramilitaire de la plus importante
communauté libanaise, qu'au niveau de la démocratie
patriotique, le Hezbollah, artisan de deux revers militaires
israéliens, devrait occuper une place de choix non seulement
dans l'imaginaire arabe, mais également dans le discours
officiel arabe.
Il était honteux de lui demander des comptes. Il eut été plus
judicieux de demander des comptes également à l'Arabie
saoudite qui a instrumentalisé l'Islam, ou plutôt la forme la
plus rétrograde de la religiosité, comme arme de combat
politique contre le nationalisme arabe, des comptes aussi à la
Libye qui a abdiqué face au diktat américain sans coup férir,
en une sorte de capitulation en rase campagne, alors que Kadhafi
avait assourdi la planète pendant un quart de siècle de ses
imprécations révolutionnaires anti américaines. La liste
n'est pas limitative.
La France : Confier les rênes de la
diplomatie française à un des auteurs de la loi sur le
« rôle positif de la colonisation » marque
la déconnexion de la France des Affaires
du tiers-monde ;
L'histoire est impitoyable avec les êtres à qui le destin aura
souri deux fois dans leur existence. De plain-pied Jacques
Chirac appartient à cette catégorie de privilégiés mais s'y
distingue d'une manière singulière par un bilan rarement égalé
au sein des grandes démocraties occidentales. Le Roi des
Arabes, le proposé au Prix Nobel de la Paix pour son opposition
à l'unilatéralisme américain dans le dossier irakien, le
champion de la résorption de la fracture sociale, le barrage au
fascisme français, apparaît désormais par ses camouflets
diplomatiques et la succession de ses déroutes électorales
comme le grand perdant sur le plan international, le fossoyeur
de l'héritage gaulliste et de la fonction présidentielle sur
le plan interne, accablant bilan de l'ampleur d'une double bérézina
diplomatique et domestique.
La posture gaullienne de Jacques Chirac tant célébrée par la
presse française tant sur l'Irak que sur le Liban ne doit pas
faire illusion. Elle s'est résumée en une gesticulation
diplomatique sur fond de rumeurs d'affairisme, masquant un
alignement progressif sur une diplomatie atlantiste.
Loin d'augurer d'une nouvelle politique d'indépendance, elle
s'est davantage apparentée à un combat d'arrière garde d'un
président mal élu et décrié dans son propre pays à la
recherche d'une sortie honorable pour l'histoire. Un combat
d'arrière garde d'un pays en perte de vitesse dans son pré
carré arabo-africain, alors que six des états africains les
plus proches de la France en Afrique (Côte d'Ivoire,
Centrafrique, Congo Brazzaville, République Démocratique du
Congo, Gabon et Tchad) paraissent déstabilisés par une guerre
civile larvée et que se poursuit sur le plan économique la
mainmise des fonds de pension anglo-saxons sur les sociétés
françaises cotées en bourse, quadruplant en sept ans leur
acquisition, passant de 10 pour cent en 1985 à 43 pour cent en
2003 .
Les repentances furtives à répétition ne sauraient gommer un
siècle d'incohérences et de gesticulation déclamatoire, pas
plus que les « hommes providentiels » que la France
s'est choisie parmi les dirigeants arabes (Saddam Hussein, Rafic
Hariri) en guise de substitut à une politique destinée à
camoufler une politique de conquête des marchés arabes :
De Suez (Egypte) à Bir Zeit (Palestine) en passant par
Alexandrette (Turquie), Dimona (Israël), Sétif (Algérie) et
Bizerte (Tunisie), par ses alliances successives avec les
principaux ennemis du monde arabe, d'abord la Turquie (1920-30),
puis Israël (1950-60), puis son hostilité résolue au noyau
dur du monde arabo-islamique dans les années 1980, via son
alliance irakienne, la France se place, après les Etats-Unis,
à égalité avec la Grande Bretagne, comme le deuxième pays
cible des attentats anti-occidentaux depuis le dernier quart du
XX me siècle. Que cela soit à Beyrouth avec l'ambassadeur
Louis Del amarre, en 1981, et les 58 soldats du contingent français
de la Force multinationale occidentale tués dans l'attentat du
PC Drakkar (23 octobre 1983) ou l'universitaire Michel Seurat,
ou encore à Karachi (Mai 2002) et au Yémen (Octobre 2002) ou
enfin sur le sol national avec les 13 morts et les 250 blessés
des 10 attentats de Paris (1985-86), le Général Rémy Audran,
« Monsieur Irak » de la Direction Générale de
l'Armement (DGA), les attentats de 1995-1996, sans parler du
long feuilleton de la spirale infernale des otages français au
Liban (1985-1988) et en Irak (2004-2005).
De sorte que la France parait désormais faire davantage partie
du problème que de la solution des problèmes du monde arabe.
Le fait de confier les rênes de la diplomatie française à un
des auteurs de la loi sur le « rôle positif de la
colonisation », M. Philippe Douste Blazy, à l'époque
député de Toulouse (sud de la France), marque d'ailleurs la déconnexion
de la France des affaires du tiers-monde.
La sortie de crise
Il est vain et illusoire de compartimenter les problèmes, de découpler
le conflit d'Irak de celui de la Palestine ou du Liban. Les
combats croisés menés par l'Amérique pour le compte d'Israel
en Irak et d'Israel pour le compte des Etats-Unis au Liban, de même
que le propre combat mené par Israel pour son compte avec le
soutien américain contre les Palestiniens relèvent d'une même
intrication dont l'élément central demeure la revendication
nationale palestinienne à un Etat viable, indépendant et
souverain.
Il est tout aussi vain et illusoire de jouer la division des
peuples dans l'adversité et de considérer comme « renégats »
une fraction de la communauté arabe, le Hezbollah, pour cause
de chiisme, alors même que dans l'histoire peu glorieuse du
monde arabe contemporain ce parti aura inscrit de glorieux fait
d'armes au palmarès arabe.
Il importe à l'Arabie saoudite, meilleur allié arabe des
Etats-Unis et artisan de deux plans de paix arabe, de sortir de
sa frilosité légendaire, son théâtre d'ombre, et de réclamer
enfin à son ami américain la contrepartie de sa loyauté, de
s'adresser à l'Iran, son rival pétrolier chiite, en vue de négocier
les conditions d'un modus vivendi opératoire aussi bien en
Irak, qu'au Liban que dans le Golfe visant à une stabilisation
de la sphère arabo-musulmane, prélude à des efforts conjugués
non vers la neutralisation de la capacité nucléaire iranienne
mais vers la dénucléarisation d'Israel et la promotion d'un règlement
d'ensemble des problèmes régionaux, en tête desquels le problème
palestinien.
Les Arabes ont dépensé mille cinq cent milliards de dollars
dans le domaine de l'armement au cours du dernier quart du
vingtième siècle sans se doter ni de la capacité nucléaire,
ni de la capacité spatiale ni d'une capacité de projection de
force. Plutôt que d'ameuter la planète de leurs jérémiades,
ils seraient avisés de prendre exemple sur l'Iran et de se
doter d'une capacité de dissuasion à l'effet de forcer le
respect des autres pays du monde.
René Naba
Auteur « aux origines de la tragédie arabe »
Editions Bachari 2006
« Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français »
Harmattan 2002
« Rafic Hariri, un homme d'affaires premier ministre »
- Harmattan 2000
« Guerre des ondes, guerre des religions, la bataille
hertzienne dans le ciel méditerranéen »- Harmattan 1998
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