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Actualité
Le Pacte de Quincy
René Naba
Paris, le 19 septembre 2010
Arabie saoudite : Le Pacte de Quincy (The Quincy
agreement), une relation spéciale, mais de vassalité
L’Arabie saoudite et les Etats-Unis s’acheminent vers la
conclusion d’un contrat, le plus important contrat d’armement de
l’Histoire, de l‘ordre de quatre vingt dix (90) milliards de
dollars, impliquant la modernisation de la flotte aérienne et de
la marine saoudiennes. Soixante milliards de dollars seront
affectés à la vente à l’Arabie saoudite de 87 chasseurs
bombardiers « F-15», de 70 hélicoptères de combat «Apache» et de
72 hélicoptères «Black Hawk», 36 hélicoptères Little Bird AH-6,
ainsi que des bombes, des missiles, y compris la bombe guidée
par GPS JDAM produite par Boeing et le missile guidé
par laser Hellfire. Trente milliards de dollars complémentaires
seront affectés à la fourniture de bâtiments de guerre et d’un
système de défense balistique, complémentaire au réseau de
missiles de type Patriot et au reconditionnement des anciens
appareils de l’armée de l’air et de la marine.
Ce
contrat a été conclu à l’occasion de la fête nationale
saoudienne, le 23 septembre, célébrant la fondation du Royaume.
Il devra être soumis au Congrès pour ratification et permettra
le maintien d’un bassin d’emploi de 75.000 personnes de
l’industrie militaire américain.
Le
«Wall Street Journal», qui rapporte l’information le 13
septembre 2010, précise que la transaction vise à «renforcer les
capacités combatives du Royaume face à l’Iran» sans faire peser
des risques sur Israël. Les avions saoudiens seront privés
d’armes de longue portée afin de sécuriser l’espace aérien
israélien et leurs performances, tant en ce qui concerne leur
équipement que leur maniabilité, seront, en tout état de cause,
de moindre capacité que le nouveau appareil que les Etats-Unis
envisagent de vendre à Israël, 20 chasseurs-bombardiers
américains F-35 Lightning II (JS F-35), le super
bombardier de supériorité technologique, dont le coût unitaire
atteint la somme considérable de 113 millions de dollars pièce.
Ce
contrat, jamais conclu par l’Amérique avec un autre pays,
témoigne des «relations spéciales» entre les Etats-Unis et le
Royaume d’Arabie saoudite depuis la signature du Pacte de
Quincy. Une relation spéciale, certes, mais de vassalité
Le
«Pacte de Quincy» a été scellé, en février 1945, sur le croiseur
Quincy entre le Roi Abdel Aziz Ibn Saoud, fondateur du royaume,
et le président américain Franklin Roosevelt, en route pour
Yalta pour le sommet soviéto américain portant sur le partage du
monde en zone d’influence.
Il
s’articule sur cinq points.
-La
stabilité de l’Arabie Saoudite fait partie des “intérêts vitaux”
des Etats-Unis qui assurent, en contrepartie, la protection
inconditionnelle du Royaume contre toute menace extérieure
éventuelle. Par extension la stabilité de la péninsule arabique
et le leadership régional de l’Arabie Saoudite font aussi partie
des «intérêts vitaux» des Etats-Unis.
-En
contrepartie, le Royaume garantit l’essentiel de
l’approvisionnement énergétique américain, la dynastie Ibn Saoud
n’aliénant aucune parcelle de son territoire, les compagnies
concessionnaires ne seraient que locataires des terrains.
Les
autres points portent sur le partenariat économique, commercial
et financier saoudo américain ainsi que sur la non ingérence
américaine dans les questions de politique intérieure
saoudienne.
Le
« Pacte du Qunicy »»s’est révélé être une alliance contre nature
entre une puissance qui se veut la plus grande démocratie
libérale du monde et une dynastie qui se revendique comme la
plus rigoriste monarchie théocratique du monde.
Ce
pacte a assuré la stabilité du ravitaillement énergétique
mondiale et la prospérité économique occidentale, parfois au
détriment des intérêts des autres producteurs du tiers-monde,
sans pour autant donner satisfaction aux revendications
légitimes arabes notamment à propos de la question
palestinienne.
En
application de ce pacte, qui a donné lieu aux plus
invraisemblables dérives, l’Amérique a assumé un rôle
étymologiquement rétrograde, en négation avec les valeurs
qu’elle professe.
Parangon de la démocratie et du libéralisme dans le monde, elle
s’est posée en «parrain» du royaume le plus hermétique de la
planète, s’opposant aux expériences de modernisation et de
démocratisation du tiers-monde, comme ce fut le cas, en Iran, en
1953, lors de la nationalisation des installations pétrolières
par le dirigeant nationaliste Mossadegh, en Egypte, en 1967,
contre le chef de file du nationalisme arabe, Gamal Abdel
Nasser, ou encore dans le pré carré américain, au Guatemala, en
1954, et au Chili, en 1973, contre le président socialiste
démocratiquement élu Salvador Allende, renversé par une junte
militaire le 11 septembre 1973, curieusement à la date
anniversaire des attentats de Manhattan et de Washington, avec
le soutien actif des Américains.
Toujours en application de ce même pacte, l’Amérique a décrété à
la suite de l’invasion du Koweït en 1990 une mobilisation
internationale contre l’Irak anéantissant pratiquement ce pays
jadis à l’avant garde du monde arabe, le maintenant en état
d’apoplexie, sous embargo près de douze ans après les
hostilités, nourrissant ainsi le procès de la partialité
occidentale par sa mansuétude à l’égard d’Israël, suscitant en
contrepoint une volonté de réhabilitation des peuples arabes et
musulmans qui s’est confondue pour beaucoup de militants
islamistes avec une soif de revanche.
Enfin
en vertu de ce même pacte, les Etats-Unis ont exonéré l’Arabie
saoudite de sa responsabilité dans les attentats anti-américains
du 11 septembre 2001, marqués par la participation à l’opération
de quinze saoudiens sur les 19 membres de l’équipée, détournant
sur l’Irak la colère vindicative du peuple américain.
Le
nouveau contrat militaire de quatre vingt dix milliards de
dollars témoigne de cette «servitude volontaire» de l’Arabie
saoudite à l’égard des Etats-Unis. Alors qu’une importante
armada américaine est déployée dans la zone Golfe persique –
Océan indien, et, qu’un cordon sanitaire a été déployé autour de
l’Iran par un chapelet de bases (Bahreïn, Abou Dhabi, Koweït,
Massirah, Diego Garcia et Djibouti), ce contrat vise non à doter
l’Arabie saoudite d’une défense tous azimuts, mais de la
renforcer «face à l’Iran», puissance du seuil nucléaire, et non
Israël, puissance nucléaire de plein exercice, de surcroît
puissance occupante de Jérusalem, le 3me haut lieu saint de
l’Islam.
Le Royaume saoudien débloque ainsi 90 milliards de dollars pour
résorber le chômage aux Etats-Unis et justifier, sous
l’apparence d’un faux équilibre, une transaction qualitativement
supérieure entre les Etats-Unis et Israël.
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Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
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Publié le 21 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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