Blog René Naba
Libye, Lundi 14 Avril à minuit
René Naba
Un F-111 décolle pour le raid sur la Libye,
avril 1986
( source : http://fr.wikipedia.org/wiki/F-111
)
Tripoli, 20 avril 1986
D’un envoyé spécial de l’AFP : René Naba
Lundi 14 avril à minuit, au terme d’une longue réunion de
travail politique, le colonel Mouammar Kadhafi prend congé de ces
hôtes, Georges Hawi, secrétaire général du Parti communiste
libanais et un groupe de personnalités arabes, à sa résidence
de Bab el Aziziya à Tripoli.
Cette nuit-là, la tension américano- libyenne est à son
paroxysme. L’émissaire américain, le général Vernon Walters,
vient d’achever sa tournée européenne, l’Europe des douze
rend publique sa décision de restreindre les activités des
missions libyennes en Europe et des chasseurs bombardiers FB-111 décollent
de leur base en Grande-Bretagne.
Voulait-il conjurer le sort, ne croyait-il pas à l’imminence
d’un raid américain, ne se sentait-il pas personnellement visé
? En tout état de cause, selon une personnalité arabe proche de
la hiérarchie libyenne, le colonel Kadhafi, ce soir là, au lieu
de rejoindre son domicile familial, se dirige vers la tente bédouine
qu’il a dressée au milieu de cette caserne, véritable centre névralgique
du pays, où il lui arrive de s’isoler pour prendre du repos ou
travailler en solitaire.
Deux heures plus tard, un chapelet de bombes s’abat sur
tripoli, dont trois, à l’intérieur de la caserne.
La tente du dirigeant libyen s’abat, emportée par le souffle de
l’explosion qui endommage sérieusement la maison de trois étages
où habitent les membres de sa famille, à une cinquantaine de mètres
de la tente. Sa fille adoptive Hana, 15 mois, est tuée. Deux autres
enfants, Khamis, 4 ans, et Seif al Arab, 3 ans, sont blessés. Leur
maman, en état de choc et les autre autres enfants, indemnes, sont
placés en lieu sûr.
M. Ibrahim Sagger, proche collaborateur du dirigeant libyen, annonce
à la presse que «le chef est sauf grâce à Dieu». Cette déclaration
aussi péremptoire que laconique ne satisfait pas la curiosité des
observateurs étrangers et des chancelleries occidentales. C’est
le début de trois longues journées qui tiendront en haleine une
partie de la planète.
Aussitôt l’alerte donnée, le colonel, selon cette même personnalité
arabe, rejoint son poste de commandement à l’Etat-Major situé
dans le sous-sol fortifié de la caserne de Bab el-Aziziya.
Cette même personnalité assurera même, sans qu’il ait été
possible de recouper cette information de source indépendante, que
le Colonel Kadhafi n’a pas quitté Tripoli pendant ces trois
jours, sortant de son bunker, la nuit, soit pour inspecter les positions
et constater les dégâts, soit pour prendre du repos.
Suivra………RN /MN
Libye-USA- Tripoli 14 avril à minuit, feuillet
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Tripoli- Entre-temps, des rumeurs alimentées par l’absence du
Colonel Kadhafi de la scène publique doublent d’ampleur. Selon
ces rumeurs, le Colonel aurait été gravement blessé, soigné même
en Algérie, mieux encore au Nord-Yemen, un pays pourtant réputé
pour sa structure sanitaire rudimentaire.
Mercredi, le Colonel Kadhafi reçoit le chargé d’affaires
marocain, puis un émissaire soviétique. Selon la personnalité
arabe, l’entretien avec le délégué soviétique se serait déroulé
au bureau du Colonel, au quartier général des forces armées, situé
dans l’enceinte de la caserne militaire d’Azizya.
L’image immobile de l’entretien, diffusée mercredi soir par
la télévision libyenne, si elle confirme que le Colonel Kadhafi
est bien vivant répond partiellement aux interrogations quant à
son état de santé. Le diplomate marocain indique toutefois à quelques
uns de ses interlocuteurs qu’il avait trouvé le Colonel en bonne
santé. Toutefois, la rumeur quant à son état de santé trop forte
pour s’estomper rapidement, persistera.
Après trois jours d’incertitude et d’interrogations, le colonel
Kadhafi refait surface jeudi. Il fait un bref discours à la télévision
libyenne et visite les blessés libyens dans les hôpitaux de
Tripoli.
A partir de vendredi, voulant couper court aux spéculations de
la presse alimentée par des indiscrétions filtrées de
Washington, la Libye passe à la contre-attaque sur le plan médiatique,
en organisant, à l’intention de près de deux cents journalistes
de la presse internationale, une série de visites aux sites
bombardés, en vue de démontrer l’échec du raid américain lundi
dernier.
Samedi, les journalistes ont eu droit à tripoli à une visite
de cinq heures à la caserne d’Azizya, au quartier résidentiel
de Bab Achour, à une plantation d’arbres fruitiers proche de l’aéroport
où plusieurs engins ont été largués par l’aviation américaine,
mais ils n’ont pas pu se rendre à l’annexe militaire de l’aéroport
de Tripoli.
Dimanche, c’était au tour des blessés soignés dans les hôpitaux
de Tripoli de recevoir la visite des journalistes qui devaient dans
l’après midi se rendre à Benghazi, après un crochet à une base
navale, organisée par les autorités libyennes dans la deuxième
vile du pays.
RN/MN T
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Publié le 1er février 2008 avec l'aimable autorisation de René
Naba
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