|
Actualité
Le Tribunal spécial sur le Liban à
l'épreuve de la guerre de l'ombre
Part 3/3
René Naba
Paris, le 16 août 2010
V- Les Etats-Unis, une justice «à la
carte», la France, une suspicion légitime
La justice pénale internationale, dont l’avènement avait été
salué comme annonciateur d’une ère nouvelle est, ainsi,
d’emblée, obérée par sa sélectivité et ses immunités, en un mot
par sa partialité. Les Etats-Unis, un des tortionnaires majeurs
de l’époque contemporaine, le maître d’œuvre des tortures de la
base américaine de Guantanamo (Cuba), de Bagram (Afghanistan) et
d’Abou Ghraib (Irak), de même qu’Israël, considéré par une
fraction importante de l’opinion publique mondiale comme «l’Etat
voyou N°1» de la scène internationale, n’ont pas souscrit au
traité fondateur de la Cour pénale internationale. Ils disposent
de ce fait d’un privilège de juridiction qui leur confère une
sorte d’immunité régalienne les plaçant à l’abri des poursuites,
héritage de l’ancien «régime des capitulations» de l’empire
ottomane.
«Depuis Nuremberg, les Etats-Unis ont toujours prôné
et construit une justice « à la carte ». Le propos d’une grande
limpidité ne provient pas d’un pourfendeur aigri de l’Imperium
américain, mû, selon l’expression consacrée, par un
«antiaméricanisme primaire», mais d’un journaliste du quotidien
français le Monde, quotidien de référence s’il en est.
Analysant «La nouvelle victoire américaine à propos de la Cour
Pénale Internationale», à la suite de l’adoption de la
définition juridique du «crime d’agression», en complément aux
crimes de génocide et crimes contre l’humanité, Stéphanie Maupas
soutient «Que ce soit pour les crimes nazis, japonais, rwandais
ou yougoslaves, Washington est toujours parvenu à
imposer sa liste de suspects, quand d’autres
étaient soit « oubliés », soit acquittés(…)
«Enjeux clés de cette justice qui menace chefs d’Etat et
hauts gradés, les cibles des procureurs successifs ont toujours
fait l’objet de tractations», relève-t-elle dans une
correspondance de La Haye en date du 27 juillet 2010. La réforme
a été adoptée par cent onze états membres, mais la décision de
sa mise en œuvre a été repoussée à dans sept ans.
Il en est de même des autres pays du champ occidental.
La France, hébergeur du faux témoin syrien Zouheir
Siddiq, compte à son actif l’élimination des principaux
opposants du tiers monde hostiles à son hégémonie, Félix Mounier
(Cameroun-1958), Mehdi Ben Barka (Maroc 1965), de même que les
chefs de file du mouvement indépendantiste Kanak Jean Marie
Tjibaou et Yéwéné Yéwéné, tous deux assassinés en 1989
en Nouvelle Calédonie sur un territoire dont la France a la
charge de sa sécurité, ou enfin le chef de l’opposition
tchadienne Ibn Omar Mahmat Saleh (2008), arrêté à la suite
d’informations émanant des services d’écoute de l’armée
française.
Une «suspicion légitime» frappe d’ailleurs la France
tant en ce qui concerne le Darfour que le Liban, en raison de
son rôle présumé dans l’élimination de l’opposant tchadien et de
son activisme à «internationaliser» l’assassinat de Rafic
Hariri, un crime relevant en principe du droit pénal libanais.
Le président français de l’époque, Jacques Chirac, un obligé
notoire de l’ancien premier ministre libanais, s’est appliqué à
porter devant la justice pénale internationale le cas Hariri. La
reconnaissance du ventre ne saurait donner lieu à des excès, ni
à manipuler de faux témoins. et l’honneur d’un homme ne
se lave pas par le recours à de témoins stipendiés.
Les bévues qui ont émaillé la procédure, la partialité du
premier enquêteur l’allemand Detlev Mehlis, ont plongé le
Tribunal dans un climat de suspicion généralisé tant en ce qui
concerne sa fonction première que sa finalité, que le choix de
ses officiants. Au terme de cinq ans de fonctionnement,
le TSL constitue à proprement parler une parodie de justice
d’autant plus symptomatique qu’il a constamment écarté de son
champ d’investigation, le volet israélien, en opposition avec le
principe du débat contradictoire, quand bien
même le système des télécommunications libanais s’est avéré être
sous contrôle israélien. Cette
découverte, qui pourrait avoir de sérieuses implications
concernant la détermination des responsabilités, devrait
conduire le tribunal à reconsidérer sa position d’autant plus
impérativement que la crédibilité des données est désormais
frappée de suspicion du fait de la main mise du Mossad sur les
communications libanaises. L’enquête internationale dans son
ensemble risque ainsi de s’effondrer.
Le tribunal spécial sur le Liban, institué par un
accord conclu entre le Liban et les Nations Unies, le 5 juin
2005, confère des privilèges exorbitants à la commission
d’enquête de l’ONU en ce qu’elle permet à cette instance
d’exercer une tutelle de fait sur les autorités locales
libanaises, en l’habilitant à enquêter sur un fait qui
ne constitue pas un «crime international» juridiquement parlant.
Mais le fait de privilégier le cas du chef du clan saoudo
américain au Moyen orient, au détriment d’autres personnalités
éminentes de la scène internationale (Benazir Bhutto Pakistan
2007, Salvador Allende Chili 1973, Patrice Lumumba Congo
Kinshasa 1961), au détriment des dizaines de personnalités
libanaises, au détriment des milliers des victimes civiles de la
guerre libanaise, au détriment des dizaines de dirigeants
palestiniens et des milliers de civils palestiniens tués par les
Israéliens, donne à penser que la coalition occidentale
entend placer sur la défensive les principaux contestataires de
l’ordre hégémonique américain dans la zone, l’Iran, via le
dossier nucléaire, La Syrie et le Hezbollah, via le dossier
Hariri, principal pierre d’achoppement à la capitulation
déguisée conduite par le président palestinien Mahmoud Abbas.
La sélectivité dans son choix porte préjudice au
Tribunal en ce qu’elle constitue une négation du principe
d’universalité de la justice internationale et fait craindre une
instrumentalisation de cette juridiction à des fins politiques
au service des desseins du camp occidental. Sauf
infléchissement ultérieur, un tel tri sélectif opéré en Mars
2009 – Rafic Hariri/Liban (1er mars) et Omar al-Bachir /Soudan
(4 mars) – à l’exclusion de tout autre cas similaire, pourrait
dénaturer sa posture morale en imposture, la négation même de la
notion de justice. Le ciblage du monde arabo africain, à
l’exclusion de toute autre sphère géopolitique, à la notable
exception de l’ex Yougoslavie et du Cambodge, séquelles du bloc
communiste, paraît ressortir d’un projet visant à maintenir sous
pression la zone privilégiée d’expansion de la Chine et de la
Russie, sur la flanc méridional du camp occidental, en désignant
à la vindicte publique leurs traditionnels alliés régionaux, la
Syrie, l’Iran et le Soudan. Plaide en faveur de cette thèse, le
choix discriminatoire de traduire devant la justice
internationale les assassins de Rafic Hariri et pas ceux de
Benazir Bhutto, de poursuivre le soudanais Omar El Bachir et non
le tchadien Idris Deby au bilan sanguinairement comparable,
voire même du libyen Mouammar al Kadhafi, responsable de la
disparition du chef spirituel de la communauté chiite du Liban
l’Imam Moussa Sadr.
VI - La criminalisation du
Hezbollah, une guerre de substitution contre l’Iran.
La neutralisation d’un important lot d’agents israéliens,
particulièrement dans le secteur sensible de la téléphonie
cellulaire, dont les relevés fondent l’acte d’accusation, pose
le problème de la fiabilité des preuves des enquêteurs
internationaux. L’acte d’accusation a été divulgué par
anticipation, en Mai 2010, sans que l’autorité compétente se
ravise, aux mépris des règles les plus élémentaires de la
procédure pénale internationale. Sa teneur a été communiquée
officieusement au Hezbollah, non par la voie judiciaire
compétente, mais par le propre chef du gouvernement du pays
plaignant, et propre fils de la victime, Saad Hariri à Hassan
Nasrallah dans une conversation à huis clos dans une démarche
qui s’apparente à un marchandage. L’implication de «trois
membres indisciplinés» du Hezbollah pour solde de toute compte
du contentieux qui oppose sunnites et chiites dans le monde
arabe depuis l’invasion américaine de l’Irak, en 2003.
L’offre a été refusée et portée sur la place publique.
Quiconque connaît le fonctionnement du Hezbollah à la
discipline toute spartiate, le pointage d’un membre
«indiscipliné» de ce mouvement constituerait l’aveu d’un
dysfonctionnement, d’une absence de contrôle du chef du
mouvement sur ses troupes. Pis, elle stigmatiserait le
Hezbollah de l’accusation de régicide à l’effet de le marquer du
sceau de l‘infamie au regard des sunnites, le courant
majoritaire de l’Islam dans le monde arabe et musulman, et de
plomber du même coup la légendaire réputation du Hezbollah en
tant qu’organisation disciplinée exclusivement consacrée à la
lutte contre Israël. Une accusation qui constituerait le point
de basculement vers une guerre sunnite – chiite sur l’ensemble
du monde arabe, particulièrement au Liban et les monarchies du
golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït) où résident de fortes
minorités chiites. L’un des principaux inculpés, Jamil Sayyed,
accusera publiquement à sa libération le tribunal de lui avoir
demandé de se désigner comme «bouc émissaire» afin de conclure
l’instruction et de clore le dossier. Un scénario identique
semble se reproduire à l’encontre du Hezbollah.
Depuis L’assassinat de Rafic Hariri, le mouvement
chiite fait l’objet d’une vive pression visant à le
marginaliser, à défaut de le délégitimer.
Initiée par l’interdiction en France de sa chaîne
de télévision «Al Manar», en 2004, la pression
s’est poursuivie par une vaine tentative de le désarmer, dans la
foulée du coup de massue israélien, en 2006. Elle s’est
poursuivie dans la foulée de la neutralisation du camp
palestinien de Nahr el Bared, en 2007, avec, l’assassinat à
Damas, en février 2008, de son chef militaire Imad Moughniyeh,
elle-même suivie d’une épreuve de force avec ses adversaires de
la coalition occidentale visant à neutraliser son réseau
autonome de transmission, en mais 2008. Le tout couplé par des
actions hostiles en direction de son protecteur, la Syrie,
matérialisée par le bombardement d’un site nucléaire en novembre
2007, et l’assassinat de l’interface syrien du Hezbollah
libanais, le Général Mohamad Souleymane, tué depuis un yacht,
dans son chalet du bord de mer, à Tartous, (Syrie), en Août
2008.
Projet d’enfumage médiatique et de brouillage
diplomatique visant à gommer l’implication du Clan Hariri dans
l’exacerbation du courant intégriste sunnite dans les camps
palestiniens du Liban, la neutralisation de Nahr el Bared s’est
soldée par un lourd bilan, malgré l’appui logistique de l’armée
syrienne à l’armée libanaise. 143 personnes (76
militaires libanais, 50 insurgés, 17 civils palestiniens) ont
péri au cours des 32 jours d’affrontement qui se sont déroulés
dans ce camp palestinien du Nord Liban, en Mai Juin 2007 dans
une opération de diversion, visant à neutraliser les effets de
la défaite israélienne de juillet 2006 et à mobiliser le camp
sunnite face au Hezbollah. La reddition du camp signera
la victoire morale du président Emile Lahoud, fondateur de la
nouvelle doctrine militaire libanaise de la stratégie de la
riposte, mis à l’index par les occidentaux qui
cherchaient à le déstabiliser depuis l’assassinat de Rafic
Hariri.
Une ténébreuse affaire à tous égards que l’attaque du
camp palestinien de Nahr el Bared dans la mesure où celui qui a
été célébré comme le héros de la bataille, le Colonel Mansour
Diab, blessé au combat, s’est révélé être un agent
israélien. Ancien directeur de l’école des forces spéciales et
des commandos de marines, a-t-il favorisé dans l’exercice de ses
fonctions durant la période de son mandat, le transbordement du
matériel d’espionnage et de sabotage israélien? L’exfiltration
d’agents démasqués? L’infiltration d’agents opérationnels du
Mossad pour des opérations coup de poing? Sa bravoure au combat
était-elle destinée à brouiller les pistes sur sa connivence
israélienne, en anéantissant à Nahr el Bared les preuves de la
collusion du clan Hariri avec l’intégrisme sunnite djihadiste?
Autant de questions légitimes qui rejoignent d’autres questions
demeurées, elles,sans réponse concernant les connexions
sulfureuses de Gébrane Tuéni, le comportement faussement
désinvolte de Marwane Hamadé sur lequel il ne s’est jamais
expliqué, de même qu’Elias el Murr, Monsieur gendre de la
présidence libanaise, du temps de la mise en quarantaine de son
beau père, le président Emile Lahoud, avant son spectaculaire
retournement en faveur du clan Hariri, sans oublier
l’omission intrigante du champ des investigations des deux
personnalités particulièrement averties de la scène libanaise:
le transfuge syrien Abdel Halim Khaddam, ancien vice président
de la République, proconsul syrien au Liban pendant trente ans,
en charge de la gestion de l’affairisme syro-haririen, dont le
laxisme en faveur de son coreligionnaire sunnite, le
milliardaire libano saoudien, pourrait avoir permis, en
connexion avec l’intégrisme activiste de la mouvance wahhabite,
le grenouillage du marigot libanais et son noyautage par les
taupes israéliennes, ainsi que Johnny Abdo, homme de l’ombre par
excellence, témoin muet des opérations clandestines de ses deux
poulains politiques, le président éphémère du Liban, Bachir
Gemayel et le premier ministre Rafic Hariri, tous deux tués dans
un attentat, le chrétien en 1982 et le sunnite en 2005, signe
patent de l’échec de cet homme du renseignement au rôle occulte,
interface libanais des services occidentaux.
Concentré de toutes les turpitudes occidentales et saoudiennes,
le groupe Fatah al Islam compte parmi ses fondateurs, le cheikh
Naji Kanaan, issu de la mouvance des Frères musulmans. Il a été
incarcéré une dizaine d’années dans les geôles syriennes
(jusqu’en 2000) pour «activisme religieux antinational». Il sera
par la suite responsable de la mobilisation sunnite pour «le
Courant du Futur», la formation du premier ministre Saad Hariri,
chargé des questions militaires et sécuritaires auprès du
Colonel Ahmad al Khatib, ancien officier dissident libanais,
fondateur de «l’armée du Liban arabe», durant la guerre civile
libanaise (1975-1990). Chef du Mouvement de l’unification
islamiste (MUI), implanté dans la région de Tripoli au milieu
des années 1980, le groupe avait recruté nombre d’activistes
saoudiens, yéménites salafistes, placés sous le commandement
opérationnel au Nord Liban de Chaker al-Absi, ancien colonel de
l’armée de l’air jordanienne. Rallié aux troupes islamistes,
Chaker Absi sera désigné comme adjoint de Abdel Moussab
al-Zarkaoui en Afghanistan, puis en Irak. Le groupe passe pour
avoir bénéficié des largesses financières du prince saoudien
Bandar Ben Sultan qui aurait financé, deux mois avant les
affrontements de Nahr el Bared, les organisations «humanitaires
et religieuses» sunnites opérant dans camps palestiniens du
Liban en vue de faire pièce à l’expansion du chiisme au Liban et
à contenir le Hezbollah. La dénomination «Fatah al Islam» n’est
d’ailleurs pas le fruit du hasard, mais choisie à dessein en vue
de brouiller les pistes du fait de la conjonction du terme
Fatah, qui renvoie au mouvement palestinien, et Islam, qui
renvoie plutôt à Al-Qaida. Hasard ou préméditation? Quoiqu’il en
soit, force est de relever l’élimination opportune d’un
dirigeant présumé du Fatah al Islam, Abdoul Rahman Awad, tué
lors d’une fusillade samedi 14 Août à Chtaura, près de la
frontière syrienne, dans la foulée des révélations de Hassan
Nasrallah sur une possible implication d’Israël dans
l’assassinat de Rafic Hariri.
Principale formation politico-militaire libanaise, dont le
démantèlement est réclamé les Etats-Unis, le Hezbollah dispose
d’une représentation parlementaire sans commune mesure avec
l’importance numérique de la communauté chiite, sans commune
mesure avec sa contribution à la libération du territoire
national, sans commune mesure avec son prestige régional, sans
commune mesure avec l’adhésion populaire dont il jouit sans
chercher à en tirer avantage. Tant au niveau de la démocratie
numérique que de la démocratie patriotique, la place qu’occupe
le Hezbollah est une place de choix. Un positionnement
incontournable.
Les
Etats-Unis ont débloqué, en trois ans, depuis 2006, de l’aveu
même des responsables américains, à travers l’USAID et la
Middle East Partnership Initiative (MEPI), plus de 500
millions de dollars, pour neutraliser
le Hezbollah, la plus importante formation
paramilitaire du tiers monde, arrosant près de sept cents
personnalités et institutions libanaises d’une pluie de dollars
«pour créer des alternatives à l’extrémisme et réduire
l’influence du Hezbollah dans la jeunesse» (10). A cette somme
se superpose le financement de la campagne électorale de la
coalition gouvernementale aux élections de juin 2009, de l’ordre
de 780 millions de dollars, soit un total de 1,2 milliards de
dollars en trois ans, à raison de 400 millions de dollars par
an. En vain. Le Hezbollah est sorti victorieux de la
totalité des épreuves de force qu’il a dû affronter, conférant
une confortable marge de manoeuvre diplomatique à ses
protecteurs, l’Iran et la Syrie. Infligeant
deux revers militaires à Israël, la 7eme puissance atomique de
la planète, le Hezbollah a bouleversé l’équation régionale avec
infiniment moins de moyens qu’Oussama Ben Laden en Afghanistan
(50.000 combattants arabo afghans et 2O milliards de dollars),
développant, de l’aveu même d’un expert occidental,
une version «basse technologie» de la furtivité,
s’imposant comme
un interlocuteur pivot de la scène libanaise.
Israël a
annoncé le 29 juillet, que le principal accusé du meurtre de
Rafic Hariri, n’est autre que Moustapha Badreddine, beau frère
de Imad Moughnieh, qui lui a succédé à la tête de la branche
militaire du Hezbollah. Israël n’a fait l’objet d’aucune mesure
d’instruction durant cette enquête et n’a donc pas théoriquement
accès aux pièces du dossier.
Sauf à accréditer l’idée d’une connivence avec le
tribunal spécial, la diffusion de cette information à la veille
d’un sommet tripartite à Beyrouth entre l’Arabie saoudite, la
Syrie et le Liban destiné à calmer le jeu pourrait relever de la
manipulation et de la provocation.
Fait sans
précédent dans les annales de l’humanité, le tribunal est
financé à parité par le plaignant, le coupable désigné par
avance par un pays partie prenante au conflit libanais, Israël,
mais curieusement soustrait à l’enquête, l’innocent sommé de
prouver son innocence et non le procureur de prouver sa
culpabilité.
Déjouant les pronostics, jouant de l’effet de surprise, Hassan
Nasrallah, s’est dégagé du nœud coulant que les pays occidentaux
lui glissaient autour du cou en vue de son étranglement en
dévoilant, le 9 Août 2010, une série de documents sonores
et visuels mettant en cause d’agents libanais à la solde des
israéliens dont l’un se trouvait sur les lieux de l’attentat
anti-Hariri la veille de l’assassinat de l’ancien premier
ministre libanais. En application de la théorie de la dissension
sociale, un autre, Ahmad Nasrallah, un homonyme du dignitaire
religieux, a avoué avoir jeté la suspicion entre le clan Hariri
et le Hezbollah dès 1993, en avisant la famille du nouveau
premier ministre du Liban des préparatifs d’attentat ourdis
contre lui par le mouvement chiite. L’homme, convaincu de
collaboration avec Israël, a été incarcéré en 1996, et,
curieusement élargi par le gouvernement Hariri, en février 2000,
quelques mois avant la libération du sud Liban par le Hezbollah.
Le Clan Hariri ne s’est jamais expliqué sur les motifs de la
remise en liberté de cet agent israélien qui vit désormais en
Israël où il serait en charge du recrutement de nouveaux
collaborateurs pour le compte de l’état hébreu. La
présence dans la zone de l’Hôtel saint Georges d’un agent
israélien, un officier de l’armée libanaise à la retraite, en
repérage sur les lieux du crime la veille de l’attentat,
Ghassane Gerges El Jed, ancien chef d’état major adjoint, en
fuite, du fait du comportement dilatoire du pouvoir politique,
pose le problème du laxisme du camp pro occidental au Liban dans
la traque des preuves de l’assassinat de Rafic Hariri et la
chasse aux espions israéliens.
Dans
une démarche qui apparaît destinée à réduire l’impact des
révélations de Hassan Nasrallah sur une possible implication
d’Israël dans l’assassinat de Rafic Hariri et réduire les
critiques quant à sa passivité dans la traque des espions, le
gouvernement Saad Hariri a annoncé, coup sur coup, la
neutralisation d’un agent israélien proche du général Aoun, le
général Fayez Karam et l’élimination d’un dirigeant présumé du
Fatah al Islam, Abdel Rahman Awad, tué samedi 14 Août lors
d’une fusillade à Chtaura, près de la frontière syrienne, en vue
de semer la suspicion dans le camp de ses adversaires. La
grandeur d’un homme dans l’épreuve se révèle dans sa dignité et
son honneur est de veiller à l’égalité des armes dans son combat
contre ses adversaires, non le recours à la tortuosité de
témoins stipendiés et l’instrumentalisation du Tribunal Spécial
sur le Liban en arme de destruction massive contre les
contestataires de la «Pax Americana» au Moyen orient.
Sept
ans après la gigantesque manipulation de l’opinion
internationale sur la prétendue existence d’armes de destruction
massive en Irak et des liens présumés entre le régime laïc du
bassiste Saddam Hussein et l’organisation intégriste Al Qaida,
la mise en cause du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri,
si les informations du dignitaire chiite et du journal libanais
al Akhbar étaient confirmées, constitueraient une intoxication
d’envergure planétaire à l’effet de discréditer durablement ce
qu’il est convenu d’appeler «les grandes démocraties
occidentales», dont la récidive aurait ainsi déshonoré et la
démocratie et l’Occident, de même que la notion même de justice
pénale internationale.
Dans la
perspective du retrait américain d’Irak et de l’épreuve de force
américano iranienne sur le nucléaire iranien, sa criminalisation
aurait le quintuple avantage de:
-occulter la fragilité des indices recueillis via les
communications, du fait de la multiplication des faux témoins et
de la mainmise israélienne sur le réseau libanais,
-permettre au Tribunal Spécial de se ménager une sortie par le
haut au terme de cinq ans de procédures aussi laborieuses
qu’onéreuses,
-placer
le Hezbollah sur la défensive, tributaire d’un agenda
international d’ultimatum et de sanctions, comparable au
calendrier observé à l‘encontre de Saddam Hussein, ou à tout le
moins le contraindre à reprendre les armes pour se défendre, le
privant ainsi de toute la légitimité dont il bénéficie en
tant que force combattante d’Israël.
-mener,
par défaut, une guerre de substitution à l’Iran privant le camp
antioccidental des bénéfices des exploits militaires de leur
allié chiite libanais,
-faire
diversion en détournant l’attention sur le règlement au rabais
de la question palestinienne que les Israéliens et les
Américains entendent imposer au président palestinien de
l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en état de grande
faiblesse.
VII – L’Arabie saoudite, un pompier
pyromane d’enjeux qui la surpassent.
Le martyr
est commun à tous les peuples de la planète. Mais nul part
ailleurs qu’au Liban le culte des martyrs ne prend une telle
ampleur au point que la vénération posthume des chefs de clan,
la plupart fourvoyés dans des causes perdues, ressortit d’une
industrie du martyrologe,
une rente de situation pour les ayants droits, un passe droit
permanent. Sous le halo du martyr couve en fait une vaste
mystification. Rafic Hariri (Liban) et Benazir Bhutto
(Pakistan) se situaient aux extrémités d’un axe politique ayant
vocation à servir de levier de transformation de l’Asie
occidentale en «Grand Moyen Orient». Les deux anciens
premiers ministres, le sunnite libanais et la chiite
pakistanaise, tous deux assassinés à deux ans d’intervalles,
présentaient un cas de similitude absolu dans leurs fonctions,
les deux d’ailleurs en connexion étroite avec l’Arabie saoudite
dans la mesure ou Rafic Hariri était le co-garant avec le Prince
Bandar Ben Sultan, le président du Conseil national de sécurité,
de l’accord régissant le retour d’exil de l’ancien premier
ministre pakistanais Nawaz Charif, rival de Benazir. Une
garantie reprise à son compte par Saad Hariri, l’héritier
politique du clan Hariri au Liban.
Parrain
originel des Talibans d’Afghanistan, l’Arabie Saoudite passe
pour avoir été le principal bailleur de fonds du programme
nucléaire pakistanais, en contrepartie de l’assistance fournie
par le Pakistan à l’encadrement de l’armée de l’air saoudienne
dont elle assurera pendant vingt ans la formation de ses pilotes
et la protection de son espace aérien. Une bonne entente
matérialisée symboliquement par la dénomination de la troisième
ville du Pakistan de Faisalabad, l’ancienne Lyallpur, en hommage
à la contribution du Roi Faysal d’Arabie au règlement du
contentieux entre le Pakistan, 2me plus important pays musulman
après l’Indonésie, et, le BenglaDesh, lors de la sécession de
son ancienne province sous la conduite de Cheikh Mujjibur
Rahman, chef de la Ligue Awami (11).
En dépit
de ces fortes similitudes, particulièrement le double parrainage
du royaume saoudien au milliardaire libano saoudien et au
Pakistan, ainsi que leur positionnement similaire sur le plan de
la géopolitique américaine, Rafic Hariri aura droit à un
Tribunal Spécial International pour juger ses présumés
assassins, mais non Benazir Bhutto, dont pourtant toute la
dynastie a été décimée. Dans cette perspective, le destin de
Benazir Bhutto ressemble étrangement à celui de l’ancien premier
ministre libanais Rafic Hariri, ainsi qu’à celui de l’ancien
président égyptien Anouar el Sadate, assassiné en 1981, et à
celui de l’éphémère président libanais Bachir Gemayel, le chef
des milices chrétiennes, assassiné en 1982. Des dirigeants plus
utiles à la diplomatie israélo américaine morts que vifs.
A l’apogée
de la diplomatie saoudienne, dans la foulée de l’invasion de
l’Irak, en 2003, deux dirigeants arabes, Rafic Hariri (Liban) et
Ghazi Al-Yaour (Irak) se sont retrouvés simultanément au pouvoir
dans leur pays respectif, porteurs de la nationalité saoudienne.
Dans ce contexte, il n’est pas indifférent de noter que Rafic
Hariri a été assassiné dans la quinzaine qui a suivi l’élection
d’un Kurde Jalal Talabani à la tête de l’Irak et de
l’attribution à un chiite de la présidence du conseil des
ministres, écartant les sunnites du gouvernement de l’ancienne
capitale des abbassides, sur laquelle flottait d’ailleurs à
l’époque le nouvel emblème irakien conçu par le proconsul Paul
Bremer, aux couleurs israélo-kurdes (bleu blanc et jaune blanc),
déclenchant une vague d’attentats sans précédent contre les
symboles de l’invasion américaine en Irak et leurs alliés
régionaux. Curieusement, la piste de l’unique personne
qui a revendiqué publiquement l’assassinat, Ahmad Abou Addas, le
jour de l’attentat depuis la chaîne transfrontière «Al Jazira» a
été négligée. L’homme habitant du secteur ouest de Beyrouth,
avait disparu de son domicile trois semaines avant l’attentat et
sa disparition signalée par son père aux services de police. «Salafiste
Jihadiste», selon la désignation dont il se revendiquait, il
vouait aux gémonies «tous les dirigeants arabes qui gouvernaient
d’une manière contraire à la volonté de Dieu » et tenait des
propos hostiles à Rafic Hariri.
Pompier
pyromane, le monarque octogénaire, au pouvoir depuis quinze ans,
est situé à l’épicentre d’un conflit qu’il n’a cessé d’attiser
que cela soit par sa caution à l’invasion américaine de l’Irak,
avec pour contrecoup l’élimination des sunnites du centre du
pouvoir, que par le rôle précurseur du faux témoin syrien dont
le surgissement porte la marque des connexions familiales
articulées autour des deux beaux frères du Roi d’Arabie: Zouheir
Siddiq est en fait un factotum du général Rifa’at al-Assad,
oncle et rival du président Syrien Bachar al-Assad et surtout
beau frère du roi d’Arabie. Son faux témoignage est intervenu
opportunément en pleine campagne de déstabilisation du président
libanais Emile Lahoud, alors que le deuxième beau frère du Roi
d’Arabie, le député libanais Nassib Lahoud, postulait à sa
succession à la magistrature suprême libanaise (12).
Effet d’un pur hasard ? D’une fâcheuse coïncidence ?
D’une Magouille familiale ? A-t-elle échappé à la sagacité des
enquêteurs internationaux? A la perspicacité des journalistes
libanais, particulièrement l’empire médiatique du groupe Hariri
et ses alliés du journal An Nahar, théoriciens émérites du jeu
politique libanais et moralisateurs de la vie publique? Ou
cautionné par eux pour les besoins de la mise en accusation de
la Syrie?
Défié sur
son flanc sud, au Yémen, par la principale organisation
intégriste sunnite du monde musulman de dimension planétaire,
Al-Qaida, excroissance rebelle du modèle wahhabite, le Roi
Abdallah est mis au défi de l’équation que représente le
glorieux palmarès du Hezbollah, la principale formation
paramilitaire du tiers monde, d’obédience chiite, apprenti
sorcier d’un enjeu qui le dépasse, démiurge d’enjeux qui le
surpassent tant en Irak, qu’au Liban qu’auparavant en
Afghanistan.
Face aux
risques de manipulation, Walid Joumblatt, un des artisans de la
révolte anti syrienne au Liban, a publiquement invité le 24
juillet 2010, son ancien compagnon de route, Saad Hariri, à
lever le pied sur cette affaire, qu’il considère comme un
élément de division, incitatrice d’une nouvelle guerre civile.
A l’appui de sa requête, le chef druze du parti progressiste
libanais a cité en exemple son propre cas, avançant que
l’assassinat de son père Kamal Joumblatt, en 1977, n’avait pas
donné lieu à la mise sur pied d‘un Tribunal international. Le
Liban compte une quarantaine de personnalités de premier plan
assassinée, dont deux présidents de la République assassinés
(Bachir Gemayel et René Mouawad), trois anciens premiers
ministres (Riad el-Solh, Rachid Karamé et Hariri), un chef
d’état major (le Général François el-Hajj), le chef spirituel de
la communauté chiite l’Imam Moussa Sadr et le Mufti sunnite de
la république Cheikh Hassan Khaled, deux dirigeants du parti
communiste libanais Rizckallah Hélou et Georges Hawi, le chef du
Parti socialiste progressiste, le druze Kamal Joumblatt, les
députés Maarouf Saad, Tony Frangieh et Pierre Gemayel, l’ancien
chef milicien chrétien Elie Hobeika, ainsi que des journalistes
Toufic Metni, Kamel Mroueh, Riad Taha, Salim Laouzi, Samir
Kassir et Gibrane Tuéni. Joumblatt avouera avoir été
abusé par la déposition de faux témoins, en lançant ses
accusations contre la Syrie. Il soutiendra
publiquement que le vote de la résolution du Conseil de sécurité
N°1559, en 2004, enjoignant à la Syrie de retirer ses troupes du
Liban a été une «résolution maléfique en ce qu’ elle sous
tendait le déracinement du Liban de son environnement arabe».
Le destin
d’un pays ne relève pas des jeux du hasard et l’esprit civique
se nourrit d’exemple d’hommes de valeurs. Le Clan Hariri
monopolise le pouvoir au Liban d’une manière quasi continue
depuis près de 18 ans (1992-2010), à l’exception de la
parenthèse Salim el Hoss (1998-2000) et Omar Karamé (2004), du
fait du chantage occidental, aux mépris des règles de
l’alternance démocratique.
Au risque de choquer, trêve de plaisanterie, Rafic Hariri n’est
pas l’unique martyr du Liban, mais l’unique martyr au monde à
avoir grevé les finances publiques de son pays de l’ordre de
cinquante milliards de dollars et de bénéficier, à
ce titre, d’un imposant mausolée sur la plus importante
place publique de l’une des plus prestigieuses capitales arabes,
Beyrouth. L’unique martyr au Monde à truster en sa mémoire les
principaux services publics du pays, -de l’unique aéroport
international du Liban, l’aéroport de Beyrouth-Khaldé, à
l’unique université libanaise à l’unique centre hospitalier
universitaire, trois établissements qui portent tous trois
désormais son nom-, sans compter l’imposant boulevard du front
de mer de la capitale libanaise. Là réside la singularité
nullement justifiée d’un homme qui aura été le bailleur de fonds
de tous les seigneurs de la guerre du Liban, le prédateur de son
parc immobilier, le fossoyeur de son économie.
Entre les
deux acteurs majeurs de la vie politique libanaise existe une
différence d’échelle, une différence de niveau. Face à un Hassan
Nasrallah, impérieux,
en dépit
de la mort de son fils Hadi au combat, faisant
front à Israël qu’il humiliera par sa riposte balistique et sa
maîtrise de l’art de la guerre asymétrique, l’héritier
avait, il est vrai, fait piètre figure, trois ans plus tôt, en
juillet 2006. Chef de la majorité
parlementaire et député d’une ville reconstruite par son père, à
nouveau détruite par l’aviation israélienne, Saad
Hariri, plutôt que de partager le sort de ses concitoyens,
plutôt que de se préoccuper des besoins de ses électeurs, se
mettra au frais à l’étranger à des milliers de km du champ de
bataille, laissant la conduite des opérations à ses rivaux, le
Président Emile Lahoud, ostracisé par la communauté
internationale, et le chef du Hezbollah, glanant au passage le
sobriquet de «planqué de Beyrouth», se couvrant et
couvrant de ridicule ses alliés de la coalition pro
occidentale, s’inclinant enfin devant son rival chiite
propulsé au firmament de la popularité panarabe.
Le Hezbollah a rompu, psychologiquement et
militairement, le défaitisme ambiant du monde arabe, alors que
l’héritier théorise la soumission au Diktat américain au
prétexte de protéger son pays d’un cordon de sécurité.
Chef d’une formation disposant de la plus forte cohésion
idéologique et sociale, bras armé de la stratégie de la
contestation de l’hégémonie israélo américaine sur la sphère
arabe, Hassan Nasrallah tire sa force de ses exploits, Saad
Hariri de son rôle de paravent aux menées israélo américaines.
Le moine soldat est un prescripteur essentiel de l’ordre
régional, le milliardaire libano saoudien, un prestataire de
services pour le compte de ses commanditaires. Autrement dit, le
chiite force le destin quand le sunnite le subit.
Le
Tribunal spécial sur le Liban se voulait exemplaire à l’effet de
dissuader toute récidive. Il se devait de l’être afin d’ancrer
dans la conscience du monde la crédibilité de la notion même de
justice pénale internationale. Il passera à la postérité comme
un cas d’école, le parfait contre exemple d’une bonne
administration de la justice. Par ses abus, quelque soit son
acte d’accusation, quelque soit son verdict, il porte
condamnation du comportement des pays occidentaux, parangon de
la démocratie, condamnation du comportement de la magistrature
libanaise et du «camp de la liberté au Liban», toutes les
composantes de l’hétéroclite coalition occidentale, dont les
déviances, porteront, à jamais, les stigmates de leur faillite
morale dans une affaire qui avait vocation à faire œuvre de
jurisprudence dans le domaine de la justice pénale
internationale.
« Il
n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise
humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude
absolue ».
Au vu de ce bilan calamiteux, l’auteur de ce panorama
soumet à la sagacité de ses lecteurs cette réflexion d’Albert
Einstein à l’effet de relativiser le propre jugement des grands
acteurs du jeu moyen oriental, particulièrement les acteurs
libanais et arabes, sur leur pertinence dans leur gestion des
affaires du monde.
Références
10 – Déposition de Jeffrey D. Feltman,
assistant de la secrétaire d’Etat américaine et responsable du
bureau des affaires du Proche-Orient, et de Daniel Benjamin,
coordinateur du bureau de lutte contre le terrorisme, devant une
commission du Sénat américain le 8 juin 2010. CF à ce propos le
journal libanais «As Safir», en date du 29 juin 2010, sous la
plume de Nabil Haitham, affirmant qu’ «une liste de 700 noms de
personnes et d’organisations ayant bénéficié de l’aide
américaine circule et que certains ont reçu des sommes comprises
entre 100 000 et 2 millions de dollars. Le journaliste
s’interroge: «Quelles clauses du code pénal ces groupes ou
personnes ont-ils violées ? Est-ce que contacter ou agir avec un
Etat étranger, et travailler avec cet Etat en échange d’argent à
une campagne visant l’une des composantes de la société
libanaise – une campagne qui pourrait avoir déstabilisé la
société –, est légal ? » (…) Et Haitham se demande pourquoi
Feltman a rendu cette information publique, d’autant qu’elle
risque d’embarrasser des alliés des Etats-Unis au Liban. Selon
lui, l’ambassade américaine à Beyrouth a rassuré ses alliés en
leur affirmant que Feltman voulait simplement montrer au Congrès
que les Etats-Unis agissaient au Liban et qu’il n’est pas
question qu’ils révèlent des noms». A cette somme se superpose
le financement de la campagne électorale de la coalition pro
occidentale de juin 2009faisnat l’objet de la note 4 relative à
l’information New York Times accusant l’Arabie Saoudite et les
Etats-Unis, dans un article intitulé «élections libanaises: les
plus chères au monde», d’ingérence dans le processus électoral
des prochaines élections législatives de juin 2009, d’avoir
injecté près de 700 millions de dollars pour le financement de
candidats opposés au mouvement chiite Hezbollah et au
financement du voyage d’expatriés libanais, voire de l’achat du
vote collectif de communautés entières en faveur de leurs alliés
locaux
11 – Troisième ville du Pakistan, dans la
province du Pendjab, Lyallpur a été fondée en 1895. Elle
tire son nom de son fondateur Sir Charles James Lyall,
Lieutenant gouverneur du Pendjab du temps de l’Empire
britannique des Indes. Longtemps désignée comme «Le Manchester
du Pakistan» en raison de sa production cotonnière, Lyallpur est
célèbre pour son plan de centre ville qui reprend les couleurs
du drapeau du Royaume Uni (l’Union Jack). Elle a été débaptisée
en 1977 pour prendre le nom de Faisalabad, en hommage à la
contribution du défunt Roi d’Arabie, Faysal ben Abdel Aziz, au
règlement du contentieux entre le Pakistan et son ancienne
province sécessionniste le BenglaDesh.
12 – Le Roi Abdallah d’Arabie, l’ancien vice président syrien
Rifa’at al-Assad et le député libanais Nassib Lahoud sont beaux
frères. Ils ont épousé trois sœurs de la famille Fustock, le
millionnaire syrien propriétaire d’une écurie de course en
France. L’épouse du Roi a joué un rôle actif auprès de sa sœur
dans la préparation de la campagne présidentielle du député
libanais, finalement disqualifié du fait de son échec aux
élections législatives.
© Toute reproduction intégrale ou
partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 17 août 2010 avec l'aimable autorisation de René Naba.
Les
textes de René Naba
Le dossier
Liban
Les dernières mises à
jour
|