Opinion
A propos des
thuriféraires: La critique OUI, le censure NON
René Naba
Jeudi 14 avril 2011 Le collapsus diplomatique de la France
vis-à-vis du Monde arabe, l’hiver 2011, nous commande de
redoubler de vigilance et de veiller à maintenir une claire
démarcation entre pouvoir politique et média, dont la connivence
intellectuelle, la confusion idéologique et l’impunité
professionnelle ont débouché sur des dérives fatales au pays, à
l’effet de compromettre ses intérêts à long terme, tant au
niveau de la cohésion nationale que de son rayonnement
international.
En quatre ans de fonctionnement, l’auteur de cet article a
déjà publié sur ce site une trentaine de portraits de
personnalités politiques et médiatiques internationale de
premier plan, tant françaises qu’arabes, sans concession, sans
faire l’objet de la moindre plainte ou de la moindre doléance de
la part des destinataires. Cet indice témoigne du sérieux de
l’auteur et de la rigueur de ce site.
L’auteur a été le premier journaliste de l’espace francophone
à dresser un portrait critique du tandem vedette de la politique
moyen orientale Jacques Chirac et Rafic Hariri, au sommet de
leur gloire, de même que ceux de Hosni Moubarak, Zinedine Ben
Ali, Mouammar Kadhafi, la famille royale saoudienne, Bernard
Kouchner, Dominique Strauss Kahn, Christian Blanc, Pierre
Lellouche, et parmi les journalistes Christine Ockrent et
Philippe Val, à l’apogée de leur puissance.
Une vingtaine de personnalités de premier plan de la vie
politique française, dont le premier ministre François Fillon
(Egypte) supposé être la relève morale du sarkozysme dévoyé dans
l’affairisme, et sa ministre des Affaires étrangères, la
gaulliste Michel Alliot Marie (Tunisie), se prélassaient à
l’ombre des tropiques dictatoriaux quand les premières
immolations libératoires de la tyrannie arabe se sont produites,
illustration caricaturale et la désinvolture française et de la
vénalité de sa classe politique.
Faut-il s’exonérer de cette désinvolture par un silence
complice? Invoquer les aléas de la rue arabe dont «personne n’a
rien vu venir», en guise d’excuse absolutoire ? Ou s’atteler à
la tâche de détecter les dysfonctionnements et de dénoncer les
«arrangements entre amis», comme mentionner dans le journal Le
Monde pour expliquer ce piètre résultat?
A l’instar des autres papiers, l’article «Les thuriféraires
libanais sur le grill tunisien» a fait l’objet de commentaires
diverses. Certains ont jugé bon de présenter des arguments
contraires à ceux développés dans le texte initial, usant de
leur droit de réponse.
L’un d’entre eux a jugé bon de réagir par un post placé sur
un site partenaire du nôtre, présentant ses objections tout en
soulignant «l’extrême fiabilité» de l’auteur et le «grand soin»
avec lequel il lit ses papiers. Un comportement qui l’honore.
Un autre a débarqué, d‘une manière impromptue, à Tunis au
«Forum de la transition démocratique», fin mars, pour faire
bonne contenance. Il a été rabroué par les organisateurs de ce
colloque jugeant sa présence malvenue du fait de sa connivence
passée avec la dictature déchue.
D’autres ont opté pour une voie conflictuelle, faisant planer
la menace de poursuites judiciaires pour obtenir le retrait pur
et simple du papier.
Brandir la voie judiciaire pour obtenir le retrait d’un papier
relève d’une sournoise tentative d’intimidation et d’une censure
déguisée, d’autant plus que le papier en question mentionne une
dizaine de personnes.
Il est absolument malsain pour l’honneur de la France et du
journalisme de taire l’une des plus grandes bévues de l‘histoire
diplomatique et médiatique, le ratage du printemps arabe de
l’Hiver 2011, par crainte de complications judiciaires.
Le préjudice infligé tant à la France qu’à la profession excède
infiniment les contrariétés d’amour propre d’un ego parfois
surdimensionné.
L’auteur n’a pas pour habitude de piétiner un homme à terre,
ni de tirer sur une ambulance, mais d’exercer sa fonction
critique à l’égard des détenteurs d’un pouvoir qu’il soit
politique ou médiatique, convaincu des vertus du débat
contradictoire, tant il est vrai qu’un détenteur de pouvoir ne
saurait se permettre de jeter des anathèmes du haut d’une
tribune médiatique, sans s’exposer à la critique aussi bien de
ses idées que de son comportement que de son parcours. Une
fonction critique et non vindicatif.
La déontologie le commande. Le libre exercice de l’esprit
critique est un des fondements de la démocratie et le principe
de l’égalité des armes dans un débat, un impératif de survie de
la démocratie.
Le site permet la libre expression des opinions. La présence
de divers commentaires en bas chaque article en témoigne. Telle
est la loi du genre. Telle est notre philosophie de vie. Il est
loisible à quiconque d’exprimer ses observations dans ce cadre
là, voire dans celui d’un droit de réponse ; pour peu que la
demande en soit faite.
© Toute reproduction intégrale ou
partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 15 avril 2011 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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