Opinion
Liban-France:
Georges Ibrahim Abdallah: Contre l'oubli
René Naba
Vendredi 14 juin
2013 I – Une justice à
la kafka
Paris – Un homme
libre en captivité. Tel est le paradoxe
de cet homme de conviction et de rare
courage, victime des contradictions
françaises. Pleinement Libre, mais
retenu en otage de considérations
politiques françaises où le ministère de
l’intérieur fait capoter une remise en
liberté, non au nom de la raison d’état,
mais pour des considérations
électoralistes, où la duplicité tient
lieu de posture morale en ce que le
principe de la séparation des pouvoirs,
hautement proclamé surtout depuis le
scandale Jérôme Cahuzac, est
subrepticement bafoué par des arguties
de basse manœuvres politiques.
La Cour d’appel
avait ordonné la libération de Georges
Ibrahim Abdallah en subordonnant sa
remise en liberté à un arrêté
d’expulsion du territoire du ministre de
l’intérieur. Beaucoup y ont vu dans
cette décision de justice une double
peine déguisée infligée au prisonnier.
Un principe prohibé par le droit
français. D’autres, tout aussi nombreux,
ont considéré que le fait de
subordonner, à tout le moins de
conditionner la mise en application
d’une décision de justice, à une
décision administrative du ministère de
l’intérieur, a constitué un cas flagrant
d’atteinte aux principes généraux du
droit, un principe constitutionnel, le
principe de la séparation des pouvoirs.
La Cour de
cassation a, elle, rendu un arrêt sans
renvoi à propos de Georges Ibrahim
Abdallah. Une décision qui coupe la voie
à tout recours ultérieur possible devant
une juridiction française. Un arrêt à la
Kafka en somme en ce que le doyen des
détenus politiques de France a déjà
purgé sa peine et sa libération
ordonnée. La cour de cassation le
renvoie à sa case départ: La prison sans
fin, sans issue.
II – Une possible
saisine de la justice administrative
contre Manuel Valls
Les positions du
ministre de l’intérieur, M. Manuel
Valls, sur son attachement inaliénable
«au peuple juif et à Israël» en raison
de sa matrimonialité nouvelle pourrait
poser la question du bien-fondé d’une
action en suspicion légitime à son
encontre en ce que son positionnement
personnel et affectif, légitime tant que
d’ordre privé, est en contradiction avec
ses responsabilités politiques, dès lors
qu’elles sont affichées publiquement.
Le ministre de
l’intérieur est chargé du maintien de
l’ordre, mais en sa qualité de ministre
des cultes, il a aussi en charge le
maintien de la concorde nationale. Sauf
à y voir la marque d‘un procédé
dilatoire, se pose d’une manière
sous-jacente, la question de savoir en
quoi le refoulement vers son pays
d’origine d’un prisonnier constitue-t-il
une atteinte à l’ordre public français?.
Manuel Valls devait entériner
administrativement une décision
judiciaire et non se substituer à la
justice d’autant que son arrêté
d’expulsion revenait à expédier hors du
territoire national un prisonnier
sexagénaire jugé dangereux pour la
sécurité nationale. Sa crédibilité
aurait été plus grande si la politique
des pouvoirs français avait été frappé
d’une plus grande cohérence en
s’abstenant par exemple de soutenir des
djihadistes à la dangerosité autrement
plus grande que le prisonnier libanais,
en soutenant d’abord les dictatures
arabes, puis en favorisant la prise de
pouvoir par la frange la plus extrême du
djihadisme erratique en Libye, en Syrie
et en Tunise.
Militant pro
palestinien d’origine libanaise,
emprisonné en France depuis 29 ans,
Georges Ibrahim Abdallah est l’objet
d’un invraisemblable déni de droit de la
part de la France, dans l’indifférence
générale de l’opinion arabe et
internationale, particulièrement
libanaise. Incarcéré depuis 1984, il a
battu le record détenu jusque-là par
Nelson Mandela (24 ans), le chef du
combat nationaliste sud-africain, et
revendique désormais le titre de «Doyen
des prisonniers politiques dans le Monde
», au même titre que Moumia Abou Jamal.
L’homme, il est
vrai, est atypique en ce que son
parcours transcende les traditionnels
clivages ethnico religieux qui
constituent les habituelles grilles de
lecture du conflit israélo-palestinien.
Militant communiste issue d’une famille
chrétienne du Nord-Liban, ancien élève
des congrégations religieuses
chrétiennes françaises au Liban, Georges
Ibrahim Abdallah a été condamné à la
peine maximale prévue par la loi, pour
l’exécution d’un responsable du Mossad
israélien et celle d’un attaché
militaire américain à Paris en 1982.
Au-delà du
bien-fondé de sa condamnation sur la
base de preuves sujettes à caution,
l’homme a purgé sa peine. Libérable
depuis 10 ans, il a été maintenu en
détention sur ordre direct des
États-Unis, aiguillonnées en sous-main
par Israël. Pour l’exemple, au prétexte
qu’un «crime de sang» a été commis à
l’encontre de personnes représentants
des autorités publiques. Au-delà du
débat sur la matérialité de ce crime, en
dépit de l’inégalité des rapports de
force, en raison précisément de cette
inégalité des rapports des forces
exigeons la déportation de cette affaire
et saisine de la Cour européenne des
droits de l’Homme.
Que la France
respecte ses lois, l’expression de la
volonté générale représentée par
l’Assemblée nationale, artisan du Code
Pénal. Une peine a été accomplie dans sa
totalité. Elle implique la libération du
détenu. Une libération qui n’est pas une
faveur, mais par application du principe
de la légalité des délits et des peines.
La peine, accomplie de manière
exemplaire, c’est-à-dire en conformité
avec les règles de bonne conduite,
ouvrait droit à une libération
anticipée. Cela n’a pas été le cas. Mais
cela ne doit pas se compenser pour
autant par une détention sinon illégale,
à tout le moins arbitraire.
L’application d’un
droit ne constitue pas une faveur, mais
une obligation morale. Le Droit
applicable en France par la France pour
l’honneur de la France. Son
incarcération prolongée signe une forme
de forfaiture, le propulsant par
contrecoup, au rang du symbole du
militantisme intégral.
Pourquoi ne pas concevoir un recours
percutant devant la CEDH, (le Comité des
droits de l’homme de l’ONU), les
rapporteurs spéciaux de l’ONU, ou mieux,
un recours en responsabilité civile pour
faute de l’Etat? Pourquoi accepter
l’impunité de l’Etat? Certes, Le Droit
reste majoritairement un instrument de
la domination. Oui, mais pourquoi s’en
remettre à un rebouteux, alors qu’une
équipe hospitalière peut le guérir?
Certes, il existe
une part de méconnaissance en ce que le
droit est fort complexe et même
incertain. Soit, Mais il importe de
briser la volonté d’utiliser
l’embrouillamini du droit pour bloquer
des affaires où l’action juridique
pourrait permettre de belles avancées.
Grave. Penser qu’ Israël juge tous les
jours illégalement des Palestiniens, et
qu’en soixante ans, la Palestine n’a
conduit aucun procès sérieux contre
Israël, ni en Palestine, ni ailleurs.
Une condamnation de la France par les
instances européennes serait une
victoire éclatante de grande portée
stratégique et psychologique en ce
qu’elle aura sanctionné un déni de droit
d’un pays se réclamant abusivement comme
étant le «Pays des Droits de l’Homme»…
qui se serait rendu coupable d’abus de
droit.
III- Le parcours
atypique d’un homme de conviction
Georges Ibrahim
Abdallah, doyen des prisonniers
politiques arabes, est l’honneur des
Arabes, la conscience des
révolutionnaires, le remord vivant des
militants de tous bords.
Né le 2 avril 1951 à Al Qoubaiyat
(Nord-Liban), militant communiste pro
palestinien a été blessé lors de la
première invasion israélienne du Sud
Liban en 1978. Il passe pour avoir été
le chef des FARL (Fractions armées
révolutionnaires libanaises) dont il
aurait dirigé depuis Lyon les opérations
en France sous les pseudonymes Salih al-Masri
et Abdu-Qad.
En 1982, les FARL
revendiquent l’assassinat de Charles
R.Ray, attaché militaire américain à
Paris, le 18 janvier 1982, ainsi que
Yacov Barsimentov, diplomate israélien
(le 3 avril 1982, et blessent gravement
Robert Onan Homme, consul américain à
Strasbourg.
Arrêté à Lyon le 24 octobre 1984, il a
été condamné le 10 juillet 1986 à
perpétuité par la Cour d’assises
spéciale, sous les pressions conjuguées
des États-Unis et d’Israël pour
complicité d’assassinat le 28 février
1987.
Georges Ibrahim
Abdallah, doyen des prisonniers
politiques à travers le Monde au même
titre que Moumia Abou Jamal, est
l’honneur des Arabes, la conscience des
révolutionnaires, le remord vivant des
militants de tous bords. Né libre et
demeuré tel. Fidèle à son engagement.
Fidèle à lui-même. Fidèle à sa liberté,
sa compagne de captivité, durant sa
période d’incarcération.
En 30 ans de
captivité, l’homme n’a jamais renié ses
convictions, jamais déserté le combat
politique, jamais été intimidé par le
comportement dilatoire de son geôlier,
le ministre socialo néo-conservateur de
l’Intérieur, Manuel Valls, relai fidèle
des pressions américaines et
israéliennes. Dans l’adversité, il a
vaincu ses adversaires fielleux qui, au
déni de droit, lui ont superposé un abus
de pouvoir. L’arbitraire dans le »Patrie
des Droits de l’Homme». Quelle infamie.
Quelle forfaiture. La marque d’un
nanisme la politique.
Qu’on se le dise et
que cela se sache: Georges appartient à
la race des hommes libres. Pas plus «Uncle
Ben’s» que «Bounty». Ni un «native
informant» (1) ou un «rented negros» (2)
qui peuplent malheureusement nos
lucarnes et polluent nos esprits.
Qu’on se le dise et que cela se sache:
Entre Georges Ibrahim Abdallah, Doyen
des prisonniers politiques à travers le
Monde, Samir Kantar, ancien Doyen des
prisonniers politiques arabes en Israël
et la version moderne de l’opposition
arabe, désormais invariablement
off-shore, invariablement dans les rets
de l’ancien pouvoir colonial, il existe
une différence d’échelle: Une différence
de sature. «Y’a pas photo». La même
différence de stature entre Shirine
Ebadi, Prix Nobel de la Paix, militante
des Droits de l’Homme en Iran même, sur
le territoire de son propre pays, et les
mondaines de l’opposition cathodique de
Syrie et d’ailleurs. «Y‘ a pas photo»
non plus. C’est parure de diamants
contre peanuts.
Georges Ibrahim Abdallah est le parfait
contre-exemple des opposants modernes
arabes qui se déploient off-shore
téléguidés depuis les chancelleries des
anciennes puissances coloniales, en
costume cravate et des golden-cartes de
crédit alimentées par les pétrodollars
monarchiques.
Le doyen des
prisonniers politiques arabes est
l’honneur des Arabes, la conscience des
révolutionnaires, le remord vivant des
militants de tous bords. Son
incarcération prolongée signe une forme
de forfaiture, le propulsant par
contrecoup, au rang du symbole du
militantisme intégral. Inclinons nous
devant Georges Ibrahim Abdallah et Samir
Kintar, son compère dans la captivité et
la dignité. Deux hommes de conviction
qui ont transcendé leur clivage
ethnico-confessionnel qui gangrène le
Monde arabe pour maintenir vivante la
flamme de la Résistance et l’empêcher de
sombrer dans la reptilité.
Longue vie à Georges Ibrahim Abdallah.
Que son exemple serve de référence à la
génération de la relève.
Que les hommes épris de paix et de
justice dans le Monde nous rejoignent
dans ce combat pour le respect de la
parole de la France tant il importe que
la France respecte sa parole pour que le
monde puisse continuer à respecter la
parole de la France.
1-Native informant:
personnes qui accaparent la parole d’une
communauté sans en être représentatif,
dont le discours plait à son auditoire
dominant.
2-«Rented négros»: Noirs américains qui
monopolisent le paysage médiatique pour
donner un «visage noir pour une opinion
de blancs».
Pour l’histoire
et pur information des lecteurs ci joint
la notice de Manuel Valls,
Manuel Valls, ministre de l’intérieur, a
volontairement retardé la signature du
décret d’expulsion de Georges Ibrahim
Abdallah, exigé par la justice française
pour sa sortie de prison, prolongeant
ainsi arbitrairement de deux mois la
détention du militant pro palestinien
qui avait purgé sa peine depuis dix ans.
Dans l’attente d’une décision de la Cour
de cassation
Retour sur ce
personnage «lié d’une manière éternelle
à Israël» cf. à ce propos Daniel
Schneidermann Arrêt sur images
09/11/2012
Dans les trous noirs de Wikipédia où le
Fondateur d’@rrêt sur images relate une
opération de gommage dont le ministre
socialiste de l’intérieur en a été
bénéficiaire de la part de Wikipédia:
«En France, ils sont plusieurs
«patrouilleurs», qui consacrent du temps
à y traquer les liens douteux, par
exemple vers les sites pédophiles. Un de
ses derniers coups de gomme en date,
dans la page de Manuel Valls, il a
supprimé une citation du ministre à
Radio Judaïca à Strasbourg: «Par ma
femme, je suis lié de manière éternelle
à la communauté juive et à Israël».
«Totalement anecdotique», assure un
patrouilleur. «Quelqu’un comme Valls qui
a une grande envergure, qui a fait des
choses, prendre une citation sur une
radio qui en plus n’est pas très connue,
ça n’apporte pas grand-chose à
l’article», dit Wikipédia Notons bien
que le «gendarme» ne dit pas que la
citation est fausse, mais simplement
qu’elle est «anecdotique», alors que
Manuel Valls est ministre de l’Intérieur
et des Cultes.
Pour aller plus
loin: La vidéo que tente de faire
disparaître
Par Hicham Hamza | le 12 décembre, 2012
http://oumma.com/15107/decouvrez-video-valls
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