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France: Identité nationale
Rappel à l'ordre
d'un Français par choix aux Français de souche
René Naba
Paris, 14 janvier 2010
En prologue à ce texte, son auteur dédie à ses lecteurs, pour sa
portée pédagogique, la chanson de Michel Sardou «Ils ont du
pétrole» (1), reproduction miniature des poncifs et stéréotypes
de la mentalité française, berceuse politique de la pensée
contemporaine de la classe politique française de Jean Marie Le
Pen à Nicolas Sarkozy en passant par le «sous homme» socialiste
Georges Frêche de Montpellier, le socialiste «blancos» d’Evry,
Manuel Valls ou le bulldozer destructeur d’immeubles de
Marocains du maire communiste de Montfermeil Robert Hue. Le lien
de cette chanson est reproduit en fin de texte.
«Rabattre l’orgueil dément de l’Europe qui prétend faire la loi
au Monde».
François Maspero
(2)
«Allons, camarades, il vaut mieux décider de changer de bord…
Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme
tout en le massacrant partout où elle le rencontre… Voilà des
siècles… qu’au nom d’une prétendue aventure spirituelle, elle
étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui
basculer entre la désintégration atomique et la désintégration
spirituelle».
Frantz Fanon
(3)
Pour la grandeur de la France et non sa mégalomanie ou son
nanisme politique.
Le débat est cyclique, comme une fuite en avant, comme pour
détourner l’attention sur les graves problèmes structurels de la
France, le déficit abyssal de ses finances publiques (4), la
faillite et l’impunité de ses élites, la délitescence de son
tissu social, la docilité de sa presse, l’inconsistance du débat
public inter partisan, la nécrose de ses circuits de décision,
comme en témoigne le dernier avatar nucléaire français à Abou
Dhabi où la France s’est vue rafler, fin décembre, un marché de
40 milliards de dollars par un consortium américano sud coréen,
malgré le tapage médiatique de Nicolas Sarkozy.
Le débat est cyclique sur une thématique unique dans ses
diverses déclinaisons, le voile, la burqua, les minarets, le
rôle positif de la colonisation, comme une fuite en avant, comme
pour occulter l’essentiel, la dette d’honneur de la France à
l’égard de ses immigrés, tant pour la défense de son
indépendance, –à deux reprises au cours d’un même siècle, durant
les deux guerres mondiales, fait rarissime dans l’histoire–, que
pour leur contribution au rayonnement de la France à travers le
Monde.
L’oeuvre salutaire qu’il est prioritaire d’initier est non un
travail d’exaltation chauvine propice à tous les débordements,
mais un travail de «déconstruction» des mythes fondateurs de la
grandeur française, une lecture fractale de l’histoire de
France, afin de fonder l’identité nationale sur une connaissance
concrète et non sublimée de l’histoire de France et de cimenter
l’unité nationale par la prise en compte des diverses
composantes de la population nationale et non sur la
stigmatisation du métèque.
Sauf à abdiquer devant les tenants de l’anglosphère, sauf à se
draper dans un splendide isolement, sauf à se voiler la face
dans un splendide aveuglement, le débat ne saurait se réduire à
un duel narcissique entre la France et elle-même s’offrant en
spectacle au reste du monde, au nom de l’exception française,
mais à un débat sur le positionnement de la France au sein de
son bassin naturel de déploiement, la Francophonie, gage de son
rayonnement et justificatif de son statut de grande puissance,
membre permanent du conseil de sécurité. Un statut dont elle
n’aurait jamais rêvé au vu de ses piètres performances durant la
Deuxième guerre mondiale (1939-1945), mais dont elle est
redevable à sa possession d’un empire d’outre mer et à la
logique des blocs au paroxysme de la guerre froide.
Le ressentiment est fort, à la mesure de l’usurpation. Il est à
espérer que la célébration en 2010 de l’Année de l’Afrique en
France par la participation des troupes africaines au défilé du
14 juillet, donnera l’occasion d’une réhabilitation de l’image
du «Bougnoule» dans l’imaginaire français et la réhabilitation
de la contribution de la «piétaille de la république» à la
grandeur de la France.
N’en déplaise aux intellectuels de cour, l’exception française
est une singularité qui se vit comme une impunité, une
spécificité qui se vit comme une spéciosité. Premier pays à
avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement,
avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française
(1794), la France est aussi le premier pays à inaugurer la
piraterie aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des
chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien (Ahmad
Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem),
donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte
pour leur indépendance.
La récidive dans la singularité est aussi un trait de
l’exception française: ce pays jacobin, égalisateur et
égalitariste se singularisera, aussi, en étant le seul pays au
monde à avoir officialisé le «gobino-darwinisme juridique», en
codifiant en Droit «la théorie de l’inégalité des races», une
codification opérée sans discernement, pour promouvoir non
l’égalité, mais la ségrégation.
La «Patrie des Droits de L’Homme» et des compilations juridiques
modernes -le code civil et le code pénal- est en effet le pays
de la législation discriminatoire, le pays de la codification de
l’abomination, le pays du «Code Noir» de l’esclavage, sous la
Monarchie, du «Code de l’indigénat» en Algérie, sous la
République, qu’il mettra en pratique avec les «expositions
ethnologiques», ces «zoos humains» dressés pour ancrer dans
l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une
infériorité durable des «peuples de couleur», et, par
contrecoup, la supériorité de la race blanche…. comme si le
blanc n’était pas une couleur, même si ses tenants la vivent
comme immaculée, ce qui est loin d’être le cas, à en juger par
les turpitudes de son Histoire.
Pour mémoire, mais faut-il le rappeler?, les trois grandes
figures tutélaires du XX me siècle pour leur contribution à la
morale universelle auront été trois personnalités du tiers monde
colonisé, le Mahatma Gandhi (Inde), Nelson Mandela (Afrique du
Sud), et, pour l’espace francophone, le Martiniquais Aimé
Césaire, trois apôtres de la non-violence, une consécration qui
retentit comme un camouflet pour les pays occidentaux avec leur
cortège de nazisme, de fascisme, de totalitarisme et
d’esclavagisme. Et, pour douloureuse qu’elle puisse être pour
notre amour propre national, force nous est de relever que la
France, en contrechamps, aura été le seul grand pays européen à
l’articulation majeure des deux grands fléaux de l’Occident de
l’époque contemporaine, «les penchants criminels de l’Europe
démocratique», la traite négrière et l’extermination des Juifs,
contrairement à la Grande Bretagne qui a pratiqué la traite
négrière exclusivement, sans aucunement participé à
l’extermination des Juifs, contrairement même à l’Allemagne qui
a conçu et réalisé, elle, la solution finale de la question
juive, mais sans participation significative à la traite
négrière.
Le devoir de vérité ne constitue donc pas, selon une analyse
chauvine, une pantalonnade assimilable «aux sanglots de l’homme
blanc», mais un acte de courage moral de salubrité publique.
L’erreur est humaine mais sa répétition est diabolique. Pour la
prévenir, il importe de se remémorer que l’identité française
était vichyste sous Pétain et l’écrasante majorité de Français
se reconnaissait en elle, alors qu’elle était farouchement
combattue par les métèques de la République.
L’identité française, son honneur et sa grandeur se vivent et se
revendiquent dans le «rôle positif» de la colonisation avec le
Docteur Albert Schweitzer de Lambaréné (Gabon), et, dans les
955.491 soldats coloniaux de l’outre mer qui ont combattu pour
la France durant les deux guerres mondiales (1914-1918,
1939-1945), dont 113.000 «indigènes de la République» tombés sur
le champ d’honneur, abreuvant durablement les sillons de France
de leur «sang impur». 113.000 indigènes morts pour la France,
soit autant que la population conjuguée des villes de Dreux, de
Vitrolles et d’Orange, les trois anciens fiefs du Front
National, sans qu’il ait été question alors de «seuil de
tolérance», encore moins de test ADN, ou de charters de la
honte, mais de sang à verser à profusion.
L’identité française se vit et se revendique dans «le privilège
de la terre de France», qui affranchissait tout esclave dès
l’instant qu’il foulait le sol de France, la France terre
d’asile et non dans la France de la «Venus Hottentote» et des
«zoos humains». Dans la France de Valmy et du Pont d’Arcole et
non dans celle du sabordage de la flotte française de Toulon ou
de l’expédition punitive de Suez. Dans la «France Libre» et non
dans la France de Sétif (Algérie) et de Thiaroye (Sénégal).
Dans la France des convictions républicaines et non dans celle
des transfuges cosmopolites qui déconsidèrent l’engagement
politique. Dans le Préfet Jean Moulin et non le Préfet Maurice
Papon, dans les métèques du groupe Manouchian, ces parias de
l’Affiche rouge, et non dans la France vichyste, complice du
nazisme, dans Guy Moquet et non dans son dénonciateur, le
ministre de l’intérieur de l’époque, et ses sbires de la police
française, pourvoyeurs de ses bourreaux allemands.
Dans le général Jacques Pâris de la Bollardière, la conscience
de l’armée française durant la guerre d’Algérie (1956-1962) et
non dans le général Paul Aussarresses, le tortionnaire des
maquisards algériens. Dans le mathématicien Maurice Audin et le
porteur de valise Francis Jeanson, et, non dans le porteur de
sac de farine médiatique, Bernard Kouchner, le soutien
affairiste des dictateurs africains.
Dans la France du discours de Pnom Penh (Charles de Gaulle) et
de Cancun (François Mitterrand) et non dans la France du
discours de Dakar sur l’homme africain (Nicolas Sarkozy) et du
discours de Tunis sur la division raciale du travail entre
Français et arabes sur le pourtour méditerranéen (Nicolas
Sarkozy ibidem).
Dans la France de la belle langue révolutionnaire française de
Voltaire, d’Aimé Césaire, de Franz Fanon, de Léopold Sedar
Senghor et de Kateb Yacine qui portent en eux le rayonnement de
la France et non dans celle du «Casse toi pauv’con», ce verlan
argotique si détesté de la si détestable Nadine Morano pour ses
excès de langage et de comportement.
Dans la France de l’Abbé Pierre et non dans celle d’Eric Besson
et de Brice Hortefeux, celle d’ «un auvergnat ça va, mais quand
il y en trop, bonjour les dégâts», un Brice Hortefeux, nouveau
champion de la lutte contre l’antisémitisme, un prix décerné par
l’organisation irrédentiste pro israélienne Union des Patrons
Juifs de France (UPJF), illustration pathétiquement caricaturale
d’une grave inversion des valeurs, indice patent d’une grave
confusion mentale.
Dans la France de Yannick Noah (Roland Garros 1982) et de
Zineddine Zidane (Mundial 1998) et de «l’équipe de foot black,
black, black, risée de l’Europe» (Alain Finkielkraut), mais
fierté de la France, et non dans la France des cités «pure
white, blancos» du Maire socialiste d’Evry Manuel Valls.
Dans ce contexte, la lecture publique de la lettre du jeune
résistant communiste fusillé Guy Mocquet aurait pu avoir valeur
pédagogique et thérapeutique si cet exercice s’était accompagné
de la dénonciation des ses bourreaux, en l’occurrence la police
française, la police, c’est à dire, le socle du pouvoir
sécuritaire de l’actuel président de la République. Une telle
dénonciation aurait été perçue comme un acte de courage et de
responsabilité et non telle qu’elle s’est déroulée, comme une
opération de falsification de l’histoire, un exercice de
récupération démagogique, un acte de détournement mémoriel.
La notion d’identité nationale apparaît dans cette perspective
comme une notion relative. Pour sa pérennité, l’identité
nationale doit se fonder sur des valeurs universelles, immuables
et non variables en fonction des considérations électoralistes.
Le débat gagnerait d’ailleurs en clarté si la confusion n’était
entretenue au plus haut niveau de l’Etat par le premier
magistrat de France, en nommant un réserviste de l’armée
israélienne, Arno Klarsfeld, au poste de conseiller en pleine
guerre de destruction israélienne du Liban (Juillet 2006) ou en
confiant à un dirigeant de l’American Jewsih Committee, Valérie
Hoffenberg, la charge de suivre, pour le compte de la France,
les négociations israélo-palestiniennes.
Un président qui fantasme sur «les moutons que l’on égorge dans
les baignoires» qui quête néanmoins régulièrement l’hospitalité
des baignoires des palais royaux arabes, de Doha à Rabat,
prenant l’initiative de stigmatiser une composante de la
population pour des motifs inavoués bassement électoralistes.
A ce titre “les moutons que l’on égorge dans les baignoires”
(Nicolas Sarkozy), tout comme «les bruits et les odeurs des
familles immigrées» génésiquement prolifiques (Jacques Chirac)
demeureront une tâche indélébile du discours politique français
et déshonorent leurs auteurs. A n’y prendre garde, elles
ouvriraient la voie à des dérives fascisantes du comportement
politique français.
Les basanés pour la grandeur de la France et non sa mégalomanie
ou son nanisme politique.
Que l’on se détrompe, n’en déplaise une fois de plus aux
scribouillards salonnards, les basanés de France sont là et bien
là, durablement ancrés dans le paysage politique et social
français, eux dont «le rôle positif» n’a jamais été célébré avec
solennité, sinon que d’une manière incidente quand il n’a pas
été plus simplement nié ou controversé.
En France, non pas leur pays d’accueil, mais leur pays
d’élection. Déterminés à défendre la haute idée qu’ils ont de la
France et que la France veut donner d’elle-même au Monde,
déterminés à défendre la grandeur de la France et non sa
mégalomanie, sa grandeur et non son nanisme politique.
A combattre tous ceux qui fragilisent l’économie par une gestion
hasardeuse, tous ceux qui discréditent la politique par une
connivence sulfureuse.
Tous ceux qui polluent l’image de la France, à coups d’emplois
fictifs et de responsabilité fictive, d’ «évaporations de
recettes», de rétro commissions et de frais de bouche, de délits
d’initiés et d’abus de biens sociaux. Ces messieurs des frégates
de Taiwan, de Clearstream et d‘Angolagate. Du Crédit Lyonnais et
de la Compagnie Générale des Eaux. D’Elf Aquitaine et d’EADS, d’Executive
Life et de Pechiney American-Can. Des marchés d’Ile de France et
de HLM de Paris, de la MNEF et d’Urba-Gracco,
Ceux qui dévalorisent leur justice à coups d’affaires d’Outreau,
d’écoutes téléphoniques illégales, de tri sélectif et de
«charters de la honte». Qui dévalorisent leurs nationaux à coups
de bougnoule et de ratonnades, de racaille et de Karcher.
Contre la «France d’en bas» qui gouverne le pays, la France des
basses manoeuvres et des bas calculs, des «zones de non droit et
de passe-droits», des nominations de complaisance et des
appartements de fonction. La France qui refuse de donner un coup
de pouce au SMIC, mais qui exacerbe l’antagonisme social en
confortant dans leurs richesses les plus nantis les dotant d’un
«bouclier fiscal» en pleine tourmente bancaire.
La France qui «cristallise» et fige à sa portion congrue, les
retraites des anciens combattants «basanés» de l’armée française
mais qui relève de 70 pour cent le salaire des ministres nantis.
La France qui gorge de «stock options et de parachutes dorés»
les gérants en déconfiture, tels ceux de Vinci et de Carrefour,
qui recycle la forfaiture dans l’honorabilité, propulsant au
Conseil d’Etat, le temple de la vertu républicaine, en guise de
rétribution pour services rendus dans la diversion de la
justice, tel ministre de la justice, passé dans l’histoire comme
le plus célèbre intercepteur d’hélicoptères des annales
judiciaires internationales (Jacques Toubon).
En un mot contre cette posture du mépris et de
l’irresponsabilité, la singulière théorie du «fusible à la
française» qui exonère le responsable de toute responsabilité
par une sorte de privilège anti-démocratique tirant sa
justification dans une idéologie proto fasciste inhérente à un
pan de la culture française.
Contre la criminalisation du politique, cet état de fait
symptomatique de la France contemporaine, comme en témoigne «Le
casier judiciaire de la République» au bilan édifiant où l’on
dénombre rien que pour la décennie 1990, neuf cent (900) élus
mis en examen soit pour délinquance financière, soit pour
atteintes aux biens et aux personnes y compris les crimes
sexuels, alors que la «tolérance zéro» à l’égard de la
criminalité en col blanc se devrait d’être pourtant un impératif
catégorique de l’ordre républicain en vertu du principe de
l’exemplarité de l’Etat.
Jamais pays n’a paru plus soucieux de magnifier son passé.
Toutes les déclinaisons du calendrier défilent en commémoration:
Bimillénaire du baptême de Clovis (1996), qui marque le
ralliement de la France à la Chrétienté, 1500 me anniversaire de
la proclamation de l’Édit de Nantes (1598), qui a mis fin à la
guerre religieuse entre Catholiques et Protestants, Bicentenaire
de la Révolution Française (1989), cent cinquantième
anniversaire de l’abolition de l’esclavage (Mai 1998),
Centenaire du manifeste accusateur d’Émile Zola contre la
ségrégation politico religieuse («J’accuse», Janvier 1998),
soixantième anniversaire de la libération de la France,
cinquantenaire anniversaire de la Vme République, enfin
quarantième anniversaire de la révolte étudiante de Mai
1968……comme si la France voulait compenser son repli frileux sur
elle même en puisant dans sa gloire passée l’espérance de son
avenir.
Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat
s’impose tant sur la contribution des «peuples basanés» à la
libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement
de leur pays d’accueil, en guise de mesure de prophylaxie
sociale sur les malfaisances coloniales et postcoloniales dont
l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la
France, telles que -simple hypothèse d’école ?- la
correspondance entre la trop longue amnésie sur les «crimes de
bureau» de 1940-1944 et l’impunité régalienne de la classe
politico administrative sur les scandales financiers de la fin
du XX me siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite
bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie
contemporaine.
«Si une France de 45 millions d’habitants s’ouvrait largement,
sur la base de l’égalité des droits, pour admettre 25 millions
de citoyens musulmans, même en grande proportion illettrés, elle
n’entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à
quoi l’Amérique dut de ne pas rester une petite province du
monde anglo-saxon», prophétisait, déjà, en 1955, Claude
Lévi-Strauss en un saisissant résumé de la problématique
post-coloniale dans laquelle se débat la société française
depuis un demi-siècle (5).
La rationalité cartésienne, transcendance symbiotique de
l’intelligence athénienne et de l’ordre romain, quintessence de
l’esprit critique, aura ainsi engendré des monstruosités dans
ses moments d’assoupissement. Nul pays n’est à l’abri de telles
dérives devant les grands bouleversements de l’histoire et
l’ingratitude passe pour être une loi cardinale des peuples pour
leur survie. Mais l’exception française si hautement revendiquée
d’une nation qui se réclame de la grandeur est toutefois
antinomique d’une culture de l’impunité et de l’amnésie, une
culture érigée en un dogme de gouvernement et, à ce titre,
incompatible avec la déontologie du commandement et les
impératifs de l’exemplarité.
N’y voyez aucune interférence partisane ou électoraliste, mais
quiconque soucieux du rang de la France, -Français de souche ou
Français de choix-, se doit de se livrer à une telle
introspection, une mesure de salubrité publique, tant il est
vrai que l’histoire d’aujourd’hui est la mémoire de demain et
qu’il importe d’être vigoureux dans la dénonciation des dérives
contemporaines pour prévenir de douloureuses réminiscences de la
mémoire future.Références
1- Le lien de la chanson de
Michel Sardou
«Ils ont du pétrole», une chanson typique de la mentalité
française: http://www.youtube.com/watch?v=OzAYWSf6-1o
2- Fils de l’historien Henri Maspero, mort
en déportation, François
Maspero, membre fondateur
du tribunal Russel sur la Palestine, a crée, en 1959 en pleine
guerre d’Algérie, une maison d’édition militante engagée en
faveur des combats de libération du tiers monde, les Editions
Maspero, afin de «Rabattre l’orgueil dément de l’Europe qui
prétend faire la loi au Monde. François Maspero cédera sa maison
d’édition en 1982, victime de l’acharnement policier. Selon
l’historien Jean Yves Mollier François Maspero a fait l’objet de
dix-sept condamnations. Il démissionne sans indemnités et cède
ses parts pour un franc symbolique aux nouveaux acquéreurs. Ces
textes sur la Palestine, Gaza, les territoires occupés et
Israël, sont consignés dans un ouvrage intitulé Transit & Cie.
Dernier ouvrage paru «Des Saisons au Bord de la Mer» Seuil 2009
collection «La Librairie du XXI me siècle».
3–
Frantz Fanon, in «Les
damnés de la Terre» Editions La Découverte 2002 – La Découverte
poche 134 collections essais—préface de Jean Paul Sartre 1961,
Préface de Alice Cherki et postface de Mohammad Harbi 2002.
Ancien des forces françaises libres, il
démissionnera de l’armée française pour rallier la révolution
algérienne. Psychiatre martiniquais, Il est l’un des fondateurs
du courant de pensée tiers-mondiste. Penseur très engagé, il a
cherché à analyser les conséquences psychologiques de la
colonisation à la fois sur le colon et le sur le colonisé. Il
rejoint le FLN à Tunis, où il collabore à l’organe central de
presse du FLN, EL Moujahid. En 1959, il fait partie de la
délégation algérienne au congrès panafricain d’Accra. Se sachant
atteint d’une leucémie, il se retire à Washington pour écrire
son dernier ouvrage Les Damnés de la Terre. Il décède le 6
décembre 1961 à l’âge de 36 ans, quelques mois avant
l’indépendance algérienne.
4- La dette publique, au sens des critères du
Traité européen de Maastricht, a été évaluée pour la fin du
troisième trimestre 2009 à 1 457 milliards d’euros, soit environ
75,8 % du PIB.
5- Claude Lévi-Strauss «Tristes Tropiques».
L’ouvrage de l’ethnologue français est paru en 1955.
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Publié le 14 janvier 2010 avec l'aimable autorisation de René Naba.
Les
textes de René Naba
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