Opinion
Chine-Afrique 2/4:
Endiguement euro américain de la Chine
en Afrique et guerre psychologique
René Naba
Vendredi 12 avril 2013
L’endiguement
Paris – Grand vainqueur de la Guerre froide, le
lièvre américain va alors bénéficier
d’un état de grâce exceptionnel dans
l’histoire des relations internationales
contemporaines, à la faveur de
l’implosion du bloc soviétique, une
décennie prodigieuse d’unilatéralisme à
l’effet d’accélérer sa mainmise sur les
zones rétives à son Hégémon, au point
que des laudateurs intéressés en
viendront à voir dans le XXI me siècle
«Le siècle américain» pour célébrer «Le
destin manifeste» des Etats Unis.
Certes la guerre du Golfe en 1990-1991 a permis aux
Américains de prendre pied au cœur des
principaux gisements pétroliers de la
planète, la guerre du Kosovo en 1999 de
s’implanter au cœur de l’Europe
centrale, particulièrement en Albanie,
longtemps considérée comme un bastion de
l’orthodoxie communiste.
Certes aussi, dans le droit fil de leurs objectifs,
la guerre d’Afghanistan (2001), puis la
guerre d’Irak (2003) devaient leur
permettre de parachever leur mission en
prenant pied, pour la première fois de
leur histoire, dans le Caucase, plaçant
l’Amérique au cœur du dispositif
énergétique mondial par sa mainmise sur
le Golfe et son contrôle des voies de
ravitaillement du brut transcaucasien.
Sauf que le schéma parfait a souffert de fortes
turbulences, dénaturant le projet
initial. La guerre du Vietnam
(1960-1975-52.000 morts), se superposant
aux couts des deux premiers conflits
majeurs du XXI me siècle
(Afghanistan-Irak), de l’ordre de trois
mille milliards de dollars (3
trillions), à la crise du système
bancaire, une perte de capitalisation
boursière de l’ordre de 25.000 milliards
de dollars, enfin à la crise de
l’endettement européen, ont
considérablement réduit la marge de
manœuvre du duo atlantiste, saigné son
économie atlantiste et réduit la
capacité de projection de la puissance
américaine. La première puissance
militaire de tous les temps a ainsi
emprunté, sans y prendre garde, un
schéma similaire à celui de l’Europe au
XX me siècle.
Face à ce premier conflit majeur du XXI me siècle,
l’Europe, qui se voulait un des pivots
du troisième millénaire, s’est retrouvée
prestement marginalisée par le duo
anglo-américain, discrète préfiguration
de l’«Anglo-sphère», l’alliance Wasp
(White Anglo-Saxon Protestant), dont la
mise sur pied est préconisée par les
disciples de Samuel Huntington, l’auteur
du «clash des civilisations», en vue de
constituer sous égide anglo-saxon un
directoire des pays relevant de la
civilisation occidentale, de race
blanche (29 pour cent de la population
mondiale) pour la direction du «Monde
libre».
La refondation de la doctrine stratégique de l’OTAN
à l’occasion du 50ème anniversaire de
l’alliance atlantique, en mai 1999, par
l’adjonction des anciens pays du bloc
soviétique, est apparue à cet égard
comme un signe précurseur pour les
tenants de cette thèse.
Apportant sa caution militaire et diplomatique aux
Etats-Unis, sous estimant sa capacité
d’influence, l’Europe est ainsi apparue
au regard de la communauté
internationale comme l’appendice de
l’Amérique. Au point que bon nombre d’
observateurs en ont conclu que l’Europe
a abdiqué son indépendance pour se
résoudre au rôle de promontoire
outre-Atlantique de l’Amérique,
renonçant à sa vocation ancienne de
foyer de civilisation et à sa propre
autonomie face aux Etats-Unis pour en
faire une roue dentée de la stratégie
américain, une « île au large des rives
de l’Eurasie», pour reprendre
l’expression du géographe Michel
Fournier.
En tandem, et sous couvert de grands principes,
l’ingérence humanitaire et la guerre
contre le terrorisme, à l’aide de sigles
abscons, d’Africom au Maghreb, de «Recamp»
dans l’Afrique francophone ou d’Eufor
(3), dans le centre du continent, le
quadrillage occidental de l’Afrique
s’est fait en douceur, à l’arrière-plan
d’une féroce bataille engagée pour la
maîtrise des réserves stratégiques sur
le flanc méridional de l’Europe, face
aux bouleversements géostratégiques
induits par l’émergence de la Chine dans
l’ancienne chasse gardée coloniale,
notamment en Afrique du Nord et sur
continent noir.
Au prétexte de la «guerre contre le terrorisme»,
les Etats-Unis se sont même employés à
mettre sur pied spécialement pour le
continent noir un corps d’armée qui
portant le nom de «VIII me corps
d’armée» américain afin d’achever le
maillage militaire de la planète par une
présence physique opérationnelle sur
l’ensemble des continents. L’AFRICOM
dont la création a été décidée en 2007
devait avoir compétence sur les 50 Etats
membres de l’Union Africaine, à
l’exception de l’Egypte.
Le redéploiement diplomatique et stratégique
euro-américain est intervenu sur fond
d’exacerbation de la controverse
publique sur les bienfaits et les
méfaits de la colonisation, son «rôle
positif» et ses séquelles, les «test
ADN» et les «charters de la honte» en
France, l’«immigration choisie» en
Europe, alors qu’en contrechamps, la
percée chinoise se faisait d’une manière
pacifique propulsée par le déficit
américain, un consistant matelas
financier constitué de plusieurs
milliards de dollars de bons de trésor
américains sur un continent que n’obère
aucun passif colonial de la Chine.
Par son impact psychologique et ses conséquences à
long terme, la pénétration chinoise a
été comparable à la conquête arabe de la
rive méridionale de la Méditerranée qui
a brisé le monopole de la navigation et
du commerce dans l’ancien «Mare Nostrum»
et l’Atlantique sud, déclenchant en
retour les Croisades et la colonisation
du continent africain en vue de rétablir
le statut quo ante. Une percée qui a
donné lieu à une féroce guerre
psychologique entre Occidentaux et
Chinois
La guerre psychologique sino-occidentale
Toute conscience se pose en s’opposant. L’Occident
a constamment forgé des concepts pour
assurer sa domination sur le reste du
Monde. Il en a été de la théorie du «Res
Nullus» et du «Fardeau de l’Homme blanc»
justifiant les conquêtes coloniales. Au
principe de la liberté du commerce et de
l’industrie, allant jusqu’à infliger une
pernicieuse Guerre de l’Opium à la Chine
pour la contraindre à s’ouvrir au marché
européen.
Depuis la fin de la II me Guerre mondiale
(1939-1945), toute une littérature
belliqueuse a développé les thèmes sur
le péril rouge (contre le communisme),
avant de se rabattre après l’implosion
de l’Empire soviétique (1989) sur le
péril vert (l’Islam), jalon
intermédiaire préludant à la naissance
du «péril jaune» (Chine, Inde, Japon)
d’actualité avec la montée en puissance
des trois pays majeurs d’Asie, qu’ils
parachèveront en 2025.
A cette date, l’Occident aura perdu le monopole de
la puissance et partant son rôle
prescripteur. Il devra, par la force des
choses, composer. Dur métier pour celui
qui a constamment imposé, dur
apprentissage de la diversité. Composer
avec les autres composantes de la
planète. Cette échéance explique sa
frénésie d’acquisition de gages
territoriaux et énergétiques (Irak,
Afghanistan, Darfour, Balkan) en vue
d’aborder la prochaine étape en position
de force dans une «stratégie de
transformation du réel», qui se réduit
en une quête désespérée visant à enrayer
un déclin prévisible par le maintien de
«Droits acquis» aux faîtes de la
puissance.
Accablée de tous les maux, la Chine a été accusée,
simultanément et cumulativement, d’avoir
contaminé l’Afrique de pathologies
potentielles avec la commercialisation
de médicaments avariés et d’avoir
transformé le continent noir en dépotoir
de déchets toxiques, Ce faisant,
l’Occident a oublié son rôle néfaste
dans la dépossession de l’Afrique de ses
richesses pendant cinq siècles, sa
dépopulation par la traite négrière, de
l’ordre de quinze millions de personnes,
dans la modification de son écosystème.
En témoignent le film «le Cauchemar de
Darwin» (1) sur transformation
écologique des lacs de l’Ouganda par
l’introduction de la « perche du Nil»
pour la satisfaction des besoins
alimentaires des consommateurs européens
au détriment de la faune et de la flore
ougandaise, et le film anglais «The
constant Gardner» tiré du roman de
l’espion en chef britannique John Le
Carré (2) dans le choix de l’Afrique
dans sa fonction de lieu
d’expérimentation de ses produits
pharmaceutiques et de point d’évacuation
des surplus toxiques de l’industrie
occidentale.
En écho, un journaliste algérien s’est mis au
diapason des critiques occidentales,
dénonçant les turpitudes des Chinois en
Algérie, la prévarication de la classe
politique pour l’acquisition de ses
marchés en Algérie, le recours abusif à
la contrefaçon et au dumping. Devant ce
qu’il considère comme une présence
envahissante, Kamal Daoud, chroniqueur
du Quotidien d’Oran, a mis en garde
contre la transformation de «L’Algérie
en province chinoise», à la faveur de
rixes entre Algériens et Chinois. «La
Chine devient un empire en Algérie. Elle
a déjà des sous-traitants politiques et
financiers. Des agents, honorables
correspondants et trop de clients
d’ailleurs. «L’Algérie, une province
chinoise? Près de 95% des contrefaçons
saisies en Algérie, en 2011, sont
d’origine chinoise. «Un chiffre qui
souligne la mainmise croissante de
l’empire du Milieu sur l’économie
algérienne, du dentifrice à la
construction de la Grande Mosquée. Un
raz de marée. Les saisies de produits
contrefaits ont enregistré une hausse de
84,5% en Algérie l’an dernier, passant
de 379.774 produits saisis en 2010 à
700.000 en 2011», assurent les services
des douanes algériennes. Selon les
chiffres des douanes algériens
justement, «les produits contrefaits
proviennent principalement de Chine
(94,44%) et de Turquie (3,56%). Au pays
de l’hyper nationalisme anti-français,
95% de produits contrefaits viennent de
Chine», conclut-t-il dans un éditorial
12 novembre 2012.
La botte secrète de la Chine: absence de
passif colonial et non-ingérence.
Menant une diplomatie commerciale agressive, sans
ingérence politique, la Chine est
parvenue à redessiner la carte des
influences traditionnelles
«occidentales» sur fond de lutte pour le
contrôle des gisements pétroliers avérés
ou potentiels.
Un «Nouveau Partenariat Stratégique Afrique-Asie»
a été scellé lors du dernier sommet
Chine-Afrique tenu du 3 au 5 novembre 2006, couronnement
d’une coopération amorcée dans la
décennie 1970 et dont le projet phare
aura été le chemin de fer Tanzanie-Zambie, le célèbre «chemin de la liberté» (TAZARA,
1976) qui fonctionne depuis 30 ans et
qui permettait de contourner les
positions racistes de l’Afrique du Sud
qui rendait impossible l’exportation de
cuivre de Zambie.
Près de 200.000 Chinois seraient actuellement
installés en Afrique et près d’un
millier d’entreprises chinoises
investissent dans 43 pays africains
réalisant ainsi 900 projets
d’infrastructures. Trente et un pays ont
vu leur dette envers la Chine annulée
pour une valeur d’environ 1,33 milliards
de dollars.
Face à ce stress énergétique, Pékin a mis en place
une nouvelle diplomatie «dite du sortir»
(«Zouchuqu») se traduisant par «une
participation dans l’amont et dans
l’aval pétroliers internationaux et à
l’acquisition de gisements par le biais
de prises de participation dans des
sociétés locales pour l’établissement de
bases pétrolières à l’étranger pour
assurer son ravitaillement énergétique
régulier.
Les Chinois sont impliqués dans une cinquantaine de
projets pétroliers sur tout le
continent. En 2006, le continent
africain représente 25% de
l’approvisionnement chinois en pétrole
(principalement le Soudan (6% du pétrole
importé par la Chine provient du site de
Muglad), l’Angola (30% des importations
pétrolières d’Afrique), l’Algérie et
l’Afrique du Sud) contre 15 % au milieu
des années 1980.
Dans ce contexte, l’Afrique sub-saharienne,
comme le Maghreb, est devenue un théâtre
hautement convoité, car depuis leur
intervention en Irak, les USA ont
renforcé leur contrôle sur l’ensemble
des pays du Moyen-Orient
à l’exception de l’Iran. Recelant 8,9%
des réserves mondiales de pétrole et
offrant 11 % de la production mondiale,
l’Afrique permet à Pékin de limiter sa
dépendance énergétique (politique dite
de déconcentration des risques: Asie
Centrale et Sibérie offrant un
contournement du Détroit de Malacca jugé
vulnérable à une intervention américaine
et Afrique.
Il convient néanmoins de s’abstenir de tout
angélisme. Le positionnement chinois
obéit à des calculs stratégiques sur le
long terme. Tous les pays d’Afrique du
Nord déplorent un déficit commercial
avec la Chine, les produits chinois se
situent à des prix 50 à 60% moins chers
qu’au Maroc ou en Tunisie. Toutefois, le
Maroc, et accessoirement la Tunisie,
sont perçus par les autorités chinoises
comme des places d’investissement
privilégié sur le flanc sud de l’Europe
et la Chine, pour ces deux pays du
Maghreb, comme un véritable partenaire
alternatif à l’ancien pouvoir colonial
plus interventionniste.
En parallèle, les Etats-Unis ont multiplié les
initiatives diplomatiques et militaires
en vue de sceller les pays africains à
la stratégie globale américaine. Des
points d’intervention favorisant le
déploiement rapide des forces
américaines ont été aménagés dans la
zone sahélienne sénégalo-malienne, ainsi
qu’en Namibie à la frontière avec
l’Angola.
Des opérations conjointes avec les pays du Sahel
ont été lancées en 2003-2004 contre le
groupe Salafiste pour la prédication et
le combat (GPS) dans le cadre du
«programme de contre-terrorisme en
Afrique». Les attaques contre les
touristes français en Mauritanie en
décembre 2007, entraînant l’annulation
du rallye automobile Paris-Dakar et son
transfert vers l’Amérique latine, de
même que l’attentat contre l’ambassade
israélienne à Nouakchott témoignent des
réticences locales et régionales au
déploiement américain en Afrique.
La Chine est depuis 2010 le premier partenaire
commercial de l’Afrique avec des
échanges de l’ordre de 166,3 milliards
de dollars, en augmentation de 83% par
rapport à 2009. Les Chinois viennent
d’annoncer un doublement à 20 milliards
de dollars leurs crédits à l’Afrique,
qui fait partie de la réserve
stratégique des multinationales.
Soixante ans après l’indépendance de l’Afrique,
Américains et Européens, sur fond de
lourd contentieux post colonial non
purgé, continuent de gérer l’Afrique à
travers leurs réseaux
politico-affairistes et les institutions
multilatérales (FMI et Banque mondiale).
Le Mali a été ainsi contraint de se
spécialiser dans la production du coton
par la Banque mondiale, se plaçant en
concurrence avec les producteurs de
coton nord-américains qui bénéficient de
subventions de la première puissance
libérale.
En contrechamp, la Chine, nullement philanthrope,
mais infiniment plus perspicace, se
présente aux Africains sans passif
colonial, sans les criantes pratiques de
la corruption des Djembés et des
Mallettes, la marque de fabrique de la
Françafrique. En l’absence de passif
colonial, parangon de la non-ingérence,
un vice occidental, pratiquant une
politique de dumping ou de nivellement
en fonction du pouvoir d’achat local,
résultante de la paupérisation
croissante de la population du tiers
monde, la Chine poursuit sa progression.
Et les déboires enregistrés par ses
alliés au Soudan, en Libye et au Mali,
ne paraissent avoir affectés ses
intérêts ni ses positions.
Auparavant, les Etats-Unis surveillaient l’Afrique
à travers trois commandements: Central
Command (CENTCOM) dont la zone de
responsabilité s’étendait sur 27 pays
dont sept sont africains, le
commandement européen (EUCOM), sa zone
couvrant 91 Etats dont 42 sont
africains, le commandement pacifique
enfin (PACOM) qui a autorité sur une
zone couvrant Madagascar et les îles en
périphérie de l’est du continent
africain.
Si le souci proclamé des Etats-Unis est de mener
une guerre planétaire contre le
terrorisme, la création d’un
commandement spécifique pour l’Afrique
marquait d’une manière sous-jacente
l’implication plus marquée de l’Amérique
dans la compétition que se livrent les
grandes puissances pour la conquête des
marchés africains particulièrement le
pétrole qui fournit 30 pour cent de la
consommation mondiale.
Dans l’intervalle, l’administration américaine a
aménagé, en 2006-2007, dans le Golfe de
Guinée une base flottante, constituée de
navires à très grande vitesse (swift
ship) servis par un équipage de 300-400
marins pour la surveillance côtière le
long des pays riverains: Angola,
Cameroun, Gabon, Ghana, Guinée
équatoriale, Liberia, Sao-Tomé et
Principe, Sénégal et Nigeria. ..Et des
bases de drones, dans la décennie 2010,
au Burkina-Faso pour la surveillance et
le repérage des mouvements djihadistes
en Afrique occidentale. Elle se propose
de partager avec Alger les données
récoltées par ses drones dans le
septentrion malien à la faveur de
l’intervention française dans cette
région frontalière de l’Algérie.
Le dispositif américain en Afrique est complété en
Afrique orientale par la colocation de
la base française de Djibouti «Le camp
Lemonnier», ainsi que de la base
aéronavale de Diego Garcia dans l’Océan
indien, et par le nouveau rôle de
gendarme confié à l’Ethiopie dans sa
répression des mouvements islamistes
dans la zone, notamment en Somalie.
Le positionnement américain à Djibouti, face au
Golfe, permet en outre le contrôle
stratégique de la route maritime
qu’emprunte un quart de la production
pétrolière mondiale et, ce faisant, de
dominer l’extrémité orientale de la
vaste bande pétrolière traversant
l’Afrique considérée désormais comme
vitale pour leurs intérêts stratégiques,
une bande allant de l’oléoduc Higleg-Port
Soudan (1600 km) dans le sud-est à
l’oléoduc Tchad-Cameroun (100 km) et au
Golfe de Guinée dans l’Ouest. Un poste
d’opération américain en Ouganda donne
en outre aux Etats-Unis la possibilité
de contrôler le sud-Soudan où se trouve
le gros des réserves soudanaises de
brut.
Référence
1-Le Cauchemar de Darwin (Darwin’s Nightmare) est
un film documentaire de Hubert Sauper de
2004 sur les conséquences de la
mondialisation, prenant argument les
trafics autour de l’aéroport de Mwanza,
en Tanzanie, sur les bords du lac
Victoria. Un poisson introduit dans les
années 1960, la perche du Nil (Lates
niloticus) a remplacé une grande partie
des 200 espèces différentes de poissons
endémiques (entraînant une modification
du biotope et l’extinction de nombreuses
espèces) Son commerce, devenu
florissant, alimente depuis près de
vingt ans les tables et les restaurants
des pays du Nord, avec des exportations
qui peuvent dépasser 500 tonnes de
filets de poissons par jour. La perche
est préparée sur place dans des usines
financées aussi par des organisations
internationales et 40 %, la population
se contentait de se nourrir des
carcasses des poissons séchées Autour de
cette exportation massive se développent
tous les trafics liés à une urbanisation
intense et brutale (prostitution, sida,
drogue). L’auteur suggère que les avions
cargo (russes ou ukrainiens) ne
reviennent pas à vide et alimentent le
trafic d’armes à destination de la
région des Grands Lacs.
2-The Constant Gardner est un film britannique
(2005) adapté du best-seller éponyme de
John le Carré, le maitre espion
britannique. Traduit en français sous le
nom La Constance du jardinier, le film
est le récit des manipulations de
l’industrie pharmaceutique britannique
et leur usage de la population africaine
à titre de cobaye pour tester leurs
produits nouveaux et d’écoulement de
leurs produits avariés.
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© René Naba • 2013
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