Opinion
Sous la Syrie, le
Hezbollah
René
Naba
Dimanche 8 septembre 2013
Sous la Syrie, le
Hezbollah ; ou la lutte souterraine
entre Bandar, le capo di capo de
contre-révolution arabe, et Hassan
Nasrallah, le «seigneur de la
résistance».
René Naba | 08.09.13 | Paris
«Il ne saurait y avoir de victoire
politique possible sans une victoire
culturelle préalable» (Antoine Gramsci).
Légende: «De Gaza, un salut au seigneur
de la résistance libanaise, Sayyed
Hassan Nasrallah» (Journal libanais Al
Akhbar 04.O9.13/
Paris-Sous la Syrie, le Hezbollah. Tel
est l’objectif sous-jacent de la
stratégie saoudo américaine dans la
nouvelle épreuve de force contre le
pouvoir baasiste suscitée par la
controverse sur l’usage des armes
chimiques en Syrie. Cauchemar de
l’Occident, bête noire des Saoudiens et
des Israéliens, le Hezbollah fait
l’objet d’une manœuvre d’étranglement
visant à neutraliser la seule structure
arabe à tenir tête tout à la fois aux
Etats-Unis, à Israël et à la dynastie
wahhabite.
Le seul à constituer une menace directe
pour Israël en ce qu’il est seul acteur
arabe disposant d’une base
opérationnelle limitrophe d’Israël, à
l’exception de la Syrie, hors service du
fait d’une guerre intestine, et du
Hamas, en phase d’égarement
révolutionnaire dans la foulée de son
ralliement aux pétromonarchies du Golfe
et l’installation de son quartier
général à Doha (Qatar), à 30 km de la
base américaine du Centcom.
Des trois partenaires de l’axe de la
contestation à l’hégémonie
israélo-américaine (Iran, Syrie,
Hezbollah), l’axe subliminale du mal
dans la stratégie atlantiste, le 3me
acteur présente le meilleur rendement en
terme de rapport qualité prix, la
meilleure rentabilité opérationnelle en
terme d’efficacité en ce que l’Iran (80
millions d’habitants, puissance du seuil
nucléaire et autonome géographiquement)
constitue un aléa stratégique pour une
attaque occidentale et la Syrie, un aléa
politique, pour les multiples
répercussions que l’effondrement du
pouvoir d’état pourrait entrainer pour
son environnement.
L’anéantissement politique ou militaire
du Hezbollah figure dans toutes les
démarches de la diplomatie occidentale
depuis le début du soulèvement populaire
en Syrie. Cela est si vrai que la
première proclamation officielle du
premier chef de l’opposition syrienne
off-shore, l’universitaire franco
syrienne Bourhane Ghalioune, a porté sur
la première mesure symbolique qu’il
prendrait au début de son mandat
présidentiel, à savoir la rupture des
relations stratégiques avec le Hezbollah
et de la relation spéciale de la Syrie
avec l’Iran.
La déclaration de Bourhane Ghalioune a
plongé dans une profonde consternation
ses parrains français en ce qu’elle a
révélé prématurément les objectifs
sous-jacents de la campagne de Syrie.
Cet engagement a été consigné dans le
protocole de Doha, la plateforme
politique de l’opposition, signée en
Novembre 2012, sous la pression du Qatar
qui prévoit en outre de recourir à la
négociation politique pour récupérer le
plateau du Golan occupé par Israël
depuis 1967. Autrement dit, un
enterrement discret du contentieux syro
israélien en ce qu’il implique la
renonciation à la guerre et la
reconnaissance d’Israël, sans préjuger
du résultat final des négociations
syro-israéliennes. Un schéma identique
au processus israélo-palestinien avec
ses aléas identiquement dilatoires.
1 La branche militaire du Hezbollah sur
la liste des organisations terroristes
de l’Union Européenne.
L’inscription de la branche militaire du
Hezbollah sur la liste des organisations
terroristes de l’Union Européenne, en
juin 2013, de même que la fixation de la
date d’ouverture du procès des
meurtriers présumés de l’ancien premier
ministre libanais Rafic Hariri, au 13
janvier 2014, relève de cette manœuvre
d’étranglement. Elles tendent, par leur
programmation, à dresser un nœud coulant
visant sinon à sa strangulation à tout
le moins à placer de la formation
politico-militaire, sur la défensive en
prévision de son implosion.
La criminalisation du Hezbollah, à tout
le moins sa branche militaire a été
faite sur la base de cette
responsabilité présumée ou virtuelle
dans un attentat en Bulgarie. L’attentat
à la bombe a fait six morts, dont cinq
Israéliens, en plus du kamikaze, l’été
2012, à Bourgas au bord de la mer Noire.
« L’attentat de Bourgas a été commis sur
le sol européen contre un membre de
l’Union européenne. Nous espérons que
les Européens en tireront les
conclusions qui s’imposent quant à la
véritable nature du Hezbollah », précise
le communiqué européen.
La peur du terrorisme islamiste sur le
Vieux Continent est inversement
proportionnelle à sa réalité. Tel est, à
tout le moins, l’un des enseignements de
la première enquête sur le sujet de
l’agence Europol. Selon le rapport
Europol 2010 sur le risque terroriste
dans l’Union Européenne, sur 611
interpellations de terroristes
effectuées, 219 (soit 35 %) sont dues à
la France. Contrairement à une idée
répandue, la majorité de ces 219
arrestations ne concernent pas des
islamistes (94 arrestations dont 14 cas
ont fini devant les tribunaux français)
mais des séparatistes, en premier l’ETA,
l’organisation, séparatiste basque.
De surcroit, comparaison n’est pas
raison, mais force est de relever que la
pénalisation du Hezbollah ne s’est
accompagnée d‘aucune poursuite pour
incitation à la haine raciale à
l’encontre Yat Beor, théoricienne d’Eurabia,
marraine idéologique de Andrei Brevjik,
le tueur d’Oslo, le plus sanglant
attentat de la décennie 2010 en Europe,
ni du moindre rappel à l‘ordre, même
amical, à l’Arabie saoudite, dont quinze
ressortissants ont participé au raid du
11 septembre 2011, contre les symboles
de l’hyperpuissance américaine, qui fait
près de trois mille morts.
2 – La levée de boucliers des
journalistes contre le fonctionnement du
Tribunal Spécial sur le Liban.
Le Tribunal spécial pour le Liban, en
charge d’identifier et de juger les
assassins présumés de l’ex-Premier
ministre libanais Rafic Hariri, a fixé
la date d’ouverture du procès au 13
janvier 2014, précisant que cette date
pouvait « être modifiée en fonction des
nécessités de la procédure ».
L’ouverture des travaux du Tribunal
avait été fixée au 10 janvier 2013, date
de l’implosion du gouvernement de Saad
Hariri, héritier politique du
milliardaire libano-saoudien. Son report
d’un an, au 13 janvier 2014, viserait à
coïncider avec la campagne pour
l’élection d’un nouveau Président de la
République libanaise ou à la
reconduction du mandat du titulaire, le
Général Michel Sleimane, alors que le
Liban est sans gouvernement depuis près
d’un an. La programmation des travaux du
tribunal international répondrait à une
fonction dissuasive, telle une épée de
Damoclès suspendue sur la tête de la
coalition hostile au camp
saoudo-occidentale, de manière à peser
sur les tractations politiques en faveur
du clan Hariri, dont le chef Saad, homme
lige des Saoudiens est en pleine
déconfiture financière, absent du pays
depuis deux ans.
Le fonctionnement du tribunal spécial
sur le Liban a été émaillé de nombreuses
irrégularités, mais les quatre affaires
qui ont porté un coup irrémédiable à sa
crédibilité sont l’arrestation
arbitraire de quatre officiers de
l’armée libanaise, la déposition d’une
dizaine de faux témoins commandités par
le clan Hariri, ainsi que la corruption
de certains enquêteurs internationaux et
la présence d’un fort contingent
d’agents des services américains et
britanniques parmi les enquêteurs (1).
La démission d’une dizaine de membres de
cette juridiction internationale a
achevé de la discréditer, accréditant
l’idée d’un procès politique sous
habillage juridique. Devant tant de
dérives, une cinquantaine de
journalistes accrédités auprès de la
Juridiction ont publié un manifeste
dénonçant la désinvolture de
l’institution à leur égard, les
manipulations dont ils font l’objet, de
même que le cours de l’enquête, laissant
apparaitre le Tribunal comme un pantin
aux mains des Américains. Cf. A ce
propos l’article du journal libanais
«Al-Akhbar» intitulé «Le tribunal en
voie d’effondrement»
http://www.al-akhbar.com/node/180980
Rafic Hariri était un ancien premier
lorsqu’il a été assassiné, de même que
Benazir Bhutto, au Pakistan. Le libanais
sunnite a eu droit à un tribunal
international et pas la pakistanaise
chiite, ni les assassins des dirigeants
progressistes tunisiens sous le
magistère du parti néo-islamiste An
Nahda, Chokri Belaid et Mohamad Brahmi.
Sur le plan proprement libanais, le
prédécesseur libanais de Rafic Hariri,
Rachid Karamé (Tripoli), a été
assassiné, lui, dans l’exercice de ses
fonctions de premier ministre, sans
bénéficier de l’attention de la justice
internationale. De surcroît, le statut
de Rome a été ratifié le 17 juillet 1998
habilitant la Cour Pénale Internationale
à se saisir des «crimes contre
l’humanité, crimes de génocide et des
crimes de guerre». Il n’a pas qualité
pour les crimes individuels. Il n’a été
ratifié ni par les Etats-Unis, ni par
Israël, les deux pays les plus
impliqués, paradoxalement, dans le
fonctionnement du Tribunal Spécial sur
le Liban.
L’internationalisation d’un crime
interne, s’agissant de l’assassinat
d’une personnalité n’exerçant aucune
responsabilité internationale, et d’un
crime commis sur le territoire d’un état
souverain dont la victime en est le
ressortissant, de même que
l’instrumentalisation de cette justice à
des fins politiques, placent le Liban
sous un mandat de facto des puissances
occidentales, à la merci d’un chantage
permanent. La cause de la justice
internationale est-elle servie par une
falsification permanente des preuves?
Par une violation permanente des lois du
pays hôte en ce que le Tribunal a été
institué au mépris des procédures
constitutionnelles du Liban sans
approbation du président de la
république, seule autorité habilitée à
ratifier les conventions
internationales, sans approbation du
conseil des ministres, ni ratification
par le parlement?
3 – Les manipulations de l’opinion
De l’incident du Golfe de Tonkin en 1972
pour justifier l’extension américaine de
la guerre du Vietnam à Hanoi, en 1972, à
la couveuse d’une maternité koweitienne
saccagée par les troupes de Saddam
Hussein pour promouvoir une coalition
internationale anti Irak, en 1990, à
l’éprouvette de Colin Powell pour
justifier l’invasion américaine de
l’Irak, en 2003, les Occidentaux,
habiles manouvriers de la guerre
psychologique, sont coutumiers des
manipulations de l’opinion au point de
disposer d’un rôle prescripteur d’une
opinion occidentale militarisée par les
campagnes d’intoxication répétitives des
grands vecteurs d’information. En
témoignent, dans le cas d’espèce, deux
ténébreuses affaires.
A- La mystérieuse interview du «Time»
Se superposant à l’affaire des faux
témoins du procès Hariri, le summum de
la sophistication dans la guerre
psychologique menée par les pays
occidentaux pour déstabiliser le
Hezbollah, a été la mystérieuse
interview publiée par la revue
américaine «Time» d’un des quatre
inculpés, proclamant son innocence,
assurant qu’il se trouvait au Liban et
que s’il avait été reconnu coupable, le
Hezbollah l’aurait déjà remis à la
Justice internationale. Le journal An
Nahar, volant au secours de la stratégie
américaine, lui emboité le pas, en
indiquant que la personne qui avait été
interviewée n’est autre Hussein Ouneissi,
alors que Nicolas Blanford, le
correspondant du Time à Beyrouth,
démentait avoir effectué l’interview. Le
journaliste américain, grand spécialiste
du Hezbollah, a assuré qu’il s’est borné
à commenter les propos du soi-disant
inculpé sur la base d’un texte fourni
par la direction du Times sans en
connaitre sa provenance.
B- Imad Moughnieh et la responsabilité
des attentats du 11 septembre 2001
Une mise en scène pour camoufler les
informations procurées de sources
israéliennes? Fait surprenant, Imad
Moughnieh, chef de la branche militaire
du Hezbollah, tué par une explosion à la
voiture piégée à Damas, en 2008, ainsi
que l’Iran, ont été mis en cause dans
les attentats du 11 septembre 2001
contre les symboles de l’hyperpuissance
américaine. Le spécialiste des affaires
du renseignement du journal israélien
Yedioth Aharonoth, Ronine Bergman a
soutenu cette thèse samedi 26 août 2011
dans une déposition faite devant un
tribunal du district de Manhattan. Se
référant à des responsables du
renseignement américain, le journaliste
israélien a affirmé qu’Imad Moughnieh
aurait personnellement assuré la
livraison des explosifs aux auteurs du
raid.
Information surréaliste pour quiconque
connait l’animosité que portent les
salafistes wahhabites à l’ égard de la
formation, alors qu’il est de notoriété
publique que quinze saoudiens ont
participé au raid destructeur. Curieux
cheminement que cette information qui
reviendrait à imputer la responsabilité
des attaques du 11 septembre aux Chiites
et à blanchir rétrospectivement les
Sunnites, particulièrement les sunnites
alliés de l’Amérique, les adversaires
implacables tant de l’Iran que des
chiites, qu’ils considèrent comme des
parias de l’Islam, alors que les
Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan
précisément pour châtier les Taliban de
cette opération, de même que l’Irak laïc
pour sa connivence supposée avec Al
Qaïda, enfin le Pakistan pour
l’élimination du chef d’Al Qaida,
Oussama Ben Laden. Doublement curieux le
cheminement que cette information qui
consiste à confier à un ancien
responsable des services de
renseignements israéliens de charger
l’Iran et le Hezbollah en se référant à
des anciens responsables de la CIA. Que
n’a-t-on cité directement les
responsables américains, sans s’abriter
derrière les Israéliens?
Pourquoi une telle révélation si tardive
? Pourquoi avoir attendu dix ans pour
révéler une information explosive
détenue par les Américains eux-mêmes ?
S’agit-il de déblayer la voie à une
nouvelle campagne de diabolisation de
«l’axe du mal» en vue de détourner
l’attention sur la question
palestinienne, en pleine offensive
diplomatique pour la reconnaissance de
l’Etat de Palestine à l’ONU. Les
instances judiciaires de Manhattan
paraissaient répondre aux mêmes
motivations que le Tribunal spécial sur
le Liban, mettant en cause le Hezbollah
dans l’assassinat de l’ancien premier
ministre Rafic Hariri sur la base des
relevés des données téléphoniques, sans
tenir compte du fait que le réseau
libanais des télécommunications était
infesté des taupes israéliennes y
compris au sein de la hiérarchie
militaire libanaise et des services de
sécurité.
C- Le Hezbollah, rival de Pablo escobar,
le baron de la drogue latino-américaine
et le projet éditorial d’Yves Mamou.
Récidivant le lendemain, le Yedioth
Aharonoth, toujours en phase
d’inspiration aigue, faisait état de
l’installation d’une base de Hezbollah à
Cuba, pour servir de tête de pont au
déploiement du mouvement chiite pour
l’observation et le repérage des
activités américaines et israéliennes
dans la zone des Caraïbes. D’autres
informations de presse présentaient le
Hezbollah comme le rival de Pablo
Escobar, le baron de la drogue
latino-américaine, le principal narco
trafiquant sur l’axe Amérique
latine-Afrique.
Prescience ou Omniscience? Fuite
téléguidée ou journalisme en service
commandé? Ou plus simplement l’effet de
la sérendipité? La mise en cause du
Hezbollah dans l’assassinat de Rafic
Hariri a fuité dans la presse
internationale (Der Spiegel, le Figaro),
bien avant l’incrimination des supposés
meurtriers. La télévision israélienne,
luxe de précision, en révélera
l’identité des prévenus potentiels le
jour même d’une rencontre au sommet
entre le président syrien Bachar Al
Assad et le Roi Abdallah d’Arabie, le 30
juillet 2011, à Beyrouth en vue
d’aplanir leurs différends sur le Liban.
Prescience ou Omniscience? Fuite
téléguidée ou journalisme en service
commandé? Ou plus simplement l’effet de
la sérendipité? Comme en écho aux
accusations israéliennes, le journaliste
français Yves Mamou a programmé la
sortie d’un livre «une longue cuillère
pour le diable», sur le rôle du
Hezbollah dans le narcotrafic vers
l’Afrique, en janvier 2014, date
présumée de l’ouverture du procès
Hariri. Sans doute alimenté par des
informations des services israéliens ou
frappé de strabisme divergent, le
journaliste ce faisant, a occulté le
rôle souterrain d’Israël dans la
criminalisation du Hezbollah et le
contournement des pays arabes via
l’Afrique.
Le démantèlement d’un important réseau
israélien en Tunisie, en 2012, relève de
cette stratégie, dont l’objectif à terme
est d’aménager la principale base
opérationnelle du Mossad au Maghreb,
dans ce pays en pleine transition
politique, à la charnière de l’Afrique
et de l’Europe, jadis chasse gardée
occidentale. Le voyage en Israël des
dirigeants du fantomatique gouvernement
kabyle en exil, Ferhat Mehenni
(président) et Lyazid Abid (ministre des
affaires étrangères), dans la foulée du
voyage d’intellectuels du Maghreb,
Boualem Sansal (Algérie), Hassan
Chalghoumi (Tunisie) et Nadia El Fanni
(Tunisie), ne relèvait pas du hasard.
Sous couvert de «dialogue des
religions», il participait d’une
opération de débauchage de personnalités
médiatiques en vue d’en faire des relais
potentiels dans la guerre psychologique
que mène clandestinement Israël dans la
déstabilisation de cette zone, en pleine
turbulence politique…. En superposition
au harcèlement israélien des communautés
libanaises d’Afrique, particulièrement
au Nigeria et au Sierra Leone, en vue
d’assécher, d’une part, le flux
financier provenant des émigrés chiites
vers leurs coreligionnaires du sud Liban
et de fragiliser, d’autre part, le
glacis constitué par l’immigration
chiite libanaise en Afrique face à la
colonisation rampante des terres
entreprises par Israël en Afrique, de
l’ordre de 20 fois la superficie de la
Palestine.
Pour le lecteur arabophone, CF. La
Tunisie, plateforme du Mossad au Maghreb
du journal libanais « Al Akhbar».
http://www.al-akhbar.com/node/166000
Sur le jeu d’Israël en Afrique et la
colonisation des terres africaines:
http://www.renenaba.com/le-jeu-de-la-france-defense-du-pre-carre-en-tandem-avec-israel/
Et le jeu du Mossad au Nigeria
http://www.al-akhbar.com/node/190431
4-Bandar versus Nasrallah: La lutte
finale entre le «prince du Djihad» et
«le Seigneur de la résistance».
Le Hezbollah est avec le Hamas les deux
organisations arabes inscrites sur la
liste noire de l’Union européenne, alors
que Jobhat an Nosra en est dispensée
sans doute en raison du fait que la
formation salafiste opérant en Syrie sur
la base d’un financement saoudien ne se
préoccupe guère de la Libération de la
Palestine. Mais par rapport au Hamas, le
Hezbollah dispose d’un avantage
comparatif incontestable en termes de
crédibilité dissuasive en ce que le
Hezbollah est la seule instance arabe à
proclamer son attachement effectif au
combat pour la libération de la
Palestine, matérialisé par ses combats
contre Israël et son attachement à la
célébration de la journée mondiale d’
«Al Qods», commémorée chaque année le
dernier vendredi du mois de Ramadan, en
l’absence de la moindre participation
sunnite, alors que la Palestine est dans
sa très grande majorité peuplée de
sunnites et d’une minorité chrétienne
arabe, dont la population ne comporte
aucun chiite, et que la responsabilité
de la défense des Lieux Saints Musulmans
incombe aux vingt pays arabes qui se
réclament du sunnisme, la branche
majoritaire de l’Islam.
Alors qu’Israël parachève la phagocytose
de la Palestine, démarche ultime avant
l’estocade finale, la reconnaissance
d’Israël comme «Etat Juif», verrouillant
ainsi toute revendication future des
Palestiniens à un hypothétique «Droit au
retour» sur la terre de leurs ancêtres,
le Hamas s’est curieusement engagé dans
le combat anti Assad, plutôt que de se
lancer à la reconquête de sa terre
natale, la Palestine, en un tragique
dévoiement de sa stratégie.
A- Bandar, le capo di capo de la
contre-révolution arabe
Fruit d’une copulation ancillaire du
Prince Sultan Ben Abdel Aziz, l’ancien
«Great Gatsby» de la vie diplomatique
américaine s’est imposé comme l’homme
fort du Royaume du fait de la maladie
d’une large fraction de l’équipe
dirigeante frappée de pathologie
handicapante, que cela soit le Roi
Abdallah d’une lourde cardiopathie que
le prince héritier Salam, atteint
d’Alzheimer, voire même le ministre des
Affaires étrangères Saoud Al- Faysal.
Intronisé par le général David Petraeus,
en personne, avant que l’ancien chef du
renseignement américain ne soit emporté
par un jeu de galipettes inconsidérées,
une affaire d’embedded à l’américaine,
Bandar passe pour être le nouvel homme
providentiel de la stratégie saoudo
américaine, et, pour beaucoup
d’observateurs occidentaux cités par le
journal néo conservateur «The Wall
Street Journal», l’ancien «Great Gatsby»
de la vie diplomatique américaine, le
Bandar Bush par excellence, l’homme des
rétro commissions des transactions
militaires saoudiennes, du retentissant
scandale Tornado pourra réussir là où la
CIA a échoué, avec ses cargaisons
ininterrompus d’armes, d’argent et sa
capacité de mise sous tutelle des
combattants islamistes(…) Un combattant
expérimenté apte à créer les conditions
de la chute d’Assad», soutient le Wall
Street Journal a propos de Bandar, selon
«Al Qods Al Arabi» en date du 29 Août
2013.
Face à l’enlisement du conflit syrien,
aux dérives djihadistes en Libye et en
Tunisie, à la montée en puissance des
Frères Musulmans en Egypte, l’Arabie
saoudite a repris le commandement des
opérations imposant un pro saoudien à la
tête de l’opposition off- shore
syrienne, Ahmad Jarba, un chef de tribu
appartenant à la même confédération
tribale que le Roi Abdallah, le clan Al-Shammar,
épaulant l’armée égyptienne à évincer le
néo-islamiste Morsi de la tête de l’état
égyptien, imposant un prince à demeure
en Jordanie, pour le financement et le
ravitaillement de l’opposition syrienne
off-shore.
Depuis le début des soulèvements arabes,
l’Arabie saoudite a réussi à constituer
une majorité de blocage des monarchies
arabes au sein de la Ligue arabe, avec
l’apport de deux confettis de l’Empire
français, l’enclave militaire franco
américaine de Djibouti et les Comores,
mis en échec la contestation anti
monarchique à Bahreïn et évincé néo
islamiste égyptien Mohamad Morsi, une
menace à l’ordre monarchique héréditaire
islamique. Elle s’emploie à exclure le
Hezbollah du futur gouvernement
libanais, en voie de constitution depuis
six mois.
B – Nasrallah versus Bandar: 4-0
Mais le sauveur suprême de l’Occident et
de l’Islam wahhabite présente un piètre
bilan dans sa confrontation avec le
Hezbollah. Par quatre fois, Bandar
mordra la poussière face Hassan
Nasrallah. En 2006, où la riposte
balistique victorieuse du Hezbollah
libanais face à l’aviation israélienne,
de même que la destruction du navire
amiral de la flotte israélienne, ont
semé la consternation dans le camp
saoudo américain, fragilisant l’héritier
politique du clan Hariri.
En 2007, avec la neutralisation du camp
palestinien de Nahr el Bared, (Nord du
Liban), dont le chef de file des
djihadistes Chaker Absi, à la solde de
l’Arabie saoudite, voulait en faire une
zone de non droit, en vue de parasiter
le Hezbollah sur son arrière garde. En
2008 avec l’affaire du réseau des
transmissions stratégiques du Hezbollah
qui s’est soldée par une capitulation en
rase campagne de ses adversaires,
particulièrement le chef druze Walid
Joumblatt, à l’époque le fer de lance du
clan Hariri. Enfin en 2013, en Syrie, en
complément de la perte considérable
représentée par l’assassinat de sa dague
sécuritaire, le capitaine Wissam Hassan,
chef de la section des renseignements
des forces de sécurité intérieure
libanaise, dynamité trois mois après la
décapitation de la hiérarchie militaire
syrienne.
Dernier intervenant sur le champ de
bataille syrien, après les escouades de
djihadistes de Tchétchénie à la Tunisie
en passant par la Belgique le Kosovo et
la France, de même que les Moudjahidines
Khalq, formation de l’opposition
iranienne islamo marxiste, et le clan
Hariri, le Hezbollah a opéré un
retournement spectaculaire de la
situation à Qoussayr, renversant le
cours de la bataille de Syrie. «Par ses
brillantes performances non seulement à
Qoussayr, à Lattaquieh et Homs, mais
aussi dans sa contribution à la défense
de la base aérienne de Ming, assiégée
dans le Nord de Syrie, Hassan Nasrallah
a bien mérité le titre de «Seigneur de
la résistance», admettra Mohamad
Hassanein Heykal, l’ancien confident de
Nasser.
CF. I-Nasrallah, Le seigneur de la
résistance par Mohamad Hassanein Heykal
http://www.al-akhbar.com/node/190273
Invincible à ce jour, artisan de deux
dégagements militaires israéliens du
Liban sans négociation ni traité de
paix, ferme soutien du Hamas face aux
offensive israéliennes, le Hezbollah
demeure, n’en déplaise aux esprits
chagrins, le phénomène majeur
politico-militaire de l’histoire arabe
contemporain.
En comparaison, le Hamas, unique
mouvement de libération nationale de
confession sunnite, a déserté la Syrie
après 16 ans d’hospitalité, par
alignement sectaire, pour installer son
QG à Doha à 35 km de la base du Centcom,
la plus importante base du tiers monde
des Etats-Unis, le protecteur d’Israël,
la caution de tous les assassinats
extrajudiciaires des pères fondateurs du
mouvement palestinien. Beaucoup lui
savent gré de ce repositionnement. Mais
en juger de la fureur de la branche
militaire du mouvement, beaucoup le
déplore fortement, comme en témoignent
les pourparlers intensifs menés à
Téhéran, fin juillet, entre le Hamas et
ses deux anciens alliés chiites, l’Iran
et le Hezbollah pour restaurer une
collaboration stratégique. Songeons au
sort respectif du Vietnam et de la
Palestine. L’un réunifié par la force de
la volonté, l’autre pulvérisée par la
force de la désunion et de la servilité.
5 – Le remake du duo franco-américain de
1982
Depuis la chute du Chah d’Iran en 1979,
six armadas occidentales ont été
dépêchées face aux pays de la zone (face
à Beyrouth, en 1982, dans le Golfe lors
de la guerre des pétroliers entre l’Irak
et l’Iran, Face à l’Irak, en 1990, de
nouveau face à l’Irak, en 2003, face à
l’Iran en 2007, puis de nouveau face aux
cotés libanaises et syriennes en 2013).
Cobelligérant de l’Irak contre l’Iran,
la France et les Etats Unis en avaient
lourdement pâti en termes de
représailles terrestres avec le double
attentat du Drakkar (PC français) et du
Quartier Général des Marines, faisant
près de 400 morts, ainsi que
l’assassinat de l’ambassadeur de France
au Liban, Louis Delamare, et deux autres
attentats contre l’ambassade américaine
à Beyrouth, décapitant l’Etat-Major de
la CIA au Moyen-Orient.
Chef de file de la nouvelle coalition en
gestation, les Etats Unis et sa roue
dentée française, en un remake du duo
franco-américain de 1982, paraissent
avoir tirés les enseignements de la
précédente expérience, en préconisant
contre la Syrie non pas un châtiment
céleste, mais une punition aérien,
s’imaginant pouvoir, par ce subterfuge,
s’épargner des représailles terrestres.
Un châtiment qui engloberait
rétrospectivement le passif de 1982.
Delamare, Drakkar and Co. Une vengeance
en somme.
En 1982, lors du siège de Beyrouth,
Saoud Al Faysal, l’inamovible chef de la
diplomatie saoudienne, se réjouissait
que les Israéliens, en faisant le siège
de Beyrouth, débarrassent de ses
«voyous» la capitale rebelle libanaise,
et Alexander Haig, secrétaire d’Etat de
Ronald Reagan, se félicitait que le port
de Beyrouth demeure «sous contrôle de à
l’Occident». Si le camp contestataire à
l’hégémonie israélo américaine, la Chine
et la Russie ont perdu deux de leurs
ravitailleurs pétroliers à la faveur du
«printemps arabe», La Libye et le
Soudan, l’Occident, lui, a perdu le
monopole de la navigation dans la
Méditerranée avec l’installation d‘une
base russe à Tartous et la présence de
la balistique du Hezbollah, l’ombre
portée de l’Iran, sur les rives
libanaises de la Méditerranée, plaçant
les bâtiments de la flotte atlantiste à
portée de leurs missiles.
Trente ans après, le beau-frère de Saoud
al Faysal, le ténébreux Bandar, se lance
à la chasse des renégats de l’Islam,
dans une bataille décisive contre celui
qu’il désigne comme son principal
ennemi, non pas Israël, mais la Syrie et
son allié indéfectible, le Hezbollah, un
mouvement libanais, chiite certes, mais
tout autant un mouvement musulman et
arabe.
Alors que le pape François prie et jeûne
pour la paix en Syrie, le prédicateur
atlantiste, le millionnaire egypto-qatariote,
Youssef Al Qaradawi, le prédicateur
atlantiste implore les Américains de
bombarder la Syrie, signe indiscutable
d’un dérèglement moral.
Le vœu secret des Occidentaux est qu’une
des «bombes intelligentes» de l’armada
atlantiste ne projette dans l’au-delà un
homme qui leur a tenu la dragée haute
depuis deux ans, mis un terme à
l’unilatéralisme américain en vigueur
sur la scène internationale depuis deux
décennies avec le double véto
russo-chinois au Conseil de sécurité,
infligeant un magistral camouflet à
l’ensemble de la diplomatie occidentale,
et révélé, enfin, par défaut, les
turpitudes de l’opposition qui se
propose de prendre sa relève.. Du
cannibalisme, à la prédation des pubères
syriennes, au djihadisme erratique, au
démantèlement du site chrétien de
Maaloula, une cité antique de la
banlieue de damas, parlant araméen, la
langue du Christ.
De par sa subite programmation, le
ciblage de la Syrie apparait d’ailleurs
rétrospectivement comme un dérivatif à
la déconfiture de la diplomatie
occidentale en Egypte, en ce qu’il offre
la possibilité d’éviter un affrontement
avec l’Arabie saoudite, principal
souteneur du putsch militaire égyptien,
en promouvant une convergence saoudo
occidentale sur leur ennemi commun, la
Syrie, déjà abondamment diabolisée par
les médias occidentaux.
Dans ce combat au flou contour, aux
gesticulations tonitruantes, aux
résultats aléatoires, un double constat
s’impose:
-Sous peine d’implosion, sous peine
d’anéantissement de l’axe de la
contestation à la Pax
israélo-américaine, le Hezbollah ne
saurait souffrir la moindre défaite.
Sous peine de marginalisation du cercle
dirigeant saoudien, sous peine de
discrédit définitif de sa personne et de
son Royaume, Bandar, lui, ne saurait
souffrir un nouveau revers.
L’histoire retiendra de cette séquence
un Hezbollah, promu au rang de phénomène
politico-militaire majeur de l’histoire
arabe contemporaine, avec, en
contrechamps, une Arabie saoudite, le
principal ravitailleur énergétique de
l’économie occidentale, le principal
exportateur du djihadisme erratique et
ses excroissances métastasiques (Al
Qaida, Jobhat An Nosra), la plus
formidable machine autodestructrice des
Arabes, sans la moindre concession sur
la Palestine.
Références
1-TSL Hariri: Dans
une allocution télévisée dimanche 3
juillet 2011, Cheikh Hassan Nasrallah a
fait diffuser une séquence vidéo
montrant un des enquêteurs
internationaux, l’Allemand Gerhard
Lehman, vice-président de la commission
d’enquête monnayant ses informations, en
train d’empocher une somme d’argent.
Daniel Bellemare, de son côté, a
personnellement œuvré à la levée de la
Note rouge placée sur Mohammad Zouheir
Siddiq auprès d’Interpol, annulant ainsi
les poursuites engagées contre lui en sa
qualité de «faux témoin» du procès.
Ancien garde de corps d’un opposant
notoire au régime de Damas, le général
Rifa’at Al Assad, propre oncle paternel
du président Bachar al Assad, Siddiq
résiderait au Caire sus la protection
des services égyptiens. Les notes
Wikileaks ont révélé des rencontres
périodiques entre les enquêteurs
internationaux et l’ambassade américaine
à Beyrouth visant à obtenir des
instructions sur le cheminement de
l’enquête.
Un panel d’enquêteurs en rapport avec la
CIA
-Robert Baer, conseiller du procureur,
spécialiste des affaires islamiques,
ancien officier de la CIA, avait été
envoyé au Liban pour traquer Imad
Moughnieh, le responsable de la branche
militaire du Hezbollah. Dans une
interview à la chaine de télévision
d’Abou Dhabi, Bauer a avoué avoir
consacré quinze ans de sa mission auprès
de la CIA travaillé pour le kidnapper.
En 1985, il avait participé à la
tentative d’assassinat de Sayed Hussein
Fadlallah, un attentat qui a tué et
blessé plus de 300 personnes.
-Nick Caldas, australien d’origine
égyptienne, ancien responsable des
investigations au sein de la commission
d’enquête internationale. Lié à la CIA,
il avait été auparavant dépêché en Irak
pour créer un service de renseignements
irakien sous l’autorité de
l’administration américaine du pays.
-Michael Taylor, britannique,
responsable des investigations au TSL,
un ancien chef des Services de
renseignements britanniques, il est
spécialisé dans la lutte contre le
«terrorisme islamique».
-Darrel Mendez, américain, responsable
des poursuites au bureau du procureur,
«ancien des Marines et lié à la CIA et
au FBI».
-Doreid Bcherraoui, libano-français,
conseiller juridique du procureur, a été
le premier à lancer, via les médias, des
accusations contre la Syrie et les
services libanais. Hostile au Hezbollah,
il passe pour être responsable de
plusieurs décisions du Bureau du
procureur dans l’affaire des faux
témoins.
Le chantage a ainsi occulté le débat sur
le passif de l’ère Hariri, qui
hypothèque, lui, l’avenir du Liban, à
savoir:
Une dette publique de cinquante
milliards de dollars
Une évaporation de recettes du ministère
des finances de l’ordre de quinze
milliards de dollars, sous le
gouvernement du tandem Hariri-Siniora.
Trente millions de m2 de superficie du
territoire libanais vendus à des
inconnus, vraisemblablement à des
investisseurs originaires des
pétromonarchies du Golfe, en infraction
avec la législation du pays.
Près de deux cent mille naturalisés
sunnites entrainant un bouleversement de
l’équilibre démographique du pays dont
le système politique repose sur une
répartition confessionnelle du pouvoir.
Tous droits réservés © René Naba • 2013
Reçu de l'auteur pour publication
Le sommaire de René Naba
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|