Opinion
Retour sur le
parcours atypique de Georges Ibrahim
Abdallah
René Naba
René Naba
Dimanche 7 octobre
2012
La procédure
judiciaire concernant la 8e demande de
libération de Georges Ibrahim Abdallah
suit son cours.
Le tribunal
d’application des peines tiendra
audience à Lannemezan le 23 octobre à
14h30 en présence de Georges Ibrahim
Abdallah et de son avocat afin de
statuer sur sa demande de libération
déposée le 24 janvier 2012.
Nullement l’effet du hasard, la date de
comparution du militant libanais pro
palestinien coïncide avec la date
anniversaire de son arrestation en 1984.
Elle marquera l’entrée de Georges dans
sa 29e année de détention.
Pour mémoire, dans la foulée de son
séjour passage au Centre national
d’évaluation de Fresnes, Georges
Abdallah a subi des entretiens sensés
évaluer la dangerosité de son engagement
politique. La commission
pluridisciplinaire avait émis un avis
négatif à sa demande de libération.
Selon un arrêté du
3 novembre 2008 (loi sur la rétention de
sûreté), dans le cadre de la libération
conditionnelle des condamnés à
perpétuité, un avis consultatif de la
commission pluridisciplinaire est
obligatoire. Les juridictions ne pouvant
accorder une libération conditionnelle
sans l’avoir préalablement recueilli.
Georges Ibrahim
Abdallah: L’honneur des Arabes, le
remord des militants, le parfait
contre-exemple des opposants arabes
modernes.
Georges Ibrahim
Abdallah, militant pro palestinien
d’origine libanaise, emprisonné en
France depuis 28 ans, est l’objet d’un
invraisemblable déni de droit de la part
de la France, dans l’indifférence
générale de l’opinion arabe et
internationale, particulièrement
libanaise.
Incarcéré depuis
1984, Georges Ibrahim Abdallah a battu
le record détenu jusque-là par Nelson
Mandela (24 ans), le chef du combat
nationaliste sud-africain, et revendique
désormais le titre de «Doyen des
prisonniers politiques dans le Monde »
L’homme, il est vrai, est atypique en ce
que son parcours transcende les
traditionnels clivages ethnico religieux
qui constituent les habituelles grilles
de lecture du conflit
israélo-palestinien.
Militant communiste
issue d’une famille chrétienne du
Nord-Liban, ancien élève des
congrégations religieuses chrétiennes
françaises au Liban, Georges Ibrahim
Abdallah a été condamné à la peine
maximale prévue par la loi, pour
l’exécution d’un responsable du Mossad
israélien et celle d’un attaché
militaire américain à Paris en 1982.
Au-delà du
bien-fondé de sa condamnation sur la
base de preuves sujettes à caution,
l’homme a purgé sa peine. Libérable
depuis 10 ans, il a été maintenu en
détention sur ordre direct des
États-Unis, aiguillonnées en sous-main
par Israël. Pour l’exemple, au prétexte
qu’un «crime de sang» a été commis à
l’encontre de personnes représentants
des autorités publiques.
Le standard israélien
et le précédent Samir Kintar.
Un crime de sang de
nature « terroriste » est
imprescriptible en Israël de même que la
peine y afférente.
Par crime de sang s’entend tout acte
commis par un étranger (goy) ayant
abouti au meurtre et à l’assassinat d’un
israélien, qui se définit d’ailleurs par
acte de terrorisme. Les règlements de
compte au sein de la mafia juive
américaine ou au sein de la mafia
israélienne ne figurent pas dans cette
catégorie de même que les crimes
passionnels.
Israël s’est
exonéré des massacres de Sabra Chatila,
en septembre 1982, à Beyrouth, faisant
valoir, selon le premier ministre de
l’époque, Menahem Begin que « Des goyins
ont tué d’autres goyins en quoi Israël
est responsable? »
Sans la moindre
faveur Georges Ibrahim Abdallah, il
serait judicieux, pour ce qui est de
crimes concernant des ressortissants
israéliens, d’appliquer de la
jurisprudence israélienne à son cas,
dans une sorte de démonstration par
l’absurde.
Samir Kintar, le
militant libanais pro palestinien, a
commis un attentat en Israël même
provoquant une dizaine de victimes dont
plusieurs morts. Son crime est
théoriquement imprescriptible et sa
peine aussi.
Pourtant Kintar,
Doyen des prisonniers politiques arabes
en Israël, a été libéré après 24 ans de
captivité au terme d’un échange,
matérialisé par la restitution de
dépouilles de soldats israéliens contre
sa libération et celle de plusieurs
dizaines de prisonniers libanais,
palestiniens et arabes.
Devant une telle
disparité de traitement, la question qui
se pose est de savoir «pourquoi ce qui
est bon pour Israël n’est pas bon pour
la France», un pays pourtant souverain?
Ou, alors, faudrait-il tuer deux soldats
israéliens pour obtenir la libération de
Georges Ibrahim Abdallah, en échange de
leurs dépouilles?
Au-delà du débat
sur la matérialité de ce crime, en dépit
de l’inégalité des rapports de force, en
raison précisément de cette inégalité
des rapports des forces exigeons la
déportation de cette affaire et saisine
de la Cour européenne des droits de
l’Homme.
Une condamnation de
la France par les instances européennes
serait une victoire éclatante de grande
portée stratégique et psychologique en
ce qu’elle aura sanctionné un déni de
droit d’un pays se réclamant abusivement
comme étant le «Pays des Droits de
l’Homme.»… qui se serait rendu coupable
d’abus de droit
Que la France respecte ses lois,
l’expression de la volonté générale
représentée par l’Assemblée nationale,
artisan du Code Pénal.
Une peine a été
accomplie dans sa totalité. Elle
implique la libération du détenu. Une
libération qui n’est pas une faveur,
mais par application du principe de la
légalité des délits et des peines.
La peine, accomplie
de manière exemplaire, c’est-à-dire en
conformité avec les règles de bonne
conduite, ouvrait droit à une libération
anticipée. Cela n’a pas été le cas. Mais
cela ne doit pas se compenser pour
autant par une détention sinon illégale,
à tout le moins arbitraire.
L’application d’un
droit ne constitue pas une faveur, mais
une obligation morale. Le Droit
applicable en France par la France pour
l’honneur de la France.
Georges Ibrahim Abdallah est le parfait
contre-exemple des opposants modernes
arabes qui se déploient off-shore
téléguidés depuis les chancelleries des
anciennes puissances coloniales, en
costume cravate et des golden-cartes de
crédit alimentées par les pétrodollars
monarchiques.
Son incarcération prolongée signe une
forme de forfaiture, le propulsant par
contrecoup, au rang du symbole du
militantisme intégral.
Georges Ibrahim
Abdallah, doyen des prisonniers
politiques arabes en France, est
l’honneur des Arabes, la conscience des
révolutionnaires, le remord vivant des
militants de tous bords.
Que les hommes épris de paix et de
justice dans le Monde nous rejoignent
dans ce combat pour le respect de la
parole de la France tant il importe que
la France respecte sa parole …pour que
le monde puisse continuer à respecter la
parole de la France.
Georges Ibrahim Abdallah est citoyen
d’honneur de Calonne-Ricouart et de
Grenay.
Né le 2 avril 1951
à Al Qoubaiyat (Nord-Liban), militant
communiste pro palestinien a été blessé
lors de la première invasion israélienne
du Sud Liban en 1978. Il passe pour
avoir été le chef des FATL (Fractions
armées révolutionnaires libanaises) dont
il aurait dirigé depuis Lyon les
opérations en France sous les
pseudonymes Salih al-Masri et Abdu-Qad.
En 1982, les FARL revendiquent
l’assassinat de Charles R.Ray, attaché
militaire américain à Paris, le 18
janvier 1982, ainsi que Yacov
Barsimentov, diplomate israélien (le 3
avril 1982, et blessent gravement Robert
Onan Homme, consul américain à
Strasbourg.
Arrêté à Lyon le 24 octobre 1984, il a
été condamné le 10 juillet 1986 à
perpétuité par la Cour d’assises
spéciale, sous les pressions conjuguées
des États-Unis et d’Israël pour
complicité d’assassinat le 28 février
1987.
Georges Ibrahim
Abdallah a pour avocat Me Jacques
Vergès.
En mars 2002, sa
demande de libération est rejetée.
En novembre 2003,
la juridiction de la libération
conditionnelle de Pau a ordonné sa
remise en liberté à condition qu’il
quitte définitivement le territoire pour
le 15 décembre. Dominique Perben, alors
ministre de la Justice, fait appel de la
décision, si bien que le 15 janvier
2004, Georges Ibrahim Abdallah voit sa
libération rejetée.
Il est toujours incarcéré en 2012, après
28 années de détention et plusieurs
demandes de libération. Le 19 mai 2012,
André Delcourt, maire communiste de
Calonne-Ricouart, nomme Georges Ibrahim
Abdallah citoyen d’honneur de la ville
de Calonne Ricouart.
Un mois plus tard, le 19 juin 2012,
Christian Champiré, maire communiste de
Grenay, et les membres du conseil
municipal ont nommé Georges Ibrahim
Abdallah citoyen d’honneur de la ville
© René Naba
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