Algérie
Aux temps bénis du
nationalisme arabe
René
Naba
René Naba
Jeudi 5 juillet
2012
Ce papier est
co publié avec
www.differences-larevue.org, blog de
militants du MRAP et la revue «Les
Zindignés N°3 Juillet Eté 2012 à
l’occasion du 50 me anniversaire de
l’Indépendance de l’Algérie, en hommage
à ce pays, proclamé le 5 juillet 1962 au
terme de huit ans de guerre mettant fin
à 132 ans de présence française.
Paris – Il arrive que l’on aime les
Algériens, mais certainement pas pour
leur caractère. Plus sûrement pour leur
douloureuse et glorieuse histoire, leur
colonisation intensive et leur guerre de
Libération Nationale, l’une des rares
victorieuses avec celle menées par le
mouvement nassérien du FLOSY du Sud
Yémen de Abdel Kawi Makkawi contre le
protectorat britannique d’Aden.
C’était l’époque heureuse où un chrétien
palestinien Georges Habbache faisait le
coup de feu avec un musulman yéménite
contre leur ennemi commun, le
colonialisme occidental.
L’époque heureuse où Nasser l’égyptien
était la cible d’une expédition punitive
de la part des puissances coloniales de
l’époque, la France et le Grande
Bretagne, avec le soutien de leur
créature, Israël, pour avoir porté aide
à ses frères d’armes algériens en lutte
pour leur indépendance.
L’époque heureuse où un archevêque de
Jérusalem, Mgr Hilarion Capucci, faisait
l’objet d’une mesure de bannissement
pour son soutien aux Palestiniens, un
poète chrétien palestinien, Kamal
Nasser, porte-parole de l’OLP, -oui, un
chrétien porte-parole de la centrale
palestinienne- devenir la cible
dissuasive à l’engagement des chrétiens
arabes dans la résistance palestinienne,
lors d’un raid israélien en plein cœur
de Beyrouth, le 13 avril 1975 et vengé à
son tour par un druze libanais. En
symbole du dépassement du clivage
ethnico-religieux, portant le combat au
cœur de la Palestine, Samir Kantar
glanera au passage le glorieux titre de
«doyen des prisonniers politiques
arabes», dont il sera déchargé au profit
d’un palestinien lors de sa libération
par le Hezbollah chiite.
Les choses étaient claires: bloc contre
bloc, frontalement. Nasser, Habbache,
Ben Bella et Boumediene, des dirigeants
ascétiques, au nationalisme fier et
ombrageux, pleins de tenue et de
retenue, imposant le respect à leurs
adversaires, sans jamais défrayé de
leurs frasques la chronique de la presse
à scandales.
Nasser en soutien à la révolution
algérienne et Boumediene en bailleur de
fonds de son successeur Sadate pour la
percée du Canal de Suez et de la
destruction de la ligne Bar Lev.
Heureuse époque et glorieuse où
Boumediene surprenant le Kremlin au saut
du lit, en octobre 1973, pour des
emplettes à destination du champ de
bataille, déboursera cash 200 millions
de dollars pour des missiles balistiques
aux fronts du Sinaï (Egypte) et du Golan
(Syrie), en complément du bataillon
algérien dépêché sur le front de Suez
pour colmater la brèche du déversoir, en
superposition au ravitaillement
énergétique des corps de bataille
arabes. Des emplettes en toute
discrétion, sans la moindre ostentation,
pour une contribution globale de l’ordre
d’un milliard de dollars de l’époque.
Heureuse époque où l’appartenance
religieuse ne surdéterminait pas les
options politiques.
Les temps ont changé. A leur place
trônent désormais des obèses autocrates
générés par les lubrifiantes
pétromonarchies, protégés par des
mercenaires recrutés au sein du vivier
des soldats perdus de l’Occident, les
mercenaires de Blackwater et d’Executive
Outcome, de Vinnel et de Strafor; des
gisements de pétrole protégés par des
Israéliens à Abou Dhabi et en Arabie
saoudite (1), sur fond d’attentats du
mouvement wahhabiste «Al Qaïda» contre
les chrétiens d’Irak et d’Egypte, au
rythme soutenu des fatwas: Fatwa pour la
destruction des églises de la péninsule
arabique, Fatwa pour l’assassinat du
président syrien Bachar Al-Assad,
prioritairement à un israélien (Ayed al
Karni), Fatwa pour l’allaitement de
l’adulte, Fatwa, enfin, pour la
correction de la femme désobéissante
(2).
Les temps ont changé. Le Mouvement
Nationaliste Arabe, vivier d’une cohorte
d’intellectuels arabes de talent agrégés
à leur chef charismatique Georges
Habbache en un mouvement transnational
laïc et progressiste qui avait tenu en
haleine la scène arabe pendant deux
décennies, a cédé la place au rigorisme
de la mouvance wahhabiste dans toutes
ses déclinaisons rigoristes voire
obscurantistes, talibane, djihadistes
d’Al Qaïda, Salafistes, Takfiristes.
Avec en support, des prédicateurs
millionnaires, l’égypto-qatariote
Youssef Qaradawi et le saoudien Ayed Al
Karni, les cautions jurisprudentielles
des équipées atlantistes en terre arabe,
particulièrement contre les régimes
séculiers. Et pour cible prioritaire,
non la Palestine, mais les Bouddhas de
Babyane, l’Union soviétique en
Afghanistan, le principal fournisseur
d’armes des pays du champ de bataille,
des tours civiles à New York, l’Irak,
contre les Chiites et les Chrétiens, la
Syrie, contre les civils à Alep et
Damas, voire même Toulouse et Montauban,
en pleine campagne présidentielle
française, exacerbant l’islamophobie
latente d’une large fraction de
l’opinion française.
En contrechamp, le Hezbollah libanais,
objet désormais d’un désamour de la part
du président démocrato-nahdawiste de
Tunisie, Moncef Marzouki, se fixe comme
point de mire, le doigt sur la gâchette,
Israël, uniquement Israël, exclusivement
Israël… et stigmatiser à ce titre.
Signe de la modernité arabe, c’est à
dire de l’aliénation mentale des Arabes,
les pétro-monarques et les Occidentaux
se liguent, de nos jours, contre un des
principaux pays du champ de bataille, la
Syrie, au nom de la modernité et de la
démocratie en une drôle d’alliance de
régimes rétrogrades arabes avec le
protecteur d’Israël. De grands pays
arabes sunnites et Israël se liguent
pour imposer le blocus de Gaza, le
dernier ersatz de la Palestine
combattante…..au nom de « l’Islam des
lumières »….un Islam des lumières forgé
par des obscurantistes pour la promotion
de leurs intérêts de survie dynastique.
Quelle était pourtant belle cette
prodigieuse décennie de diplomatie
multilatérale initiée par le tandem
Boumediene-Bouteflika (1970-1980),
marquée par le débarquement de Yasser
Arafat à l’ONU (1974), la propulsion du
nouvel ordre mondial de l’information,
l’accord frontalier irako iranien
(1975), le dénouement de la prise
d’otages de l’OPEP menée par Carlos
(1976), et la libération des otages de
l’ambassade américaine de Téhéran
(1079-1980). L’Algérie en paiera le prix
fort par l’implosion aérienne de son
brillant ministre des affaires
étrangères de l’époque, Mohamad Seddik
Ben Yahya (1982), le troisième d’un tel
calibre après Mohamad Khemisti (1963) et
Abdel Aziz Bouteflika.
Belle, mobilisatrice et créatrice, dans
les deux versants du monde arabe, à
Alger et Beyrouth, les deux plateformes
opérationnelles des mouvements de
libération du Tiers monde, dans la
décennie 1960-1970, où dans une subtile
répartition des rôles, la capitale
libanaise abritait, autour de l’OLP, les
révolutionnaires de la péninsule
arabique et de la Corne de l’Afrique
(Arméniens de l’ASALA, Kurdes du PKK,
Omanais du Front de libération du
Dhofar, en sus des Somaliens, des
Erythréens et des Yéménites)?
Et l’algérienne, autour des Blacks
Panthers, la kyrielle des mouvements du
continent africain du Frelimo du
Mozambique, à l’UNPLA de l’Angola, à la
ZAPU du Zimbabwe, à l’ANC (African
National Congress) d’Afrique du sud
enfin.
I-En ces temps-là, le nationalisme arabe
faisait sens.
L’Arabe et le Palestinien captaient le
regard du monde et comptaient parmi
leurs compagnons de route de
prestigieuses personnalités, tel Frantz
Fanon, le lumineux auteur des «Damnés de
la terre» et pour compagnon de lutte
d’authentiques patriotes, Ho Chi Minh
(Vietnam), Chou En Lai (Chine), Nehru
(Inde), Soekarno (Indonésie), tandis que
la keffieh, la coiffe traditionnelle
palestinienne, était, parallèlement,
propulsée au rang de symbole universel
de la révolution, déclinée dans toutes
les couleurs pour devenir le point de
ralliement de toutes les grandes
manifestations de protestation à travers
le monde de l’époque contemporaine.
Le patriotisme était la règle, non la
bigoterie. La cohérence idéologique, non
le djihadisme erratique.
L’Algérien Ali La Pointe se fera ainsi
dynamiter sur sa terre natale plutôt que
de se livrer aux bourreaux de son
peuple, alors que l’islamiste explosif
Abou Qtada al Filistini, emprisonné à
Londres chez son «mécréant» ancien
colonisateur, freine des quatre fers son
bannissement vers la Jordanie, un pays
pourtant dirigé par un Roi se réclamant
de la descendance du prophète en sa
qualité de chef de la dynastie
hachémite;
Le Palestinien Yasser Arafat soutenir
trois sièges (Amman, Beyrouth, Ramallah)
plutôt que d’abdiquer le droit
inaliénable de son peuple sur la
Palestine, alors que la plus jeune veuve
d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al
Qaida, quête l’asile au Royaume-Uni dans
une démarche qui signe le retour
manifeste du refoulé. Une requête qui
porte absolution rétrospective de
l’artisan de la «déclaration Balfour» de
toutes ses turpitudes envers le Monde
arabe et dévoile dans le même temps la
connivence stratégique souterraine de la
mouvance wahhabite erratique avec le
bloc atlantiste, le prédateur
énergétique du Monde arabe.
Le premier président de l’Algérie
indépendante, Ahmad Ben Bella, unique
porteur de ce titre au Monde, ne jamais
renier ses options de jeunesse, ni
comploter contre son propre pays dont il
aura été pourtant captif pendant une
décennie, alors que le syrien Abdel
Halim Khaddam, prédateur de l’économie
libanaise pendant trente ans en sa
qualité de vice-président de la
République syrienne, rallier, sans
vergogne, le camp de ses adversaires
idéologiques, sous l’effet des
pétrodollars.
Majestueux Ben Bella, blessé à Monte
Cassino, la plus grande victoire
française de la 2me Guerre Mondiale du
fait du sacrifice de 4000 algériens tués
au combat sur les 6.200 du contingent
français, dont à l’instar du sénégalais
Léopold Sedar Senghor, aucun français de
premier plan n’aura assisté à ses
funérailles, illustration symbolique du
traumatisme que le combat algérien a
infligé à la France et de l’ingratitude
des Français à l’égard de la
contribution des «basanés» à la
libération de la France.
Un palestinien, par sectarisme
confessionnel, pister pour le compte de
ses employeurs jordaniens et israéliens,
Imad Moughniyeh, le maître d’œuvre des
opérations militaires du Hezbollah
Chiite au Moyen Orient, prélude à son
assassinat.
Le Hezbollah chiite libanais fournir un
soutien logistique à son frère d’armes
palestinien le mouvement sunnite Hamas,
en substitution des grands pays arabes
sunnites à la manoeuvre dans la mise en
œuvre du blocus de Gaza sur fond de
bradage par l’Egypte de son pétrole à
Israël.
Le patriarche des coptes d’Egypte,
enfin, Shenouda IV, se porter volontaire
sur le front du Sinaï, en 1967, pour la
défense de sa patrie en soldat de 2me
classe et s’opposer par la suite à
Sadate à sa normalisation avec Israël,
en interdisant à ses ouailles le
pèlerinage de Jérusalem à l‘ombre des
baïonnettes israéliennes, alors que le
Mufti d’Al Azhar, avec l’aval du
ministère israélien de la défense,
cautionne par sa visite à la Mosquée Al-Aqsa,
l’occupation des Lieux saints et de la
totalité de la Palestine.
Si, en Europe, le nationalisme a pu
s’identifier, par moments, au
chauvinisme, il n’en est pas de même
dans le Monde arabe. Antidote à la
balkanisation, le nationalisme arabe (al
kawmiya al arabiya, qui pourrait se
traduire par le patriotisme pan arabe) a
marqué- et marque toujours- le
dépassement des clivages
ethnico-religieux et leur mobilisation
contre les adversaires communs du Monde
arabe.
Il explique, rétrospectivement,
l’engagement des premiers baasistes
syriens aux côtés des maquisards
algériens, particulièrement Noureddine
Atassi, futur président de la République
syrienne, Youssef Zouayen, futur premier
ministre et Ibrahim Makhos, futur
ministre des Affaires étrangères. Un
combat scellé par solidarité contre un
commun adversaire, la France,
colonisatrice de l’Algérie et dépeceuse
de la Syrie, par détachement du district
syrien d‘Alexandrette et son
rattachement à la Turquie.
A son actif, il peut légitimement
revendiquer la première nationalisation
réussie du Tiers monde, le Canal de
Suez, la mise en échec de l’agression
tripartite contre Nasser, en novembre
1956, l’indépendance du Yémen,
l’abolition de la monarchie en Irak et
au Yémen du nord, la vague de
nationalisation des installations
pétrolières en Algérie, en Irak, en
Libye, la propulsion enfin de la
revendication nationale palestinienne
dans les forums internationaux.
II- L’Arabie saoudite: Le plus important
générateur de djihadistes erratiques -
Al Qaïda, la plus formidable machine
autodestructrice des Arabes
L’Islam politique, c’est à dire
l’instrumentalisation de la religion
musulmane à des fins politiques,
particulièrement sa branche sunnite, a
noyé le combat national dans des
conflits sectaires, le détournant de son
principal champ de bataille: la
Palestine….le portant en Afghanistan à
des milliers de km du champ de la
confrontation, voire même au Nicaragua
sandiniste, au-delà des océans et, dans
le cadre du «safari club» en Afrique,
pour la défense de dictateurs véreux du
calibre de Mobutu.
Si l’Islam politique a assuré la survie
des dynasties décriées, notamment
l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Jordanie,
le Maroc, le Qatar, il a aliéné une
large part des amitiés internationales
des pays arabes: La Russie avec la
guerre d’Afghanistan, l’Inde avec la
destruction des Bouddhas de Bamyan en
Afghanistan et l’Iran, avec la
participation pétro-monarchique au
confinement géostratégique de la
République islamique iranienne.
Plus grave, l’Islam pétrolier et
atlantiste a assuré la pérennité
d’Israël par la constitution d’une
ceinture d’Etats vassaux à l’Etat hébreu
doublée d’un chapelet de bases
militaires dans les monarchies arabes,
dotées désormais d’une majorité de
blocage au sein de la Ligue arabe.
Le dévoiement de la religion a accentué
la subordination arabe à l’ordre
israélo-américain, sans la moindre
contrepartie sur la Palestine, quand
bien même l’Arabie saoudite, le meilleur
allié arabe des Etats-Unis, aura été
l’artisan deux plans de paix, et, en sa
qualité gardiens des Lieux Saints de
l’Islam, y compris la Mosquée Al Aqsa,
n’aura pu freiner ni la judaïsation
rampante de Jérusalem, ni la phagocytose
de la Palestine.
Aux temps bénis du nationalisme arabe,
un dirigeant arabe pouvait être pieux et
patriote et respectés dans le Monde.
Pieux sans ostentation, dans la
sobriété.
Une femme se livrer à des actions
d’exploit sans s’enfermer dans de
contraintes vestimentaires, sans pour
autant perdre ni sa dignité de femme, ni
sa qualité de citoyenne, telles
l’algérienne Djamila Bouhired et les
palestiniennes Leila Khaled et Dalal
Moghrabi.
Assumer sa cause, sans accompagnateur.
Détourner un avion, sans permission de
sortie, mues par le sens du devoir et
non par une quelconque Fatwa, avec pour
Dress Code, la tenue de combat, et, pour
tenue de camouflage, non la
dissimulation par la Burqa, mais la
Keffieh fièrement arborée en guise de
profession de foi.
Pendant dix ans, (1980-1990), la période
correspondant à l’immobilisation de la
Révolution chiite en Iran par la guerre
irako-iranienne déclenchée par Saddam
Hussein contre le régime khomeyniste et
à la fixation de l’URSS en Afghanistan
par la guerre des djihadistes du tandem
pro américain Taliban+Al Qaïda,
l’Algérie s’est laissée happer par une
tourmente infernale, le tribut payé à
son rôle moteur dans la revendication
d’un nouvel ordre international, avant
de plonger dans une phase de
cicatrisation décennale.
La convalescence a un temps….différent
du temps de la somnolence de la «
Princesse au Bois Dormant », un rôle qui
ne sied guère d’ailleurs à l’Algérie.
Désinformation et désorientation ont
depuis lors affligé le Monde arabe post
nationaliste. La désorientation mentale
du Monde arabe a d’ailleurs atteint un
degré tel que l’on voit la Libye
nouvelle libérée par les parrains de
l’opposition syrienne destituer une
statue de Nasser, pourtant artisan la
première nationalisation victorieuse du
tiers monde; les Fatwas se succéder pour
limiter la libido de la femme, révélant,
en contrechamps, la pathétique
concupiscence de l’homme.
Le Maroc contraindre une post
adolescente violée à épouser son
violeur, en guise de prime au bourreau
dans une tragique métaphore du fait
colonial; le Maroc, mutique sur la
Mosquée Al-Aqsa, dont pourtant le
commandeur des croyants en a la charge,
en sa qualité de président du Comité Al
Qqsa, gratifiant, au contraire, de son
forfait, l’ordonnatrice de la
destruction de Gaza, Tzipi Livni, d’un
«collier de la reine».
L’Arabie saoudite, prôner par la voix
d’un de ses plus prestigieux dignitaires
religieux le meurtre d’un dirigeant
arabe prioritairement au meurtre d’un
israélien, affichant, en toute impunité,
une curieuse conception et de la
religion et de la dignité de sa
fonction.
L’Arabie saoudite, le plus gros
générateur de djihadistes erratiques, le
principal bailleur de fonds de
l’intégrisme et le centre mondial de la
régression, focaliser sa haine -toute sa
haine- contre l’Iran, menaçant de se
doter de l’arme atomique en une semaine
si ce pays musulman accédait au rang de
«puissance du seuil», ignorant la
formidable menace de l’arsenal nucléaire
israélien qui hypothèque la sécurité
nationale de l’ensemble de la sphère
arabo musulmane.
L’Arabie saoudite, toujours et encore,
récidiviste impénitente, prônée par la
voix du Mufti du Royaume, la destruction
des églises et lieux de culte chrétien
dans la péninsule arabique, plutôt que
d‘appeler à la libération de la Mosquée
Al-Aqsa de Jérusalem de même que le
Golfe pétro monarchique de la lourde
tutelle occidentale, matérialisée par
dix bases militaires de l’Otan, la plus
forte concentration militaire américain
hors du territoire national.
La Tunisie, sous la houlette du parti
néo-qatariote d’An-Nahda s’empresser de
réclamer l’instauration du mariage de
confort (Zawaj al Mith’a) et abriter une
manifestation à la gloire d’Oussama Ben
Laden, le fondateur du mouvement
«Al-Qaïda», la plus formidable machine
autodestructrice des Arabes en Irak, en
Syrie, au Nord Liban, sans jamais tirer
le moindre pétard mouillé contre
l’ennemi officiel du Monde arabe,
Israël.
Le Qatar, enfin, commandant en chef
d’opérette d’une guerre mercenaire de
déstabilisation du Monde arabe pour le
compte des ses protecteurs américains,
assumer avec bonheur sa fonction de
souverain servile, dont le ralliement de
Abdel Rahman Qaradawi le propre fils de
leur prédicateur attitré Youssef
Qaradawi, à la branche rivale de l’Islam
sunnite, le chiisme, retentira comme le
plus magistral camouflet à la logomachie
paternelle et un désaveu à sa caution
religieuse à toutes les équipées
atlantistes dans le Monde arabe au
bénéfice de ses bailleurs de fonds
qatariotes.
III- Pour une coopération stratégique
avec le BRICS et le groupe de Shanghai
Le détournement mental est tel qu’il
importe de revenir sans retard aux
fondamentaux du combat politique.
Le Monde arabe n’a pas la même
conception de sa sécurité que les
Etats-Unis. Il n’a pas non plus vocation
à être à la remorque éternelle des
Etats-Unis, pas plus qu’il ne doit se
vivre en état de prosternation
continuelle devant la doxa officielle
occidentale, ni en état de soumission
permanente à l’ordre israélien, tant il
s’avère insultant pour l’intelligence
arabe de mener perpétuellement une
guerre de substitution pour le compte
d’autrui.
Le plus grand défi qui se pose au Monde
arabe est de conjuguer Islam,
progressisme et modernité et non de
provoquer le ralliement d’intellectuels
progressistes à un islamisme régressif.
A ce titre, la libération du monde arabe
passe par la libération de la femme,
tant il parait aberrant de songer à se
libérer par l’asservissement de la
moitié de son univers. Et la Libération
de la Palestine par la démocratisation
de la Syrie et des autres pays arabes,
simultanément à la libération de La
Mecque de la pensée atlantiste et
wahhabite.
Alors que le Monde arabe est la cible
d’une épouvantable offensive visant,
avec la complicité des roitelets du
Golfe, et à leurs frais avancés, à
brader la Palestine par des guerres de
dérivation contre les régimes séculiers
arabes (Irak, Libye Syrie), il importe
de revenir aux fondamentaux du combat
politique.
Un rôle à la mesure de l’Algérie, enfin
sortie de sa léthargie diplomatique,
dont elle devra être à l’avant-garde par
la reconstitution d’une alliance
sud-sud, le développement d’une
coopération pan arabe, sa réconciliation
à l’Eurasie, c’est à dire les pays sans
passifs coloniaux avec les pays arabe,
le groupe de Shanghai et du BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du
Sud) à l’effet d’atteindre une masse
critique et de mettre un terme à la
marginalisation croissante du monde
arabe de la gestion des affaires du
Monde.
Ah les temps bénis du nationalisme
arabe. Pour preuve de sa charge
explosive potentielle: le combat sans
relâche mené par les Occidentaux contre
ses symboles successifs, Nasser, Arafat,
auparavant en Iran Mossadegh. De nouveau
l’Algérie «dans un an», dixit Nicolas
Sarkozy, et l’Iran dans trois.
Râle expiatoire ou sursaut d’espoir? Le
souffle de l’épopée a resurgi,
miraculeusement mais subrepticement, un
quart de siècle plus tard, à Beyrouth,
haut lieu de la contestation arabe, en
2006, lors de la guerre de destruction
israélienne du Liban, où déjouant les
attentes, la hiérarchie militaire
chrétienne libanaise, le président Emile
Lahoud, ancien commandant en chef de
l’armée et son prédécesseur, le général
Michel Aoun, feront bloc – feront corps-
autour du Hezbollah libanais en lui
offrant un sas diplomatique de
protection, dégageant ainsi la voie à la
«divine surprise» de la formation
chiite.
Dans une zone gangrenée par une
religiosité niaise, Hassan Nasrallah,
moine soldat de l’Islam moderne, tribun
religieux au langage châtié, au verbe
riche, où s’entremêlent expressions
religieuses et profanes, aura marqué le
discours politique arabe par une
tonalité ressortissant pleinement de la
thématique nationaliste arabe la plus
exigeante. Une tonalité laïque, qui
tranche avec le rigorisme de façade de
certains de ses détracteurs.
Formé à Nadjaf, la ville sainte du sud
de l’Irak, cité refuge de l’Ayatollah
Ruhollah Khomeiny, chef de la révolution
iranienne, ce dignitaire chiite libanais
et patriote arabe intransigeant aura
réussi la synthèse du chiisme arabe et
iranien, de l’islamisme et du
nationalisme arabe, du visage occidental
du Liban et de son appartenance au monde
arabe.
Bel exemple d’une belle synthèse
magistralement assumée. Belle symbiose
islamo chrétienne pour la défense du
Liban et de la Palestine que cette
réédition de la séquence yéménite
cinquante ans plus tard.
Beau spectacle que celui de la
palestinienne Leila Khaled et de
l’algérienne Djamila Bouhired,
déambulant sur le champ de bataille, à
jet de pierre de la frontière
israélienne, en novembre 2006, sans
fard, ni voile, dans une double
démarche, symbolique de la libération de
la femme, symbolique de la femme au
combat, alors que, parallèlement, leur
consœur chrétienne libanaise, la
chanteuse Julia Boutros, défiait les
Israéliens sur le terrain de leur propre
défaite en magnifiant l’exploit de ses
compatriotes chiites dans un hymne à la
gloire de leur combat solitaire pour la
dignité des Arabes, au sud-Liban même,
la relève de la résistance algérienne et
de la résistance palestinienne.
Sauf à précipiter le Monde arabe dans
une nouvelle phase de décadence sans
doute fatale, les islamistes devraient,
pour restaurer leur crédibilité au seuil
du pouvoir, faire preuve d’innovation
par le dépassement du conflit
idéologique qui divise le Monde arabo
musulman depuis l’époque post coloniale,
en une sorte de synthèse qui passe par
la réconciliation de l’Islam avec le
socialisme, la modernité et la
diversité.
Prendre en outre l’initiative historique
de la réconciliation avec l’Iran, le
chef de file de la branche rivale chiite
de l’Islam à l’effet de purger le
non-dit d’un conflit de quinze siècles
résultant de l’élimination physique des
deux petits-fils du prophète, Al-Hassan
et Al-Hussein, acte sacrilège absolu
fruit du dogmatisme.
Répudier la servilité à l’égard des
Etats-Unis, bannir le dogmatisme
régressif sous couvert de rigueur
exégétique, en un mot agréger l’Islam à
son temps, le temps présent non le temps
antéislamique d’Al Jahiliya, le temps
préhistorique de la mentalité
prélogique, en se constituant en force
d’innovation et non de conservation, une
force de construction et non de
destruction.
Retour donc aux fondamentaux du combat
politique, bloc contre bloc, démocrates
contre usurpateurs, patriotes contre
falsificateurs, ce qui implique,
préalablement, un retour à la loi
cardinale des principes de gouvernement
des premiers temps de l’Islam: Ad dine
Lillah wal Watan lil Jamih…. la religion
relève de Dieu et la Nation appartient à
tous ses citoyens…..lointaine
préfiguration du principe de laïcité,
tant il est vrai qu’un pouvoir se juge à
la manière dont il traite ses minorités.
Une religion propulsée par la bigoterie
et la démagogie est l’âme et le reflet
des sociétés sans âme.
Références
1 – La firme israélienne AGT a édifié
un barrage électronique dans la région
frontalière entre les Emirats Arabes
Unis et le Sultanat d’Oman afin de
prévenir les infiltrations hostiles. Le
barrage est en en fait un «mur
intelligent» qui recèle des caméras
pouvant enregistrer les traits de visage
de ceux qui touchent le mur. Des données
immédiatement transférées dans les
fichciers des services de renseignements
et de la police capables de déclencher
une intervention des forces de
sécurité». Le maître d’œuvre du projet
est la firme AGT, dirigeée par Mati
Kochavi, un israélien installé aux
Etats-Unis». Cf. Le business secret
d’Israël dans le golfe Persique, Georges
Malbrunot Le Figaro 26 juin 2010.
De son côté, l’Arabie saoudite a noué
une coopération technologique avec la
société Daront, une société High tech
installée dans la vile de Ramat-Gan,
près de Tel Aviv, dont le centre de
révision technique est basé dans la
colonie de Ilaad. L’accord porte sur un
programme informatique et la formation
aux Etats Unis du personnel saoudien à
sa mise en œuvre. Dans l’industrie
pétrolière.
2-Fatwa du Mufti suprême saoudien
pour destruction des Eglises dans la
péninsule arabique au lendemain de la
fusillade de Toulouse mi-mars 2012
http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=today\23z500.htm&arc=data\2012\03\03-23\23z500.htm
Fatwa Ayed Ben Abdallah Al Karni rend
licite le meurtre de Bachar Al Assad
Un dignitaire saoudien Ayed Ben Abdallah
Al Karni a émis une Fatwa dimanche 26
février 2012, rendant licite
l’assassinat de Bachar al Assad:
L’assassinat de Bachar est plus
impératif que le meurtre d’Israéliens »,
a¬ -t- il déclaré sur la chaine de
télévision saoudienne « Al Arabiya ».
Pour complément d’information voir
l’article paru lundi 27février dans le
journal Al Qods al Arabi
http://www.alquds.co.uk/scripts/fb.asp?fname=data%2F2012%2F02%2F02-26%2F26z492.htm
Fatwa koweitienne autorisant un mari à
têter le sein de sa femme, mais sans se
nourrir de son lait
http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=online\data\2012-04-01-15-47-10.htm
En Espagne pour battre les femmes
désobéissantes
http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=online\data\2012-03-22-17-27-07.htm
Déclaration à la BBC de la princesse
de Basma Ben Saoud, fille du défunt Roi
Saoud, sur l’injustice faite aux femmes
en Arabie
http://www.arabi-press.com/?page=article&id=3167
© René Naba
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