Champion de la communication, le
président états-unien Barack Obama, tout
en menant une politique étrangère aux
objectifs somme toute assez semblables à
ceux de son prédécesseur, a su la
couvrir d’un sourire charmeur et,
distribuant les bonnes paroles,
renverser l’image désastreuse héritée de
George Bush Jr.
Dans son célèbre « Discours du Caire »,
le 4 juin 2009, il avait fustigé la
colonisation européenne du Moyen-Orient,
rappelé ses origines africaines,
évoquant son père et les générations de
Musulmans qu’avait comptées sa famille,
vanté le message de paix exalté par le
Coran et condamné l’occupation et la
colonisation israéliennes en Palestine,
les humiliations infligées à la
population arabe et la violation des
traités internationaux par l’État
hébreux.
Peu après, Barack Obama avait remis le
couvert, devant l’Assemblée générale des
Nations unies cette fois, le 23
septembre 2010, réclamant la création
d’un État palestinien pour 2011 et sa
reconnaissance par l’ONU, dans les
frontières de 1967, comme le prévoit la
résolution du Conseil de sécurité 242,
jamais respectée, ordonnant le retrait
des forces israéliennes, c’est-à dire
dans les limites préexistantes à la
Guerre des six jours qui s’était conclue
sur l’annexion par Israël de
Jérusalem-Est et de toute la
Cisjordanie.
De paroles en paroles, Mister Magic a
ainsi conquis le cœur du monde musulman
et gagné la confiance de la rue arabe,
propulsant le soft-power états-unien
dans le firmament étoilé du pays des
contes des Mille et Une Nuits.
Hélas pour la Maison blanche, la réalité
rattrape parfois la fiction…
Alors que s’ouvre la soixante-sixième
assemblée générale de l’ONU, c’est
précisément cette date du 23 septembre,
tout juste un an plus tard, que le
président de l’autorité palestinienne a
choisie pour remettre au secrétaire
général Ban Ki-moon la demande de la
Palestine d’adhérer aux Nations Unies et
le prier de la déposer devant le Conseil
de sécurité, qui devra décider de la
recevabilité de cette candidature.
Prenant le président Obama au mot,
Mahmoud Abbas, lassé par plus de
soixante ans d’occupation israélienne,
après avoir bien voulu patienter toute
une année encore, jour pour jour, sans
voir se dessiner la moindre perspective
d’un État palestinien (au contraire, la
construction de colonies de peuplement
israéliennes en Cisjordanie n’est jamais
allée aussi bon train), semble ne plus
hésiter à placer le président Obama dos
au mur et l’État d’Israël face au
jugement de la communauté
internationale, dont plus de cent
quarante pays (sur les cent
nonante-trois membres que compte l’ONU)
se sont déclarés favorables à la
reconnaissance de la Palestine, parmi
lesquels l’Inde, la Chine, le Brésil et
la Russie...
Assemblée générale de l'ONU (23
septembre 2010)
Discours du Caire (4 juin 2011)
Assemblée générale
de l'ONU (21 septembre 2011)
Rien de compliqué dans le chef de cette
initiative palestinienne : c’est à l’ONU
qu’il revient de faire appliquer le
droit international et, de même
qu’Israël bénéficia de la reconnaissance
de l’Assemblée générale en 1947 par le
vote de la résolution 181, de même la
Palestine attend son tour.
La probabilité d’une telle
reconnaissance fait grincer des dents à
Tel-Aviv, qui n’a certainement pas
l’intention de la respecter, au risque
d’achever de ruiner le peu de sympathie
qui lui reste dans l’opinion publique
mondiale, encore sous le choc du
massacre perpétré par les commandos
israéliens lors de l’attaque, en eaux
internationales, de la Flottille de la
Paix, en mai 2010, qui s’était soldée
par la mort de neuf civils et une
cinquantaine de blessés par balles après
que les soldats avaient ouvert le feu
tous azimuts.
Mais elle a également abîmé l’éclatant
sourire obamien, dont le maître,
confronté à une situation cornélienne,
en a déjà bien soupesé toutes les
conséquences, tant pour la politique
extérieure états-unienne que pour
lui-même : s’il n’utilise pas le droit
de veto dont disposent les États-Unis en
tant que l’un des cinq membres
permanents du Conseil de sécurité et ne
bloque pas la reconnaissance d’un État
de Palestine, Barack Obama plongera
Israël, l’allié de toujours, dans une
conjoncture impossible, a fortiori dans
le contexte explosif du « Printemps
arabe », et se mettra à dos le puissant
lobby juif nord-américain, et ce à
quelques mois des élections
présidentielles auxquelles il compte
bien briguer un second mandat. En
revanche, s’il s’oppose à cette
reconnaissance, le beau parleur tombe le
masque et ruine trois années d’une
fructueuse diplomatie au Moyen-Orient ;
après la destruction de l’ambassade
israélienne par la rue égyptienne, ce
pourrait alors être le tour de celles
des Etats-Unis, au Caire et ailleurs…
D’où cette suggestion de la Maison
blanche au président Abbas, relayée par
la France sarkozienne, le nouvel et
fidèle allié, de renoncer à son projet
et de se contenter d’un vote de
l’Assemblée générale et d’une moitié de
reconnaissance. La procédure, en effet,
ne donnerait pas à la Palestine le
statut de membre des Nations unies. Sauf
si…
Sauf si, prétextant du danger que
constituerait, à ce stade, le
non-règlement de la question
israélo-palestinienne, l’Assemblée
générale déclenchait la procédure
exceptionnelle appelée « Unité pour la
Paix », en vertu de la résolution 377,
selon laquelle l’Assemblée générale peut
elle-même prendre les mesures qu’elle
jugerait opportunes pour préserver la
paix et la sécurité internationales,
dans le cas où les membres permanents du
Conseil de sécurité s’en montreraient
incapables…
Comment Mister Magic, le « super-pro d’
la com’ », va-t-il faire pour se sortir
de ses incohérences qui lui éclatent
aujourd’hui au visage ? Tous les
spectateurs, désormais, attendent de
savoir s’il reste encore un lapin (ou un
bon mot) dans le chapeau du président
Obama.
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