Tendances au Moyen-Orient - La Syrie
Des massacres
"préparés" pour torpiller le processus
politique
Pierre Khalaf
Photo: RIA
Novosti -
© REUTERS/
Houla News
Network/Handout
Lundi 28 mai 2012
Le scénario qui se déroule en Syrie est
devenu un classique que mérite d'être
enseigné dans les écoles de sciences
politiques. A la veille de chaque
échéance susceptible de faire avancer le
processus de règlement politique, les
groupes extrémistes terroristes,
financés, armés et manipulés par les
Etats-Unis via leurs agents du Golfe et
la Turquie, provoquent une flambée de
violence. Bénéficiant ensuite d'une
couverture médiatique planétaire, ils
provoquent un tapage d'enfer, destiné à
imposer leur propre agenda. Depuis des
mois que cela dure, leur objectif n'ont
jamais été atteint. Mais cela ne les
empêche pas de réessayer encore et
encore...
Heureux hasard du calendrier, les
nouveaux massacres imputés aux forces
gouvernementales ont eu lieu à la veille
de l'arrivée à Damas de l'émissaire
international Kofi Annan, dont la visite
avait été annoncée en premier lieu par
le président Bachar al-Assad, dans une
interview accordée il y a deux semaines
à la télévision russe Rossia 24. M.
Assad avait affirmé qu'il poserait des
questions à M. Annan sur le fait que les
violences commises par les extrémistes
sont systématiquement passées sous
silence. L'émissaire de l'Onu était
censé examiner les moyens de mettre en
œuvre la deuxième phase de son plan en
six points, qui consiste à mettre sur
les rails la solution politique, basée
sur le dialogue. Un dialogue que le
Conseil national syrien (dont il ne
reste plus grand chose après la
démission de son chef Burhane Ghalioun)
et l'Armée syrienne libre (ASL), la
milice auxiliaire des services de
renseignements turcs, de la CIA et des
pays du Golfe, n'ont jamais
officiellement accepté, pas plus que le
plan Annan.
Les officines de l'opposition commencent
tout à coup à évoquer la situation à Houla, parlant de "massacres perpétrés
par les forces gouvernementales". Les
images de corps ensanglantés et meurtris
sont diffusés sur les médias du réseau
planétaire. Pour des militants
"bombardés au canon de tank et à
l'artillerie et pourchassés par les
troupes du régime", on remarquera qu'ils
ont eu le temps de filmer les corps
tranquillement. Les indignations fusent
de toutes parts, les condamnations
aussi. Le ministre britannique des
Affaires étrangères, William Hague,
annonce que son pays projetait de saisir
le Conseil de sécurité de l'Onu. L'ASL
affirme ne plus être engagée par le plan
Annan (qu'elle n'a toujours pas
officiellement accepté) et envoie "en
enfer" l'initiative de l'émissaire
international.
Les observateurs internationaux se
rendent à Houla (au Nord d'Alep) et
constatent l'ampleur de la tragédie: au
moins 32 enfants de moins de dix ans
morts et 60 adultes. Le chef des
observateurs, Robert Mood, fait une
déclaration dans laquelle on peut
retenir une phrase très significative:
"Ceux qui ont provoqué ces violences,
ceux qui ont riposté et ceux qui sont
responsables...". Le général norvégien
parle donc de provocation.
La version du gouvernement syrien, que
personne ne prendra la peine de
diffuser, est la suivante: des groupes
extrémistes armés de mortiers et de
missiles antichars ont attaqué les
troupes régulières qui ont riposté. Les
terroristes ont ensuite commis les
massacres pour provoquer l'exode des
habitants (qui a effectivement eu lieu)
pour faire assumer aux troupes
régulières la responsabilités de ces
atrocités.
Le gouvernement syrien avait fait état
de deux autres massacres commis dans les
localités de Taldou et de Choumariya, où
des "groupes d'Al-Qaïda" ont massacré
les membres de deux familles, 18
personnes au total.
Le ministre des Affaires étrangère,
Walid Moallem, a contacté M. Annan pour
lui expliquer la réalité des faits,
rapportés en détail par le porte-parole
du ministère, Jihad Makdessi. Mais les
médias internationaux ont-ils des yeux
et des oreilles autre que pour les
officines de l'opposition, financées par
les grandes démocraties wahhabites du
Golfe?
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|