|
Le web de l'Humanité
Netanyahou s'enferre dans la colonisation
Pierre Barbancey
Photo: Al-Manar TV
Jeudi 29 avril 2010
Le premier ministre israélien parle de dialoguer avec
les Palestiniens tout en continuant de les exproprier à
Jérusalem-Est. Les Américains voient Ehoud Barak comme un
challenger.
Si le Proche-Orient a peu occupé le devant de la scène
médiatique ces dernières semaines, ce n’est pas parce qu’il ne
se passe rien. Ainsi, malgré les injonctions internationales,
l’expropriation des Palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah, à
Jérusalem-Est, se poursuit. C’est bien ce qu’a dit et redit
Benjamin Netanyahou qui peut ainsi tester la volonté
internationale de faire respecter le droit. Les colons
israéliens et leurs représentants se sentent les coudées
franches et multiplient les opérations coup de poing contre les
paysans palestiniens de Cisjordanie et même, c’est assez
nouveau, contre les Palestinien de 1948, c’est-à-dire ceux ayant
la nationalité israélienne et vivant dans le quartier de Jaffa,
ville à part entière avant 1948 et aujourd’hui annexée à
Tel-Aviv.
Mitchell propose des Pourparlers
indirects
Du côté diplomatique, l’émissaire américain au Proche-Orient,
George Mitchell, était sur place la semaine dernière et, après
quelques navettes, a fait des propositions dont on peut
franchement mettre en doute le sérieux. Il aurait proposé une
relance des négociations fondée sur la participation des
Palestiniens à des pourparlers indirects dans un premier temps.
En échange de ces négociations dites de proximité, les
États-Unis auraient offert de s’engager verbalement à dénoncer
publiquement le camp qui compromettrait ces pourparlers (sic).
Il n’en fallait pas plus pour Benjamin Netanyahou qui s’est cru
autorisé à dire « avoir entendu avec plaisir » que le président
de l’Autorité palestinienne serait « (…) disposé à renouer les
fils du dialogue. Je serais très heureux si cela pouvait se
matérialiser la semaine prochaine ». Une allusion à la rencontre
annoncée entre le premier ministre israélien et le président
égyptien, Hosni Moubarak et qui devrait se tenir lundi à Charm
el-Cheikh, sur les bords de la mer Rouge. Or, jusqu’à présent,
rien n’indique que la partie palestinienne soit disposée à
reprendre des pourparlers, dans la mesure où la demande d’arrêt
de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est n’est absolument
pas respectée. Mais pour Netanyahou, la partie est maintenant
serrée. Si les pressions officielles semblent inexistantes, en
interne elles sont fortes, des deux côtés.
Les Ultranationalistes se sentent
renforcés
Le premier ministre israélien doit ainsi composer avec son
parti, le Likoud, dont les plus ultras se sont sentis renforcés
par l’attitude adoptée par Netanyahou. Le Comité central du
Likoud se réunit aujourd’hui, à Tel-Aviv. Il espère obtenir un
amendement à la charte du parti, qui permettrait de reporter la
tenue d’élections internes pour les postes clefs des
institutions du Likoud. Un report qui pourrait lui sauver la
mise, talonné qu’il est par son aile ultranationaliste,
incarnée par Moshé Feiglin.
Le danger vient aussi de son gouvernement. Les États Unis,
échaudés par l’attitude de Netanyahou, pourraient tenter de le
déstabiliser, voire le faire tomber politiquement. Leur cheval
de Troie ne serait autre qu’Ehoud Barak, actuel ministre de la
Défense, travailliste, qui poursuivrait la même politique mais
avec plus de finesse. Il vient d’être adoubé, à Washington, par
la secrétaire d’État, Hillary Clinton. Celle-ci a posé devant
les photographes avec Barak et a salué « une conversation
excellente, très constructive, positive ».
© Journal L'Humanité
Publié le 30 avril 2010 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
Les analyses de Pierre Barbancey
Les dernières mises à
jour
|