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Les sirènes de la mort retentissent sur Gaza
Pierre Barbancey
© Photo PCHR
Lundi 28 décembre 2009
Il y a un an, Israël lançait son offensive meurtrière
sur ce territoire palestinien. 1 450 Palestiniens ont été tués
en 18 jours. Le rapport Goldstone parle de « crimes de guerre »
voire de « crimes contre l’humanité ».
Bande de Gaza, envoyé spécial.
Les sirènes ont retenti dans la bande de Gaza, hier matin, pour
marquer le premier anniversaire de l’offensive israélienne. Ce
27 décembre 2008, ici, la terre s’est, pour ainsi dire, arrêtée
de tourner. Et c’est comme si Mohammad Abed Rabbo n’avait pas
quitté sa chaise depuis des mois. La canne solidement appuyée
sur le sol, l’homme ne cache pas sa colère. Il montre les
alentours. On ne voit pratiquement pas une maison. En revanche,
des cabanes de fortune et des tentes se dressent ça et là,
souvent près de monticules de béton d’où dépassent des tiges
d’acier. C’est aussi tout ce qu’il reste de la demeure de
Mohammad.
Déluge de feu sur une population prise au piège
Dans toute la bande de Gaza, comme à Itzbed Abed Rabbo, ce bourg
au nord-est du territoire palestinien, à la frontière avec
Israël, l’armée israélienne s’est employée à raser tout ce qui
pouvait servir de foyer pour les Palestiniens. Si l’aviation a
commencé les destructions, les soldats du génie, avec leurs
explosifs, ont terminé le travail en 18 jours. Mandaté par
l’ONU, le juge Richard Goldstone a rédigé un rapport accusant
surtout Israël mais aussi les groupes armés palestiniens de
« crimes de guerre » voire de « crimes contre l’humanité »
durant les combats à Gaza.
C’était il y a un an. Sous prétexte d’éradiquer le Hamas,
Tel-Aviv déclenchait une opération meurtrière. Plus de 1 400
Palestiniens, dont de nombreuses femmes et enfants, ont été
tués, contre 17 (dont trois civils) côté israélien. L’aviation
puis l’artillerie répandaient un déluge de feu sur une
population prise au piège, dans l’impossibilité de s’échapper de
ces 360 km2. Un massacre programmé qui a également servi
d’expérimentation pour des armes nouvelles (les médecins
étrangers présents pendant l’offensive ont fait état de
blessures inconnues) ou encore les bombes au phosphore blanc
dont l’utilisation au milieu des civils est interdite par les
conventions de Genève.
Si le but officiel israélien n’a pas été atteint, la population
civile, en revanche, continue de souffrir, sans que la
communauté internationale ne trouve à y redire. C’est comme si
l’offensive se poursuivait. Les autorités israéliennes n’ont
autorisé l’entrée que de 41 camions de matériaux de construction
dans Gaza depuis la fin de l’offensive à la mi-janvier, alors
qu’il en faudrait des milliers pour réparer les dommages causés
aux maisons et aux infrastructures publiques. Il est interdit à
la population civile, ainsi qu’aux Nations unies, d’importer des
matériaux comme le ciment ou le verre, sauf dans un très petit
nombre de cas. Le blocus a également conduit à de fréquentes
coupures d’électricité, de gaz et d’eau, avec des conséquences
désastreuses sur la vie quotidienne et la santé publique. On
comprend mieux les buts israéliens lorsqu’on sait que 30 % des
terres arables ont été interdites d’accès et estampillées « zone
tampon » par les militaires israéliens depuis la fin de
l’offensive.
« Israël voulait approfondir la division entre Gaza et
la Cisjordanie, note Walid Al-Awad, du Parti du peuple
palestinien (PPP, communiste). Il n’a pas réussi mais il
poursuit ce but en continuant le blocus et en faisant pression
sur les dirigeants palestiniens en Cisjordanie pour accepter des
frontières temporaires. »
© Journal L'Humanité
Publié le 29 décembre 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
Les analyses de Pierre Barbancey
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