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Terrorisme
d'État contre les Palestiniens à Gaza
Pierre Barbancey
Photo CPI
Mardi 22 janvier 2008 Proche-Orient
. Les palestiniens subissent le blocus imposé depuis plusieurs
jours par Israël. Privé d’électricité, Gaza est au bord de
la crise humanitaire.
Les habitants de Gaza sont terrorisés. Ils sont terrorisés
par les bombardements quotidiens opérés par l’aviation israélienne,
par les incursions quotidiennes de l’armée israélienne et
parce que la mort rode. Et comme si ça ne suffisait pas, le
gouvernement israélien a décidé de les terroriser encore plus,
de les faire mourir à petit feu. Aux yeux de l’occupant, ils
sont coupables et doivent donc subir une « punition
collective » ; c’est le terme utilisé par l’Union
européenne. L’unique centrale électrique ne fonctionne plus.
Les hôpitaux de Gaza vont manquer de fioul pour leurs groupes électrogènes
et de médicaments pour leurs patients d’ici quelques jours si
Israël n’allège pas le blocus qu’il a imposé au territoire
palestinien, estiment les organisations humanitaires
internationales. Il s’agit bien d’une punition collective, et
le premier ministre israélien ne s’en cache pas. Faute de
carburant, la circulation automobile à Gaza était pratiquement
inexistante lundi, mais Ehud Olmert a estimé que les Gazaouis
« pouvaient bien marcher » puisqu’ils avaient
« un régime terroriste meurtrier qui ne permet pas au
peuple du sud d’Israël de vivre en paix ». Que
n’aurait-on dit si cette formule s’appliquait aux Israéliens.
Selon Michèle Mercier, porte-parole de la Croix-Rouge, les hôpitaux
de Gaza « ont encore des stocks, mais ils ne vont pas durer
plus de deux ou trois jours ». Des secteurs entiers de Gaza
ont été plongés dimanche soir dans le noir à la suite de
l’arrêt de production de la seule centrale électrique. Les hôpitaux
ne procèdent plus qu’à des opérations d’urgence. La plupart
des échoppes ont tiré leurs rideaux de fer. Les barques de pêche
sont restées à quai. « Il n’y a plus de carburant, ça
veut dire qu’il n’y a plus de travail. On a traversé des
sales périodes auparavant, mais jamais aussi mauvaises que ces
jours-ci », confie Abou Mahmoud, un pêcheur. L’Agence de
secours des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA)
a annoncé pour sa part qu’elle allait devoir suspendre peut-être
dès mercredi sa distribution de nourriture à 860 000 nécessiteux
si Israël n’allégeait pas son blocus.
Olmert aurait assuré au président égyptien, Hosni Moubarak,
qu’Israël « ne causerait pas de crise humanitaire »
à Gaza. Mais, a-t-il souligné, « il est inconcevable que
les groupes terroristes perturbent chaque jour la vie de milliers
d’Israéliens alors que la vie à Gaza se déroule normalement »
(sic). La vie « normale » à Gaza, c’est un taux de
chômage avoisinant les 80 %, une misère chronique, des
enfants polytraumatisés dans leur chair et dans leur esprit, qui
pleurent dès qu’ils entendent un hélicoptère. La vie « normale »,
c’est être enfermé dans cette étroite bande de terre, sans
aucun contrôle des frontières terrestres, maritimes et encore
moins aériennes. Olmert peut d’autant mieux pratiquer le
cynisme qu’on veut le faire apparaître comme un homme de paix
et surtout qu’il bénéficie d’un chèque en blanc de la part
des Occidentaux qui n’osent prendre la moindre mesure coercitive
contre Israël. La France a ainsi dit qu’elle « déplore »
cette situation ! Une lâcheté que subissent de plein fouet
les Palestiniens et qui pourrait rejaillir sur les peuples européens
s’ils ne réagissent pas en forçant leurs gouvernements à
intervenir.
© Journal l'Humanité
Publié le 24 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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