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Les
mirages de Bush dans un désert de paix
Pierre Barbancey
Photo CPI
Vendredi 18 janvier 2008 Moyen-Orient
. Les pays arabes sont plus que sceptiques devant la politique des
États-Unis. Israël parle de paix, mais poursuit ses attaques sur
la bande de Gaza.
George W. Bush est rentré mercredi à Washington après sa
tournée au Moyen-Orient. Un voyage au succès plus que mitigé,
au regard des objectifs affichés. Il laisse derrière lui
beaucoup de scepticisme, sinon d’hostilité, devant ses
politiques et celles des États-Unis dans la région. À Charm
el-Cheikh, en Égypte, dernière étape de son périple de huit
jours, il s’est dit « optimiste » quant aux chances
d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens avant la
fin de sa présidence en janvier 2009. C’était officiellement
la motivation primordiale de son voyage, avec ce qu’il appelle
la « menace » iranienne. Pour ceux qui en doutent,
« quand je dis que je vais revenir et rester engagé,
c’est sérieux, et quand je dis que nous pouvons parvenir à un
accord, c’est sérieux », a-t-il dit aux côtés du président
égyptien, Hosni Moubarak.
Bush n’a pas plus emporté l’adhésion du grand allié
saoudien aux desseins qui l’ont amené : d’une part,
pousser à un accord de paix israélo-palestinien et rallier les
pays arabes à cette entreprise ; d’autre part, gagner leur
soutien à son effort pour isoler l’Iran Le ministre saoudien
des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, est apparu réservé.
Plus encore peut-être que la montée en puissance iranienne, les
États du Golfe s’inquiètent d’une nouvelle guerre américaine,
après l’Irak.
L’Arabie saoudite n’a « rien contre l’Iran »,
a ainsi dit le prince Saoud. Quant au conflit israélo-palestinien,
les pays arabes ne peuvent davantage « tendre la main »
à Israël qu’ils ne le font déjà, a-t-il déclaré. Le président
américain est également intervenu auprès du roi Abdallah
d’Arabie saoudite pour que l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP) augmente sa production et
contienne le prix du baril qui a récemment battu un record
historique à plus de 100 dollars. Ce qui est un impératif pour
les États-Unis, dont l’économie est au bord de la récession.
Alors qu’Israël se déclare engagé dans un processus de négociation
avec les Palestiniens, son aviation a encore frappé, hier, dans
la bande de Gaza, faisant deux morts. En représailles aux
attaques israéliennes, des Palestiniens ont tiré mercredi une
cinquantaine de roquettes vers le sud d’Israël, mais sans faire
de victimes. Par ailleurs, selon la radio israélienne, Tel-Aviv a
effectué un test de missile capable d’emporter une charge
« non conventionnelle », c’est-à-dire chimique ou
nucléaire. Alors que la population de Gaza vit un enfer au
quotidien, le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm
Ramon, a expliqué que « les pressions militaires et économiques
ainsi que l’isolement international de la bande de Gaza vont
finir par donner des résultats ». On voit mal, dans ces
conditions, comment Mahmoud Abbas pourrait convaincre son peuple
qu’un accord de paix est possible avant janvier 2009.
© Journal l'Humanité
Publié le 19 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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