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Le Web de l'Humanité
Le bras d'honneur de
Benyamin Netanyahou
Pierre Barbancey
Photo RIA Novosti
Mardi 16 juin 2009
Israël . Le premier ministre refuse le gel de la
colonisation. Barack Obama réagit modérément. Les Palestiniens
dénoncent son discours de pseudo-ouverture.
Paradoxalement, celui qui a le mieux reçu le discours
prononcé par Benyamin Netanyahou, dimanche, n’est autre que
Barack Obama ! « Un important pas en avant », s’est félicité le
président américain. Obama « est favorable à une solution à deux
États (…) Il croit que cette solution peut et doit assurer à la
fois la sécurité d’Israël et satisfaire les aspirations
légitimes des Palestiniens à un État viable, et il salue le fait
que M. Netanyahou adopte cet objectif », selon la
Maison-Blanche. Une remarque étonnante alors que, comme le fait
remarquer un éditorialiste du Washington Post, « Benyamin
Netanyahou avait le choix : le président Obama ou Benny Begin.
Il a choisi Benny Begin, l’aile droite de son parti, le
Likoud. » Si le premier ministre israélien a bien parlé d’un
État palestinien, c’est pour mieux le vider de tout sens et de
tout contenu. Exiger que cet État soit démilitarisé, c’est
évidemment placer un premier obstacle à de quelconques
négociations, c’est affirmer qu’Israël contrôlera l’espace
aérien palestinien et, partant, toutes les frontières du futur
État. Exiger des Palestiniens qu’ils reconnaissent non pas
Israël mais un État juif, c’est évidemment leur dire que le
droit au retour des réfugiés est abrogé et que les Palestiniens
d’Israël n’auront pas les mêmes droits. Pis il a exclu un gel de
la colonisation israélienne, un retrait de la partie orientale
de Jérusalem occupée depuis 1967.
Pour le négociateur palestinien Saëb Erakat, « il devient
clair que nous sommes en présence d’un gouvernement israélien
qui refuse en réalité une solution à deux États, l’arrêt de la
colonisation et la reprise des négociations du point où elles
s’étaient arrêtées » fin 2008. À Damas, le quotidien à grand
tirage Al Watan a jugé que Netanyahou avait « torpillé tous les
efforts de paix ». Le président libanais, Michel Sleimane, a,
lui, appelé la communauté internationale à « faire pression »
sur Israël pour qu’il accepte les précédentes initiatives de
paix. La position exprimée par le chef du gouvernement israélien
« reflète une intransigeance que ce soit au niveau du processus
de paix ou de la question des réfugiés palestiniens », a
souligné la présidence libanaise. Pour le président égyptien,
Hosni Moubarak, « l’appel à reconnaître Israël en tant qu’État
juif complique davantage les choses et ruine les possibilités de
paix ».
Côté Européens, on est, dans l’ensemble, satisfait du
discours de Netanyahou. La République tchèque, qui préside l’UE
pendant encore quelques jours, est très satisfaite. La Suède,
qui lui succédera, est un peu plus nuancée, parlant d’un « petit
pas en avant ». Pour la France, Bernard Kouchner a salué la
« perspective tracée » par Netanyahou tout en ajoutant qu’
« aboutir à la paix impose d’aller bien au-delà, sans poser de
préalable à la négociation ». Enfin, Benita Ferrero-Waldner, la
commissaire européenne aux Relations extérieures, a résumé :
« C’est un premier pas très important, mais beaucoup d’autres
pas devront suivre. Vous connaissez la position de l’UE : nous
voulons une solution à deux États avec un État palestinien
viable. »
Netanyahou peut être satisfait. Personne ne parle de pression
à exercer, et même le président américain semble abandonner
l’idée d’un gel de la colonisation. C’est là que le bât blesse
et qu’on perçoit les limites du discours qu’il a prononcé au
Caire le 4 juin dernier. Quant aux ministres des Affaires
étrangères de l’Union européenne, au lieu de grandes
déclarations, ils avaient loisir, hier, alors que la commission
UE-Israël se réunissait, de mettre dans la balance le respect
des engagements israéliens et le rehaussement de ses relations
avec les Vingt-Sept. « Netanyahou a choisi une fois de plus la
paix des colonies, qui entre frontalement en collision avec la
paix de la région et de ses peuples », a souligné le député
communiste israélien, Mohammed Barakeh
© Journal
l'Humanité
Publié le 17 juin 2009 avec l'aimable autorisation de
l'Humanité.
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