15 janvier 2007
Proche-Orient . La secrétaire d’État américaine
en tournée dans la région ne propose rien de neuf. Le président
palestinien, Mahmoud Abbas, refuse des mesures temporaires.
Qu’est donc venue faire Condoleezza Rice, la
secrétaire d’État américaine, au Proche-Orient ?
Dans l’avion qui l’amenait dans la région, elle a déclaré
aux journalistes qui l’accompagnaient : « Je ne
viens pas avec une proposition, je ne viens pas avec un plan. »
Ce qui a le mérite de la franchise mais n’augure rien de
bon pour la suite. Parce qu’en réalité cela signifie
qu’aucune idée nouvelle n’est avancée et qu’on fera du
neuf avec du vieux, en l’occurrence la fameuse « feuille
de route », élaborée par le « quartet » (États-Unis,
Russie, Union européenne et ONU), dont la principale caractéristique
est qu’elle est totalement obsolète. Ne prévoyait-elle pas
l’instauration d’un État palestinien pour la fin 2005
(sic) et l’arrêt de la colonisation israélienne ?
Pourtant, à l’issue de sa rencontre avec Tzipi Livni,
ministre israélienne des Affaires étrangères, Condoleezza
Rice a expliqué : « Nous allons discuter (...) de
la façon d’accélérer la
"feuille de route", d’oeuvrer à
un horizon politique, parce que je pense que nous comprenons
très bien toutes les deux (...) que, pour les Palestiniens
comme pour les Israéliens, deux États vivant côte à côte
en paix et en sécurité, ce n’est pas qu’un rêve. Cela
doit devenir une réalité. » De son côté, Tzipi Livni
a insisté : « Une part de notre responsabilité
est bien sûr de donner aux Palestiniens modérés un horizon
politique tout en assurant la sécurité des Israéliens. »
De quel horizon politique s’agit-il ?
Mystère. Lors d’une conférence de presse tenue en
compagnie de Mahmoud Abbas, qu’elle a rencontré hier à
Ramallah, Rice a affirmé que les États-Unis étaient
« profondément attachés » à la recherche
d’une relance de la « feuille de route »
internationale afin de « montrer au peuple palestinien
la façon dont on pourrait progresser sur la voie de la création
d’un État palestinien ». Elle a ajouté :
« J’ai entendu clairement les appels pour un
engagement accru des États-Unis dans le processus. Vous avez
ma promesse que je ferai précisément cela. » Rice
n’a fourni aucune précision sur la manière dont Washington
entendait procéder pour accentuer ses efforts de paix mais,
d’après des responsables israéliens, la secrétaire d’État
étudierait plusieurs hypothèses, dont l’établissement
d’un État palestinien doté de frontières provisoires.
Mahmoud ABBAS rejette les solutions temporaires
Une option rejetée par Mahmoud Abbas.
« J’ai souligné devant la secrétaire d’État notre
rejet de solutions temporaires, y compris l’idée de frontières
provisoires pour notre État, car je ne pense pas que ce soit
un choix réaliste sur lequel on puisse bâtir un règlement »,
a déclaré le président de l’Autorité palestinienne. Il a
en revanche appelé Israël « à mettre fin à ses
activités d’occupation, à relâcher nos prisonniers, et à
mettre un terme aux punitions collectives, comme son dernier
raid à Ramallah », début janvier. On comprend le souci
palestinien. Jusqu’à présent toutes les solutions adoptées
comportaient des étapes transitoires. C’était également
le cas des accords d’Oslo. Or l’évidente mauvaise volonté
israélienne n’a jamais permis d’avancer bien loin,
notamment sur les retraits successifs que les Israéliens étaient
censés opérer. « Il est temps que le processus de paix
soit relancé de manière à ouvrir les pourparlers sur le
statut définitif », a souligné Saëb Erekat, principal
négociateur palestinien, au chômage technique depuis
plusieurs années maintenant.
Juste avant l’arrivée de Condoleezza Rice
à Tel-Aviv, le premier ministre palestinien issu du Hamas,
Ismaïl Haniyeh, a accusé les États-Unis et Israël de
chercher « à pousser les Palestiniens à une guerre
civile » et à « empêcher la formation d’un véritable
gouvernement d’union » nationale. Pour contrer ces
« objectifs » israélo-américains, il a appelé
à l’arrêt des affrontements meurtriers entre le Hamas et
le Fatah et à la reprise du dialogue pour former un
gouvernement d’union. Marwan Barghouti, toujours détenu en
Israël, a lancé un appel à l’unité nationale, à l’arrêt
des combats fratricides et il a menacé d’entamer, avec les
autres prisonniers, une grève de la faim. Mahmoud Abbas
devrait se rendre cette semaine en Syrie pour des discussions
avec le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, et avec des
responsables syriens. Mais le président de l’Autorité
palestinienne a prévenu qu’il était déterminé à
convoquer des élections anticipées si des discussions sur la
formation d’un gouvernement de coalition avec le Mouvement
de la résistance islamique se soldaient par un échec.