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Le web de l'Humanité
Un journaliste
français arrêté par la police à Jérusalem
Pierre Barbancey
Photo CPI
Vendredi 7 août 2009
Israël. Notre confrère prenait des photos de l'expulsion de
familles palestiniennes dans la partie occupée de la ville.
La police et l'armée israéliennes ont beau marteler que, quoi
qu'elles fassent à Jérusalem-Est, elles sont dans leur droit
puisque « Jérusalem est la capitale une et indivisible
d'Israël » (même si aucun pays au monde ne reconnaît
l'occupation de la partie orientale de la ville), il semble
néanmoins que les témoins ne soient pas les bienvenus. Pour
preuve, ce qui s'est passé en début de semaine, dans le quartier
de Sheikh Jarrah.
Deux familles palestiniennes
expulsées
La police anti-émeute israélienne a expulsé deux familles
palestiniennes, Ghawi et Hanoun, de leurs maisons. Elles
vivaient là depuis cinquante ans, depuis qu’elles sont devenues
réfugiées en 1948, forcées de quitter - déjà - leurs habitations
situées dans ce qui est maintenant Jérusalem-Ouest. Un tribunal
israélien, saisi par un organisme de colons, Nahalat Shimon
International, a ordonné aux deux familles de quitter leurs
domiciles, leur donnant jusqu’au 19 juillet pour le faire, sous
peine d’emprisonnement et d’amendes. Les maisons reviendraient
aux colons. « Nahalat Shimon International veut démolir toute
une partie du quartier, en chassant plusieurs centaines de
Palestiniens, pour construire 200 logements pour des colons »,
affirme l’ONG israélienne Ir Amim, spécialisée dans le suivi de
la colonisation de la partie orientale de Jérusalem, occupée et
annexée par Israël en 1967.
Fin juillet donc, les colons sont arrivés à Sheikh Jarrah,
sous protection policière, pour prendre possession des lieux.
Les familles palestiniennes étaient encore là. Avec elles, des
militants internationaux, venus les soutenir. Parmi eux, un
groupe de Génération Palestine et un journaliste français (carte
de presse n° 106 731), Nadir Dendoune. Notre confrère était en
train de prendre des photos lorsque les policiers israéliens
l’ont embarqué manu militari. Il raconte : « Ils m’ont emmené
jusqu’à leur voiture et m’ont pris mon passeport non sans
m’avoir donné des coups dans le ventre. L’un d’eux m’a dit
qu’ils allaient me tuer tout en passant son pouce sur sa gorge,
en signe d’égorgement. Un autre a dit que je n’étais pas
français, que je m’appelais Nadir et que j’étais un putain
d’arabe. » Dendoune est alors transféré au sinistre commissariat
du Russian Compound, à Jérusalem, connu pour les sévices
infligés aux prisonniers palestiniens. « Ils m’ont mis avec des
Palestiniens dans une cellule. Les gardiens venaient me
réveiller toutes les heures en demandant, à chaque fois, mon
nom, mon prénom et ceux de mon père. » Il est ensuite présenté
devant un tribunal, mains et pieds menottés, comme un criminel.
L’audience n’aura pas duré dix minutes. « On lui reprochait deux
choses », précise Léa Tsemel, avocate israélienne des droits de
l’homme, bien connue, venue défendre Nadir. « D’abord d’être
entré dans une propriété privée », c’est-à-dire les maisons que
les colons se sont octroyées, et « d’avoir dérangé un
policier ». Léa Tsemel, comme nous, ne sait pas très bien ce que
signifie « déranger un policier ». Habituée au surréalisme
judiciaire israélien, elle traduit cela par un refus
d’obéissance. Nadir n’a plus le droit de se rendre à Sheikh
Jarrah pendant 181 jours ! Une condamnation qui témoigne à elle
seule du caractère politique de l’infraction reprochée au
journaliste et autres inculpés : des Américains, des Suédois,
des Allemands, des Britanniques et quelques Israéliens et
Palestiniens.
Les Palestiniens dénoncent la
colonisation
Les Palestiniens, qui veulent faire du secteur oriental de
Jérusalem la capitale de leur futur État, dénoncent la
colonisation comme le principal obstacle au processus de paix.
Plus de 200 000 Israéliens sont installés dans une douzaine de
quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent 270 000
Palestiniens. Le but d’Israël est de judaïser la ville et de
refuser ensuite aux Palestiniens toute revendication sur
Jérusalem. Nadir en a été le témoin. La police a saisi ses
clichés.
© Journal L'Humanité
Publié le 8 août 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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