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Chronique
Du lac de Tibériade
aux rives du Salagou
Philippe Randa
Philippe Randa
Mardi 2 février 2010
Arrivera bien un jour, forcément, où le Parti
socialiste sera débarrassé de Georges Frêche. À moins, bien sûr,
que Georges Frêche ne soit le premier débarrassé du PS, victime
de ses responsables par trop ambitieux.
Les paris sont ouverts, en tout cas en Languedoc-Roussillon où
la campagne pour les élections régionales est quelque peu animée
depuis la récente polémique entre le président sortant de son
assemblée et Laurent Fabius, son ancien, très ancien camarade à
la rose.
Le deuxième avait déclaré qu’en aucun cas il ne voterait pour le
premier s’il était électeur dans sa région, la réponse de
l’intéressé fut immédiate : lui non plus ne voterait pas pour
Laurent Fabius, celui-ci n’ayant pas, selui lui, une tête « très
catholique ».
Ce qui n’aurait été, toute proportion gardée, que la réponse du
berger à la bergère, est devenu avec le tohu-bohu médiatique une
énième insulte à caractère antisémite, forcément antisémite.
Pour ceux qui l’ignoraient encore, Laurent Fabius a
effectivement des origines, fort lointaines, plus proches des
rives du lac de Tibériade que de celles du lac du Salagou dans
l’Hérault.
Georges Frêche se défend évidemment de toute allusion raciale ou
religieuse, argant de la simple utilisation d’une expression
française vieille comme Clovis, si ce n’est même comme Saint
Pierre. Il rappelle d’ailleurs au passage ce que personne ne
semble vouloir entendre, c’est-à-dire qu’il est un des hommes
politiques français dont le soutien à l’État d’Israël est des
plus indéfectibles, preuves à l’appui, mais preuves bien
inutiles…
C’est comme s’il se soulageait dans le violon de Yehudi Menuhin,
rien n’y fait, le seigneur régional Frêche est désormais
brocardé antisémite, ce qui équivaut dans notre société,
pourtant auto-proclamée si sourcilleuse à l’encontre des
droits-de-l’homme, à une véritable fatwa citoyenne.
Seuls des esprits chagrins pourraient faire remarquer que c’est
l’indignation des ennemis et tourmenteurs médiatiques de Georges
Frêche qui a informé, bien davantage que lui, des origines de
Laurent Fabius : maintenant, plus personne ne pourra ignorer que
celui-ci est descendant de Sem, même pour ceux qui n’avaient pas
eu l’idée de faire le rapprochement en le voyant.
Que monsieur Frêche soit ou non antisémite ne concerne
finalement que les électeurs de Languedoc-Roussillon. Ça fait
certes du monde, mais moins que le reste de la France qui a
ainsi découvert les origines de leur ancien Premier ministre.
Imaginons alors un instant que les listes de Georges Frêche
l’emportent les 14 et 21 mars prochain ? Voire même, pourquoi
pas ! que celles soutenues par Laurent Fabius essuient, dans le
même temps, un revers ? Quelles légitimes conclusions
devrions-nous en tirer ?
Ceux qui sonnent l’éternel tocsin de l’antisémitisme à tort et à
travers pour tout et n’importe quoi, feraient sans doute bien de
relire « Pierre et le loup »… Un conte fort instructif s’il en
est !
Les chroniques de Philippe Randa
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