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Pourquoi la presse américaine est-elle
silencieuse face au rôle joué par Israël dans le vol NW 253 ?
Patrick Martin
Jeudi 21 janvier 2010 Il y a près d’une semaine, le 10
janvier, le journal israélien Ha’aretz publiait
un
article de son correspondant Yossi Melman,
signalant le rôle joué par la société israélienne de sécurité,
International Consultants on Targeted Security (ICTS), lors de
la tentative manquée de faire exploser une bombe à bord du vol
Northwest Airlines 253.
Les filiales I-SEC et PI d’ICTS sont responsables du filtrage
des passagers à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam où l’inculpé de
la tentative d’attentat suicide à la bombe Umar Farouk
Abdulmutallab avait embarqué à bord d’un vol à destination de
Detroit. La société utilise une technologie de filtrage pour le
profilage des passagers et l’identification des risques de
sécurité fondée sur l’expérience des services de renseignement
israéliens. Le personnel de l’ancienne compagnie El Al Airlines
et de Shin Bet security avait mis en place l’ICTS en 1982 dans
le but de vendre leur expertise et de nombreuses compagnies
aériennes américaines utilisent ses services ou sa technologie.
Selon l’Ha’aretz, Abdulmutallab a été contrôlé
par l’ICTS mais les agents de sécurité n’avaient pas réussi à
l’identifier comme passager à risque malgré des preuves
suffisantes.
« Même si les services de renseignement américains avaient
échoué et que le nom du passager nigérien ne figurait pas sur la
liste des suspects pour la compagnie aérienne, il aurait dû
éveiller les soupçons des agents de sécurité, » a écrit le
journal. « Son âge, son nom, son itinéraire de vol illogique,
son billet d’avion cher et acheté en dernière minute, son
embarquement sans bagage (avec seulement un bagage de cabine) et
bien d’autres signes auraient dû suffire à alerter les agents de
sécurité et justifier un examen plus approfondi du suspect.
Toutefois, le responsable de la sécurité représentant I-SEC et
PI lui a permis d’embarquer. »
Le lien israélien a été largement relayé dans la presse
israélienne et européenne. Outre Ha’aretz, le
Jerusalem Post a remarqué le rôle joué par ICTS à Amsterdam
dans un article paru le 27 décembre et la télévision israélienne
a interviewé un directeur de la société qui a confirmé qu’Abdulmutallab
avait été soumis à un contrôle de sécurité.
Des articles sont parus par la suite dans les journaux et ont
été mis en ligne sur le Web en Grande-Bretagne, en France, en
Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie. Mais rien ne
figurait dans les principaux journaux américains, rien dans le
New York Times, le Washington Post, le Wall
Street Journal ou n’importe quel autre quotidien, et rien
sur aucune des chaînes de télévision ou de réseaux câblés
d’information.
Le contraste entre le traitement médiatique en Europe et en
Amérique est un signe que le rôle de l’ICTS n’est pas simplement
un détail futile. Clairement, le mot a été donné de se taire sur
le sujet soit sous forme d’ordre direct des services américains
de sécurité soit indirectement par système d’autocensure des
médias qui n’en est pas moins efficace pour être « volontaire ».
Quelle raison pourrait-il y avoir de dissimuler le rôle joué
par l’ICTS ?
D’abord, quelques faits pertinents : l’ICTS assurait la
sécurité à l’aéroport Paris Charles de Gaulle lorsque l’« homme
au soulier » (« Shoe Bomber ») Richard Reid [qui avait dissimulé
un explosif dans sa chaussure] était monté à bord d’un avion à
destination des Etats-Unis le 22 décembre 2001. La société
assurait également la sécurité du système de bus londoniens au
moment des attaques suicide du 7 juillet 2005. Et l’ICTS
partageait la responsabilité de la sécurité le 11 septembre 2001
à l’aéroport de Boston Logan d’où étaient partis deux des quatre
détournements d’avions suicide à l’origine des attentats.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a d’étranges
coïncidences, compte tenu notamment de la prétendue expertise
des services israéliens de sécurité à identifier et à prévoir
des attaques terroristes. Le personnel de l’ICTS était présent
sur place à l’occasion de quatre des attaques terroristes les
plus tristement célèbres de ces dix dernières années et, à
chaque fois, ils n’avaient pas réussi à faire quelque chose pour
stopper les terroristes.
En 28 ans de service, l’ICTS s’est installée dans 22 pays
pour assurer la sécurité dans les aéroports en France, en
Grande-Bretagne, en Espagne, en Hongrie, en Roumanie et en
Russie, en employant plus de 11.000 agents de sécurité. La
société détenait des contrats dans plusieurs aéroports
américains jusqu’au 11 septembre où le filtrage des passagers
fut retiré des mains du privé pour être confié à
l’Administration de la Sécurité des Transports (TSA)
nouvellement créée.
Le silence sur le rôle joué par l’ICTS n’est que l'aspect le
plus étrange de la décision plus générale des médias de ne pas
faire de reportages sur le contexte de la tentative d'explosion
à bord du vol Northwest 253. Il y avait déjà eu la volonté de se
distancer d’une enquête sur l’incident survenu le jour de Noël
avant que ne survienne le séisme en Haïti et qui, légitimement,
est le principal sujet auquel les médias consacrent leur
attention.
L’histoire officielle du vol Northwest 253, telle qu’elle a
été présentée par la Maison Blanche d’Obama et les agences
américaines de renseignement, est tellement incroyable qu’il
semble y avoir eu un effort concerté pour laisser tomber le
sujet et détourner l’attention du public dans d’autres
directions. Dans ce contexte, le silence total sur le rôle de la
société israélienne de sécurité soulève encore plus de questions
quant au rôle joué par les agences de renseignement américaines
ou autres durant la période précédant l’incident du jour de Noël
et qui a failli coûter la vie à quelque 300 personnes.
(Article original paru le 16 janvier 2010)
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Publié le 21 janvier 2010 avec l'aimable autorisation du WSWS
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