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TLAXCALA

Bil'in : Un village qui ne se rendra jamais
Palestine Monitor


Coincé entre le Mur, les soldats et les barbelés : Bil'in. Photo : Palestine Monitor

Dimanche 10 mai 2009

Source : Bil'in: A Village That Will Never Surrender

Il y a quatre ans, les travaux de construction du Mur de Séparation ont commencé en plein milieu de Bil'in, un village situé non loin de Ramallah. Celui-ci a perdu presque 60% de ses terres agricoles qui constituent la principale source de revenus de ses habitants.

Les habitants de Bil'in ont présenté plusieurs fois leur cas devant la Cour Suprême israélienne. En septembre 2007, celle-ci a finalement jugé que le tracé du Mur de Séparation était préjudiciable pour Bil'in et qu'il devait être modifié. L’application de ce jugement aurait du permettre à Bil’in de récupérer presque 50% des terres qui lui avaient été volées en 2004.

Malgré tous ces jugements et la législation internationale qui considère que le Mur est illégal, les travaux continuent et les terres de Bil'in continuent à être volées.

Pour protester contre le vol de leurs terres, les habitants du village ont organisé des manifestations hebdomadaires non violentes au pied du Mur. Chaque vendredi, les villageois, des militants internationaux et la presse se réunissent près de la mosquée et après la prière ils défilent ensemble jusqu'au Mur. C’est avec des gaz lacrymogènes qu’Israël répond à ces manifestations, ainsi qu’avec des balles en caoutchouc, des balles d'acier enrobées de caoutchouc, des grenades assourdissantes et des tirs à balles réelles.

Pour la première fois, il y a trois semaines, les soldats israéliens ont assassiné à Bil'in un manifestant pacifique. Son nom était Bassem Abu Rahmah. Is lui ont tiré en pleine poitrine à environ 30 mètres de distance à tir tendu avec une nouvelle grenade lacrymogène à grande vitesse qui a la forme d’une balle. Il est mort sur la route l'hôpital de Ramallah.

Malgré les dangers, les manifestations n'ont pas cessé.

Mondher Abou Rahmah, un villageois de Bil'in, se rend aux manifestations depuis leur début il y a quatre ans. Sa famille a perdu 15 dunums* de sa terre à cause du Mur. Il a été blessé deux fois au cours des manifestations, une fois ils lui ont tiré dans la main et une autre fois dans l'épaule. Selon Mondher, « au début, les manifestations étaient complètement différentes, ce n'était pas tellement dangereux d'y aller. Maintenant, chaque vendredi, ça le devient de plus en plus».

Selon Mondher chaque manifestation devient imprévisible : « ils utilisent chaque fois un gaz lacrymogène différent, quelquefois ils sont derrière le Mur, d'autres fois ils restent simplement assis et ils surveillent, et d'autres fois ils tirent avec des balles. ». Mais chaque mouvement exécuté par les soldats est décidé à l'avance sans tenir compte du nombre de manifestants ou de combien de pierres sont lancées, « ils ont leurs ordres avant, ils ont décidé s'ils vont tirer des gaz lacrymogènes ou des balles. »

Les soldats israéliens attaquent régulièrement Bil'in, parfois après les manifestations ou, plus fréquemment, la nuit. Quand les soldats arrivent au village, selon Mondher, « nous essayons de nous rassembler afin que les soldats ne puissent arrêter ou kidnapper personne. Lorsque nous sommes ensemble, nous sommes plus forts. Si quelqu'un est atteint par un tir, et qu’il se trouve seul il peut mourir vidé de son sang. Mais si nous sommes tous ensemble, et que quelqu'un est blessé nous pouvons l'aider rapidement et nous assurer qu’il ne lui arrive rien. »

Mondher est l’un des habitants de Bil'in qui a suivi les cours de soins de première urgence dispensés par les Services d'Aide Médicale Palestinienne (PMRS), une ONG palestinienne de base. Le PMRS a débuté ses formations à la première urgence en 1996 en raison de l'accroissement de la violence en Cisjordanie et parce qu’elle frappait souvent dans des secteurs isolés où les gens n'ont pas accès aux services médicaux. Dans des situations où il y a des blessés, s'il n'y a personne aux environs qui est formé aux premiers secours, des gens qui tentent d’apporter des secours peuvent souvent aggraver l’état des blessés.

Ainsi, le PMRS conçoit pour des volontaires, des cours paramédicaux dans lesquels on enseigne les premiers secours d'urgence. Ces programmes sont particulièrement importants dans des villages comme Bil'in où l'hôpital le plus proche se situe à une demi-heure de trajet.

Mondher est aujourd’hui un volontaire paramédical et il sera capable d'aider les gens s’ils sont blessés lors des manifestations hebdomadaires à Bil'in et dans le village voisin de Ni'lin, ainsi que durant les attaques israéliennes contre le village.

Quand on lui demande s'il pense que les manifestations auront quelque effet sur le Mur, en tenant compte du fait que ni les jugements de tribunal ni la loi internationale n’en ont eu, Mondher répond : « le Mur est le Mur, rien n’a changé. Les manifestations et les jets de pierres font partie de notre histoire et notre culture. C’est une histoire triste, l'histoire de notre peuple. Nous sommes un peuple sans terre. Nous avons essayé de récupérer notre terre pacifiquement, mais à la paix Israël répond avec la guerre. C'est pourquoi nous allons être toujours en guerre pour notre terre, et jamais en paix. Eux, vont essayer de réduire notre terre jusqu'à ce que nous tenions dans un petit cercle, alors ils en finiront avec nous. »

À la question de savoir ce qui à son avis pourrait empêcher les Israéliens de continuer à voler la terre, Mondher répond, « Notre dieu, ni moi ni toi, ni personne. Seul Dieu peut les arrêter. Nous allons aux manifestations pour leur démontrer que nous ne nous rendrons pas, c’est notre terre et nous survivrons jusqu'à la fin. »

Traduit par  Esteban G. Édité par Fausto Giudice

Esteban G. est rédacteur du blog http://letacle.canalblog.com/, Fausto Giudice rédacteur du blog Basta ! Journal de marche zapatiste. Tous deux sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteure, le traducteur, le réviseur et la source.



Source : TLAXCALA
http://www.tlaxcala.es/...


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