Ha'aretz - Arab News
La Turquie et le Japon veulent leur
place au chevet de la paix au Proche-Orient
Taro Aso - Photo AFP
Depuis
quelque temps, on assiste à une intense activité diplomatique
autour d'une possible reprise du processus de paix. Attirés (alléchés?)
par cette perspective et ses retombées potentielles, quelques
acteurs dont on ne parle pas beaucoup. Ici, la Turquie et le Japon.
16 août 2007
1. La Turquie médiatrice entre Israël et la Syrie (Ha'aretz) ANKARA
- Israël ne doit pas considérer la Syrie comme une annexe de
l’Iran, car Téhéran et Damas divergent sur les questions régionales,
nous ont affirmé cette semaine des diplomates turcs qui tentent
de relancer les pourparlers de paix entre la Syrie et Israël.
En pleine tension israélo-syrienne, ces sources
ont ajouté que la paix avec la Syrie était plus facile à réaliser
qu’un accord avec les Palestiniens.
Les représentants turcs disent avoir été
encouragés par les récentes déclarations, aussi bien du côté
syrien qu’israélien, et ont qualifié les récentes déclarations
du président syrien Bachar Assad sur les chances de reprise des négociations
de particulièrement positives.
Les diplomates turcs notent qu’Assad a évité
de réitérer son ancienne exigence de les reprendre là où le
dernier round de négociations s’était arrêté. Plusieurs
premiers ministres israéliens ont accepté de se soumettre à la
condition préalable syrienne : un retrait total du Golan
conquis en 1967. Ils se sont de plus sentis confortés par la déclaration,
mardi, du ministre syrien des affaires étrangères Farouk
al-Shara, qui a dit que son pays que ferait pas la guerre pour le
Golan. Ils ont souligné les efforts de communication des deux côtés
en direction de la paix et leur "rhétorique positive."
Concernant les relations complexes entre la Syrie
et l’Iran, les représentants turcs ont dit qu’il ne fallait
pas considérer le régime d’Assad comme contrôlé par les
Iraniens. Ils ont souligné que la Syrie et l’Iran étaient en désaccord
sur des questions clés comme le futur Etat palestinien, le Liban
et la perspective de pourparlers de paix avec Israël.
Les sources turques ont avancé comme preuve le
fait que la Syrie avait activement encouragé l’accord de La
Mecque signé entre le Fatah et le Hamas en février dernier.
Damas avait alors fait pression sur Ismaïl Haniyeh, le premier
ministre Hamas d’alors, pour qu’il signe le document en dépit
de l’opposition de l’Iran.
L’hypothèse de travail des médiateurs turcs
est que la perspective d’une reprise des négociations entre la
Syrie et Israël est plus réaliste qu’un accord définitif
entre Israël et les Palestiniens. Le ministère turc des affaires
étrangères considère la question comme un problème
tridimensionnel, chaque dimension ayant ses propres difficultés :
le problème des frontières israélo-palestiniennes est un problème
régional et multinational ; celui des réfugiés et du droit
au retour est perçu par les Turcs comme étant à la fois une
question nationale et arabe ; enfin, ils considèrent la
question des lieux saints et celui de leur souveraineté comme un
problème religieux.
Les Turcs considèrent donc le conflit israélo-syrien
comme beaucoup plus facilement soluble, car il ne s’agit que
d’une simple question territoriale : le contrôle du
plateau du Golan.
En conséquence, la Turquie est opposée à la
politique du "containment" imposée par les Américains
contre la Syrie, le régime du Hamas à Gaza et l’Iran. Pour
Ankara, le fait de lier ces trois régimes en un seul axe pourrait
créer un front unifié contre les intérêts des modérés et
pousser la Syrie et le Hamas à renforcer leurs relations avec
l’Iran.
Les diplomates turcs pensent que le conflit
interne palestinien entre le Hamas et le Fatah ne peut pas encore
être résolu. Toutefois, ils reconnaissent que le président
Abbas ne peut pas offrir à Israël de solutions viables sans
d’abord s’assurer du soutien du Hamas. C’est pourquoi la
Turquie a décidé de maintenir ses relations avec le Hamas,
contrairement à la position israélienne et américaine. "Les
Etats-Unis pourraient finir par se rendre compte que la position
turque est la bonne, de même qu’ils sont parvenus à la
conclusion qu’il fallait nouer le dialogue avec l’Iran sur
l’Irak", a déclaré un représentant turc.
2/ Le Japon veut jouer un rôle
économique dans la perspective d’une paix future (Arab News)
Le Japon a repris hier son aide directe aux
Palestiniens quand le ministre japonais des affaires étrangères
Taro Aso a signé un accord d’aide d’un montant de plusieurs
millions de $ en faveur du gouvernement palestinien soutenu par
l’Occident.
Aso a signé cet accord à Ramallah avec le
premier ministre palestinien Salam Fayyad au cours d’une tournée
dans la région, dont Tokyo affirme qu’elle est destinée à
promouvoir la paix par des moyens économiques.
"Par cet accord, le Japon
fournit à l’Autorité palestinienne une aide de 11,3 millions
de $, affectés à son budget général, à un soutien à un
projet agricole et à d’autres secteurs économiques",
a déclaré un haut représentant palestinien.
Le Japon, l’un des pays donateurs majeurs au
Proche-Orient, offrira de surcroît une aide humanitaire de 8
millions de $. Le Japon avait suspendu son aide économique
directe en 2006, après la formation d’un gouvernement par le
Hamas. "Depuis la création de l’Autorité
palestinienne (en 1994), le Japon a donné un milliard de $, et
aujourd’hui nous le remercions pour cette nouvelle aide de 20
millions de $", a dit Abbas à Aso.
Après Ramallah, Aso a participé à une réunion
quadripartite à Jéricho, avec la ministre israélienne des
affaires étrangères Tzipi Livni, le ministre jordanien des
affaires étrangères Abdoul Ilah Khatib et le négociateur en
chef des Palestiniens Saeb Erekat, pour étudier un projet de zone
agro-industrielle dans la Vallée du Jourdain, projet soutenu par
le Japon. Les parties se sont mises d’accord pour mener des études
de faisabilité et d’impact environnemental afin de déterminer
le lieu et le mode opératoire de ce projet conjoint entre Israël,
la Jordanie et les Palestiniens.
"Le Japon, qui a gagné la
confiance à la fois des Arabes et des Israéliens, comprend que
la seule solution au Proche-Orient est l’établissement d’une
paix et d’une coexistence entre les Palestiniens et l’Etat
juif", a dit Aso en entamant sa tournée. "Ce
projet contribuera à créer des emplois pour les Palestiniens,
relancer leur économie, rebâtir la confiance avec les Israéliens
et l’amitié entre les parties prenantes du processus de paix.
Pour qu’un Etat palestinien soit créé, il faut qu’il soit économiquement
viable, et nous proposons cette initiative de ’couloir pour la
paix’ (la zone agro-industrielle dans la Vallée du Jourdain,
ndt) comme un moyen pour parvenir à cette viabilité économique."
Au cours de conversations avec Tzipi Livni, Aso a
également exhorté Israël à diminuer les restrictions de
circulation imposées en Cisjordanie depuis le début de l’Intifada
en 2000. "J’ai demandé à ma collègue de
poursuivre les efforts de paix, en particulier en réduisant le
nombre d’obstacles routiers en Cisjordanie et en démantelant
les colonies sauvages", a déclaré Aso.
Depuis quelque temps, le Japon tente d’acquérir
une plus grande visibilité au Moyen-Orient, à la mesure de ses
aspirations à un rôle d’acteur plus important au niveau
mondial.
Trad. : Gérard
pour
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