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LA LIBYE COMPARE GHAZA À UN CAMP DE
CONCENTRATION
Tollé chez les Occidentaux du
Conseil de sécurité
Othmane Siddik
26 avril 2008 Un fait sans précédent s’est
passé mercredi dans l’auguste enceinte de l’ONU qui a vu les
pays occidentaux «déserter» le Conseil de sécurité.
Emmenés par le représentant de la France au
Conseil de sécurité, sept pays occidentaux, parmi lesquels les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont ostensiblement quitté,
dans la soirée de mercredi, le Conseil de sécurité où un débat
se déroulait autour de la situation à Ghaza. Une telle sortie
est considérée comme une première dans les annales du Conseil de
sécurité quand une partie de ses membres a abandonné les lieux.
Le motif? Protester contre les déclarations de l’ambassadeur
adjoint de Libye, qui a comparé la bande de Ghaza à un camp de
concentration de l’époque nazie. Selon un diplomate occidental,
s’exprimant sous couvert de l’anonymat, le représentant libyen,
Giadalla Ettalhi, «a comparé la situation à Ghaza à celle des
camps de concentration» nazis durant la Seconde Guerre
mondiale. La comparaison est-elle outrée lorsque l’on sait que
les Palestiniens de la bande de Ghaza se trouvent en vérité dans
une prison à ciel ouvert? La population de Ghaza ne peut ni
sortir, ni entrer, ni circuler dans ce territoire totalement
sous l’emprise d’Israël qui impose un contrôle aérien, maritime
et terrestre absolu faisant effectivement de la bande de Ghaza
un camp de concentration.
Si, évidemment, les mots ont encore un sens dès lors qu’il
s’agit d’Israël placé par l’Occident sur un piédestal, qui met
de fait l’Etat hébreu hors normes et hors du droit
international. La réaction impulsive des pays occidentaux en dit
long sur leur aveuglement quand Israël est en cause. La réunion
consacrée à la situation dans la bande de Ghaza a été convoquée
à la demande de plusieurs délégations, conscientes que la
situation dans ce territoire, menacé par une tragédie
humanitaire, est sérieuse. Peut-on discuter de la situation
dramatique à Ghaza sans, dans le même temps, en situer les
causes?
Or, outre les contraintes d’un contrôle absolu du territoire,
Israël a mis la bande de Ghaza sous blocus depuis le 17 janvier,
mettant en péril la vie de 1,5 million de personnes. C’est ce
qu’a voulu dire l’ambassadeur libyen dont les propos ont
provoqué une levée de boucliers parmi des pays qui semblent
ignorer la réalité de la tragédie qui est celle des
Palestiniens.
S’exprimant jeudi, devant la presse, l’ambassadeur adjoint de la
Libye à l’ONU a réitéré que la situation à Ghaza était «pire»
que dans les camps de concentration nazis. «C’est plus que ce
qui s’est passé dans les camps de concentration parce qu’il y a
les bombardements, les bombes chaque jour à Ghaza», a
indiqué le diplomate libyen Ibrahim Dabbashi. La réaction, à la
limite du théâtral, des pays occidentaux, peut-elle pour autant
absoudre Israël de sa responsabilité des drames que vit le
peuple palestinien depuis une quarantaine d’années? Il faut être
réellement aveugle pour ne pas admettre que la situation dans la
bande de Ghaza, outre dangereuse, est dramatique pour un peuple
réduit à vivre de l’aumône de la communauté internationale et
des Nations unies.
Justement, les représentants des Nations unies tiraient hier la
sonnette d’alarme. Ainsi, l’ONU mettait en garde contre «les
conséquences négatives de la pénurie» dans la bande de Ghaza
sur le processus de paix, après que l’Unrwa s’est vue mise dans
l’obligation d’interrompre ses fournitures de nourriture à
650.000 personnes de la bande de Ghaza. «Quand les gens sont
affamés, en colère, cela ne sert ni les intérêts de la paix ni
les intérêts d’Israël en matière de sécurité», a déclaré
Chris Gunness, un porte-parole de l’Agence de l’ONU pour les
réfugiés palestiniens (Unrwa). «Si cela se poursuit, il y
aura des conséquences très négatives et profondes sur la vie et
l’existence des Palestiniens à Ghaza qui dépendent énormément
des aides de l’Unrwa», a confirmé de son côté Adnane Abou
Hasna, le porte-parole de l’Agence à Ghaza.
La réalité est celle-là: une population enfermée dans ce qui est
devenu une gigantesque prison à ciel ouvert. Une prison qui, en
l’occurrence, est un véritable camp de concentration.
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de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 26 avril 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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