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APRÈS LA VICTOIRE DE BARACK OBAMA
La volonté de changement des
Américains triomphe
Othmane
Siddik
6 novembre 2008 «Historique!», c’est le terme
utilisé hier par analystes et observateurs pour qualifier la
victoire électorale du candidat démocrate. Et pour cause!
Un Noir à la Maison-Blanche! Voilà un rêve
que même le «rêve américain» n’a pas intégré dans ses
espoirs. Il est bien évident que l’arrivée d’un métis à la tête
de la plus puissante nation dans le monde que sont les
Etats-Unis, outre d’être une première, constitue pour ce pays un
véritable bouleversement sociologique. Il y a à peine quarante
ans, émettre l’éventualité de l’arrivée à la tête de la
Fédération, d’un Noir, ou d’un tout autre représentant de ce que
l’on appelle ici les minorités ethniques (outre les Noirs, les
Hispaniques, les Asiatiques et les Amérindiens), aurait été
considéré comme une absurdité. Aussi, l’élection de Barack
Husseïn Obama, à la présidence de la première puissance
mondiale, représente aujourd’hui une mutation profonde dans la
mentalité américaine et une rupture, selon toute évidence
décisive, des rapports jusqu’alors fondés sur la race. C’est
sans doute cet aspect de l’évolution du peuple américain qui a
été le moins relevé.
Le fait est que la génération post-Seconde Guerre mondiale, de
laquelle fait partie le président élu américain, (Obama est né
en 1961, époque où la ségrégation raciale était au summum de son
incohérence), se reconnaît totalement dans le sénateur de
l’Illinois qui partage avec elle les mêmes espoirs, les mêmes
idéaux, comme le même amour de la technologie. C’est un peu la «génération»
Internet qui transcende les différences raciales et culturelles.
Ce que ni McCain ni Bush n’ont compris, même si le président
sortant a investi à des postes importants des Noirs, mais des
Noirs isolés dans le système. En revanche, Barack Obama se
retrouve comme un poisson dans l’eau avec sa génération et
surtout une jeunesse qui a parfaitement compris le message du
candidat démocrate.
Aussi, on peut estimer que la race a joué un rôle minime dans
cette quarante-quatrième consultation électorale pour la
présidentielle. Aussi, «historique» cette élection l’est
sans aucun doute, en référence à la race et la couleur de l’élu,
elle est cependant tout à fait logique du point de vue
politique.
En effet, M.Obama est parfaitement en osmose avec une
population, majoritairement jeune - où l’ethnie n’a plus
l’importance qu’elle pouvait charrier lors de la seconde moitié
du siècle passé - qui trouve en lui ce rassembleur que n’a pas
été, ou pu être, le président sortant, en sus du fait que cette
jeunesse refuse la guerre et veut profiter de la vie. En fait,
Barack Obama représente l’archétype de l’Américain
d’aujourd’hui, ce que n’est manifestement pas, ou plus, John
McCain qui, à 71 ans, est surtout vu comme quelqu’un de ringard.
Aussi, cette victoire du candidat démocrate exprime d’abord cet
immense besoin de changement qu’ont les citoyens américains.
L’un dans l’autre, la victoire de M.Obama s’explique autant par
ce besoin de changement que par le rejet d’une politique qui a
engagé les Etats-Unis dans des guerres dont les Américains sont
nombreux à estimer qu’elles ne sont pas les leurs.
De fait, la victoire du sénateur de l’Illinois peut s’analyser
sous deux angles: celui de l’arrivée d’un Noir à la magistrature
suprême du pays, d’une part, ce que va faire le président élu du
difficile héritage que lui lègue George W.Bush, d’autre part.
Comme on l’a vu, si effectivement l’élection de Barack Husseïn
Obama est historique, elle reste tout à fait logique dans la
société qui est celle de l’Amérique d’aujourd’hui.
Aussi, le président élu sera-t-il en fait attendu sur les
complexes dossiers du nucléaire (notamment iranien), de la lutte
contre le terrorisme - chère à son prédécesseur - les guerres en
Irak et en Afghanistan, déclenchée idem par M.Bush-Junior, outre
la manière dont M.Obama va faire face à la question du
Proche-Orient et la création de l’Etat palestinien.
Nonobstant ces points chauds, auxquels devront être apportées
rapidement des réponses, le président élu aura également à
résoudre une crise financière mondiale qui menace la stabilité
internationale, de même que parer à la récession qui guette les
Etats-Unis.
En politique étrangère, l’administration américaine, (quelle que
soit sa couleur politique entre démocrates et républicains) est
régie par une tendance lourde qui fait que souvent, c’est le
style et les capacités du président à prendre en charge le
problème qui font la différence.
Maintenant la question qui se pose est de savoir de quelle marge
de manoeuvre dispose le président élu et ses capacités de
résistance face à l’establishment de Washington DC.
Aussi, la position qui sera celle du président Obama face aux
questions du nucléaire iranien - il y a toujours cet inquiétant
bruit de bottes venant des rives du Potomac - et sur le dossier
israélo-palestinien, renseignera sur l’autonomie de l’encore
sénateur de l’Illinois dans les grands dossiers auxquels il sera
rapidement confronté dès son installation à la Maison-Blanche,
le 20 janvier prochain.
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Publié le 6 novembre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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