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Ha'aretz
Un
miracle musical à Nazareth
Noam Ben-Zeev
[un
magnifique concert classique donné à Nazareth par de jeunes
enfants palestiniens, formés sous l'impulsion de la fondation de
Daniel Barenboim et de (feu) Edward Saïd]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/812154.html
Ha'aretz, 11 janvier 2007
Tout a commencé avec une déclaration du chef d'orchestre Daniel
Barenboim (déclaration un peu hâtive, comme il l'a lui-même
reconnu plus tard) où il manifestait sa volonté de créer à
Nazareth un orchestre classique de jeunes musiciens. Deux ans plus
tard, au centre culturel de Nazareth, le son de cet orchestre nous
a émerveillés. Il y avait là 40 jeunes de Ramallah, Nazareth,
Bethléem, Haïfa et Naplouse, qui jouaient entre autres du cor
anglais, du violoncelle, du trombone et de la contrebasse, pour un
concert extraordinaire qui a répondu à tous les critères exigés
pour un jeune orchestre.
Ce concert était le résultat d'une pratique intensive lors d'un
camp musical de deux semaines, qui a pris neuf mois aux
Palestiniens pour l'organiser. Le projet était financé par la
Fondation Barenboim-Saïd, l'école de musique de Ramallah
al-Kamandjani a contribué, ainsi que l'ensemble belge Ictus (en
fournissant des professeurs, dont certains ont joué avec les
enfants), et l'association Orpheus de Nazareth. Instruments,
autorisations et transport depuis et vers les Territoires,
logement et nourriture ont été fournis aux enfants, à leurs
professeurs et aux accompagnateurs, même si l'entreprise
paraissait perdue d'avance. Certains enfants ont pu rencontrer des
membres de leurs familles qu'ils n'avaient pas vus depuis des années.
Pour la plupart des enfants, c'était la première fois qu'ils
sortaient de leurs villages.
L'élégant centre culturel avait un air festif, et les
spectateurs ont pu apprécier une soirée musicale qui n'a sacrifié
ni le répertoire ni la discipline. La chef d'orchestre
Anna-Sophie Breuning n'a fait aucunement preuve de complaisance,
ni à l'égard des donateurs, ni à celui du public, et elle a
choisi des oeuvres exigeantes. La première partie était consacrée
au Concerto en Ré mineur de J-S Bach, avec au piano solo le
pianiste de Nazareth Bishara Harouni, doté d'une merveilleuse
rythmique et d'un son magnifique. Ont suivi des extraits d'autres
concertos de Bach (le 5ème Brandebourgeois et le concerto pour
violon et haut-bois). Pour le finale, l'orchestre tout entier a
joué deux suites de l'Arlésienne de Bizet, en entier, ce qui est
rare (exception faite d'un passage particulièrement difficile).
Un miracle de Nazareth : c'est ainsi qu'on pourrait décrire cet
orchestre, si l'on ne se rend pas compte des immenses efforts
qu'il a dû investir. Le son des instruments à cordes, les progrès
des solistes depuis deux ans, la maîtrise que de très jeunes
enfants ont acquise à la clarinette et au violoncelle en si peu
de temps : tout cela est le résultat de l'ambition des enfants,
de la détermination des professeurs et de la générosité des
donateurs. Comme en Europe au 19ème siècle et en Israël au début
du 20ème, il semble que la musique soit une composante importante
de l'aspiration des Palestiniens à l'autodétermination et à
l'indépendance.
Trad. : Gérard pour La Paix
Maintenant
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