Tendances au Moyen-Orient - La Syrie
Les options du
régime:
Constitution pluraliste et chasse aux
extrémistes
New
Orient News
Marche à Antioche en signe
d'appui à la Syrie face à la
conspiration du gouvernement turc et de
l'Occident
Photo: Sana
Lundi 20 février 2012
Le rapport politisé de la Ligue arabe
sur la mission des observateurs était
destiné dès le départ à
internationaliser la crise syrienne en
déferrant le dossier au Conseil de
sécurité. Le gouvernement syrien accuse
les pétromonarchies du Golfe de vouloir
torpiller les réformes promises par le
président Bachar al-Assad en vue
renverser le régime, la dernière réforme
en date étant le referendum sur la
nouvelle Constitution, jugé «ridicule»
par Washington et rejeté par
l’opposition. Pourtant, cette
Constitution inaugure une ère nouvelle
et inédite dans la vie politique de la
Syrie. Elle introduit le pluralisme en
abolissant l’article 8 qui instaurait un
monopole du Baas sur le pouvoir, et
supprime la présidence à vie, en
limitant à deux le nombre de mandats
présidentiels. Elle stipule, également,
que le président est élu au suffrage
universel direct, fait rare dans le
monde arabe.
La crise syrienne est devenue un enjeu
pour l'équilibre des forces au
Moyen-Orient. Les Etats-Unis, l'Europe
et les monarchies du Golfe d’un côté, la
Russie, la Chine, l'Iran et l'Irak, de
l’autre, sont engagés dans un bras de
fer duquel dépendra l’avenir des
relations internationales: soit
l’Occident et ses alliés dominent
unilatéralement le monde, soit le
multilatéralisme est instauré dans la
gestion des affaires de la planète.
Le véto opposé par la Russie et la Chine
constitue l’apogée de la confrontation.
Ces deux pays ont consolidé leurs
positions et réaffirmé leurs options en
exprimant leur soutien au pouvoir
syrien. Pékin a ainsi dépêché à Damas, à
la fin de la semaine dernière, son
vice-ministre des Affaires étrangères
qui a rencontré le président Assad pour
lui affirmer son appui. Mais l’Occident
ne désarme pas. La France s'est lancée
dans la promotion du groupe des «Amis de
la Syrie», qui doit tenir sa réunion le
24 février à Tunis. Mais là aussi, la
Russie a fait comprendre que cette
initiative sera vouée à l’échec si son
but est de réunir uniquement «les amis
de l’opposition syrienne et non pas ceux
de la Syrie.» Moscou coupe ainsi court
aux tentatives visant à mettre sur pied
une coalition semblable à celle
rassemblée lors de la crise irakienne
pour renverser Saddam Hussein et occuper
le pays. Autre échec, la «force
d'interposition» conjointe
arabo-onusienne, proposée par la Ligue
arabe sous l’impulsion des émirats
pétroliers.
Il ne reste plus aux Etats-Unis à
l'Europe, à la Turquie et aux
pétromonarchies du Golfe que la solution
unilatérale qui consiste à augmenter les
aides financières et militaires aux
insurgés armés. Mais ce jeu est
extrêmement dangereux car cette
opposition est désormais «infiltrée par
Al-Qaïda», de l’aveu même du patron du
renseignement américain James Clapper
(Voir ci-dessous). Ce responsable
américain a confirmé les propos du
ministre adjoint irakien de l'Intérieur,
Adnane al-Assadi, qui a affirmé le 8
février que des jihadistes étaient
partis combattre en Syrie et que des
armes à destination de l'opposition
syrienne étaient acheminées à partir de
l'Irak.
Sur le terrain, le pouvoir syrien semble
déterminé à écraser les groupes rebelles
qui sévissent dans plusieurs régions du
pays. Un général syrien cité par le
quotidien
al-Watan
a affirmé à cet égard: «Nous visons tout
homme armé où qu'il se trouve, on ne
coopère pas avec des terroristes. Les
autorités ont réussi à tuer nombre
d'entre eux, dont certains de
nationalités arabes et étrangères et a
en arrêter d'autres, à Homs.»
Les opérations de l'armée sont
extrêmement complexes, vu la présence de
civils que les hommes armés utilisent
comme boucliers humains, contraignant
les troupes régulières à faire preuve de
prudence pour éviter des victimes
civiles innocentes. Les militaires
progressent lentement mais sûrement à
Homs, où les insurgés, complètement
encerclés, chercheraient à obtenir un
cessez-le-feu. Après la province de
Deraa, la banlieue nord-est de Damas
(Douma, Harasta, Saqba), la ville de
Zabadani (nord de Damas) et Hama,
l'armée poursuit donc son offensive
contre les quartiers tenus par les
rebelles à Homs.
Pendant ce temps, la guerre médiatique
bat son plein et la désinformation a
atteint des sommets inégalés. Mais ce
tapage ne parvient pas à démentir le
fait que l'armée et le régime dans son
ensemble font preuve d'une forte
cohésion et d'une solide capacité de
résistance et semblent très loin de
s'écrouler. En revanche, l'opposition
reste très divisée et incapable de
proposer une alternative au régime, ni
un programme politique cohérant, comme
l’a souligné M. Clapper.
Le régime bénéficierait encore du
soutien de 55% des Syriens, selon les
statistiques réalisées en décembre par
l'institut «Doha Debates» pour le compte
des Britanniques.
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