Opinion
«Démocratisation»
de la Syrie et survie des abeilles
Nazim
Rochd
©AFP -
Eric Cabanis
Samedi 18 mai 2013
Comme l’ont
rapporté les médias, le chef de la
diplomatie étatsunienne, John Kerry, est
parti à Moscou convaincre les Russes de
cesser d’appeler au respect de la
souveraineté de la Syrie. Il est
rapporté que Vladimir Poutine le
président de la Russie avait déclaré
qu’il pense qu’«il est très important
que nos principaux ministères et
institutions coopèrent pour trouver des
solutions aux problèmes à l’ordre du
jour, qui sont le plus d’actualité». Le
pluriel utilisé n’est pas du tout
relevé, dans les analyses, et les
comptes rendus de presse ne traitent que
de la «crise syrienne». Pour laquelle
les Etats-Unis n’ont qu’une solution, la
livrer à une «opposition» qu’ils ont
déjà choisie, que devrait parapher une
«conférence» prévue en juin prochain,
avant qu’une assemblée générale
n’entérine le choix. Mais ce que
l’écrasante majorité de la population
mondiale ne sait pas, le quotidien
britannique le «Daily-mail» le divulgue.
Poutine a fait attendre John Jerry 3
heures durant. Bien sûr, le journal ne
donne pas les raisons de cet outrage
diplomatique. Il faut aller les chercher
dans un rapport publié par le ministère
des Ressources naturelles et de
l’Environnement de la Fédération de
Russie (MNRE). Poutine voulait discuter,
aussi et surtout, d’un crime écologique
qui menace la survie de la flore
mondiale et, par delà, celle de
l’Humanité. Un crime que commet le
régime étatsunien au profit des
multinationales de l’agroalimentaire. Le
phénomène, appelé Syndrome
d’effondrement des colonies d’abeilles (Colony
Collapse Disorder), relèverait du
mystère pour les communicateurs des
démocraties patentées. Alors qu’il est
recensé plus de 170 produits chimiques
différents dans les ruches et que des
échantillons de pollen dans les alvéoles
contiennent jusqu’à 35 types de ces
produits, entraînant la mort des
abeilles par millions. Target Health.Inc,
signale que leur population aux
Etats-Unis est réduite de 90% pour les
abeilles sauvages et de 80% pour les
abeilles domestiques. Situation qui
oblige les agriculteurs à louer des
ruches afin d’assurer la pollinisation
de leurs cultures. Ce qui provoque des
déplacements de colonies d’abeilles
d’une exploitation à une autre à travers
le pays, non sans conséquences graves
(stress, désorientation, infections et
perte des notions d’espace et de
saisons, déséquilibre alimentaire…).
Devant le désastre qui se profile,
l’Europe a pris des mesures contre
l’usage des pesticides et des organismes
génétiquement modifiés (OGM). Comme il
fallait s’y attendre, le gouvernement de
Barack Obama s’insurge contre les
conclusions qui impliquent les
pesticides. Au début du mois de mai
courant, un rapport conjoint de son
Département de l’agriculture et de
l’Agence de la protection de
l’environnement, stipule en substance
que sur «la base des recherches en
cours, il n’est pas établi qu’aux
États-Unis l’exposition aux pesticides
est un facteur important dans la
dégradation de la santé des abeilles, en
général, ou qu’elle affecte
spécifiquement la production de miel ou
la pollinisation». Derrière, se trouve
ce qui est appelé le «Monsanto-act», un
texte de loi signé par le président
Obama dont Greenpeace Canada, dit qu’il
«ne permettra plus aux tribunaux
américains d’empêcher la vente et la
plantation de plantes OGM même si elles
n’ont pas été approuvées par le
processus pourtant déjà laxiste des
autorisations et quelles que soient les
conséquences pour l’environnement ou la
santé». Une manifestation éclatante de
la «démocratie de marché».
N. R.
Publié sur
Le Jour d'Algérie
Le
dossier Syrie
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