Opinion
Les «droits de
l'homme»:
258 000 Somaliens morts de faim
Nazim
Rochd
La moitié
des victimes de la famine en Somalie ont
moins de cinq ans
© Reuters
- Feisal Omar
Samedi 4 mai
2013
Il fut un
temps où la barbarie ne se cachait pas
et assumait ses crimes sous le seul
couvert de ses armes et de sa force.
Avec l’avènement du colonialisme c’est
sous le label de la civilisation qu’elle
s’est exprimée. Les génocides,
l’asservissement des peuples, la
spoliation de leurs richesses et la
destruction de leur culture, se faisait
sous le prétexte de civiliser les
barbares. Les luttes de libération ont
fini par mettre à nu ce concept, qui a
connu un certain recul, pour
réapparaître sous un nouveau visage,
plus élaboré. Désormais, ce sont la
démocratie et les droits de l’homme qui
sont portés sur le drapeau de la
Barbarie relookée qui est parti en
guerre au profit de la liberté des
peuples. Encore plus cynique. Des
milliards de dollars sont mobilisés dans
le financement de «révolutions» qui ne
ciblent que les «régimes» qui dérangent
son hégémonie. Comme si la «démocratie»
donnait le droit de détruire des pays,
selon la règle qui justifie le viol par
le comportement de la femme violée (M.Bouhamidi),
car les mauvaises notes reposent sur la
seule conviction des «démocratiseurs».
Mais la Barbarie ne trompe que ceux qui
se prêtent à son jeu, le monde qu’elle a
configuré renvoie tous les jours son
hideux visage. En Somalie, loin de
l’arsenal médiatique et des
préoccupations des ONG et de leurs
«militants des droits de l’homme», 258
000 personnes sont mortes de faim, dont
plus de 133 000 enfants de moins de 5
ans. Le drame a eu lieu entre octobre
2010 et avril 2012, pendant que la
«communauté internationale» se démenait
à organiser des réunions des «amis du
peuple» libyen puis syrien et à
s’inquiéter des libertés en Corée du
Nord ou en Iran. Les Somaliens peuvent
mourir jusqu’au dernier, ce qu’ils sont
en train de faire, sans que les caméras
s’empressent à leur chevet, telles
qu’elles se focalisent sur la moindre
anicroche qui concernerait un
«activiste» patenté par les faiseurs de
«révolutions». En 1992 ils étaient 220
000 à mourir. La Somalie est pourtant
membre de la Ligue arabe, qui trouve
plus humain de financer les
bombardements contre la Libye et le
carnage en Syrie, avec la complicité des
Etats-Unis et de l’Union européenne.
Laissant des millions de victimes du
marché mondial livrés à la famine, selon
le principe de la liberté de commerce et
du profit. Et il se trouve des
intellectuels qui vendent à l’opinion
les «vertueuses intentions» de ces
barbares, en tentant de faire croire que
la soudaine fièvre droitdelhommiste, qui
s’est emparé des puissances
occidentales, procède de la seule
volonté de venir en aide aux opprimés.
D’ailleurs ne font- elles pas tout ce
qu’il faut pour surveiller ce qui se
passe sur la planète ? Et tous ces
organismes, qui produisent chaque année
une foule de bilans et de classements
des pays, ne sont-ils pas la preuve de
leur sollicitude envers l’humanité
souffrante ? Et puis toutes ces ONG qui
travaillent d’arrache-pied à faire
émerger des «sociétés civiles» destinées
à provoquer des «changements
démocratiques», ne sont-elles pas un
gage de générosité ? Autant d’arguments
servis par une propagande dont la
fonction est d’occulter les monstrueux
desseins d’un système mû par le seul
appât du gain. La Barbarie au minois
chatoyant des «grandes démocraties».
N. R.
Publié sur
Le Jour d'Algérie
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