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Jerusalem Post
La
domination du pouvoir juif saute aux yeux, dans le palmarès de la
revue « Vanity Fair »
Nathan Burstein
11 octobre 2007
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull&cid=1191257286817
C’est une liste des « personnes les
plus puissantes du monde », cent parmi les banquiers et les
magnats des médias, les éditeurs et les faiseurs d’image, qui
conditionnent la vie de milliards d’êtres humains. C’est un
club exclusif, insulaire, un cercle dont l’influence s’étend
partout sur la planète, tout en étant stratégiquement concentré
dans les plus hauts corridors du pouvoir.
Plus de la moitié des membres – en
fonction d’au moins un des critères retenus – sont juifs.
C’est une liste, autrement dit, qui aurait
fait sauter des juifs des générations précédentes hors de leur
peau, attirant comme elle le fait l’attention sur leur influence
disproportionnée tant dans la finance que dans les médias. A
rendre les choses encore pire – si c’était possible – aux
yeux ce beaucoup de gens, l’identité du consortium à
l’origine de cette liste : non pas un paquet d’antisémites
cinglés, mais une des publications les plus consensuelles et les
plus ‘glamour’ que l’on puisse trouver en kiosque !
Pourtant, cette liste ne semble pas avoir généré
de préoccupation, jusqu’ici. Au contraire, elle s’attire des
expressions de satisfaction et de fierté de la part de l’unique
commentateur juif qui y ait réagi par écrit.
Publicisée entre des pubs pour Chanel et
Prada, Dior et Yves Saint-Laurent, ce dont il est ici question,
c’est de la version 2007 du numéro spécial « Vanity Fair
100 », cet exemplaire annuel et opulent du magazine américain,
qui classe les personnes les plus importantes au monde. Habitée
comme elle l’est de Cohen, Rothschild, Bloomberg et autre
Perelman, cette liste pourrait donner l’impression de confirmer
tous les stéréotypes traditionnels sur les zones de surreprésentation
juive.
Joseph Aaron, rédacteur en chef de The
Chicago Jewish News [cliquer ici : Jewish
], pense que c’est là une
liste dont ses lecteurs devraient « se sentir particulièrement
fiers et satisfaits ».
« Vous pouvez le dire, que nous sommes
acceptés, dans cette société ! Ah, ça : oui !
Et vous pouvez dire que nous y détenons beaucoup de pouvoir ! »,
a écrit Aaron, cette semaine, faisant une allusion on ne peut
plus transparente à la vie juive aux Etats-Unis. « Il faut
parler d’antisémitisme comme de quelque chose du passé, et
dire que les juifs n’ont plus besoin d’avoir peur d’être
visibles et influents. »
Publiés sur plus de quinze pages, avant une
interview de Nicole Kidman, les classements – décrits, en
couverture, comme ceux des membres du « Nouvel Establishment »
- sont tout, sauf scientifiques, accompagnés d’une introduction
d’un paragraphe à peine, laquelle ne définit pas le pouvoir,
ni ne décrit la méthodologie ayant servi à les établir.
En tête du palmarès, pour la deuxième année
d’affilée, on trouve le magnat (gentil) des médias, Rupert
Murdoch, qui est suivi, en deuxième position, par Steve Jobs [Steve
Jobs ], cofondateur (non juif) d’Apple et de Pixar [la boîte
qui a produit le magnifique dessin animé Ratatouille ! ndt].
Au sommet des entrées juives, on trouve les cofondateurs de
Google Sergev Brin et Larry Page, classés seconds ex aequo, rétrogradant
d’une place par rapport à 2006. L’article indique que Brin
(34 ans) et son épouse « étaient en maillot de bain quand
ils se tenaient sous le dais » (Page, dont la mère est
juive, a été présenté, dans l’édition 2006 du B’nai B’rith
Magazine [revue de l’organisation franc-maçonne juive B’nai
B’rith (dont le nom signifie : Les Fils de l’Alliance,
ndt)] comme ayant « été élevé plus sous l’aile de son père…
dont la religion était… la technologie » !
Les Américains constituant la grande majorité
de la liste, le palmarès Vanity Fair 100 est remarquable, également,
du fait de certaines absences remarquées. Seuls neuf des noms
sont ceux de femmes, et deux seulement – la présentatrice de télé
Oprah Winfrey et le rapper Jay-Z – sont d’origine africaine.
Ce sont les lecteurs du magazine, toutefois,
et non la rédaction de Vanity Fair elle-même, qui recherchent à
la trace le sexe, la race et l’ethnie des membres du Nouvel
Establishment. Même si les rédacteurs incluent souvent des détails
éloquents sur les sujets de leurs biographies – comme le fait
que le nom originel du numéro 89, le comédien [comedian
] Jon Stewart, était Leibowitz – il appartient aux démographes
amateurs de déceler leur origine…
Cette approche n’a pas beaucoup attiré
d’attention, cette année. Elle avait, en revanche, allumé un véritable
incendie à Hollywood, en 1994, un reporter de la revue anglaise
Spectator ayant utilisé la publication du New Establishment,
cette année-là, comme inspiration pour un de ses articles, dans
lequel il aurait, selon ses détracteurs, perpétué des stéréotypes
malveillants au sujet du contrôle juif sur l’industrie cinématographique
(l’auteur, William Cash, argua du fait que cet article visait,
pour partie, à attirer l’attention sur un contraste entre l’ « establishment »
traditionnel, blanc et protestant, et la nouvelle version du même,
disproportionnellement juive. » Des considérations
d’origine n’apparaissent plus dans l’ « Establishment »
publié par Vanity Fair, mais il n’y a pas non plus de définitions
traditionnelles du « pouvoir », en termes politiques.
Aux côtés du maire de New York Michael
Bloomberg, à la 9ème place (il a donc refait 25
places par rapport à l’année dernière), on trouve seulement
deux responsables élus – l’ancien président Bill Clinton et
le vice-président Al Gore – qui apparaissent respectivement aux
6ème et 19ème rangs, ces deux derniers
ayant été cités en raison de leur travail après leurs
fonctions officielles, et non pour le pouvoir qu’ils exercèrent
à travers leurs fonctions politiques.
La définition limitée que le magazine donne
du pouvoir, par conséquent, constitue des zones dans lesquelles
les juifs excellent depuis longtemps, souvent par nécessité, dit
Ruth Wisse, professeur de yiddish et d’histoire comparée à
l’Université Harvard.
Dans son dernier ouvrage, intitulé « Les
juifs et le pouvoir », Ruth Wisse rend hommage au « succès
des juifs à travers les siècles », décrivant celui-ci
comme « une conséquence de la nécessité, pour eux, de développer
leur pouvoir d’adaptation à un degré extrême. »
Mais s’ils ont excellé de manière
disproportionnée dans des domaines comme les affaires et la médecine,
ils se sont aussi souvent cantonnés – ou ils ont été cantonnés
– à des domaines professionnels sans liens avec l’exercice
public du pouvoir.
De par leur focalisation sur des dirigeants
extérieurs à la sphère publique, ces classements de Vanity Fair
risquent de refléter, par pure coïncidence, les patterns
traditionnels de réussite chez les juifs – ainsi qu’une
aversion, traditionnelle chez les juifs, pour le pouvoir
politique.
Pour Aaron, cette liste montre à quel point les juifs sont aujourd’hui
« vitaux » pour la vie américaine [American
life ]. « Les palmarès publiés dans Vanity Fair »,
écrit-il, « en disent fort long sur la place des juifs dans
notre pays, et sur ces gens extraordinaires et étonnants que sont
les juifs. »
Traduit de l’étazunien par Marcel Charbonnier
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