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Message de Gaza

Nakba en 1948 et la souffrance continue ...
Nariman Ghanem

14 mai 2008

"Avant ces jours, la vie était belle, très belle. on était ensemble, on était tous paysans et on n'avait que notre terre et pour nous la terre égale la vie…on a jamais imaginé un jour qu'on va vivre loin de là mais malheureusement ce jour est arrivé malgré nous."

Les yeux larmoyants et le cœur serré; c'était le cas de mon grand père qui fait sortir à peine ces mots de sa bouche.

Chaque année et depuis quatre ans toute la famille se regroupe pour écouter nos grands-parents qui nous laissent vivre deux ambiances différentes en parlants de la Nakba : la première est plein de moments de calme et de stabilité qu'ils vivent avant et l'autre c'est les moments de souffrance et de peine qu'ils vivent également après. cette année j'ai la chance de partager une partie de ces moments avec vous en vous écrivant ce texte en français.

C'est très douloureux de se souvenir ces jours très durs qu'ils ont vécu comme tous les réfugiés palestiniens qui ont quitté leurs maisons et leurs terres par force et terrorisme israéliens

"On était à Sawafeer quand  la guerre a commencé, on était obligé à partir pas seulement parce qu'on avait peur de la force israélienne qui était soutenue par tous les  grands pouvoirs de monde entier de cette époque mais aussi on avait l'espoir que les armées arabes vont arriver à notre secours pour nous sauver de ceux qui viennent violer notre patrie et qu'on va rentrer bientôt chez nous quand ces armées battent l'armée israélienne mais on n'a pas su que cette dernière s'est bien préparée pour gagner cet affrontement injuste et inégal" dit mon grand-père.

Et là ma grade mère intervient avec beaucoup de tristesse:

"J'avais ma fille d'un an à la main et j'étais enceinte en mon huitième mois ces jours là où on a réfugié au début à Hatta un village juste à côté . on y est resté deux jours pas plus . là-bas, il n'y avait pas d'eau et moi je devais laver nos vêtements alors, j'ai décidé de rentrer à Sawafeer pour laver au moment où votre grand-père est parti à huit clos  pour amener l'argent qu'il a déjà cachés à côté de chez nous -et comme le cas de beaucoup de monde qu'ils reviennent à leurs villages pour chercher leurs affaires nécessaires qu'ils ont laissées derrière eux quand ils sont partis- il était prudent en marchant pour que les soldats israéliens ne le voient pas car s'ils le trouvent ils vont le tuer. Quand je suis arrivée il n'y avait qu'un seul puits qui reste. J'ai lavé les vêtements et directement je me suis orientée à Hatta pour que mon mari ne remarque pas mon départ quand il rentre mais je l'ai rencontré malheureusement dans la rue. Jusqu'à maintenant je ne peux pas oublié le regard d'inquiétude qu'il a eu …il était très fâché et il m'a blâmé: 

" tu es folle toi? Comment tu pars dans cette situation, tu ne sais pas que les israéliens percent les ventres des enceintes et coupent leurs seins?"  Juste à ce moment-là je suis devenue sûre que votre grand père m'aime!

 

Un rire collectif a éclaté dans la salle puis mon grand père a repris ses paroles:

"Après Hatta on est allé avec ses habitants à Karatia et quand les israéliens l'ont bombardé on est parti à Al-Magdal où on n'est pas resté beaucoup de temps et finalement on s'est installé au centre de  la bande de Gaza à Dair Al-Balah exactement. C'était vraiment un long voyage très dur .j'ai jamais connu un voyage pareil et jusqu'à maintenant je n'arrive pas à comprendre comment on l'a fait! Les deux première années tout le monde a vécu dans les tentes qui changent de temps en temps par l'UNRWA qui était là pour nous aider puis on a commencé petit à petit à construire des petites maisons en boue jusqu'on est arrivé à vivre ici dans cette maison."

La retrouvaille familiale a terminé et chacun est rentré chez lui mais les histoires tristes de réfugiés palestiniens et leurs souffrance partout ne terminera jamais tant que l'occupation ne reconnaît pas le droit au retour pour ces réfugiés. 

Pour conclure, on peut dire que aujourd'hui en 2008 nous vivons une autre catastrophe autrement en gardant bien sur la différence entre les deux parce qu'au moins nos ancêtres sont mort rapidement par une balle ou un fusil mais nous on meurt lentement mille fois par jour à cause de la situation insupportable qui nous étouffe .

On manque les moindres de nos besoins :coupeur d'électricité, pénurie d'essence et de carburants, blocus, fermeture….et la liste continue

Donc

Merci à l'occupation qui ne nous prive pas de sa grande variété de torture

Et merci au monde entier qui nous laisse vivre une nouvelle catastrophe par son silence injuste .

 

Ps: Sawafeer - Hatta – Karatia: sont des villages palestiniens occupés en 1948

 

Nariman Ghanem, étudiante au département français de l'Université Al-Aqsa-Gaza



Source : Ziad Medoukh


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