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Analyses
Georges Frêche, Agrexco et les régionales
Nabil Ennasri
Lundi 1er mars 2010
On
connaît le Georges Frêche coutumier des déclarations aux relents
racistes et nauséabondes. On connaît aussi le Georges Frêche
inconditionnel soutien d’Israël se targuant de défendre ce pays
depuis « trente ans ». On connaît moins la société
AGREXCO/Carmel que le président sortant de la région Languedoc
Roussillon souhaite installer dans le port de Sète. Ce projet
mérite qu’on s’y arrête car il est révélateur du zèle que
peuvent entreprendre certains hommes politiques français quand
il s’agit de se faire le relais de la politique de colonisation
d’Israël, pourtant considérée comme illégale par le monde
entier.
Quelques
jours après l’effroyable offensive israélienne contre Gaza,
Georges Frêche annonçait fièrement dans la presse sa volonté
d’aboutir à un accord commercial avec l’entreprise d’Etat
israélienne AGREXCO/Carmel dans l’objectif de faire du port de
Sète le terminal fruitier permettant à cette société d’écouler
sa production (fruits, légumes et fleurs) dans toute l’Europe.
Sauf que la multinationale Agrexco n’est pas une société comme
les autres. Détenue à 50% par l’Etat israélien, Agrexco exporte
70% des produits israéliens fabriqués dans les Territoires
occupés. Ainsi, en participant activement au processus de
spoliation des terres palestiniennes en Cisjordanie –
particulièrement dans la Vallée du Jourdain – AGREXCO/Carmel se
rend quotidiennement coupable de violations du droit
international. Le scandale ne s’arrête pas là : la Région
promettait à Agrexco d’investir 200 millions d’euros pour
moderniser le port de Sète dans le but – entre autres – de
faciliter l’arrivée de ses 500 000 tonnes de marchandises par
an. Croyant ne devoir s’opposer à aucune réaction, Georges
Frêche fit valider en catimini le projet en février 2009. Mais
c’était sans compter sur une mobilisation citoyenne qui grandira
à mesure que l’accord avec Agrexco dévoilera son caractère
pernicieux et néfaste pour les Languedociens. Dès l’annonce de
ce contrat de la Honte, des dizaines d’associations, partis,
syndicats et organisations se rassemblaient dans une “Coalition
contre Agrexco“. Une première manifestation rassemblant près
d’un millier de personnes s’est tenue à Montpellier fin juin
2009 et le refus d’Agrexco s’est répandu sur le continent avec
l’émergence du même type de coalition en Italie et en Suisse. En
France, la campagne BDS a fait de la lutte contre Agrexco l’un
de ses principaux objectifs.
La mobilisation se poursuit aujourd’hui et prend même davantage
d’ampleur. A l’approche des élections régionales, une journée
d’action nationale est programmée le samedi 6 mars 2010 pour
dire Non à Agrexco. Une Marche, surnommée « Marche contre
Agrexco » est également
prévue et partira symboliquement le matin du Conseil Régional à
Montpellier pour finir son parcours dans le port de Sète. Ces 35
km que des centaines de citoyens vont parcourir aura pour but de
manifester pacifiquement notre attachement aux droits de l’homme
et notre refus de voir l’argent public utilisé pour financer
l’installation d’une société criminelle au détriment du
développement d’une agriculture régionale de proximité.
Le but de ces différentes mobilisations est clair : nous voulons
démontrer à Georges Frêche – et aux autres listes qui
souhaiteraient maintenir ce projet - que des milliers de
citoyens du Languedoc se souviendront d’Agrexco quand il s’agira
d’insérer son bulletin dans l’urne le 14 mars prochain. Une
liste dont le président s’acharne à financer la venue d’une
entreprise aux pratiques frauduleuses et dont l’installation
mettra en péril des centaines d’emplois paysans ne peut se
targuer d’être progressiste. Le Languedoc mérite vraiment mieux
que ça !
Nabil Ennasri
est diplômé de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence,
est actuellement étudiant en théologie musulmane à l’Institut
européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon. Il est
également membre du Collectif des musulmans de France (CMF).
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