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Aujourd'hui le Maroc
Hervé Morin dans l’œil du cyclone afghan
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui
le Maroc
23 septembre 2008 Un rapport dont
la rédaction est attribuée à l’Otan décrit avec un luxe de
détails ravageur le manque d’équipement et de préparation de
l’unité française tombée dans l’embuscade des Talibans le 18
aout dernier.
Un coup très dur pour le ministre de la Défense français Hervé
Morin. A la veille d’un débat parlementaire sur la présence
française en Afghanistan, le journal canadien «Globe and Mail»
dégoupille une grenade dont l’écho fait tousser de rage la
grande muette française. Il publie le contenu d’un rapport dont
la rédaction est attribuée à l’Otan et qui décrit avec un luxe
de détails ravageur le manque d’équipement et de préparation de
l’unité française tombée dans l’embuscade des Talibans le 18
aout dernier entraînant le décès de dix soldats français.
Sentant le danger d’une telle information dans un contexte où
l’opinion française devient de plus en plus sceptique sur la
stratégie des alliés en Afghanistan, le ministre français de la
Défense Hervé Morin est rapidement monté au créneau pour
démystifier l’information du journal canadien. Pour lui, il ne
s’agit pas d’un rapport officiel et agréé par les instances de
l’Otan, à peine un «compte-rendu parcellaire effectué à chaud le
lendemain ou dans les 48 heures après l’opération» par une
officier du Joint Opération Center. Evoquant le manque de
munitions signalé dans ce rapport, Hervé Morin s’insurge «c’est
archi faux, les Forces françaises avaient leur dotation et même
plus (…) L'Otan (...) elle-même a démenti l'existence de ce
rapport».
En plus de la dénégation des éléments de ce rapport, Hervé Morin
place la sortie d’un tel document dans un contexte de «la
bataille de communication» que les Talibans cherchaient à gagner
face à «une opinion occidentale fragile». Et Hervé Morin
d’émettre une observation qui se veut lucide : «ce document
arrive dimanche, la veille du débat parlementaire (…) Je me pose
simplement cette question».
En plus du débat sur le degré de préparation et d’équipement de
l’armée française, Hervé Morin devait gérer la mauvaise humeur
d’un certain nombre d’officiers français qui se saisissent
régulièrement et souvent de manière anonyme de la presse pour
exprimer leurs désaccords quant à la mission des soldats
français en Afghanistan.
Hervé Morin devrait au moins être rassuré sur une chose : les
parlementaires français ne risquaient de voter contre
l’engagement français en Afghanistan. S’il est vrai que c’est le
seconde fois depuis le 16 janvier 1991, date à laquelle les
parlementaires avaient voté l’intervention française au Koweït,
que le Palais Bourbon va dire son mot sur une opération de
l’armée française dans un théâtre d’opération extérieur, tous
les observateurs s’accordent à dire que la valeur du débat est
plus pédagogique que politique. La veille, les députés avaient
reçu un courrier de Nicolas Sarkozy dans lequel il les exhortait
à l’union sacrée : «Je crois qu'il est particulièrement
important que la représentation nationale (...) exprime à nos
soldats et au peuple afghan le soutien clair qu'appelle leur
courage face à la barbarie».
Pour bien tenter de lier les pieds des socialistes et les
obliger à voter pour le maintien des soldats français en
Afghanistan, Hervé Morin et Nicolas Sarkozy rappellent
régulièrement que la décision d’envoyer des troupes françaises
dans ce pays a été prise en 2001 par le président et le Premier
ministre de l’époque Jacques Chirac et le socialiste Lionel
Jospin.
Il est vrai que sur ce sujet sensible, les socialistes français
demandent moins le retrait que la nécessité pour la France de
pousser ses alliés à revoir leur stratégie en Afghanistan. Leurs
doutes rejoignent les craintes de l’UMP auxquelles un mission
d’enquête sur le conflit pilotée par les députés Pierre
Lellouche et François Lamy donnent de la résonnance. Les deux
députés n’hésitent pas à affirmer que «la stratégie de l’Otan
est en train d’échouer». Alors qu’Hervé Morin était en pointe
pour dénoncer les abus du fichier policier Edvige, le voilà qui
semble être pris dans un cycle infernal : un flagrant délit
d’impréparation et de sous-équipement de son armée constaté par
l’Otan, des conséquences meurtrières difficilement supportables
pour une opinion qui ne comprend pas la mission de ses soldats
en Afghanistan et une communication brouillonne et
contradictoire qui accentue les fissures au sein de
l’institution militaire. Si Nicolas Sarkozy est le chef des
armées, Hervé Morin, ministre de la Défense, a de fortes chances
de payer le prix politique pour toutes ses casseroles dues à
l’improvisation et la précipitation.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 24 septembre 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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