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Aujourd'hui le Maroc
Kadhafi
embarrasse Nicolas Sarkozy
Mustapha Tossa
Mouammar Al Kadhafi
13
décembre 2007 Alors que
Nicolas Sarkozy affirme que la Libye a été politiquement invitée
à progresser sur le chemin des droit de l’Homme, le guide
libyen dément s’être entretenu sur la question avec le président
français. Y a-t-il eu un faux problème de
traduction ou un vrai mensonge d’Etat dans la communication
entre Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy ? L’un, le président
français, affirme, dans le but manifeste de dégoupiller la
bronca générale qui s’était levée au sein de l’opposition
et même à l’intérieur du gouvernement pour protester contre
l’épaisseur du tapis rouge déroulé au Raïs libyen, que la
Libye a été politiquement invitée à progresser sur le chemin
des droit de l’Homme. L’autre, «le Guide de la révolution»,
droit dans ses costumes traditionnels, est catégorique sur le
sujet : «Nous n'avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy,
ces sujets» et se permet même le luxe d’en rajouter dans les
effets désastreux de la dénégation : «Nous sommes des amis
assez proches. Nous coopérons. Nous avons évoqué les questions
de coopération entre les deux pays. Nous avons évoqué tous ces
contrats dans tous les domaines et dans l'intérêt des deux pays,
la coopération euro-africaine, l'Union méditerranéenne».
Et brusquement un doute s’installe. La presse déjà remontée
par la vague d’indignation qui accompagne cette visite,
s’empare de l’affaire et pose l’équation de la vérité et
du mensonge. Un éditorialiste de la presse régionale, «La République
des Pyrénées» s’interroge crûment : «Qui ment ? Kadhafi ou
Sarko ? Avec la tête d'halluciné hirsute du premier et son
regard qui se perd, on ne sait où, on serait plutôt tenté
d'accorder crédit à Nicolas Sarkozy (…) Alors faut-il croire
Kadhafi le fou ou Sarkozy, le trop habile agité qui, notamment
lors sa campagne, a déjà maintes fois montré sa capacité à
mentir?».
Cette simple interrogation n’est pas à l’avantage de Nicolas
Sarkozy dont la parole est remise publiquement en doute au point
de conforter sa réputation de vendeur de vents qui commence sérieusement
à ternir sa crédibilité et sa popularité. Le président français
et ses communicateurs se replient sur une stratégie bien huilée
: la conquête de nouveaux marchés par les entreprises françaises
vaut bien toutes les audaces, y compris celle d’accorder les
grands honneurs à un régime, jadis honni mais aujourd’hui à
la recherche d’une respectabilité internationale. A tous ceux
qui lui en font le reproche , Nicolas Sarkozy, extrêmement vexé
de ne pas avoir été compris dans sa démarche de gestionnaire réaliste,
a eu des mots extrêmement durs pour stigmatiser leur paresse
intellectuelle d’adolescents attardés et leur manque
d’imagination. Il n’est pas acquis que le cercle des amitiés
à gauche de Nicolas Sarkozy, qu’on dit se trouver à la veille
d’un remaniement gouvernemental, se soit élargi de manière
significative
A part celle où il avait communiqué sur son divorce, Nicolas
Sarkozy est en train de vivre, sans exagération aucune, la
semaine la plus dure depuis son installation à l’Elysée. Alors
qu’il tentait désespérément d’éteindre la polémique sur
le mensonge sur les droits de l’Homme, son invité de la semaine
Mouammar Kadhafi, boycotté par l’opposition à l’Assemblée
nationale, remet une couche de provocation dans son discours à
l’Unesco : «Avant de parler des droits de l'Homme, il faut vérifier
que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits (…) Les
Africains immigrés sont considérés comme des marginaux, des nécessiteux.
Ils expriment leur colère parfois par la violence, allument des
incendies (…) Je réprouve la violence, mais ceux qui expriment
leur mécontentement vivent des situations difficiles en Europe,
cela mérite qu'on y réfléchisse».
Pour l’opposition, composée dorénavant de la gauche plurielle,
des centristes de François Bayrou et d’une aile de l’UMP restée
fidèle à Jacques Chirac et à Dominique de Villepin, qui peinait
beaucoup à exister devant l’incroyable énergie et
l’indiscutable talent de communication de Nicolas Sarkozy, la
visite du Guide libyen est une aubaine tombée du ciel. Elle leur
a permis de démystifier la démarche de Sarkozy et le pilonnant
à volonté sur ses compromissions les plus voyantes et ses
contradictions les plus avérées. Il fallait voir avec quel
plaisir les chefs de l’opposition, jadis endormis, se succédaient
devant les objectifs des caméras pour distiller leurs critiques
contre la visite de Kadhafi. Une vraie renaissance. Du fond de son
Palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy doit trouver le temps
long… avant que cette lourde semaine libyenne ne se termine. Par :
Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 14 décembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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