Opinion
Pourquoi le
Hezbollah s'est-il engagé militairement
en Syrie ?
Mounadil
al Djazaïri
Al Qussayr
occupe un emplacement stratégique aussi
bien pour le Hezbollah que pour
l’opposition armée au régime syrien qui
reçoit argent et armes via la ville
libanaise d’Arsal
Mercredi 29 mai 2013
On a déjà
évoqué ici la participation du
Hezbollah aux combats en Syrie pour
conclure que le rôle du Hezbollah était
somme toute marginal, limité surtout à
l’encadrement de communautés
villageoises libanaises situées en
territoire syrien et à la protection du
mausolée de Sayyida Zeinab à Damas.
Il va bien sûr de soi que le
Hezbollah ne reste pas les bras croisés
devant les agissements des miliciens
«rebelles» qui sévissent à l’intérieur
du Liban, dans les secteurs limitrophes
de la Syrie.
Les choses ont changé depuis, et
le Hezbollah est directement engagé dans
les combats aux côtés de l’armée
syrienne.
Les raisons de ce changement sont
explicitées dans l’article, signalé par
Nidal, que je vous propose.
Et ces raisons n’ont rien à voir
avec 1) une haine du Hezbollah pour les
sentiments printaniers (et
démocratiques) qui animeraient
l’opposition armée en Syrie 2) une
affinité de type sectaire qui n’existe
que dans l’esprit de ceux qui ne
connaissent pas ce que sont
traditionnellement les rapports entre
chiites et alaouites. Et qui ignorent au
passage le fait que les relations entre
le Hezbollah et le gouvernement syrien
n’ont pas toujours été au beau fixe.
Non, le Hezbollah a une approche
stratégique rationnelle et il a compris
que la Résistance jouait sa survie en
Syrie.
L’article ne le dit pas, mais
l’affaiblissement, voire la disparition
de l’axe de la résistance au régime
sioniste qui résulterait d’une défaite
du régime syrien est souhaitée par les
monarchies arabes de l’Atlantique au
Golfe persique car elles sont
impatientes de normaliser complètement
leurs relations avec Tel Aviv.
C’est aussi le sens de
la dernière proposition de John
Kerry consistant à acheter, avec
l’argent des autres pour l’essentiel, le
renoncement des palestiniens à leurs
droits.
Djazaïri
Les
Limites du Hezbollah en Syrie
Par Wafiq Qanso, Al-Akhbar (Liban) 29
mai 2013 traduit de l’anglais par
Djazaïri
Le rôle du Hezbollah en Syrie
devenant de plus en plus prononcé,
Al-Akhbar examine les limites de son
intervention militaire, s’interrogeant
sur jusqu’où il ira pour défendre la
Résistance. Il est par exemple peu probable que
nous verrons des clips YouTube avec des
combattants du Hezbollah dans des
régions reculées et lointaines de Syrie
comme Raqqa ou Hasakah. Le Hezbollah est
conscient de ses limites dans un pays
vaste comme la Syrie dont le contrôle
requiert une armée nombreuse dont le
parti ne dispose pas.
Les opérations de combat du Hezbollah
en Syrie sont en conséquence
proportionnelles à la menace immédiate.
Selon des sources informées, sa
stratégie globale consiste à
«sauvegarder la Résistance et protéger
ses voies d’approvisionnement.»
Le parti s’est donc jeté dans la
bataille, de crainte que des groupes
takfiristes soient sur le point de
prendre le contrôle des provinces
syriennes riveraines du Liban, coupent
également l’autoroute vers l’aéroport de
Damas, ce qui créerait une «zone tampon»
autour de ses bastions de la vallée de
la Bekaa et couperait ses lignes
d’approvisionnement. Comme le couteau se
rapprochant très près de la gorge de la
résistance, le Hezbollah a considéré
n’avoir d’autre choix que de s’impliquer
directement dans le conflit.
L’imminence du danger à la frontière
nord-est du Liban coïncidait avec ce qui
apparaît comme une convergence
d’intérêts entre les acteurs arabes,
régionaux et internationaux, dont
Israël, en vue de renverser le régime de
Bachar al-Assad.
De fait, compte tenu du retrait
actuel de l’Egypte des affaires de la
région, l’Arabie Saoudite, et le Qatar
dans une certaine mesure – aspirent à
dominer la région du Levant.
Dans le même temps, il est hors de
doute que les Etats Unis et l’Europe
désirent renverser le régime syrien, en
raison notamment de son soutien à la
Résistance libanaise et de son alliance
avec Téhéran.
Les sources d’Al-Akhbar soulignent
que le Hezbollah ne combat pas pour le
compte du régime, mais à ses côtés, et
seulement tant que la bataille sert à la
protection des intérêts stratégiques du
parti. Selon nos sources, «Tout d’abord,
le Hezbollah ne se serait pas impliqué,
même à Qussayr, si le régime n’était pas
fort et ne jouissait pas d’un large
soutien populaire.»
C’est sans doute cette cohésion qui a
empêché des défections d’ampleur dans
l’armée qui aurait sinon adopté une
posture de neutralité dans la lutte pour
renverser le président Syrien.
Il importe d’observer ici que
l’administration des Etats Uni est dans
l’impasse sur cette question. D’un côté
l’administration US préférerait que
l’armée se détache d’Assad. Mais d’un
autre côté, l’administration ne veut pas
voir une réédition de l’Irak, avec le
démantèlement catastrophique des forces
armées.
.Il est certain qu’aucune des
factions de l’opposition n’est en mesure
d’imposer son contrôle sur le terrain,
tandis que le poids du Front al-Nosra et
d’autres organisations liées à al Qaïda
devient alarmant.
Compte tenu des fortes divisions au
sein de l’opposition syrienne et de la
mission presque impossible d’unifier ses
factions dispersées, l’administration US
est de plus en plus convaincue qu’il n’y
a pas de solution militaire à la crise.
Ce qui ne veut cependant pas dire que la
sortie de crise est en vue, où que la
proposition de conférence Genève 2
réussira à faire cesser le conflit.
D’une part, les acteurs régionaux
misent toujours sur un changement de
régime. Cependant, les progrès accomplis
par l’armée syrienne sur le terrain – en
particulier dans des secteurs cruciaux
comme Deraa et Qussayr, ainsi que les
préparatifs en vue de déloger les
rebelles d’Alep, pourraient s’avérer
être un tournant dans le cours d’une
guerre qui dure depuis deux ans.
Une conséquence de cette évolution
sera peut-être que les diverses parties
reconsidéreront leurs calculs et
attitudes d’une manière qui – ayant
finalement désespéré de l’option
militaire – favorisera en fin de compte
une solution politique.
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dossier Syrie
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