Opinion
Un général
français : «François Hollande nous
manipule»
Mohamed
El-Ghazi
Gaza 2009
- Photo PCHR
Samedi 14 septembre 2013
Dans une
analyse, le général
français Dominique Delawarde, ancien
chef du bureau
situation-renseignement-guerre
électronique de l’état-major interarmes
de planification opérationnelle en
région parisienne, rejoint le clan des
opposants à une frappe militaire contre
la Syrie en mettant en cause les
accusations formulées par les services
de renseignement français contre le
régime syrien, seul responsable, selon
eux, d’avoir gazé la population. Pour
lui, il n’y a aucun doute : les preuves
présentées par le Premier ministre aux
députés ne sont «ni convaincantes ni
crédibles». Le militaire français
rappelle, à cet effet, la présentation
du général Colin Powell aux Nations
unies de «fausses preuves indubitables»
établies par la CIA sur l’existence
d’armes de destruction massive en Irak
pour justifier l’intervention militaire
qui a suivi. «Personnellement, j’ai la
conviction intime que nous sommes en
présence d’une nouvelle manipulation
avec le massacre au gaz chimique de
Damas», affirme-t-il. Pour cet ancien
officier, l’utilisation de l’arme
chimique par Bachar Al-Assad «est une
affirmation absurde et ne tient pas la
route». Selon lui, le président syrien
n’aurait jamais pris un tel risque,
sachant qu’une intervention occidentale
suivrait de facto. «Il (Bachar Al-Assad)
possède un arsenal suffisant pour
frapper ses adversaires sans faire appel
au gaz. Aurait-il pris un tel risque à
un tel moment pour tuer seulement
quelques centaines d’adversaires en
banlieue de Damas, capitale du pays, à
une relative proximité des délégations
diplomatiques étrangères ?» se
demande-t-il, dubitatif. Ce «massacre»,
continue le militaire dans son analyse,
ne profite qu’aux deux autres parties en
cause dans cette affaire. «D’abord aux
opposants à Bachar El-Assad qui, si
intervention il y a, ont toutes les
chances de gagner rapidement leur combat
et de prendre le pouvoir en Syrie.
Ensuite, aux Etats-uniens et aux
Franco-Britanniques qui souhaitent
depuis longtemps affaiblir le Hezbollah
libanais, mais surtout l’Iran (cible
principale en raison du nucléaire), en
supprimant leur allié de toujours : la
Syrie de Bachar Al-Assad», a-t-il
expliqué. Pour corroborer son
argumentation, le général Delawarde
rappelle des précédents de ce genre de
manipulation dans la ville roumaine de
Timisoara, en décembre 1989, où les
médias avaient repris pendant plusieurs
semaines la fausse information d’un
prétendu «massacre» de 4 600 personnes
juste pour faire tomber Nicolae
Ceausescu. «Il y a eu deux autres
manipulations de ce type en Bosnie et au
Kosovo lorsque j’étais en fonction.
Elles ont été réalisées avec succès et
l’opinion et les médias n’en ont jamais
connu les tenants et les aboutissants»,
a-t-il révélé. Le général Dominique
Delawarde conteste les renseignements
français, selon lesquels les rebelles
syriens «n’ont pas le savoir-faire pour
mettre en œuvre les gaz». «C’est oublier
un peu vite que les rebelles sont
soutenus et conseillés par des services
spéciaux étrangers qui, eux, ont toutes
les connaissances nécessaires», a-t-il
avancé. Fustigeant la politique
étrangère française en faveur d’une
intervention militaire en Syrie pour
faire respecter, selon elle, les
conventions de Genève, le général
Delawarde s’est demandé pourquoi la
France n’a pas proposé d’intervenir
militairement lors du massacre de Gaza
en 2009 : «Il y avait, lors du massacre
de Gaza, 1 300 morts, bien réels
ceux-là, dont 900 civils et 300 enfants.
L’armée israélienne avait alors utilisé
des bombes au phosphore interdites par
les conventions de Genève (…) Y
aurait-il deux poids et deux mesures ?
Des massacres autorisés ou tolérés et
des massacres interdits ?» s’est-il
encore demandé, en concluant avec ironie
: «Cette utilisation de gaz dans la
ville de Damas n’est tout simplement pas
crédible. Il est vrai que plus c’est
énorme, plus ça passe. Mais, là, la
ficelle est un peu grosse.»
Publié sur
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