Opinion
Ouattara, la
CEDEAO et les manœuvres françaises au
Mali
Mohamed Bouhamidi
Alassane
Ouattara
Mardi 27 mars 2012
A DÉFAUT d’avoir d’une base
française au Mali, nous risquons -
avec ou sans l’aile protectrice de
la force Licorne ? d’avoir les
troupes d’Alassane Ouattara, « l’élu
« ivoirien de Sarkozy, à nos
frontières Sud. Car, voyez-vous, la
CEDEAO réunie en urgence a décidé
d’agir pour ramener le Mali dans
l’ordre démocratique. Bien sûr et
comme par hasard la CEDEAO, à
l’image de la France, ne demande pas
le retour d’ATT au pouvoir, mais des
élections le plus vite possible. ATT
est selon le calendrier français, un
homme politiquement mort après avoir
refusé de faciliter une présence
militaire française sur le sol de
son pays. À tous les naïfs qui se
demandaient pourquoi avoir précipité
son départ par un coup d’Etat
aléatoire, alors qu’il devait
quitter le pouvoir dans quelques
semaines seulement et pourquoi la
France a fourni tant d’efforts pour
paraître aussi distante de ce coup
d’Etat qu’elle a inspiré, il y a
lieu de rappeler qu’ATT représentait
des forces politiques et sociales
qui ont pesé de leur poids et dans
son refus d’une base française et
dans son évolution à l’endroit de
l’Algérie et de la démarche globale
pour la solution des problèmes à
l’origine de l’instabilité du Nord
Mali. Il apparaît aujourd’hui
clairement – et à la lumière des
déclarations officielles françaises
– qu’il faut vite passer à
l’après-ATT. Et donc, que ce coup
d’Etat devait éloigner des centres
de décision ces forces (que
représente ATT, NDLR), les
neutraliser et les empêcher ainsi
qu’ATT lui-même de peser sur les
prochaines élections et par là, de
faire élire un ATT bis qui. Que
reproche fondamentalement la France
à ATT ? De s’éloigner des
conclusions de la conférence
antiterroriste du G8 qui s’est tenue
les 13 et 14 octobre 2010 à Bamako à
l’instigation de la France, en
l’absence de l’Algérie et en
présence du Maroc. Chacun peut
comprendre que les dirigeants
maliens aient été séduits, en
octobre 2010, par la force de frappe
financière, économique et militaire
du G8. La conférence a promis
beaucoup d’aide au Mali, l’a décidé
à accepter des instructeurs
étrangers tout à fait capables
d’influencer les officiers
«réceptifs «, l’a persuadé
d’accepter la tutelle politique de
la CEDEAO en contrepartie de
promesses de développement. Bref,
c’est la victoire totale de la
France qui isole l’Algérie,
introduit son allié marocain,
s’assure une influence militaire et
accrue dans un pays qui lui
échappait totalement en 1960. En
moins d’une année les dirigeants
maliens avec ATT en tête
s’aperçoivent que les promesses du
G8 n’étaient que du vent et se
rapprochent de nouveau de l’Algérie
car l’unité du Mali était en danger
sous le poids des problèmes
socio-économiques qui alimentaient
les conflits au Nord Mali jusqu’au
risque de sécession. Pour la France,
Il fallait stopper cette correction
au plus vite et empêcher ATT et ses
soutiens de lui imposer une
continuité en influant sur le choix
électoral. Ce coup d’Etat avait ce
seul but. En demandant des élections
au plus vite, la France récupère
pour elle un pays politiquement
vacant entre un putsch et des
élections. Comment s’en assurer ?
Rien de plus qu’en utilisant la
CEDEAO dirigée par l’obligé de la
France, le supplétif Ouattara et non
moins élu de la MINURSO et de la
force Licorne. Avec la précipitation
de Ouattara à jouer le Matamore, la
France rafle la mise, mais a-t-elle
à ce point sous estimé
l’intelligence et la détermination
des forces patriotiques maliennes ?
Alger le 26 mars 2012. Mohamed
Bouhamidi
Publié sur
Le Jeune Indépendant
Le dossier Afrique noire
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