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Qui veut détruire la Grèce ?
Míkis Theodorákis
Míkis Theodorákis
Mardi 4 mai 2010
Le compositeur et ancien ministre grec Míkis Theodorákis ne
croit pas que son pays soit responsable du malheur financier qui
l’accable. Il décèle derrière cette crise la main de Washington
et dénonce le rôle du FMI.
Avec le sens commun dont je dispose, je ne peux pas expliquer
et encore moins justifier la vitesse à laquelle notre pays a
dégringolé à partir de 2009, au point de faire appel au FMI,
perdant ainsi une partie de sa souveraineté nationale et passant
à un régime de tutelle. Et il est curieux que personne jusqu’à
présent ne soit occupé du plus simple, c’est-à-dire de notre
parcours économique avec chiffres et documents, de manière à ce
que, nous ignorants, comprenions les causes réelles de cette
évolution vertigineuse et sans précédent, qui a comme résultat
la perte de notre identité nationale accompagnée de
l’humiliation internationale.
J’entends parler d’une dette de 360 milliards, alors qu’en
même temps je vois les mêmes dettes, voire de plus grandes, dans
de nombreux autres pays. Par conséquent, celle-là ne peut pas
être la cause essentielle du malheur. Ce qui me pose problème
également, c’est l’exagération des coups internationaux dont
notre pays est la cible, d’une telle coordination quasi-parfaite
contre un pays d’une économie insignifiante, ce qui finit par
être suspect. Ainsi suis-je conduit à la conclusion que quelques
uns nous ont culpabilisé et nous ont fait peur, de manière à
nous conduire au FMI, qui constitue un facteur essentiel dans la
politique expansionniste des Etats-Unis et tout le reste
concernant la solidarité européenne est de la poudre aux yeux,
pour cacher qu’il s’agit d’une initiative purement
états-unienne, pour nous jeter dans une crise économique
artificielle, de manière à ce que notre peuple ait peur, qu’il
s’apprivoise, qu’il perde des conquêtes précieuses et enfin
qu’il se mette à genoux, une fois acceptée la domination
étrangère. Mais pourquoi ? Pour servir quels plans et quels
objectifs ?
Bien que j’aie été et reste partisan de l’amitié
gréco-turque, néanmoins je dois dire que je crains ce
renforcement soudain des relations gouvernementales, et les
contacts précipités entre ministres et autres acteurs, les
déplacements récents à Chypre et la prochaine visite d’Erdogan.
Je soupçonne que derrière tout ça se cache la politique
états-unienne avec ses projets suspects, qui concernent notre
espace géographique, l’existence de gisements sous-marins, le
régime de Chypre, la mer Egée, nos voisins du nord et l’attitude
arrogante de la Turquie, le seul obstacle étant la méfiance et
l’opposition du peuple grec.
Tous, autour de nous, peu ou prou, sont attachés au char des
Etats-Unis. La seule différence c’est nous, qui depuis la
dictature de la Junte et la perte de 40% de Chypre jusqu’aux
embarrassantes polémiques avec Skopje (Ancienne République
Yougoslave de Macédoine) et les ultra nationalistes Albanais,
nous recevons des coups sans prendre conscience.
Il faudrait ainsi que nous soyons éliminés en tant que peuple
et c’est ce qui arrive exactement aujourd’hui. J’appelle les
économistes, les politiciens, les analystes, à me démentir. Je
crois qu’il n’existe pas d’autre explication logique en dépit du
complot international, auquel ont participé les européens pro-US
du type Merkel, la Banque Européenne, la presse réactionnaire
internationale, tous ensemble ont participé au ” grand coup ” de
la dévalorisation d’un peuple libre à un peuple soumis. Tout au
moins, je ne peux donner aucune autre explication. Je reconnais
que je n’ai pas de connaissances spécifiques mais ce que je dis,
je le dis avec mon sens commun. Peut-être beaucoup d’autres
pensent comme moi et nous le verrons peut-être les jours à
venir.
En tout cas, je voudrais préparer l’opinion publique et
souligner que si mon analyse est juste, alors la crise
économique (laquelle, comme je le dis, nous a été imposée) n’est
que le premier verre amer d’un repas de Lucullus qui suivra et
que cette fois-ci viendront aussi des questions nationales
cruciales, dont je ne veux pas imaginer où elles nous
conduiront.
Je souhaite avoir tort.
Míkis Theodorákis,
Compositeur et homme
politique grec.
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