La Voix de
la Russie
Résolution sur la
Syrie à l'ONU :
nouvelle victoire diplomatique de la
Russie
Mikhail
Gamandiy-Egorov
Photo: EPA
Lundi 30 septembre 2013
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté
à l’unanimité une résolution sur les
armes chimiques syriennes. Point
important : le document exclue
l’utilisation automatique de la force à
l’encontre de la Syrie en cas de
violations des clauses de la résolution
par l’une des parties du conflit syrien.
Il a fallu plusieurs semaines de
pourparlers et de négociations intenses
avant que le texte final de ladite
résolution soit finalisé. Précédemment,
les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la
France insistaient sur la «
nécessité d’inclure un article
contraignant » et en conférant
aux autorités syriennes « la
responsabilité pour une possible
utilisation d’armes chimiques »…
Y compris en cas d’utilisation des dites
armes par les forces « rebelles ». Une
résolution jugée évidemment inacceptable
par la diplomatie russe.
La résolution 2118 adoptée vendredi
dernier affirme quant à elle la
possibilité pour le Conseil de sécurité
de prononcer des actions si Damas ne
respecte pas ses engagements. Cependant,
et cela est dit clairement, il ne peut
s’agir de sanctions automatiques : en
cas de violation du plan de désarmement
(par l’une des parties du conflit), une
seconde résolution sera nécessaire
« sous le chapitre VII de la charte de
l’ONU »,qui pourra éventuellement
autoriser un recours à la force. D’autre
part, la résolution impose une
responsabilité égale sur le gouvernement
et l’opposition. Une première compte
tenu du fait que c’est la première fois
que les pays occidentaux acceptent
d’avoir une approche cohérente dans le
conflit syrien par rapports à ses
belligérants.
Comme l’a également bien souligné le
ministre russe des Affaires étrangères :
« La résolution souligne
l’inadmissibilité que les armes
chimiques tombent aux mains d’acteurs
non étatiques, représentés par les
forces de l’opposition. Par ailleurs,
tous les pays membres de l’ONU et en
premier lieu les voisins de la Syrie, se
doivent de prendre toutes les mesures
nécessaires pour assurer que leur
territoire ne soit pas utilisé pour
fournir à l’opposition syrienne des
armes chimiques et leurs composantes ».
Un message clair à certains pays de la
région dont on connait le rôle plus que
néfaste dans la tragédie syrienne.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon
a quant à lui indiqué que «
L’adoption de la résolution sur la
Syrie, c’est la première nouvelle depuis
longtemps, qui donne de l’espoir pour la
résolution de la crise. C’est une étape
historique ».Bachar al-Jaafari,
représentant permanent de la Syrie
auprès des Nations unies, a souligné de
son côté que « tous les pays
jouant un rôle dans le conflit syrien
doivent respecter la résolution, au même
titre que la Syrie, notamment en
stoppant le soutien aux groupes
terroristes. Les gouvernements de la
Turquie, d’Arabie saoudite, du Qatar, de
la France, des Etats-Unis et de la
Grande-Bretagne en portent tous la
responsabilité ».
La victoire diplomatique de la Russie
est indéniable. Les médias ainsi que les
spécialistes politiques de par le monde
s’accordent à reconnaitre le succès de
la Russie. Le journal français Le
Monde consacre un article
consacré à la résolution adoptée à l’ONU
avec pour titre : « Syrie : la
résolution de l’ONU consacre le succès
de Moscou ». Il faut avouer
que les auteurs de l’article ne sont pas
fous d’enthousiasme à avoir à
reconnaitre ce succès, néanmoins, le
fait de l’avouer est déjà un sacré pas.
D’un ton beaucoup plus optimiste et
amical, le directeur du Centre d’études
sur le Moyen-Orient de Beyrouth, le
général Hisham Jaber note de son côté
dans un entretien à La Voix de la
Russie que « nous sommes
devenus témoins d’une guerre
diplomatique féroce. Ce qui vient de se
produire – l’accord russo-américain et
ensuite l’adoption de cette résolution
au Conseil de sécurité de l’ONU, c’est
une victoire indéniable de Moscou. Tout
cela montre des chances réelles d’un
règlement pacifique du conflit syrien ».Il
souligne également que la Russie a
confirmé par ce biais sa présence au
Moyen-Orient et a réussi à renforcer ses
positions dans la région.
Nous avons évité le pire. A savoir une
intervention armée contre un pays
souverain et dans la pure violation du
droit international. D’autre part, la
résolution 2118 a réaffirmé la
souveraineté, l’indépendance et
l’intégrité territoriale de la Syrie.
Principes que beaucoup espéraient (et
espèrent encore) voir être violés. Il
n’en sera rien. Autre point important à
souligner : une solidarité des pays des
BRICS et d’un grand nombre d’autres pays
sur l’approche russe dans le conflit
syrien. Cette situation a aussi mis en
avant toutes les contradictions et les
actions totalement illogiques de la
politique occidentale dans le dossier
syrien, surtout lorsqu’on connait les
précédents irakien, afghan, libyen,
malien,… La Russie a donc une nouvelle
fois réaffirmé la place qui est la
sienne dans la politique internationale.
Les victoires diplomatiques
indiscutables, acquises avec brio, ne
doivent pas pour autant nous faire
oublier la tragédie de la Syrie en
général et du peuple syrien en
particulier. Elles doivent au contraire
nous pousser à continuer de travailler
sur la résolution rapide de ce conflit,
et de rester sur nos gardes compte tenu
du fait que certains va-t-en-guerre (ils
se reconnaitront) ne se sont toujours
pas calmés… Le temps nous montrera qui
aura raison.
© 2005—2013
La Voix de la Russie
Publié le 30 septembre 2013
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