Michael
Scheuer F. est un ancien
officier de renseignement de la
CIA, blogueur américain,
historien, critique de politique
étrangère, et analyste
politique, tel que le présente
Clearing House, dans son article
publié le 2 Juin et traduit
ci-dessous. Nous nous permettons
de le faire suivre de quelques
remarques parce qu’il semble que
certaines vérités désormais
incontestables lui auraient
échappé, alors qu’ils nous en
révèlent d’autres, que certains
cherchent à étouffer, dénigrent,
ou ne veulent pas entendre [NdT].
La mort d’environ 100
personnes - en majorité des
femmes et des enfants - au cours
du week-end est un rappel
salutaire d’une vérité éternelle
que les dirigeants occidentaux
semblent ignorer : DES GENS SE
FONT TUER DANS LES GUERRES !
Dans le cas de la Syrie : les
deux camps impliqués dans la
guerre civile [1] en cours
semblent partager la
responsabilité de ces décès [2].
Et bien que ceux qui appuient
sur les gâchettes de part et
d’autre soient responsables, le
fil directeur conduit aussi à la
Grande-Bretagne et David
Cameron, aux dirigeants de
l’ONU, à John Mc Cain, à Lindsey
Graham, à Barack Obama, et
surtout à Hillary Clinton et
Susan Rice. Ces
interventionnistes ont mené une
action efficace pour empêcher le
régime [3] syrien légitime de
rétablir l’ordre dans le pays,
et ont encouragé les dissidents
syriens à fournir de la chair à
canon pour ce qui est devenu un
face à face entre l’armée d’Al-
Assad [4] et des militants
islamistes aidés par Al-Qaïda,
armés et financés par les
Jordaniens, les Turcs, les
Saoudiens, et d’autre tyrans du
Golfe. En Bref, l’intervention
occidentale a fait en sorte que
le désordre s’installe dans la
durée pour qu’il murisse et
aboutisse à la guerre civile à
laquelle nous assistons
aujourd’hui.
Mais qu’ont donc jamais fait
les Syriens aux États-Unis pour
mériter que Washington décide de
manipuler un conflit interne en
Syrie et évincer Al-Assad ?
Encore mieux, que peuvent donc
faire les Syriens pour nuire aux
États-Unis ? Bien que depuis 40
ans, Washington, quel que soit
le parti aux commandes, ait
sinistrement prêché aux
Américains les dangers qui les
guettaient face au « mal »
qu’est la Syrie, un rapide coup
d’œil sur la carte montre
l’absurdité d’une telle
affirmation. En quelques
minutes, un observateur non
particulièrement averti
trouverait le petit État syrien
parmi les « Pays du Levant » et,
il ou elle pourrait être excusé
en cas d’hésitation entre un
véritable État-nation ou une
simple tache d’encre. Entourée
par Israël doté de son arme
nucléaire, par la Turquie
considérée comme une puissance,
et un monde sunnite qui aimerait
débusquer, écarteler et rôtir
Al-Assad, sa famille, et tous
les Alawites du pays sur la
broche réservée aux hérétiques,
la Syrie d’aujourd’hui ne fait
rien d’autre que tenter de
survivre au milieu d’un
voisinage difficile. Les
Américains peuvent dormir
tranquille car malgré les
mensonges sur la prétendue
"menace syrienne" de Mme
Clinton, Mc Cain, et les divers
consuméristes d’Europe, au bord
de la faillite, ni Milwaukee, ni
Portland ne verront jamais la
puissante armée syrienne marcher
le long de leurs boulevards
verdoyants.
Depuis bien longtemps, les
menaces belliqueuses de
Washington ont pour but le
financement des campagnes
électorales des deux partis
politiques qui se sont mis à la
remorque de la propagande
anti-syrienne faite par Israël
et la cinquième colonne de
citoyens américains menée par
l’AIPAC. [NB : L’ironie du sort
fait que la corruption délibérée
du Congrès américain et du
système politique US par l’AIPAC
a toujours été une bien plus
grande menace pour l’Amérique
que la Syrie]. Aujourd’hui, il
se trouve que les Syriens armés
par la Russie sont peut-être
devenus une menace pour Israël
et son expansionnisme permanent
en territoire palestinien. Ceci
reste une menace pour Israël,
sans jamais en être une pour les
États-Unis, mais les dirigeants
américains qui ont parlé et
dépensé continuent de parler et
de dépenser, comme si les
Marines syriens - s’il y en
avait - allaient bientôt
débarquer sur les plages des Hamptons, ruinant les vacances
de beaucoup de célébrités
hollywoodiennes, certes
cocaïnomanes, mais
contributrices à leurs
campagnes.
Compte tenu de la réelle
capacité d’Israël et de sa
cinquième colonne US à
déterminer et à contrôler la
politique américaine à l’égard
du monde islamique, la soi-
disant menace syrienne reste au
centre des préoccupations,
jusqu’à ce que le printemps
arabe ait déclenché une démence
fatale susceptible de détruire
Israël et d’entraîner les
États-Unis et ses alliés dans un
choc des civilisations avec le
monde islamique dont ils
sortiront perdants. Cette
démence fatale se ressent dans
les mots et - pour leur laisser
le bénéfice du doute - dans les
pensées de Mme Clinton, Obama,
Mme Rice, John McCain, Cameron,
et Graham qui affirment que le
printemps arabe installerait, à
coup sûr, une démocratie laïque
dans l’ensemble du monde arabe
et islamique. Ceci, alors que
les partis islamiques ont gagné
toutes les élections depuis que
le régime tunisien est tombé -
les Egyptiens étant sommés de
choisir entre les islamistes et
l’armée de tyrans et
ex-assistants de Moubarak - Mme
Clinton insiste à dire que la
démocratie laïque est en marche.
C’est le cas, mais uniquement
dans les cerveaux imperméables à
la réalité de la Secrétaire
d’Etat et de certains instruits
(?) de l’Ivy-League, leaders en
matière de politique et de
médias.
Comme la guerre civile
syrienne s’éternise et
s’intensifie du fait du soutien
accordé par les
interventionnistes
US-Occidentaux aux Saoudiens qui
financent et arment les
moudjahidines déjà à pied d’oeuvre
en Syrie, plus ceux en cours
d’entrainement pour les
rejoindre et créer de nouveaux
fronts, nous allons sans doute
nous faire servir encore plus de
mensonges à propos d’une Syrie
menaçante pour les États-Unis.
Nous allons aussi en apprendre
davantage sur la menace syrienne
pour Israël, mais ce qui était
hier un mensonge sera
aujourd’hui une vérité pour Mme
Clinton et Cie qui, forts de
leur foi quasi
marxiste-léniniste en
l’inévitable triomphe de la
démocratie, auront aidé Al-Qaïda
et les Saoudiens à atteindre ce
qu’ils n’auraient jamais pu
atteindre tous seuls ! Et c’est
ainsi que, de l’Atlantique à
l’océan Indien, s’enracineront
progressivement des régimes
sunnites et militants !
Et pour finir, l’intervention
occidentale sous direction US,
en Syrie, apportera ce que ce
type d’intervention apporte
toujours lorsqu’il s’agit du
monde musulman : mensonges et
tromperies du gouvernement, plus
de morts parmi les Syriens, plus
de taxes pour les contribuables
américains du fait de ce qui
aura été inutilement dépensé sur
les Israéliens et autres
étrangers, plus de haine de la
part des musulmans à l’égard du
gouvernement des États-Unis, et
une aggravation du choc des
civilisations qui fera que
Washington poussera à encore
plus de restrictions des
libertés civiles en un effort
futile pour conjurer une
éventuelle défaite.
C’est cher payé pour nous,
cher payer la fureur de nos
dirigeants pour qu’ils
interviennent au nom de la
démocratie dans des pays qui ne
valent pas la vie d’un seul
américain ou d’un dollar US. [5]
Michael Scheuer F.
02/06/2012
Article original :
Information Clearing House
http://www.informationclearinghouse.info/article31488.htm
Article traduit de
l’anglais par Mouna Alno-Nakhal
[Biologiste]
Remarques :
[1] Concernant la Syrie,
parler de guerre civile est plus
que contestable. Ce n’est ni
dans la tradition, ni dans
l’éducation de ses citoyens qui
sont d’abord et avant tout des «
Syriens ». Dans le cas
contraire, on ne voit pas
pourquoi les saoudi- occidentalo-US
auraient besoin de recruter des
« moudjahidines » venus de tous
les coins et recoins du monde,
comme semble l’admettre Monsieur
Scheuer lui-même. La guerre
civile est l’une des armes les
plus meurtrières des «
interventionnistes », censée
faire imploser la Syrie...
Maintenant, qu’il y ait quelques
tordus syriens vendus ou
égarés... nul n’est parfait !
Les grandes puissances
veulent la guerre civile en
Syrie mais ne parviennent pas à
l’imposer
http://www.silviacattori.net/article2489.html
[2] Parler de responsabilité
partagée alors que les preuves
s’accumulent démontrant que ni
le gouvernement syrien, ni
l’armée, ne sont responsables «
des massacres » perpétrés dans
la région de Houla pourrait
s’expliquer par le fait que
l’auteur a rédigé son article au
moment de l’annonce de cette
effroyable tragédie, puisque la
déclaration présidentielle
adoptée par le Conseil de
Sécurité des Nations Unis a
condamné le massacre mais n’a
pas désigné de coupable. Une
autre explication viendrait du
fait que Monsieur Scheuer ne
serait pas fin connaisseur des «
Pays du Levant », contrairement
à Monsieur Alistair Crooke qui
met l’accent sur l’improbabilité
de tels comportements en Syrie
et dans sa région. Enfin,
Monsieur Scheuer nous ayant
expliqué que
Saoudiens-Occident-US oeuvrent
de concert pour renverser Al-Assad
plutôt menacé que menaçant... le
doute devrait disparaître devant
l’évidence.
VIDEO : Pointblank Massacre :
Massive Fallout from Houla
Killings
http://tv.globalresearch.ca/2012/06/pointblank-massacre-mass...
killings
[3] Concernant l’armée dite
d’Al-Assad, il s’agit de l’ «
Armée arabe syrienne » et son
titre officiel est « Houmat’ el-diyari
» ou « Défenseurs de la patrie
».
[4] La Syrie est un État
souverain, doté d’un «
gouvernement » qu’il est inutile
de désigner par le terme «
régime », témoin en est cette
vidéo : Discours du Président
Al-Assad inaugurant la session
parlementaire du 03/06/2012.
http://www.youtube.com/watch?v=snus127fEbs
[5] Pour le dollar US... sans
commentaires ! Bref, ce texte
heurte, autant le citoyen US que
le citoyen syrien, mais il n’est
peut-être pas inutile car il
démontre que le gouvernement US
aura sans doute bien du mal à
convaincre de ses intentions
démocratiques et humanistes !