Embourbée
en Afghanistan, où les talibans lui
mènent la vie dure, et en Libye, où
son aviation ne parvient pas à venir
à bout de l’armée de Kadhafi, l’Otan
commettra-t-elle l’erreur d’attaquer
la Syrie avec le peu de moyens dont
elle dispose encore ?
Selon
Dimitri Rogozin, le délégué de la
Fédération de Russie auprès de
l’OTAN, l’organisation militaire
transatlantique “planifie en ce
moment une campagne militaire contre
la Syrie afin d’aider à renverser le
régime du président Bachar al-Assad
avec comme objectif à longue
échéance de préparer une tête de
pont dans la région pour l’attaque
contre l’Iran”.
À voir l’identité de l’auteur de
cette révélation aussi importante,
tout indique qu’il sait de quoi il
parle. Pour rappel, le conseil de
sécurité de l’ONU qui a condamné la
violence récurrente en Syrie, tout
en demandant vigoureusement aux
autorités du pays d’arrêter
d’utiliser la force contre des
manifestants pacifiques, a estimé
que la situation dans le pays ne
demande pas encore une interférence
de l’Otan. Cette déclaration
de l’organe exécutif onusien “veut
dire que la planification de la
campagne militaire est déjà bien
avancée. Ceci pourrait être
une conclusion logique des
opérations de propagande et
militaires, qui ont été perpétrées
par certains pays occidentaux contre
l’Afrique du Nord”, a estimé Rogozin
dans une interview avec le journal
Izvestia. Le diplomate russe
signalera le fait que l’alliance
vise à interférer seulement avec les
régimes “dont les vues ne coïncident
pas avec celles de l’Occident”. Il
ira plus loin en appuyant les thèses
de certains experts, qui ont affirmé
que la Syrie puis le Yémen
pourraient bien être les deux
dernières étapes de l’Otan dans
l’optique de lancer une attaque sur
l’Iran. Il affirmera sans ambages
que “le nœud coulant autour de
l’Iran se resserre.
Des préparations militaires contre
l’Iran sont déjà en train de se
faire. Nous sommes certainement
concernés et préoccupés par
l’escalade vers une guerre de grande
importance dans cette grande
région”. Il réitérera la position de
Moscou sur la question de
l’utilisation de la force en
ajoutant que la Russie “continuera à
s’opposer à l’utilisation de la
force en ce qui concerne la
situation en Syrie”, tout en mettant
en garde contre les conséquences
d’un vaste conflit en Afrique du
Nord seraient dévastatrices pour
l’ensemble de monde.
Revenant sur la condamnation du
conseil de sécurité de l’ONU, il
dira que celle-ci semble pour
l’essentiel symbolique et dépourvue
de conséquences pratiques, mais
indique que la “planification de la
campagne militaire est déjà bien
avancée”. Ceci étant, il serait bien
risqué pour l’Otan d’ouvrir un autre
front en Syrie, au vu des déboires
de la coalition occidentale en
Afghanistan et en Libye, en plus du
passif catastrophique en Irak. En
outre, il va falloir faire face à
l’opposition résolue de la Russie,
de la Chine et de nombreuses grandes
nations non alignées comme le Brésil
et l’Inde aux interventions
militaires occidentales de plus en
plus fréquentes.