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Ha'aretz
Comment les colons s'emparent illégalement de terres en
Cisjordanie
Meron Rapoport
Nazareth Illit - Photo jewishagency
Encore des révélations sur les méthodes de spoliation de terres
palestiniennes, dont Shalom Arshav avait déjà fait état dans un
rapport en 2006 (voir lien au bas de cet article), mais cette
fois confirmées par des témoignages de colons sous serment.
Ha¹aretz, 17 mars 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/964843.html
Les colonies de Cisjordanie ont agrandi leurs juridictions
administratives en prenant le contrôle de terres palestiniennes
privées et en les allouant à des colons. Ce que l¹Administration
civile qualifie elle-même de "vol" s'est déroulé de manière
parfaitement planifiée, et sans aucune autorisation officielle.
Pour la première fois, cette méthode a été rendue publique à
l'occasion du témoignage d'un habitant de la colonie de Kedoumim,
Michael Lesence, lors d¹une audience d¹appel contre un ordre de
l¹Administration civile d'évacuer 3,5 ha de terres près d'un
quartier de Kedoumim. Les registres officiels montrent que ces
terres appartiennent à des Palestiniens du village de Kafr
Qaddum.
L¹avocat de Lesence a admis à l¹audience que les terres en
question étaient des biens palestiniens privés. Toutefois,
Lesence en revendique la propriété au motif qu¹il les cultive
depuis plus de dix ans, après les avoir reçues en bonne et due
forme, forme assortie d¹un accord écrit, de la part des chefs du
conseil municipal de Kedoumim.
Des représentants de l¹Administration civile déclarent en
revanche que Lesence n¹a commencé à cultiver ces terres que
depuis six mois. Les avocats Michael Sfard et Shlomi Zecharia,
qui représentent les propriétaires
palestiniens au nom de Yesh Din Volontaires pour les droits de
l¹homme, soulignent que leurs clients ont continué à cultiver
leurs terres, et que l¹armée et les colons de Kedoumim leur en
ont interdit l¹accès.
Les habitants de Kedoumim ont affirmé devant le jury que les
Palestiniens n¹avaient aucun problème à accéder à leurs terres.
Mais une visite de la zone révèle une situation bien différente
: le garde posté près de la zone en question annonce « qu¹il est
interdit de laisser les Arabes » pénétrer sur les terres proches
de ce quartier de Kedoumim. Quand les Palestiniens se sont
approchés de ces terres à pied, une patrouille de l¹armée est
arrivée sur les lieux et les a évacués. Averti de l¹existence de
documents prouvant que les Palestiniens étaient bien
propriétaires, l¹officier a répondu : « Les documents ne
m¹intéressent pas. »
Cette méthode d¹appropriation de terres s¹est développée à
Kedoumim et dans les colonies environnantes vers le milieu des
années 90, après les accords d¹Oslo, et continue jusqu¹à ce
jour.
Zeev Mushinsky, « coordinateur des terres » au conseil municipal
de Kedoumim, a témoigné de la manière de faire : les employés du
conseil municipal, Mushinsky dans ce cas précis, relevaient sur
une carte les "terres abandonnées" autour des colonies, même si
elles se situaient hors de leur juridiction, avec pour objectif
de s¹en emparer. Le conseil municipal "allouait" lesdites terres
à des colons, qui signaient un document officiel selon lequel
ils déclaraient n¹avoir aucun droit de propriété, et que le
conseil pouvait les évincer quand il le jugeait bon, avec à la
clé des indemnités correspondant uniquement aux investissements
effectués pour la
culture de la terre.
Michael Bar-Neder, ancien responsable de la sécurité à Kedoumim,
a reconnu sous serment que cette « allocation » de terre était
suivie d¹un effort d¹agrandissement de la colonie. Selon lui,
une fois que les colons s¹étaient saisis des terres, une demande
était envoyée au commandement militaire pour que la terre soit
déclarée terre d¹Etat, car selon cette loi, qui s¹applique en
Cisjordanie, quiconque ne cultive pas sa terre pendant trois ans
renonce de fait à son droit de propriété (1).
(1) Pour comprendre plus précisément ce mécanisme, qui utilise
le droit ottoman, et plus généralement sur ce sujet, voir "Les
terres volées aux Palestiniens : rapport de Shalom Arshav sur la
construction des colonies sur
des terres privées palestiniennes"
http://www.lapaixmaintenant.org/article1451
Trad. : Gérard
pour
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