Opinion
Complément
d'information à l'article du Monde sur
le massacre à Nasihine
Mère
Agnès-Maryam de la Croix
Mardi 31 janvier
2012
Chers tous,
J'ai reçu d'un très cher ami un
article du Monde du 28.01.12
intitulé " Il est 16h30, un
massacre a eu lieu à Nasihine..."
Me demandant "comment
l'interprétez-vous". Et ajoute: "Je
trouve toutes ces informations très
tristes".
Ci-dessous l'article en question.
Pour répondre
à cette interrogation j'ai fait mon
enquête depuis le matin. Je n'ai
reçu de réponse définitive que la
nuit vers 21 heures. La raison est
que la région en question est
totalement coupée d'accès par les
bandes armées. Personne ne peut y
pénétrer. Il a fallu retrouver la
famille des victimes.
Le quartier Nazihin est quartier
mixte alaouite-sunnite, comme le dit
l'article, limitrophe au quartier de
Zahra, entièrement alaouite, que
nous connaissons bien pour l'avoir
visité deux fois avec des
journalistes indépendants.
Le quartier de Nâzihîn est bloqué
depuis 20 jours. Les bandes armées
ont réussi à le soustraire
totalement aux forces de l'ordre.
Ils ont forcé la cinquantaine de
familles alaouites à émigrer en
brûlant leurs maisons ou en les
menaçant des pires exactions. Cette
version contredit celle que rapporte
le journal Le Monde qui,
avec les médias mainstream,
a tendance à toujours cacher les
malfaiteurs.
Que s'est-il donc passé ?
Le jeudi
dernier une grande explosion a été
entendue dans le quartier. D'aucuns
pensent qu'il s'agit d'un accident
pour mauvaise manipulation des
charges explosives artisanales
fabriquées par les insurgés.
Toujours est-il que l'explosion a
provoqué un incendie et a tué sur le
coup quelques personnes adultes. Des
hommes armés se seraient introduits
ensuite dans l'immeuble pour achever
les survivants . Un massacre de 12
personnes innocentes.
De qui
s'agit-i? Qui a perpétré un crime
aussi ignoble.
Il s'agit de la famille de Abdel
Ghani Bahader. Qui est-il ?
Il est le frère de Ghazouan Bahader,
chauffeur du bureau du Gouverneur de
Homs. C'est ce dernier qui témoigne.
"Nous
sommes une famille sunnite dont les
membres sont fonctionnaires de
l'Etat. Moi et mon frère nous nous
sommes toujours tenus éloignés des
manifestations. Nous voulons être
neutres. Ni avec les uns ni avec les
autres. Cela n'a pas empêché les
insurgés d'attaquer plusieurs fois
ma voiture lorsque j'allais à mon
travail à la Municipalité, me
soupconnant d'être pro-régime.
Depuis trois jours, la
secrétaire du Gouverneur de Homs a
entendu Abdel Ghani lui dire qu'il
cherchait à déménager de Nâzihîn à
Bab Sbah, près de chez moi. Elle est
surprise, puisqu'elle croyait Bab
Sbah plus dangereux que Nâzihîn,
Abdel Ghani répond qu'il avait été
sollicité par les bandes armées pour
entrer dans l'Armée Libre de la
Syrie. Mais il a refusé et désormais
c'est du harcèlement menaçant.
Abdel Ghani n'a pas eu le temps de
déménager. Les bandes armées ont
réalisés avec sa famille une
opération de dissuasion exemplaire:
quiconque parmi les sunnites résiste
aux ordres des membres de l'Armée
Libre de Syrie aura son sort
semblable à ce collabo du régime."
Comme d'habitude les bandes armées
qui ont perpétré le massacre l'ont
mis à contribution pour accuser le
régime. En l'absence des
observateurs arabes le Gouvernement
demande à n'importe quelle instance
humanitaire de venir faire son
enquête à Homs pour dêméler les
circonstances du drame. Ghazouan, le
frère de Abdel Ghani, est prêt à
répondre à vos questions.
Un détail digne d'attention. Dans
l'article du Monde il est question
du dispensaire de Karm Zeitoun.
D'après les riverains, il y a une
impossibilité physique de se
déplacer de jour comme de nuit du
quartier Nâzihîn au dispensaire de
Karm Zeitoun. C'est extrêment
dangereux.
Une fois
qu'ils ont capturé un quartier les
insurgés ne le quittent plus. Aussi
tout ce qui est relaté d'un
va-et-vient au dispensaire est de la
fumisterie. Les victimes n'ont
jamais été dans un dispensaire. La
preuve: les corps ne sont pas
préparés comme on le fait dans un
dispensaire mais comme on le fait
dans un milieu civil musulman. ils
sont à même le sol et non pas sur
des civières comme cela aurait dû
être le cas si un dispensaire les
avait accueillis. De plus, où sont
les voisins pour pleurer les
victimes comme cela se passe
spontanément en Orient ? On ne voit
que le photographe et un autre
personnage, seuls, dans un décor de
théâtre. L'opération est un de ces
coups montés contre lesquels nous
nous élevons à juste titre car il
utilise les civils non protégés
comme chair à canons pour une
finalité de propagande.
Les bandes armées ont caché les
corps et refusent de les laisser
examiner par les médecins légistes
pour établir les causes des décès.
Conclusion: C'est une preuve de plus
de l'implacable cruauté de la
désinformation médiatique qui
tourne, à base de chair humaine
fraîchement sacrifiée pour pouvoir
en attribuer la responsabilité au
régime. En quête d'évidences pour
accabler une dictature, on suscite
et instrumentalise la mort des
civils pour en faire "matière" à
reportage. La chair vive sacrifiée
sert lâchement de matière à une
campagne médiatique tendancieuse.
Dommage pour Le Monde de
s'enfoncer encore davantage dans la
couverture de ce qui devient un
crime contre l'humanité.
L'article du
Monde
:
"Il est 16 h 30, un
massacre a eu lieu à Nasihine..."
Homs
Envoyé spécial -
Voici le récit
du photojournaliste Mani, présent à Homs
le jour du massacre du 26 janvier :
"A 16 h 30,
Abou Bilal, un opposant syrien me
fait part de l'appel téléphonique qu'il
vient de
recevoir : un massacre a eu lieu
dans le quartier de Nasihine. On parle
de 12 personnes dont plusieurs enfants
exécutés dans leur maison. Je viens tout
juste de
rentrer après une journée éprouvante
dans une petite structure médicale de
fortune installée dans un quartier
contrôlé par l'opposition, débordée par
l'afflux de blessés graves et de morts,
tous civils, victimes des snipers
loyalistes et de bombardements. Une
heure et demi après la nouvelle du
massacre, à 18 heures, une première
vidéo est mise en ligne sur YouTube qui
montre les corps de la famille
assassinée.
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Le
dossier Syrie
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