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Analyse
Comment la CIA pénètre nos médias
Maxime Vivas
Maxime Vivas
Lundi 31 août 2009
Est-il permis, sans se voir clouer au pilori
des « conspirationnistes », de dire que les consommateurs de la
« grande » presse française devraient réfléchir à ce qu'ils vont
lire ici ? Que sait-on (de sources sûres) de l'infiltration de
nos médias par la CIA ? Prenons le cas d'une richissime ONG que
j'ai étudiée de près depuis quelques années et qui inonde les
médias français d'un millier de communiqués par an, informations
qui seront reprises, souvent sous forme de coupé-collé. Ainsi va
se façonner l'opinion française, rendue méfiante à l'égard des
pays dont les choix politico-économiques dérangent l'Oncle Sam.
Mais d'abord, laissons la parole à des
témoins peu suspects d'imprégnation marxiste :
« La CIA contrôle
tous ceux qui ont une importance dans les principaux médias. »
William Colby,
ancien directeur de
la CIA.
« On trouvait des
journalistes pour moins cher qu'une bonne call-girl, pour deux
cents dollars par mois. » Un agent de la CIA, sur le recours aux
journalistes pour propager des articles de
la CIA."
« Katherine The
Great », de Deborah Davis, Sheridan Square Press, 1991.
« Les Etats-Unis et
l´Union européenne contrôlent 90% de l´information de la
planète ; sur les 300 principales agences de presse, 144 ont
leur siège aux Etats-Unis, 80 en Europe, et 49 au Japon. Les
pays pauvres, où vit 75% de l´humanité, possèdent 30% des
journaux du monde. » Ana Delicado (journaliste), « Les médias
racontent un seul monde, sans le Sud ».
In : Agence
internationale d'informations Argos, 28 novembre 2004.
L'ONG que j'ai étudiée s'appelle Reporters
sans frontières. Peut-on mesurer son indépendance à l'égard des
USA et des entreprises états-uniennes chargées d'intoxiquer
l'opinion mondiale ? Voici quelques éléments qui conduisent à
répondre par l'affirmative.
Au moment où cet article est rédigé (30 août
2009), les comptes de RSF pour l'année 2008 ne sont toujours pas
connus, en violation de la loi relative aux organisations
reconnues d'utilité publique. Cependant, deux rubriques du site
Internet de RSF sont intéressantes. L'une est intitulée
« Comptes 2007 » et la seconde « Agir avec nous ».
Dans la première, nous lisons : « Les
entreprises qui aident Reporters sans frontières sont
principalement Sanofi aventis et la CFAO, tandis que la liste des fondations privées
contient
la Fondation Soros, le Center for a Free Cuba, la National Endowment
for Democracy, le Sigrid Rausing Trust,
la Overbrook
Foundation et la Fondation de France ».
Dans la seconde, à la sous-rubrique : « Les
entreprises partenaires des actions et des campagnes de
Reporters sans frontières » et dans le chapitre « Les
Fondations », nous trouvons :
La Fondation Ford, la National Endowment for Democracy (NED), l'Open
Society Institute et enfin Sigrid Rausing Trust sur laquelle on
est mal renseignés (appel aux lecteurs futés !) mais dont RSF
nous dit qu'elle « soutient les activités de Reporters sans
frontières pour défendre la liberté de la presse et faire
reculer la censure au Maghreb, au Moyen-Orient et en Iran ». Pas
en Colombie, au Mexique ou au Pérou, les potes des USA, donc.
Regardons ensemble ce que sont les sponsors étrangers de RSF :
La fondation
Soros,
Le Center for a
free Cuba (CFC),
L'Open Society
Institute (de Soros, cité plus haut),
L'overbrook
Foundation,
La National Endowment for democracy (NED),
La Fondation Ford.
Pour faire court, je renvoie le lecteur au
livre « Les Etats-Unis de mal empire » (Danielle Bleitrach,
Viktor Dedaj, Maxime Vivas) et à mon livre « La face cachée de
reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone »
(les deux sont publiés par Aden Editions) pour ce qui est de la NED et du CFC. Les liens quasi-directs de
la NED avec la CIA
y sont irréfutablement démontrés, voire confessés par des
responsables de ce sponsor. Le CFC a pour mission de renverser
le gouvernement cubain. Voyons les autres, dont on a peu parlé à
ce jour :
Soros et son
Open Society Institute.
George Soros est partenaire du célèbre
Carlyle Group, nid de Républicains et d'anciens membres de la
CIA, dont l'un, Frank Carlucci, en fut le sous-directeur. Soros
a sauvé George W. Bush de la faillite quand ce dernier dirigeait
une société de prospection pétrolière. On ne compte plus les
pays où l'Open Society Institute est intervenue (avec succès),
en Amérique latine et en Europe de l'Est, pour favoriser la mise
en place des dirigeants pro-états-uniens.
L'overbrook
Foundation
Pendant la guerre froide, pour contenir
l'influence des Soviétiques, la CIA avait créé Radio Free Europe
qui émettait en direction des pays de l'Est. Parmi les
promoteurs de cette radio, on trouvait un certain Frank Altschul.
Parallèlement, afin de préparer son opinion publique à une
éventuelle intervention contre le bloc socialiste européen,
l'Administration états-unienne avait organisé une opération
d'intoxication médiatique sur son propre territoire. Une
organisation prétendument formée de citoyens apolitiques (The
Committee on the Present Danger) fut créée à cet effet. Parmi
ses principaux animateurs, figuraient Frank Altschul et William
J. Donovan.
Qui est William J. Donovan ? Un officier états-unien qui, à la
veille de la Seconde Guerre mondiale, avait fondé l'OSS (Office
of Strategic Services) l�ancêtre de la Central Intelligence
Agency. Pendant la guerre, il dirigea les services secrets US.
L'OSS forma les futurs directeurs de la CIA. Parmi eux : William
Casey. C'est sur recommandation de ce William Casey que la NED a été fondée par
l'Administration Reagan au début des années 1980.
Mais revenons un instant sur ce Frank
Altschul qui travailla à Radio Free Europe pour la CIA avec
William Donovan, futur chef des services secrets US et fondateur
de l'OSS, l'ancêtre de cette CIA dont un directeur fut William
Casey, instigateur de
la NED, paravent
de la CIA.
Frank Altschul est aussi le fondateur d'« Overbrook
Fondation », ce nouveau sponsor de RSF.
La Fondation Ford.
Le 20, puis le 25 août 2006, j'adressai à
Robert Ménard, deux mails dans lesquels je l'invitais à
souscrire à ses obligations légales en répondant à un certain
nombre de mes questions. Par exemple, je demandais si, outre la NED dont les subventions sont
affichées et le CFC (dont les subventions ont été cachées
plusieurs années) RSF avait d'autres sponsors US. Ménard me fit
répondre par Jean-François Julliard, aujourd'hui patron de RSF :
« … nous avons fait une demande auprès de
la Fondation Ford
qui a été refusée. Par ailleurs, nous avons reçu pour l'année
2006 une dotation de 30 000 dollars de la Fondation Overbrook
(première dotation). Et en 2003 de la Fondation Real
Networks (26 000 euros, dotation qui n'a pas été renouvelée).
C'est tout pour les Etats-Unis ».
On voit aujourd'hui que la demande à
la Fondation Ford a été renouvelée avec succès
et ce, après la publication de mon livre, lu attentivement à RSF
(Robert Ménard le critique à trois reprises dans son livre « Des
libertés et autres chinoiseries » (Robert Laffont). Or, que
révélais-je dans mon livre ? Ceci que j'ai cueilli sous la plume
d'Alain-Gérard Slama dans le mensuel « Lire » de mai 1995 :
« Raymond Aron raconte, dans ses Mémoires, son embarras
lorsqu'il découvrit, à la fin des années 60, que le Congrès pour
la liberté de la culture, officiellement financé par la
fondation Ford et par quelques crédits européens, et dont il
était un des phares, était soutenu, en coulisse, par la CIA. Pour un mouvement international censé réunir,
en totale indépendance, la fleur de l'intelligence occidentale
contre le stalinisme, et dont les revues Liberté de l'esprit et
surtout Preuves, furent, en France, le bras séculier, on se
serait passé de la caution. »
Presque cinquante ans plus tard, et alors qu'il n'est plus
possible d'être trompé, RSF recherche à deux reprises cette
caution et finit par l'obtenir.
Le 6 avril 2006, en réponse à une interview
que j'avais donnée la veille au quotidien Métro, RSF me menaça
d'un procès. Mais surtout, elle nia toutes les subventions
états-uniennes (qui étaient pourtant affichées sur son site).
Pourquoi le fit-elle si ces sponsors étaient avouables ?
Mon lecteur en aurait-il une petite idée ?
Maxime Vivas.
PS. Les informations ci-dessus (dûment
vérifiées) sont en partie puisées dans les deux ouvrages cités
publiés par Aden Editions.
Maxime Vivas sera présent les 12 et 13 septembre pour dédicaces
et/ou débats au Village du livre de la fête de l'Humanité, ainsi
qu'aux stands de Granma, Cuba Si, Alba, Forum pour un autre
monde….
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