Récit
Choses vues au Tibet
(2)
Maxime Vivas
Lundi 2 août 2010
« Pour le dire dans le langage de mai 68, il
faut " foutre le bordel à Pékin". C’est-à-dire que pendant les
JO on saute, on court, on nage et en même temps il faut des
sportifs citoyens qui disent avec des brassards, avec des
foulards orange, symboles de la révolution en Ukraine, leur
solidarité avec le Tibet ».
Daniel Cohn Bendit
Préambule : Sur
le Tibet comme sur tant d’autres sujets, ce n’est pas parce que
la presse a écrit à foison sur la permanence de la répression du
bouddhisme que cela est vrai. Et ce n’est pas parce que nous
avons cru et colporté ces informations que nous devons
persister, même si c’est plus facile. Pareillement, ce que les
médias installés ne disent pas et qui se lit ici n’en est pas
pour autant faux.
Dans la journée (la nuit est plus policée), on
cherchera vainement à Llassa la présence de forces de l’ordre.
Mais si j’écris sans avertissement : « Les
grandes artères, les carrefours de Llassa sont gardés par des
militaires en armes qui jettent un regard inquisitorial sur les
véhicules qui passent. Des chars d’assaut stationnent sur les
places, quitte à écraser les massifs de fleurs, tandis que les
rues sont arpentées par de petits groupes de policiers, torse
bombé et matraque à la ceinture. Les moines rasent les murs et
changent de trottoir », chacun me croira, n’est-ce pas ? Par
contre, j’en sais qui auront plus de mal à admettre ce qui suit
et qui est vrai.
Notre voyage est organisé par les autorités
chinoises. On peut aussi écrire « encadré ». C’est un curieux
mélange de séjour touristique club Med où
les gentils organisateurs prennent en compte tous vos désirs et
de visite guidées vers ce qu’il faut savoir. Et ce qu’il ne faut
pas savoir, alors ? Facile : nos bibliothèques, nos journaux,
nos documentaires télévisés nous en ont parlé, nous en parlent,
nous en parleront ad nauseam.
On peut discuter des voyages organisés pour les
journalistes. Ce n’est pas une exclusivité chinoise. On en
mesure les dangers. Au cours d’un débat à la librairie Ombres
Blanches de Toulouse, un vieil Espagnol était intervenu pour
prévenir : « Quiconque prend la parole le fait
pour accrocher les autres à ses wagons ». Et d’ajouter
malicieusement : « Moi-même, en ce moment…
». L’invitation faite à des journalistes est donc une
invitation à venir voir ce qu’il faut voir. Mais c’est les
sous-estimer que de croire qu’ils ne savent rien du sujet et
qu’ils sont mis dans l’incapacité de trier, de vérifier des
informations, de constater que des choses ont été dites qui ne
sont pas exactes. Aussi court qu’ait été leur périple, ils
peuvent en dire autant que ceux qui n’y sont pas allés et mieux
que ceux qui, ayant visité le Tibet avant eux, y puisent ce qui
sert un discours et non la vérité. J’en vois la preuve dans la
difficulté que tant d’observateurs (et jusqu’à nos lecteurs)
éprouvent à parler du Tibet sans y adjoindre un jugement global
sur la Chine tout entière, comme pour contrebalancer un constat
qui se démarque de l’image commune.
« A beau mentir qui vient de
loin ». Dans le cas présent, nous étions cinq, de différents
médias (voir
http://www.legrandsoir.info/Le-Gran...), groupés dans le
même voyage, voyant et entendant les mêmes choses, écoutant et
questionnant les mêmes Chinois (Hans et Tibétains). Si cela
était nécessaire (le conditionnel évite le procès d’intention),
cette contiguïté rendrait difficile la production d’articles
appuyés sur des mensonges purs, comme on en lit par ailleurs. Il
restera des différences inhérentes à l’analyse propre de chacun
et à la ligne éditoriale du média dans lequel il s’exprime, ce
qui peut induire des angles d’approches diversifiés. Pourquoi
s’en offusquer ? Je parle-là de l’acceptation légitime des
différences entre des journaux et non d’un désir de manipulation
par des moyens que la déontologie réprouve.
Je renvoie le lecteur à tout ce qui a déjà été
écrit sur l’ancienneté de l’appartenance du Tibet à la Chine.
Certains d’entre vous sont intervenus ici même sur ce point et
d’aucuns prétendent que la France devrait rendre plusieurs de
ses provinces dont les dates de rattachement (annexion ?
Invasion ?) sont plus récentes que celle du rattachement du
Tibet à la Chine. En dehors de mouvements extrémistes
bouddhistes et d’organisations antichinoises, il n’existe
personne pour remettre en cause l’appartenance du Tibet à la
Chine. Aucune organisation internationale, aucun pays (aucun !)
ne le fait. Le dalaï lama lui-même manoeuvre en recul et se
livre à présent à des circonvolutions sémantiques pour ne plus
avoir à poser clairement ce qui reste sa vraie revendication
(j’y reviendrai) : l’indépendance, non seulement de la région
autonome du Tibet (deux fois la superficie de la France), mais
du « Grand Tibet » (5 fois la France), c’est-à-dire
l’instauration d’un pouvoir théocratique couvrant un quart de la
Chine.
Je vous propose de revenir au coeur de notre
sujet : le Tibet.
Je le ferai en deux parties :
- la première sera un récit de voyage, les
choses vues.
- la deuxième viendra plus tard. Elle portera
sur le dalaï lama et sur des éléments essentiels de son
programme tel qu’il l’énonce et sur le point de vue des
autorités chinoises.
Au lecteur alors de se faire une opinion par ces
apports s’inscrivant dans ce qu’il croit connaître et qui peut
le conforter dans ses opinions ou l’inciter au contraire à les
reconsidérer : je donne à voir, je n’écris pas un tract.
* * * *
Une florissante
entreprise tibétaine.
A 49 ans, Da Wa Dun Zhu est directeur de
l’entreprise Tibet Dashi Group Co LTD, le
3ème groupe du Tibet. Il nous reçoit dans une tenue tibétaine et
chaussé de bottes noires. Il fut enseignant puis camionneur
avant de se lancer dans les affaires et de bénéficier d’aides du
gouvernement central (Pékin). Parce qu’il est Tibétain ? Oui et
non : parce qu’il fait partie d’une minorité ethnique. Le
gouvernement accorde des avantages et peut même se substituer
aux banques si elles se montrent frileuses.
Un sondage (dont il convient qu’il est partiel)
indique que sur 230 commerçants de Llassa, 95 % sont des locaux.
Il est assez fier de sa fulgurante réussite. Son
capital est de 1,5 milliard de yuans (1 yuan vaut 0,11 euro),
son chiffre d’affaire de 100 millions de yuans, sa croissance
annuelle de plus de 35%.
Chef d’entreprise tibétain
L’entreprise est divisée en quatre groupes :
travaux publics, transformation agroalimentaire, eau minérale,
produits de médecine tibétaine.
A ma question sur les droits sociaux de ses 2000
employés, horaires de travail, jours de repos, retraite, il
répond magistralement à côté et je n’en saurai pas plus. Il sera
plus prolixe pour répondre à la question : « D’où
vient la colère des moines exprimée le 14 mars 2008 ? ». Je
cite en vrac : « 7000 personnes dans la rue sur
2 millions d’habitants, beaucoup de sans emplois, de voleurs
déjà condamnés, de gamins, de lycéens, de Hans. Le problème
était social, pas ethnique. Il a été attisé par les nobles qui
ont fui le Tibet en 1959 et qui ont perdu leurs privilèges ».
La coopérative agricole.
Nous visitons la Coopérative des paysans
horticulteurs du district Dui Long de Qin.
M. A Wang Ci Ren en est le
président-gestionnaire administratif. Elle produit sous serre
des fleurs et des légumes et réunit 300 foyers qui s’échinaient
naguère à produire individuellement de l’orge. Ils louent
désormais leur terre à la coopérative et reçoivent un salaire
(1200 yuans) pour y travailler. Le prix seul de la location,
nous dit le responsable, équivaut à ce qu’ils gagnaient
auparavant.
La brasserie automatisée
et les Allemands.
Nous visitons la brasserie « Bière Barley et
Lhasa Beer ».
Ultra-moderne. Du malt australien et de l’orge
tibétaine entrent d’un côté dans 6 cuves (made in Germany). Des
chaînes automatisées s’occupent du reste : 720 tonnes de bière
par jour, 36 000 bouteilles remplies à l’heure. Des techniciens
allemands sont sur place pour installer une nouvelle chaîne.
Brasserie automatisée
Nous avons droit à une dégustation : délicieux.
Les salaires sont de 3000 yuans par mois, pour 7 heures de
travail par jour et 5,5 jours par semaine.
Le musée de la région
autonome du Tibet.
S’il est vrai (et non nié en Chine) que les
gardes rouges de la révolution culturelle se sont acharnés sur
tout ce qui pouvait symboliser le passé (bouddhisme inclus), on
peut se réjouir que bien des choses aient été préservées. Le
musée de Llassa est un impressionnant réceptacle de l’Histoire
et de la culture de cette région.
La médecine
traditionnelle tibétaine de Llassa.
Elle est à ce point brimée, paraît-il, que le 14
ème dalaï lama a dû créer pour la pérenniser un Institut de
médecine et d’astrologie tibétaine en 1961 à Dharamsala, en
Inde, où il réside.
Décision superfétatoire puisque nous allons
assister à Llassa à une causerie du professeur Zhan Dui,
directeur de l’Institut de Recherche sur la médecine
traditionnelle tibétaine, dans un complexe hospitalier qui
compte également une usine de fabrication de médicaments.
Avec un effectif de 600 personnes, 38 médecins
dispensent 280 000 consultations par an. 8 professeurs forment
les futurs médecins.
L’art en vigueur ici est parvenu au Tibet il y a
2300 ans par le Népal et l’Inde. A quatre grands principes
classiques (tantras médicaux) définis au IVème siècle, des
chercheurs tibétains ont ajouté des découvertes qu’ils ont
illustrées en 80 thangkas (tableaux). Un médecin tibétain en
blouse blanche, M. Ci Wang Deng Ba, va nous en expliquer
quelques-uns. Chacun peut approuver quand il explique que le
corps est un tout, que l’esprit n’en est pas déconnecté et que
soigner un organe sans s’intéresser au reste n’est pas l’idéal.
Quand il nous montre comment prendre le pouls pour mesurer d’un
seul coup l’état du coeur, de l’estomac et des reins, on tousse
in petto. Quand il nous dit que l’examen olfactif de l’urine
permet des diagnostics, il est permis de tiquer. A la fin, on se
prend à douter de l’infaillibilité d’un appareillage minimal
formé de trois doigts et de deux narines. Quand il nous révèle
qu’un des gestes médicaux fréquents est la saignée, on pense à
Molière et à la mortalité précoce à la cour du roi à Versailles
quand des Diafoirus purgeaient ainsi les patients de leurs
humeurs, sources supposées de leur tourment.
Mais le pire est à venir.
L’institut emploie 6 astrologues (« Vous
voulez dire "astronomes" ? », hasarde un de mes confrères
incrédule), dont deux, vêtus de blouses blanches, vont nous
faire une démonstration de leur savoir. Sur des plateaux de bois
à minces rebords disposés devant eux, ils versent une fine
couche de terre ocre qu’ils étalent ensuite du bout des doigts,
dessinant des traînées, des sillons, aplatissant ensuite le tout
d’un air inspiré avant d’y ciseler quelques arabesques avec une
tige. Ils s’arrêtent : la terre (dont Pétain a dit qu’elle ne
ment pas) a parlé comme parlaient chez les Romains les
entrailles de poulets. On ne saura pas ce qu’elle a dit ce
jour-là, mais ses discours donnent naissance à des livres qui
sont vendus à qui veut savoir de quoi demain sera fait et le
jour idéal pour semer le blé et récolter les concombres. Il
paraît même que nos gratouilleurs de terre avaient prévu le
tremblement de terre du Sichuan.
Médecins
Hélas, l’Institut, est subventionné par le
gouvernement central (Beijing), tandis que chez nous ferment les
hôpitaux de proximité où les médecins n’appliquent ni
n’enseignent des méthodes à ranger au rayon du charlatanisme et
de l’obscurantisme. J’imagine bien qu’il existe une autre
médecine tibétaine basée sur d’autres savoirs ancestraux. Mais
ce que j’ai vu là avec mes confrères prouve l’inexistence d’un
Ordre des médecins capable d’agir au Tibet comme il le ferait
chez nous.
Que chacun lise bien que je ne fais pas le
procès global et rapide d’une autre école, mais celui des
oracles, des visionnaires, des astrologues, des devins, des
renifleurs, des saigneurs. Il n’est pour cela nul besoin
d’adhérer à quelque système politique que ce soit : il s’agit
seulement de ne pas surestimer l’empirisme ni de mésestimer
l’utilité du rationalisme, de ne pas jeter tout d’un bloc
l’allopathie, de ne pas nier les savoirs scientifiques des
médecins et des ingénieurs météorologistes.
Le glacier Kharola, sur
la route de Shigatse (deuxième ville du Tibet).
On fait une halte sur un parking. Pas trop
d’oxygène. Il faut mesurer ses efforts. Le bas du glacier est à
quelques mètres de nous, à une altitude, dit un panneau, de 5560
mètres au-dessus du niveau de la mer. Les guides touristiques le
voient moins haut. Des tibétains abordent les touristes pour
leur vendre leurs productions artisanes, des souvenirs et pour
se faire photographier moyennant quelques yuans.
Drapeaux de prière
On nous l’a dit et répété : le gouvernement
central veut faire du Tibet la "barrière écologique de la
Chine". Par suite logique, l’usage des sacs en plastique qui
parsèment les paysages les plus magnifiques dans tant de pays
pauvres est interdit depuis vingt ans dans la Région autonome du
Tibet.
Dès lors, on chanterait volontiers avec Jean
Ferrat : « Mon Dieu, que la montagne est belle »
sans une débauche de « drapeaux de prière » qui la défigurent et
affirment l’arrogante suprématie d’une religion sur toutes les
autres. Quelqu’un, quelque jour, dans quelque monastère ou dans
un palais d’un dalaï lama, a fait croire aux moines et aux
fidèles qu’en tendant des centaines de mètres de fil dans la
montagne, en y accrochant des carrés de tissu portant des « soutras »
(textes religieux), la caresse d’un vent coreligionnaire les
diffuserait vers Qui de droit.
En maints endroits, sur la route de montagne que
nous avons empruntée, s’étirent des centaines et des centaines
de mètres, des kilomètres de drapeaux de prière tendus là depuis
des mois, voire des années, empoussiérés, déchiquetés, sans que
personne, ni un autochtone, ni un responsable des lieux ou du
gouvernement central n’ose le geste sacrilège de les retirer et
de rendre à la nature l’éclat de sa beauté originelle, vierge de
toute pollution visuelle et débarrassée de l’expression d’une
croyance sûre d’elle et dominatrice qui ne saurait tolérer
qu’une autre s’affiche avec autant d’ostentation, qui semble
nier à la face du ciel qu’il existe d’autres êtres vivants (y
compris au Tibet), qui ne croient pas et qui, tout en se fichant
des lambeaux de bannières sales, des bouddhas géants maquillés à
la feuille d’or, des tentures, des bougies, des moulins à
prière, de l’odeur de la cire et de l’encens, parviennent à
marcher droit, sans les béquilles d’une idéologie qui recourt
aux appeaux de la sorcellerie et qui appelle le moyen-âge comme
un paradis perdu. Je sais, je blasphème, c’est le privilège
tranquille des mécréants.
Mais ce n’est pas tout. Quelqu’un, quelque jour,
dans quelque monastère ou dans un palais d’un dalaï lama, a fait
croire aux moines et aux fidèles qu’en peignant sur la roche des
échelles blanches, l’âme en userait illico pour grimper au ciel
sans se fatiguer. Cette grotesque faribole est responsable des
tags les plus hauts du monde, les plus laids aussi, dépourvus
qu’ils sont de toute fantaisie artistique qui pourrait
supposément rendre les barreaux bancals, et périlleuse la
céleste ascension. Nous sommes dans un pays où la religion a des
droits qu’elle n’a pas en France. Chez nous, qu’un fidèle, qu’un
prêtre, s’avisent à peindre des croix blanches géantes sur les
rochers de nos montagnes, et quelques lois leur seront rappelées
par les autorités. Et il ne viendrait à l’idée de personne, hors
du périmètre restreint de Saint-Nicolas du Chardonnet, de bramer
que le catholicisme est ainsi persécuté.
A Shigatse au monastère
de Tashilhunpo.
Monastère ? En fait, c’est un village où vivent
600 moines autour d’un temple rénové au début des années 1990.
Wang La, le moine érudit qui nous sert de guide est âgé de 26
ans et il a choisi sa voie à 10 ans. Il nous fait visiter le
village et nous pénétrons à sa suite dans le temple. Il est
malheureusement interdit d’y prendre des photos. Vous auriez pu
voir un bouddha géant de 30 mètres dont chaque narine est assez
grosse, là-haut, « pour y loger le corps d’un
bébé ».
Journalistes et guide tibétain
La rénovation d’un autel géant a nécessité « 600
kilos d’or offerts par le gouvernement central ». Puis, Wang
La nous entraîne vers un enclos entouré de murs d’où jaillissent
des clameurs de cour de récréation. Nous y pénétrons librement,
au milieu de dizaines de jeunes moines réunis là pour une sorte
d’exercice intellectuel apparenté à la maïeutique socratique. Un
moine en choisit un autre en se plaçant devant lui, frappe dans
ses mains dans un geste spectaculaire accompagné d’un mouvement
du corps et pose une question sur quelque matière qui leur a été
enseignée. Le tout ressemble à un jeu ponctué de sourires, mais
il s’agit d’un exercice. Le tableau est assez agréable, les
jeunes gens ne s’offusquent pas d’être photographiés. Ils nous
remarquent à peine et ne se laissent pas distraire, tout à leur
activité à laquelle ils se livrent avec un plaisir évident.
L’espace naturel
réservé.
M. Jiang Bai, directeur général-adjoint du
bureau régional pour la protection de l’environnement, nous
reçoit au bord d’un espace de plus de 6 km2 ( 12 km2 si on y
ajoute les espaces environnants) qui est devenu une réserve
naturelle en 2009. Marais, herbe, pâturage. Objectif : préserver
la nappe phréatique et fabriquer de l’oxygène. Des habitations
et usines qui y étaient installés ont été déplacées. Au fond, au
pied d’une montagne elle-même protégée, on aperçoit quelques
immeubles bas. Ils seront également déplacés. Au milieu, un
bosquet : c’est un lieu intouché de prières traditionnelles.
Réserve écologique
Il existe 23 autres réserves analogues sur une
superficie de 150 Km2 dans les 7 districts qui entourent Llassa.
L’Institut de recherches
photovoltaïque.
C’est un lieu d’essai des productions de
matériels utilisant l’énergie solaire. Dans la cour, des
chauffe-eau à poser sur les toits, des panneaux solaires
orientables, un lampadaire solaire et un engin bizarre et
sommaire. Il s’agit de plaques de tôle en forme de conque et
recouvertes d’aluminium. Au milieu, une tige monte qui se
termine par un cercle de fer où l’on peut poser une bouilloire
pour le thé. Par temps ensoleillé, l’eau est chaude en 20
minutes. Le prix de vente est de 400 yuans, mais, nous dit-on,
il est distribué gratuitement aux Tibétains. Je doute un peu de
cette prodigalité généralisée jusqu’à ce que, entre les 300 km
de route qui séparent Llassa et Shigatse, je remarque cet
appareil solaire devant bien des maisons modestes au bord de la
route.
Danses et chants
folkloriques.
Nous assistons à un spectacle folklorique où des
artistes, en grandes tenues tibétaines, dansent et chantent dans
une salle de restaurant, accompagnés par un orchestre aux
instruments traditionnels.
L’université de Llassa.
Nous rencontrons MM. Yun Dan Jia Cuo,
directeur-adjoint et Professeur, Mi Ma Ci Ren (bibliothécaire)
et le jeune professeur Ren Qing Nuo Bu (informatique).
Ecran tibétain
Les étudiants disposent d’une bibliothèque
abritant 100 000 ouvrages classiques dont certains ont 8
siècles, écrits en tibétain. Avec leurs professeurs, ils ont mis
au point un programme informatique qui permet de travailler sur
ordinateur en usant de l’écriture tibétaine. Ils cherchent à
étendre cette possibilité aux téléphones portables.
Le monastère de Jokhiang
à Llassa.
Au fond d’une place bordée par des marchands. Le
temple, vue par un impie, ressemble aux autres. On s’y perd, on
confond. Dans une semi obscurité qui est la règle et qui messied
aux claustrophobes, des moines assis sur des banquettes de tissu
sale psalmodient en se balançant un chant monotone.
Ici, comme dans les autres temples visités, on
voit les fidèles, des liasses à la main, poser ou jeter des
billets de banque en offrande. Il y en a partout : dans des
niches, des autels, devant des gravures, sur des coussins, par
terre, dans de grands récipients que les moines viennent vider
par brassées. Ce sont souvent (pas toujours) des petites
coupures qui permettent de n’oublier aucun endroit.
Prière dans la rue
Dehors, sur le parvis, des pèlerins se
prosternent en se jetant à terre, pour une prière qui exige cinq
points de contact avec la terre (les pieds, les mains, la tête).
Les plus avisés disposent d’un petit matelas qui amortit la
rudesse du contact et, pour les mains, de coussins dont la
partie inférieure lisse permet le glissement jusqu’à allongement
complet du corps. Ils vont répéter ce geste des dizaines et des
dizaines de fois, comme dans une inlassable transe spectaculaire
(qui me désole, mais vous avez deviné mon allergie à tous les
mysticismes).
L’Institut de
tibétologie de Beijing.
Nous rentrons épuisés de Llassa par avion, via
Chengdu où nous avons raté la correspondance. Le voyage a duré
une journée et nous filons directement, moites et froissés, au
prestigieux Beijing International Hotel pour une réunion et
dîner avec M. Dong Yunhu, Vice-ministre, Professeur et chercheur
à l’Université du P.C. Chinois (j’y reviendrai dans le prochain
article).
Après quoi, les organisateurs nous rappellent
que le lendemain, dernier jour en Chine, l’avion décolle à
13H35, mais que le lever est prévu à 6 H pour une visite à
l’Institut de tibétologie. S’inspirant de l’exemple fameux des
Bleus refusant de s’entraîner en Afrique du Sud, les Français
sollicitent et obtiennent l’annulation de cette ultime visite
qui devait probablement être une conclusion utile à ce que nous
avions appris.
Parfois, "Les héros sont fatigués" et assez
douillets pour préférer une nuit de sommeil à une possible
saignée revigorante.
Maxime Vivas
« Le
Grand Soir » au Tibet
Tibet :
un pacifiste chez les bouddhistes
(Photos : M.V.)
© LE GRAND SOIR - Diffusion non-commerciale
autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 14 août 2010
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