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Cirepal
Au
commencement, l'épuration ethnique
(inspiré par la politique israélienne actuelle)
Marzûq al-Halabi
5 novembre 2006
Nous avions toujours affirmé que le danger qui menace le système
politique en Israël, que les fondateurs ont voulu démocratique,
gît à la droite et non à la gauche de la classe politique. Il
s'agit d'une droite politique, idéologique et pratique, enracinée
et dispersée dans tous les partis sionistes. Nous considérons,
pour notre part, que la gauche sioniste est en majorité de
droite, selon les critères européens! Tout observateur de l'évolution
de la pensée politique en Israël peut facilement découvrir
une réalité, celle que les forces de la gauche sioniste
traditionnelle, et leurs partis, n'ont pu s'arracher au temps,
n'ayant pu s'éloigner de leur implication à l'origine, au
niveau de leur pensée et de leurs pratiques, aux idées d'épuration
ethnique, d'expulsion et d'isolement spatial. Les Juifs qui ont
naïvement cru qu'il était possible de vivre en Palestine en
commun avec son peuple d'origine, ont été écartés de différentes
manières. Quant à ceux qui ont voulu que la présence juive en
Palestine soit une entité culturelle et non politique, ont été
entièrement supprimés. Disons que la dominante fut pour ce
courant sioniste conflictuel qui a considéré que sa présence
dans cet espace est une négation de son peuple originel, qu'il
ne peut se réaliser qu'en supprimant les Palestiniens, avec
tout ce que comporte cette expression. Quant au parti
travailliste sous la direction de Ben Gourion, qui s'est déclaré
et s'est présenté comme étant la voix de la modération ou du
choix pragmatique, il fut en fait le moteur du projet sioniste
consistant à installer un Etat national juif dans l'espace
palestinien, avec le prix du nettoyage de cet espace de sa
population d'origine.
Par cette introduction, nous voulons analyser la politique israélienne
aujourd'hui, qui porte dans ses profondeurs des indications plus
lointaines que le terme politique peut décrire. La question
n'est pas dans la nomination de Lieberman qui dévoile les rêves
collectifs de la société juive concernant la géopolitique, et
en même temps la crise de la société juive en Palestine et son
enfermement dans le ghetto qu'elle s'est érigée. Il s'agit
d'une crise qui se manifeste dans la destruction de la théorie
de "l'imminence technologique" ou du
"fondamentalisme scientifique", comme certains l'ont
appelée, basée sur la supériorité technologique israélienne
supposée et absolue qui devrait garantir la victoire permanente
d'Israël, en tant qu'Etat et en tant que société, contre tout
adversaire, et lui permettre de vaincre tout défi! A partir de
cette supposition, la société juive a développé, par le
biais de ses forces "libérales", une démocratie basée
sur le chauvinisme juif, dont les constantes demeurent presque
inchangées. Cette démocratie et ce libéralisme sont demeurés
prisonniers, incapables d'estimer et de rendre compte. Ils ne
reconnaissent pas l'injustice historique envers les Palestiniens
qui a été exilé, qui est resté ou qui a été soumis à
l'occupation, ni envers les juifs orientaux qui ont été apportés
de l'espace arabe pour les rendre ashkenazes (occidentalisés)
car ils démentent la théorie que le juif sioniste est une négation
de l'Orient et de tout ce qui y vit. Ce qui signifie que cette
société qui considère le conflit comme ayant commencé en
1967 n'a pas pu se réconcilier avec elle-même pour ce qu'elle
a commis et demeure incapable de dire son histoire violente et
catastrophique qu'en se posant en victime. Elle n'a pu
s'approcher, que pour une période très courte et avec timidité,
de l'honnêteté avec elle-même, que lorsque des historiens
post-sionistes et post-coloniaux, se sont exprimés
dans le climat instauré par les accords d'Oslo (Benny Morris et
d'autres). Mais très vite, une partie d'entre eux a reculé,
revenant à son parcours originel.
Dans ce cadre, la société juive peut recommencer ses succès
et ses erreurs. La nomination de Lieberman n'indique pas la
nature des changements politiques en Israël, mais une réalité
plus profonde, celle affirmant que l'épuration ethnique était
et est encore une possibilité et une alternative pour
cette société ! Comme si les élites israéliennes dont la théorie
relative à "l'imminence technologique" a subi un échec
cuisant dans la résolution du conflit avec les Arabes et les
Palestiniens et à garantir leur présence en Palestine, se
sont repliées sur le point de départ, lorsque la solution était
de jouer avec la démographie en s'y appuyant, et nous
avons assisté à la Nakba et ses effets, jusqu'à nos jours. Ce
qui veut dire que ces élites considèrent que cette alternative
est l'ultime succès et la réalisation de ses buts, et qu'il
est possible d'y revenir.
Nous devons voir, ici, le lien entre la nomination de Lieberman
et la dernière guerre contre le Liban, guerre au cours de
laquelle Israël a, une fois encore, eu recours à une capacité
de destruction infernale, qui ne correspond absolument pas à ce
qui se passe aux frontières avec le Liban. Ce qui signifie que
la société israélienne peut, à tout instant, produire
le terrible et le catastrophique, au niveau des actes et des
politiques. Ceci n'est pas étonnant, même si nous aimons nous
étonner de temps à autre, sachant que l'histoire du conflit
n'a laissé aucun scénario que nous n'ayions vécu ni vu, et
dans ses formes les plus multiples... Ce qui n'est pas réglé
par la force sera réglé par encore plus de force ! Et je ne
vois dans "la philosophie" de Lieberman, qui n'a modifié
aucun mot par rapport à ses prédécesseurs, que la
manifestation de cette idée promettant de crimes israéliens
futurs. Lieberman n'est pas l'homme qui suscite notre inquiétude,
mais c'est ce qu'il personnifie, le choix de la violence fait
par les nouvelles élites juives israéliennes que nous voyons imiter
les élites fondatrices, qui ont profité du climat de la deuxième
guerre mondiale pour se jeter, sans aucune pitié, sur la
Palestine et son peuple, prenant prétexte de la justesse de la cause
juive et la souffrance du fait des massacres commis par le
nazisme. Ce qui est inquiétant, c'est cette légitimité
renouvelée des solutions violentes qui sortent du goulot de la
bouteille où Israël s'est placé après sa première guerre
contre le Liban.
La soumission des Palestiniens est le seul choix stratégique
aujourd'hui pour la société juive en Palestine, depuis qu'elle
a refusé de reconnaître la production de la question
palestinienne. Ce choix a échoué, ni les Palestiniens se sont
soumis, ni ils ont disparu de l'espace. L'incapacité à réaliser
ce choix a donné naissance à une congestion puissante et à un
désir d'asséner aux Palestiniens une autre leçon, en donnant
un coup mortel ou ce qui lui ressemble, surtout que la capacité
de frappe israélienne a été ébranlée depuis l'échec au
Liban en 1983, la première puis la seconde Intifada. Cette
congestion pousse et mobilise l'ensemble des énergies de cette
société dans une tentative, qui devra inévitablement
parvenir, pour trancher.
A partir de là, et que nous excusent les analystes et les
commentateurs qui occupent les chaînes satellitaires et les
radios si nous ne partageons pas leur avis, il ne s'agit pas
pour Olmert, chef du gouvernement israélien, de défendre son
poste ou son alliance fragile gouvernementale. La participation
de Lieberman dans l'espace politique est semblable à la mise en
place d'un mur d'apartheid dans l'espace géographique. Dans les
deux cas, il s'agit d'indiquer une mentalité politique et une réflexion
concernant le Palestinien et son espace. Les deux mêlent la
force et la peur, la crise ou le problème. Il y a une force
militaire et politique soutenue sur le plan international et une
peur juive de perdre le pari contre l'histoire et l'espace, et
un problème matérialisé par le Palestinien. Le mur est venu
pour isoler le lieu et alléger le poids de la démographie,
comme le désengagement unilatéral de Gaza. C'est la même
politique qui est appliquée dans l'espace politique, en faisant
appel à Lieberman comme il fut fait appel au mur à l'époque.
Rappelons que l'idée du mur, tel qu'il est matérialisé sur le
terrain, est d'abord une idée issue de la philosophie de la
gauche israélienne, et ensuite, de sa politique. Dès le début,
l'idée préférée par les forces influentes du mouvement
sioniste est la séparation entre les juifs et les Palestiniens
dans l'espace. Ils ont poussé ce choix jusqu'à l'épuration
ethnique. L'idée est reprise actuellement avec le mur et en
accordant la légitimité totale, avec le poste de ministre des
affaires stratégiques, à une personnalité qui représente le
choix renouvelé de l'épuration éthnique !
Ce qui se passe actuellement en Israël, c'est le retour au
point de départ, et le renouvellement du choix de l'épuration
ethnique que les élites israéliennes brandissent pour que nous
apprenions la leçon ! Il n'y a aucun doute que cette voix, même
si elle est portée par Lieberman et son parti, représente une
voix collective juive qui s'exprime de temps à autre, des
tribunes les plus importantes et par de grands responsables de
l'Etat. Que se déroule donc ce qui s'est déjà passé, et
l'injustice qui a suivi ! S'ils mentionnent Lieberman, c'est
pour que nous demandions la protection, nous récitions les prières
et regrettions les jours du Likoud et de Sharon, des
travaillistes et de Peretz et les autres participants à la
tragi-comédie ! Ils le mentionnent pour que nous l'entendons
afin que nous les supplions de ne pas le faire participer au
gouvernement ! Tout à fait comme depuis des dizaines d'années,
lorsqu'ils ont mis l'occupation en discussion, l'ayant considérée
comme le début, afin que nous oublions la Nakba, l'exil forcé,
l'épuration ethnique ou que nous considérions que le début du
conflit date de 1967 !
La nomination de Lieberman au gouvernement en Israël, en réalité,
ne purifie aucun des politiciens israéliens, ni de
"gauche" ni de "droite", ni ne peut les
transformer en héros de la paix, de la modération ou de la démocratie.
Car la question n'est pas dans le vocabulaire, ni dans les
personnages, mais dans la philosophie politique produite par les
élites juives en Palestine, dès leur installation dans le
lieu, et même avant. Lieberman a une autre signification, qui
prend sa racine dans la philosophie raciste victorieuse
militairement, armée de la théorie de la supériorité
technologique et du fondamentalisme scientifique, et qui produit
quotidiennement mille phénomènes semblables.
C'est ce qui est inquiétant, surtout lorsque la peur et
la force, rejoignent cette philosophie, annonçant des
catastrophes terribles, qui ne seront pas limitées à l'expérience
juive, mais à toute la planète.
Au commencement, ce fut l'épuration ethnique, et ils peuvent
appel à elle sous prétexte de guerre préventive ou d'autres
justifications. Ils peuvent trouver dans la peur collective
juive des charges suffisantes pour détruire l'humanité et les
pierres !
Traduit par Centre
d'Information sur la Résistance en
Palestine
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